Einstein, la Maison Einstein et « Les Vies d’Einstein » (révisé)

La révision a consisté à mettre en relief le rôle de Mileva Marić, la première femme d’Eisntein ; celle qui l’a aidé à passer ses examens lorsqu’ils étudiaient à l’école polytechnique de Zurich, celle qui passait ses nuits avec lui à faire les calculs. Pourquoi est-ce que je reviens sur le sujet ? Tout simplement parce que j’ai trouvé sur la Toile un article écrit par la physicienne Pauline Gagnon et qu’elle regrette que l’on ait oublié le rôle de Mileva. Je lui ai écrit et, miracle ! elle a répondu. Elle m’a donné la permission de mettre le lien pour sa plateforme, là où se trouve l’article. Les mots écrits par Mme Gagnon m’ont rappelé ceux que j’avais entendus de la part d’un autre professeur de physique que j’ai eu au lycée, M. André Bourquin, qui justement disait en classe que celle qui faisait les calculs était sa femme et que toute sa vie Einstein avait eu besoin de mathématiciens pour ses travaux. Je viens encore de l’entendre de la bouche de l’autre physicien qui retient mon attention, Jean-Pierre Garnier Malet. Seulement, cette information est souvent ignorée. Je fais de mon mieux pour rétablir l’équilibre.

Je suis donc très reconnaissante à la physicienne Pauline Gagnon d’avoir mis en relief le rôle de Mileva dans la vie d’Einstein et de m’accorder sa confiance.

Einstein fait partie de la vie de tout le monde, même si bien d’entre nous l’ignorons. Il a fait irruption dans ma vie, sur la pointe des pieds – pour prendre l’image de l’un de mes mondes – lorsque j’étais à  l’« École supérieure de jeunes filles » de Neuchâtel et que j’ai fait un exposé sur lui dans le cadre du cours de physique. Mon professeur, M. Malki, avait été très satisfait. Puis, à chaque fois que j’ai eu l’occasion d’acheter un livre sur lui expliquant de façon simple ses théories, je l’ai acheté. J’en ai une collection et le moment d’en faire la synthèse est arrivé. À dire vrai, j’ai commencé, l’année passée, à prendre des cours de physique avec Knut, le photographe attitré de mes activités et dont la première passion avait été cette matière avant de se tourner vers la médecine. J’ai intitulé nos rencontres « cafés atomiques », le café c’est lui qui le boit et comme nos discussions tournent autour des atomes et autres particules physiques…

Il faut ajouter qu’une série d’événements se sont, en plus, succédé récemment et qu’ils m’ont conduite à aller revoir la maison d’Einstein ; cette fois-ci de façon consciente, à tel point que j’ai eu l’impression qu’il était là. C’est certainement le produit d’une superposition de temps ou de dimensions temporelles et mon désir de le remercier pour ce qu’il m’apporte via d’autres personnes comme le physicien Garnier Malet.

Alors, la Maison Einstein. J’ai une affection particulière pour cette maison : le fait que pareil savant ait vécu à Berne a toujours soulevé une émotion en moi ; les savants célèbres avaient toujours une connotation d’un lieu lointain ; là, j’ai sa maison, son appartement, plus précisément, tout près de ma ville et il a respiré, pour ainsi dire, le même air que moi.

Lors de mon avant-dernière « visite » chez Einstein, les fenêtres étaient ouvertes.
C’est un bon signe !

Pour accéder à ce deuxième étage, on gravit une série de volets de marches. Je suis émue en les gravissant et en pensant qu’Einstein et sa femme les avaient aussi utilisées. Les deux époux les ont gravies, pour la première fois, en 1903.

Ce sont des meubles qu’on trouvait au début des années 1900 ; c’est une reconstitution de l’ambiance mais c’est très touchant. Les tapisseries sont celles de l’époque, restaurées. Le sol est aussi d’origine.

La salle à manger est certainement l’endroit qui a certainement le plus servi aux calculs de Mileva et Albert Einstein parce qu’il y avait de la place pour écrire. Le fils, Hans-Albert, rapporte qu’il se rappelle ses parents travaillant ensemble tard la nuit à la table de la salle à manger !

Toutes les portes sont grises avec des teintes bleutées et des dessins dorés. Ils sont en accord avec ceux du plafond.

Une porte semblable, mais bien plus large conduit du salon à la chambre de l’enfant né à cette période, Hans-Albert et, ensuite, on arrive dans la chambre à coucher du couple Einstein. En fait, on ne s’en rend pas vraiment compte, tellement on est pris par le fait que les Einstein ont habité l’endroit et, de plus, c’est là que se fait l’accueil de la visite, avec les tickets d’entrée et les livres et cartes postales qu’on peut acheter. Mais, si on y prête attention, on est ému de voir qu’on marche sur le plancher d’origine !

