Rencontres particulières 11 : Freddy Landry

Pendant des années, j’ai croisé Freddy Landry, l’homme de cinéma, en allant à mon studio de danse, car il habite presque en face. On s’est salués, chacun sachant plus ou moins qui était l’autre. Puis, je l’ai vu aller un peu moins bien. Je lui ai proposé mon aide, une autre voisine aussi. Jack, celui qui fait partie de bien de mes histoires l’a également proposée, mais M. Landry avait ce qu’il lui fallait.

Magnifique photo de Freddy Landry. On le dirait dans un tableau !

Il m’a expliqué, il n’y a pas si longtemps, que puisqu’il devait utiliser un déambulateur, il avait renoncé à son abonnement au journal « Le Monde » afin de s’obliger à aller au kiosque pour l’y acheter. Les fois où j’ai voulu l’aider à manier son appareil, il a répondu qu’il désirait rester le plus indépendant possible. J’ai regretté de ne pas pouvoir l’aider, mais admiré et salué son attitude.

Dernièrement, j’ai reçu des documents relatifs au premier « Théâtre populaire romand », le TPR. André Oppel, mon ami y avait été le graphiste et y avait joué, Ernest Grize régissait et y jouait aussi. C’est Mado, la femme d’Ernest, qui m’a remis les documents parmi lesquels il y avait deux articles écrits par Freddy Landry. L’occasion pour moi d’approcher cet homme toujours si réservé et de lui demander un autographe !

Il a été content de voir ces articles et cela lui a rappelé bien des choses. C’était l’époque où une équipe de comédiens amateurs et d’intellectuels voulait apporter le théâtre et la culture en général au peuple. Il en est résulté deux pièces : « La Cruche cassée » et « Les Fourberies de Scapin ». Il y a eu polémique, car les spectacles ont été jugés trop orientés politiquement. La « Fédération des Ouvriers de la Métallurgie et de l’Horlogerie » (FOMH devenue par la suite la FTMH) avait financé, je ne sais pas si intégralement, la troupe et il fallait justifier l’investissement par un acte culturel. C’est la raison des articles.

Ces deux articles nous ont apporté des choses magnifiques. Freddy Landry et moi nous sommes aperçus que nous avions bien des connaissances en commun. L’un des protagonistes du TPR, Bernard Liègme, avait été mon professeur de littérature étrangère à l’École Supérieure de Jeunes Filles de Neuchâtel. Un professeur qui vivait tellement ce qu’il disait que parfois, sentant très fortement notre attention – comme si elle lui arrivait au visage – s’arrêtait pour nous dire que ce n’était pas son texte mais celui de tel ou tel auteur ! C’est chez lui que j’ai appris à approfondir les matières enseignées en cours. J’ai fait comme l’une de mes amies ; j’ai cherché des informations supplémentaires sur un sujet avant un travail écrit et j’ai vu ma note monter ! Cela a été un déclic pour moi. Je ne peux pas citer toutes les connaissances communes à F.L. et à moi, mais il y en a une en particulier : Sophie Piccard. Il se trouve que Freddy Landry a étudié la mathématique, que Sophie Piccard a été l’un de ses professeurs à l’université et cela a suffi pour que je me sente en famille !

J’ai une affection particulière pour Sophie Piccard. On le sait, elle a été brillante en mathématiques (je reprends le pluriel alors que je suis passée au singulier depuis que je suis la logique du mathématicien Cédric Villani, autre personnage que F.L. et moi admirons), mais c’est pour souligner qu’elle a enseigné plusieurs branches. Elle a eu une vie quelque peu compliquée. En effet, son diplôme universitaire de Smolensk (Russie), n’a pas été reconnu en Suisse, à Neuchâtel plus particulièrement, et elle a dû recommencer ses études depuis le début. Afin de subvenir à ses besoins, elle a été secrétaire du journal local neuchâtelois « La Feuille d’Avis ». Elle a été professeur universitaire de mathématique, tout comme un collègue qu’elle avait, mais son salaire était plus bas que le sien et que celui d’autres professeurs masculins. Après son départ à la retraite, chaque branche enseignée par elle a été reprise par un professeur distinct. C’est dire !

