Jacques Collin a rejoint son étoile

J’ai eu la chance de le revoir une dernière fois en septembre. C’est Yann, son fils, qui m’a tenue au courant des déplacements de son père.

Les départs au ciel. Chacun a sa façon de vivre les événements. Dans le cas présent, je suis face à bien des incompréhensions, mais ce qui prime surtout c’est l’affection que j’avais pour Jacques. Ici, je ne sais plus comment écrire, il faudrait un temps verbal qui tienne compte du passé et du présent parce que j’éprouve toujours de l’affection mais d’une façon différente, plus apaisée mais aussi empreinte de tristesse parce qu’on ne va plus se revoir.

Dernière rencontre. Je lui avais rendu visite à Cluny l’année passée et en préparais une autre lorsque Yann m’a dit qu’il était parti à Versailles. J’ai dû attendre que les jeux olympiques soient passés. En préparant le voyage, je sentais que ce serait la dernière fois. J’ai été très contente de le revoir et lui de me voir. C’est une chance que d’être accepté dans le monde de l’autre. J’ai été très touchée par des mots qu’il m’a dits et surtout par sa préoccupation permanente : « il faudrait que tout le monde fasse du bien ». C’est quand même remarquable qu’au moment du départ, on pense aux autres. Nous nous sommes quittés les yeux dans les yeux.

Son dernier voyage. Jacques a quitté ce monde une dizaine de jours après. Je me suis dit que je voulais l’accompagner et ai pris le train. C’était sans compter avec une tempête qui avait déraciné des arbres et les avait semés sur la voie. Résultat, je suis arrivée à Paris à 14 h 15 au lieu de 10 h 06 et n’ai plus eu la possibilité de me déplacer à Versailles ; j’avais un billet aller-retour parce que j’avais un week-end chargé et que je ne pouvais déplacer mes activités. Mais, il y a eu une jolie surprise.

Mâcon-Loché. Le train avait du retard et au lieu de faire Frasne-Dijon-Paris a fait Frasne-Mâcon Loché-Paris. Alors pourquoi descendre au lieu de monter ou d’attendre ? Eh bien, c’est tout simplement parce que c’est là que Jacques est venu me chercher en voiture lorsque je lui ai rendu visite pour la première fois il y a quelques années. Cela a été sa façon de me faire un clin d’oeil. Lorsque j’ai expliqué le pourquoi de ce détour aux voyageurs de mon wagon, ils ont souri avec chaleur et pas un n’a trouvé mon explication hors de propos, même pas le contrôleur des billets !

On voit à gauche les escaliers que nous avons empruntés lors de mon retour chez moi. Jacques avait pris mon sac et avait dit : « Mon père m’a bien élevé ! »
La rose dans un vase chez moi

Avant mon départ, j’achète une rose. Le temps que j’achète mon billet de train, que je fasse un tas de choses et voilà qu’il était 18 h 30 mais par chance l’un des deux derniers magasins qui vendent des fleurs à Neuchâtel était encore ouvert. J’ai pris une rose blanche. Je l’ai mise dans un vase sur ma table (tout devant) qui a plein de choses, mais toutes indispensables au décor !

La rose a donc fait tout le voyage avec moi. Arrivée à Paris et ne pouvant plus aller à Versailles, j’ai cherché le contrôleur des billets qui m’avait dit regretter de ne pouvoir rien faire pour que j’arrive à bonne destination à temps. Comme il avait dû supporter pas mal de questions et de remarques de la part d’autres voyageurs, je me suis dit que la rose serait pour lui. J’ai mis un peu de temps à le trouver et la lui ai remise. Cela lui a fait plaisir et la rose s’est trouvé un nouveau destin.

Deux départs au ciel le même jour. Ce même lundi 16 septembre un autre ami, Ionel, a quitté Bucarest pour aller au ciel. Mais, tous les chemins menant à Rome, ils se sont rencontrés. Ils avaient peut-être ma carte de visite en commun. Ionel a vécu une vie simple, très simple et depuis des années ne portait que des habits de seconde main. Par chance, j’ai pu lui acheter, il y a quelques années, des choses neuves lorsque le magasin Garcin a liquidé sa marchandise avant de fermer. À son décès, la petite nièce de Ionel, Valentina a décidé de l’habiller des pieds à la tête avec des affaires neuves de toute beauté. Je raconte l’affaire ici. Alors, lorsqu’ils se sont rencontrés, Jacques a dit à Ionel qu’il avait un fort beau costume. Ce dernier lui a fait savoir que s’il voulait le même, il n’y avait pas de problème parce que là où ils se trouvaient il y en avait tant qu’on en voulait !

Spectacle. Le jeudi suivant, j’ai présenté l’un de mes spectacles intimistes de danse-théâtre à un groupe d’amis ; Jacques et Ionel sont venus dans leur belle tenue. Ils ont été aux premières loges entourés de lumière. C’était absolument magnifique.

Je me demande. Maintenant que j’écris l’article, je me rends compte que Jacques m’avait dit, lors de l’une des dernières fois que nous avions parlé au téléphone : « Si tu passes dans le coin, viens me voir ! » Mon autre ami Ionel m’avait aussi fait la même invitation. Aucun des deux ne me l’avait dit auparavant. Je me demande s’ils ne savaient pas qu’ils allaient partir…

Précision : je parle du ciel, en fait, pour moi, c’est un changement de dimension.

Un autre signe : cela fait deux mois et demi que Jaques est parti rejoindre son étoile et je me rends à Paris pour suivre un cours et prends un jour de plus pour aller lui rendre visite à sa dernière demeure. Les distances à Paris sont… longues et malgré mes efforts arrive vers 16 h 30 à Versailles. Mais, j’ai de la chance, je tombe sur des personnes qui me guident et même m’accompagnent sur la tombe parce que même si je sais théoriquement où elle est., pour s’y repérer c’est une autre affaire. J’ai eu le sentiment d’être guidée. J’ai quand même le temps de discuter un moment avec Jaques et de sortir parce que le cimetière ferme à 17 h et que la gardienne est l’horaire en personne. Sans l’aide des personnes mentionnées, je n’aurais pas pu arriver.

Encore un autre signe : je reprends le train de retour et qui me reçoit sur la plateforme du TGV ? Le contrôleur du train de la dernière fois ! Les probabilités pour que je le revoie sont… à vous de calculer ! Il m’a dit qu’il se rappelait tout à fait de moi et que la rose était toujours à la maison !

Liens vers d’autres histoires de départ au ciel :

Si vous désirez laisser un commentaire, deux façons de procéder :

  • directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil) ;
  • si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement l’insérer au bas de cette page.

Laisser un commentaire