Mais, la pièce maîtresse du musée est le bureau d’Einstein ! C’est celui qui se trouvait au Bureau des Brevets. On imagine bien EInstein, entre deux ou trois brevets, s’interroger sur la formule devenue célèbre : E = mc2.

La première de couverture montre Einstein en train de réfléchir.
On a tous entendu parler de la formule E = mc2, même si on n’en connaît pas le sens profond ; mais Einstein a travaillé, cherché, s’est interrogé avant de trouver cette équation si claire et si brève. Le dessin est une pure réussite !
J’ai un peu rétréci les images afin d’enlever les chantiers actuels et quelques voitures. C’est aussi, à peu de chose près, la vue que les Einstein avaient depuis les fenêtres de leur salon. Il faut simplement imaginer les personnes habillées à la façon des années 1900 et les voitures tirées par les chevaux.

On devine aussi, à côté du cadran astronomique, le carillon qui sonne les heures pleines, spectacle qui fait la joie de tous les touristes.

Un mot au sujet du parc des ours. Pendant des années, il y a eu la fosse aux ours et régulièrement, il y avait des remarques au sujet de la détention de ces animaux qu’on ne sentait pas heureux. Je me rappelle que lors de ma première visite à cet endroit, j’avais trouvé triste cette vue. Il y a eu une amélioration au milieu des années 1990 et finalement, en 2004, il y a eu l’aménagement du parc actuel et les ours sont quasiment en liberté. C’est un tout autre paysage et la preuve que l’on peut changer des choses sans violence.

Ce fameux hasard qui n’existe pas a fait qu’au moment où je suis allée à La Maison Einstein pour la troisième fois, il n’y avait pas beaucoup de monde et même si on passe par les mesures inévitables dues au virus qui circule, je suis plus qu’émue en photographiant ce bureau unique et en le touchant. Ce sont des choses qu’on ne peut partager avec autrui, mais je suppose que nous avons tous des moments où les choses nous parlent. Je remercie infiniment le personnel qui m’a si bien accueillie et qui m’a permis d’accomplir une sorte de rêve. Je suppose qu’une même passion nous unit. C’est une très belle chose. De plus, j’ai pu exceptionnellement déposer mes affaires dans la chambre des Einstein pour aller faire un bain dans l’Aar ; chose que je n’avais jamais faite, tout près des ours desquels je viens d’écrire. C’est le genre d’aventures qui me rendent meilleure.

Le livre de Fiami « Les vies d’Einstein » a aussi participé de mon enthousiasme du fait qu’il se situe justement dans la période vécue par Einstein dans cette maison. Désirant en savoir plus, j’ai pris contact avec l’auteur qui a aimablement répondu à mes questions :

  • Non, personne ne m’a proposé d’écrire le livre. Il se trouve que je venais de publier en 2002 la BD « Tous à l’expo »- au moment de notre dernière exposition nationale – et que le responsable de la communication du CERN m’a dit que 2005 serait l’année Einstein en Suisse : on aller fêter les 100 ans de la publication de la théorie de la relativité restreinte. Fiami se dit tout d’abord qu’il n’est pas scientifique, que ce n’est pas son domaine et finalement se dit que s’il arrive à comprendre, il pourra faire que d’autres personnes comme lui s’intéressent à Einstein. On peut très bien suivre le cheminement de la pensée chez Fiami. On pourrait même en faire des images d’une BD !
  • Je pense qu’on peut instruire avec de l’humour, m’explique Fiami et d’ajouter cela m’a incité à continuer sur la lancée et à écrire et publier « Les vies de Galilée » en 2009, année de l’astronomie, « Les vies de Marie Curie » en 2011, année de la chimie et « Les vies de Newton » en 2018, sorte de Post Scriptum aux trois premiers livres, précise Fiami ;
  • Ce dernier livre a été lancé à la fondation Bodmer en présence de Michel Mayor un mois avant qu’il ne reçoive son prix Nobel ! Prix reçu avec Didier Queloz pour avoir découvert en 1995 la première planète hors de notre système solaire et autour d’une étoile de type solaire ;
  • Je dis à Fiami que j’ai été très émue en lisant la reproduction, sous forme de carte postale, de l’annonce d’Einstein dans le journal local : cours privés de physique et de mathématiques pour étudiants et élèves. L’avis finit ainsi « Probestunden – première leçon- séance de mise au point – gratis ». Fiami explique : Einstein se trouvait à cette époque au chômage. Il vivait à la Gerechtigkeitgasse à ce moment-là. Il devait avoir son caractère et personne ne voulait l’avoir auprès de lui. Je sais qu’il est connu qu’Einstein ne voyait pas les choses de la même façon que la majorité et qu’il était « un peu direct…  » Personne n’aime se sentir déstabilisé… Probablement, dit Fiami. Il était donc au chômage avec femme et enfant ! Alors, il donne des cours.