Freddy Landry me raconte que Sophie Piccard avait son bureau au sous-sol de l’université, qu’il n’avait pas de fenêtre mais des impasses, alors que son collègue, arrivé après elle, avait un bureau au premier étage avec fenêtres… Leurs relations ont été tendues et Sophie Piccard s’est sentie mal appréciée. Elle avait d’ailleurs l’allure d’une personne qui souffrait et faisait penser à une femme de moujik. Je l’ai rencontrée en fin de vie, pour ainsi dire, Ma mère avait traduit les ouvrages que sa mère avait écrits et, à un moment donné, Mademoiselle Piccard a été enfermée à « Préfargier », endroit où l’ on « met » ceux qui ne sont plus maîtres de leur pensée. Je me suis dit que si j’allais la voir, lui parler en russe, je pourrais la ramener à ce qu’on appelle « la raison ».

Au moment où j’ai voulu intervenir, elle avait été placée dans un home pour personnes âgées, pas très loin de chez moi. Je lui ai rendu visite, les choses se sont bien passées et tous les lundis après-midi, j’allais pendre un cours de russe avec elle. Nous avions décidé d’étudier les livrets des ballets, notamment les russes.

En ce qui concerne son caractère, on disait qu’elle souffrait d’une sorte de maladie de la persécution, ce qui la poussait à avoir plusieurs serrures dans les différents appartements qu’elle a habités. Il semble que ce n’était pas facile de communiquer avec elle. Mais, j’ai eu de la chance, nous avions des thèmes communs, des amours communes. J’ai eu une frayeur une fois, car je suis partie avec son crayon. Lorsque je suis retournée la semaine suivante, j’ai eu peur qu’elle ne soit très fâchée… Je suis entrée et lui ai annoncé que j’étais partie avec son crayon. « Je sais », a-t-elle simplement répondu. Quel apaisement !

M’intéressant à ces souffrances qu’on disait qu’elle avait, nous en avons parlé et je ne sais plus quel conseil je lui ai donné, mais un jour elle m’a dit qu’elle se sentait soulagée ! Cela a été un moment extraordinaire ; ses yeux, d’un vert magnifique, d’un vert que je ne pourrai jamais oublier, d’un vert qui me fait entrer dans la mer, dans un monde de joie, brillaient. J’ai demandé à la responsable du home de m’avertir si jamais elle partait au ciel. Je voulais lui faire la tresse qu’elle portait toujours. J’ai été avertie trop tard, mais cela a été pour un bien, car les pompes funèbres l’avaient remarquablement coiffée. Elle avait l’air d’une duchesse ! Je suis bien contente, car c’est ainsi que je la considérais. J’ai eu l’honneur d’avoir été la personne qui a parlé lors de son service funèbre. J’ai notamment dit que si elle avait eu un comportement difficile avec certains, avec moi cela n’avait jamais été le cas et ai rapporté l’histoire du crayon.

Freddy raconte qu’il a passé le certificat de géométries (descriptive et une autre), soit 1/4 de la licence, avec Sophie Piccard et que l’épreuve avait été facile. Il en est allé de même avec M. E. Guyot, dit « Pique-Lune« , le professeur d’astronomie. Je suppose que ce sont les gens doués qui parlent ainsi. Il a encore passé le calcul différentiel, 1/8 de licence, avec le professeur Fiala, plus statistiques (1/8) et probabilités (1/8) toujours avec Sophie Piccard. Freddy a été l’assistant du professeur Félix Fiala, lequel, pendant son rectorat a acheté (sous forme de fondation) le foyer des étudiants. Au moment où j’ai rédigé l’article, Freddy n’a pas pensé à me dire qu’à l’époque, il était le président de la Fédération des étudians neuchâtelois (FEN) ! C’est intéressant de savoir qu’il a été l’un des acteurs de l’histoire universitaire. On est en 1955.

Au moment où j’ai su que Freddy Landry était prof de maths, je me suis exclamée :

  • Mince alors ! Moi qui ai cherché pendant longtemps un prof qui ouvre les portes de la mathématique à mon élève adolescente et m’explique deux ou trois choses alors que vous étiez en face !
  • Oh ! mais je n’ai jamais été à l’aise devant une seule personne ; j’ai toujours préféré les grandes clases.
  • Oh, mais là on est deux ! lui ai-je dit. F.L. a attendu que l’image arrive à son cerveau et a éclaté de rire.

En écrivant l’article et en revivant le moment, je ne sais pas si j’ai voulu dire qu’on serait deux au cours ou qu’on était présentement deux ou encore les deux à la fois. C’est probablement cette dernière version que notre conscience a comprise.

A propos de sport, Freddy Landry a fait du football et a joué dans l’équipe du FC Cantonal. Lors des championnats nationaux de 1950, il a joué, même s’il faisait partie de l’équipe de réserve. Il s’est trouvé en milieu de terrain, a senti un joueur de son équipe derrière lui, pour une raison qui lui échappe, il a craint d’être attaqué par le côté et a fait une passe arrière au joueur dont il est question, mais la balle a fait un tour d’arc et est arrivée derrière le dos du gardien… de sa propre équipe. Freddy a arrêté le foot !

J’ai montré à Freddy la photo du bâtiment qui a abrité la première fabrique d’horlogerie du père de Jack Froidevaux (Fabrique d’Horlogerie Froidevaux S.A – Neuchâtel) et cela l’a fait penser à l’ancien impôt français sur les fenêtres : plus on avait de fenêtres, plus c’était le signe qu’on était riche et plus l’impôt était important… Alors, les fabriques, astucieuses, ont misé sur des fenêtres très rapprochées. Ainsi elles étaient considérées comme une seule fenêtre et payaient moins d’impôt ! L’histoire de ces fenêtres est très intéressante, car non seulement les ouvriers avaient plus de lumière, mais elle était naturelle – thérapeutique, ajoute Freddy avec raison. L’impôt sur les fenêtres a disparu, mais les fabriques ont continué à avoir plein de fenêtres et c’est tout au bénéfice des personnes qui y travaillent !

Bien sûr, nous avons parlé de cinéma. Je ne peux pas combattre sur son terrain, mais là aussi on a trouvé un autre terrain d’entente. J’avais une série de DVD de films classiques russes, une quinzaine, et il y en avait qu’il ne connaissait pas. Quand il les a eus en mains, il a dit « Mais, j’ai encore des choses à faire! ». Cela a été un moment fort. On en a regardé quelques-uns avant qu’il ne parte définitivement à Genève, chez sa fille qui habite au « Passage de la Fin ». Nous avons passé de bons et longs moments ensemble. Mes visites duraient de 2 à 7 heures, car au moment de partir un nouveau sujet de conversation surgissait. Je garde le souvenir d’un homme d’une grande douceur, d’une acuité intellectuelle remarquable et d’une grande écoute. J’ai aussi aimé l’élégance de son discours, chose qui se fait rare de nos jours. J’aime la langue et avec lui c’était un plaisir que de l’entendre. J’ai été conquise.

Je reviens sur les yeux de Sophie Piccard. Freddy m’a dit qu’il ne se souvenait pas d’avoir vu ses yeux verts… Je lui ai expliqué qu’elle portait des lunettes et qu’on ne voit pas toujours la couleur des yeux d’un professeur qui se tient souvent à distance. Ce qui a aussi été le cas pour moi avec lui. Comme dit au début, je l’ai croisé pendant des années et ce n’est que lors de mes visites chez lui que j’ai vu la magnifique couleur bleue de ses yeux, si grands et si purs. J’ai senti que je pouvais y entrer en toute confiance et c’est ce que j’ai fait. Je lui suis profondément reconnaissante pour tous ces moments passés ensemble. J’aurais voulu qu’ils ne finissent pas.

Je ne citerai que l’un des DVD vus ensemble : « Les Gradés et les Hommes ». Il s’agit de trois nouvelles de Tchékhov tournées par Iakov Protozanov, l’un des réalisateurs russes les plus célèbres entre 1915 et 1920. C’était fascinant de suivre les remarques de F.L. car ce sont des films muets, accompagnés de musique – comme il se doit – et où il est finalement question de pouvoir, de qui détient le pouvoir et de ce qu’il en fait. Thème toujours d’actualité. Nous avons senti les films de la même façon. Fascinant !