Les mots de Fiami m’ont rendue curieuse et c’est ce qui a fait que je suis retournée une troisième fois à Berne en trois semaines (un ami m’a demandé si j’avais un abonnement de train !) et j’ai retrouvé la maison. La voici :

Peu de gens, même à Berne, connaissent cette maison. Einstein habitait ici au premier étage dans une chambre « parcimonieusement » meublée » – lis-je dans l’un des livres que je consulte. L’adresse est mentionnée au dos de la carte postale reproduisant son annonce. L’annonce du journal local date du 5 février 1902. Sur l’une des colonnes de l’arcade en face de l’immeuble, on trouve un écriteau qui dit que c’est là qu’Einstein écrivit son article sur les forces moléculaires !

Je fais une parenthèse au sujet des portes. Il me semble que peu de gens accordent de l’attention aux portes et c’est le cas de mes élèves de danse. J’ai fini par créer un exercice intitulé « La danse de la porte ». Les portes sont magiques, elles sont témoin de plein d’histoires. Regardant celles de la maison d’Einstein, elles me disent bien choses et me transportent temporellement ! Il faut bien les traiter et surtout ne pas les claquer.

Voulez-vous savoir combien Einstein demandait par heure ? Fr. 3.- et ma source est Fiami. Il est difficile de se faire une idée de la somme demandée, mais on verra un peu plus loin le salaire qu’il a pu avoir lors de son engagement par la Confédération.

Une des choses fascinantes dans ma vie ce sont les coïncidences – sœurs de ce fameux hasard qui n’existe pas – en l’occurrence, cela fait quelques années que je rends visite à Max, propriétaire d’une boutique « Antics und Puppenklinik » à la Gerechtigkeitsgasse 36, soit la maison qui juxtapose celle d’Einstein (où est passé le 34 ? Ce n’est pas important). Le fait est que, je suis passée bien des fois devant cette maison… Maintenant, je sais.

Fiami m’a aussi dit que c’est grâce à une intervention appuyée de son ami Marcel Grossmann qu’Einstein a pu entrer au bureau des Brevets. Je cherche l’adresse et me rends sur place. Tout cela me rend Berne encore plus sympathique. Berne est une belle ville avec de très jolies boutiques, dans de petits locaux, des vitrines extrêmement soignées, une rivière magnifique – je suis très sensible aux cours d’eau – et voilà qu’elle prend une autre dimension pour moi.

Albert Einstein est engagé le 22 juin 1902 et le 16 juillet le Conseil fédéral le nomme fonctionnaire fédéral, expert technique stagiaire de 3e classe. En effet, à l’époque c’est le Conseil fédéral qui nomme les fonctionnaires. Son salaire mensuel était au début de CHF. 290.-, puis quand il est devenu expert technique de 2e classe, en avril 1906, il s’est élevé à CHF. 375.- Comme je le dis plus haut, on ne peut pas dire grand-chose sans approfondir la question, mais ce salaire l’a bien soulagé. Lors de son engagement, il avait écrit à Miléva, qui n’est pas encore sa femme et qui jouera un si grand rôle dans sa vie professionnelle, qu’ils seront riches à Berne.

Un exemple du rôle de Mileva dans la vie d’Einstein. Lorsqu’en 1908 Albert, elle et Conrad Habicht construisent un voltmètre ultrasensible – c’est Mileva qui fait le travail expérimental – Albert en rédige la demande de brevet sous le nom Einstein-Habicht. Ce dernier demande à Mileva si cela ne la dérange pas de ne pas voir son nom et elle répond : « Warum ? Wir beide sind nur ein Stein. » (Pourquoi ? Nous deux ne sommes qu’une seule pierre », signifiant, nous ne faisons qu’un.) Source : Agence Science-Presse, 22.12.2016, article écrit par la physicienne Pauline Gagnon.

En tous les cas, c’est à Berne qu’Einstein dit avoir vécu la période la plus heureuse et la plus productive de sa vie. C’est aussi une période où il ne rend de compte à personne et où il peut suivre son instinct. Liberté de travail et de pensée vont de pair. Nous le savons tous, dès qu’il y a une contrainte, le paysage perd de son harmonie. Voici les mots d’Einstein « La formulation d’actes de brevet fut une bénédiction » et « salutaire pour un homme comme moi ». Remarquons aussi que si Einstein dit avoir eu sa période la plus productive à Berne, c’est aussi celle qu’il a vécue avec Mileva la forte en calculs !