Voici une autre preuve de son acuité intellectuelle. L’un de mes thèmes favoris est celui du cheminement de la pensée. Je lui parle de l’intuition, et, faisant un raccourci, je lui dis que c’est la réponse à une question qu’on ne s’est pas posée. Et F.L. dit : « Qu’on ne s’est pas encore posée ! » Je reste suspendue en l’air… car c’est vraiment cela. Il ne sait pas combien de choses il sait au sujet des ouvertures temporelles dont le physicien Jean-Pierre Garnier-Malet parle… On est vraiment du même monde !

En parlant du nombre ∏ (pi) et de ses décimales, je lui dis que Pythagore n’avait pas eu connaissance des décimales, mais que l’écrivain Marcos Chicot, dans son livre El Asesinato de Pitágoras (L’Assassinat de Pythagore) fait une démonstration de la façon dont Pythagore aurait pu trouver le fameux nombre. Freddy parle des polygones dans un cercle (méthode mentionnée dans le livre) et j’ai du plaisir à l’entendre me dire cela. À propos des décimales de ∏, Freddy dit que pour se rappeler des dix premières décimales, il y avait la phrase reprise de l’un de ses professeurs qui était : « Que j’aime à faire apprendre un nombre utile aux sages. » = 3 1 4 1 5 2 9 6 5 3 5. Le nombre de lettres correspond au nombre avec dix décimales ! C’est très joli. De plus, elles correspondent à celles que je garde en mémoire. Je trouve tout cela fascinant, même si je me répète ! Je suis tout simplement fascinée.

Lors de l’une de nos dernières conversations, je lui dis que j’ai rencontré un scientifique qui fait une démonstration assez étonnante du théorème de Pythagore avec un cercle inscrit dans un carré duquel on prolonge les coins… et Freddy ajoute « jusqu’à trouver un point ! » Il dit qu’on peut procéder ainsi jusqu’à l’infini. Au moment de la conversation, je n’avais pas le dessin sous les yeux et on s’est dit que j’allais le lui envoyer par la poste. Mais, Freddy est parti au ciel le lendemain… Il a rejoint l’infini et moi, j’ai un vide sans bornes…

J‘ai parfois l’impression que les personnes qui ne sont plus de ce monde continuent à me parler. C’est ainsi que désirant rendre service à mon élève adolescente dans le domaine de la mathématique, je suis tombée sur un article qui parle de Freddy qui m’apprend ce que j’écris plus haut, à savoir qu’il était le président de la Fédération des étudiants neuchâtelois au moment où l’université achète le bâtiment qui servira de foyer pour les étudiants en 1955. C’est comme si je pouvais communiquer avec ce fameux infini…

J’écrivais que j’étais fascinée par l’aventure avec Freddy, je le suis encore plus aujourd’hui, ce 2 juillet 2020. Je viens de recevoir le livre Mon cabinet de curiosités mathématiques de Ian Stewart. J’ai ouvert le livre au hasard – on le sait, le hasard n’existe pas – et suis tombée sur Pythagore, son fameux théorème et sur un chapitre intitulé Mémoire des nombres. Je vais demander à l’auteur si je peux le citer, car il parle de la suite de la phrase que Freddy connaissait au sujet du nombre ∏ ! Je n’ai pas réussi, pas encore…

2022. Les liens de la vie sont bien étonnants. Je viens de retrouver l’un de mes anciens professeurs de dessin, Anne-Charlotte Sahli ; je lui parle de Sophie Piccard qu’elle a bien connue et de Freddy. Elle me met en relation avec un ancien professeur de mathématique, Michel Clémençon. La chose la plus surprenante que j’apprends est que le père de Sophie Piccard, Eugène Ferdinand Piccard (1868-1927), est celui qui a électrifié Moscou ! C’est si magnifique… Moscou prend un nouvel éclairage dans mon monde.

Freddy. Je pensais à lui en me dirigeant vers mon studio de danse et vois un peintre en bâtiment travailler dans la maison à côté de mon studio. J’aime les travailleurs manuels et lui demande ce qu’il fait. On discute et j’apprends qu’il est le beau-fils de… Freddy ! Une fois son travail fini, le peintre, Marc, vient dans mon studio et je lui montre les chaises héritées de Freddy. Il les reconnaît. Je lui montre deux endroits que je viens de réparer dans ce qui autrefois avait été un cellier et il me fait un cours sur les différents ciments, mastics et autres matériaux pour réparer les murs souffrant d’humidité. J’en ai appris un bout et même pu réparer d’autres endroits de mon studio. J’ai eu l’impression que Freddy était là !

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Ileana Iliescu : câteva pagine din istoria vieții ei.4

La graniță în Italia

A avut cândva Luly un contract în Italia (din cele multe pe care le-a avut acolo) și când a vrut să se întoarcă în țară, la graniță, vameșul italian îi cere actul de seggiorno :

  • Luly : n-am.
  • V : trebuie să aveți. N-ați putut intra fără nimic.
  • Luly : —
  • În ce domeniu lucrați ?
  • Balet.
  • Dovediți-mi !… Altfel nu veți mai putea intra în Italia timp de cinci ani !
  • Luly spune că i s-a făcut rău, a ieșit din mașină și că niciodată n-a mulțumit atât piruetelor și rond-de-jambe-urilor ca atunci. Povestește că toți turiștii și cei care erau la graniță se uitau încântați la acel specacol gratuit.
  • Și ? – o întreb.
  • Am trecut !

Odată, am invitat-o pe Luly la mine la Neuchâtel, în Elveția. A venit cu mașina ei – apropo, Luly a fost prima femeie-șofer din București ! Și-a luat permisul de conducere,  cu numărul 111,  în 1956!  Nu mai știu unde, dar Luly spune că mașinile sunt, de asemenea, o pasiune pentru ea. Fapt ce corespunde cu caracterului ei.

La întoarcere în țară, am călătorit împreună. Eu eram căpitanul de bord, nu că aș fi vrut sau că aș fi avut vreun dar pentru așa ceva. Știam ce e aceea o hartă… dar atât. Luly mi-a pus-o în mână și a zis : tu indici drumul ! La acea vreme n-aveam puterea de a o contrazice. Și azi ? De multe ori nici azi ! În sfârșit, am plecat și trebuia să ajungem la granița cu Austria (Luly avea viză atunci pentru această țară). Și vă inchipuiți că, dacă scriu, este pentru că n-am ajuns acolo, ci în Italia ! Cine o știe pe Luly și-o poate imagina perfect: « Dar, cum de n-ai citit bine ? » Vameșul a venit la noi. Am explicat că am greșit, Luly a explicat că ea era balerină și eu am zis că eram judoka… Ce puteam să spun? Așa am reușit să trecem de la un punct de graniță la altul fără amenzi sau alte cheltuieli. 


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Rencontres particulières 10 : Freddy Landry

Pendant des années, j’ai croisé Freddy Landry, l’homme de cinéma, en allant à mon studio de danse, car il habite presque en face. On s’est salués, chacun sachant plus ou moins qui était l’autre. Puis, je l’ai vu aller un peu moins bien. Je lui ai proposé mon aide, une autre voisine aussi. Jack, celui qui fait partie de bien de mes histoires l’a également proposée, mais M. Landray avait ce qu’il lui fallait.

Magnifique photo de Freddy Landry. On le dirait dans un tableau !

Il m’a expliqué, il n’y a pas si longtemps, que puisqu’il devait utiliser un déambulateur, il avait renoncé à son abonnement au journal « Le Monde » afin de s’obliger à aller au kiosque pour l’y acheter. Les fois où j’ai voulu l’aider à manier son appareil, il a répondu qu’il désirait rester le plus indépendant possible. J’ai regretté de ne pas pouvoir l’aider, mais admiré et salué son attitude.