Mais revenons au livre si bien écrit par Fiami. Il m’a donné la permission de reproduire ce qui me semblait intéressant pour mon article et cette liberté inespérée rend la chose difficile tellement il y a des trouvailles. Celle qu’on trouve de prime abord est le nom d’Einstein lui-même :

En suivant la vie d’Einstein dans la BD de Fiami, Einstein passe d’Enalithos à Al’Bhereinstein quand il rencontre le grand mathématicien Al Khawarizmi, Alberto Unsasso lorsque Fiami le fait voyager à Padoue pour rencontrer Galilée ; je ne mentionne pas tout pour vous laisser la surprise, mais Einstein se dit que sans sa femme Miléva, il n’aurait été que « Halbstein ».
Je trouve tout cela ingénieux !

Je ne résiste pas à l’envie de passer par d’autres endroits qui ont « vu » Einstein. Je me suis rendue à l’endroit qui lui a procuré du bien-être financier et intellectuel, car c’est aussi là qu’il a analysé plein d’autres projets et qu’il a affûté son esprit.

Cette idée lui est aussi venue sur le bureau photographié plus haut et qui se trouvait à l’office des brevets devenu l’Office fédéral de la Propriété intellectuelle. Le bureau d’Einstein était au 3e étage, mais on n’arrive pas à le situer… l’imagination remplira ce manque d’information…

Une fois que je me lance dans un sujet, je n ‘arrive plus à m’arrêter ! Il faut quand même penser à une fin. Disons tout de suite que j’ai commandé et reçu les trois BD sur Galilée, Marie Curie et Newton publiées par Fiami. Je ne peux que les recommander, tant les enfants que les adultes de tout ordre s’y retrouveront !

Je voudrais aussi remercier et féliciter le groupe de physiciens qui a eu l’idée de louer cet appartement et d’en faire un musée.

Un mot sur les théories d’Einstein développées à Berne (à suivre).

Pour finir, reprenons une de ces délicieuses pages de Fiami. J’ai reproduit celles où il y a de l’humour, mais il y a celles où on se rappelle ou apprend que les nombres viennent de l’Inde, que ce sont les Arabes qui les ont fait connaître, et que Démocrite parlait des atomes avant que ceux-ci n’entrent officiellement dans la science, 23 siècles plus tard ! On était alors en 400 av. J.-C.

Parenthèse au sujet des chiffres. On parle des chiffres arabes et des chiffres romains. En fait les chiffres arabes sont nés en Inde. C’est à l’Inde que l’on doit les chiffres de notre système décimal, le zéro y compris. Alors, où est la logique ? La graphie a bien changé, mais le système a son origine là-bas. On ne va pas discourir sur le moment où les chiffres sont nés, c’est une nécessité dans notre monde. Il y a une autre curiosité à relever : dans le grec ancien, les lettres servaient tant à écrire qu’à compter, chaque lettre représentait un nombre. Nous en conservons l’expression l’alpha et l’oméga, soit le début et la fin.

Le physicien Jean-Pierre Garnier Malet. C’est en faisant ses calculs sur le dédoublement du temps et de l’espace qu’il a découvert qu’en réalité, l’alphabet grec devait avoir 27 lettres, or l’alphabet grec moderne n’en a que 24. Après des recherches, elles ont été trouvées et GM a reçu une ovation à Athènes !

Fin de la parenthèse et suite et fin avec Fiami :

J’ai dû faire des découpages afin de rendre le texte compréhensible. La qualité n’est pas géniale, car je n’aime pas éventrer les livres et j’ai fait au mieux pour cela.

Je ne peux que vous recommander une visite à La Maison Einstein, la lecture des livres de Fiami dont voici le lien et, bien sûr, l’article de la physicienne Pauline Gagnon qui elle-même recommande la lecture du livre « Mileva Marić Eintein ; ma vie avec Albert Einstein », écrit par le professeur Radmila Milentijevic.

J’ai fini par trouver ces deux timbres que je me fais une joie de mettre ci-dessous. C’est grâce aux bons services de M. Prvoslav Jankovic, Serbie, et de « histoirepostale.83, France, via Ebay que j’ai pu les obtenir. Je les remercie. En plus, tous les deux ont mis de très beaux timbres sur leurs enveloppes. Ah ! la beauté, c’est inestimable !

Ce qui est magnifique c’est que j’ai passé commande des deux timbres à des endroits différents en des temps différents et… qu’ils sont arrivés le même jour ! Si ce n’est pas un signe…

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