Dernièrement, j’ai reçu des documents relatifs au premier « Théâtre populaire romand », le TPR. André Oppel, mon ami y avait été le graphiste, Ernest Grize régissait et y jouait. C’est Mado, la femme d’Ernest, qui m’a remis les documents parmi lesquels il y avait deux articles écrits par Freddy Landry. L’occasion pour moi d’approcher cet homme toujours si réservé et de lui demander un autographe !

Il a été content de voir ces articles et cela lui a rappelé bien des choses. C’était l’époque où une équipe de comédiens amateurs et d’intellectuels voulait apporter le théâtre et la culture en général au peuple. Il en est résulté deux pièces : « La Cruche cassée » et « Les Fourberies d’Escapin ». Il y a eu polémique, car les spectacles ont été jugés trop orientés politiquement. La « Fédération des Ouvriers de la Métallurgie et de l’Horlogerie » (FOMH devenue par la suite la FTMH) avait financé, je ne sais pas si intégralement, la troupe et il fallait justifier l’investissement par un acte culturel. C’est la raison des articles.

Ces deux articles nous ont apporté des choses magnifiques. Freddy Landry et moi nous sommes aperçus que nous avions bien des connaissances en commun. L’un des protagonistes du TPR, Bernard Liègme, avait été mon professeur de littérature étrangère à l’École Supérieure de Jeunes Filles de Neuchâtel. Un professeur qui vivait tellement ce qu’il disait que parfois, sentant très fortement notre attention – comme si elle lui arrivait au visage – s’arrêtait pour nous dire que ce n’était pas son texte mais celui de tel ou tel auteur ! C’est chez lui que j’ai appris à approfondir les matières enseignées en cours. J’ai fait comme l’une de mes amies ; j’ai cherché des informations supplémentaires sur un sujet avant un travail écrit et j’ai vu ma note monter ! Cela a été un déclic pour moi. Je ne peux pas citer toures les connaissances communes à F.L. et à moi, mais il y en a une en particulier : Sophie Piccard. Il se trouve que Freddy Landry a étudié la mathématique, que Sophie Piccard a été l’un de ses professeurs à l’université et cela a suffi pour que je me sente en famille !

J’ai une affection particulière pour Sophie Piccard. On le sait, elle a été brillante en mathématiques (je reprends le pluriel alors que je suis passée au singulier depuis que je suis la logique du mathématicien Cédric Villani, autre personnage que F.L. et moi admirons), mais c’est pour souligner qu’elle a enseigné plusieurs branches. Elle a eu une vie quelque peu compliquée. En effet, son diplôme universitaire d’Odessa, Ukraine, n’a pas été reconnu en Suisse, à Neuchâtel plus particulièrement, et elle a dû recommencer ses études depuis le début. Afin de subvenir à ses besoins, elle a été secrétaire du journal local neuchâtelois « La Feuille d’Avis ». Elle a été professeur de mathématiqiue, tout comme un collègue qu’elle avait, mais son salaire était plus bas que le sien et que celui d’autres professeurs masculins. Après son départ à la retraite, chaque branche enseignée par elle a été reprise par un professeur distinct. C’est dire !

Freddy Landry me raconte que Sophie Piccard avait son bureau au sous-sol de l’université, qu’il n’avait pas de fenêtre mais des impasses, alors que son collègue, arrivé après elle avait un bureau au premier étage avec fenêtres… Leurs relations ont été tendues et Sophie Piccard s’est sentie mal appréciée. Elle avait d’ailleurs l’allure d’une personne qui souffrait et faisait penser à une femme de moujik. Je l’ai rencontrée en fin de vie, pour ainsi dire, Ma mère avait traduit les ouvrages que sa mère avait écrits et, à un moment donné, Mademoiselle Piccard a été enfermée à « Préfargier », endroit où l’ on « met » ceux qui ne sont plus maîtres de leur pensée. Je me suis dit que si j’allais la voir, lui parler en russe, je pourrais la ramener à ce qu’on appelle « la raison ».

Au moment où j’ai voulu intervenir, elle avait été placée dans un home pour personnes âgées, pas très loin de chez moi. Je lui ai rendu visite, les choses se sont bien passées et tous les lundis après-midi, j’allais pendre un cours avec elle. Nous avions décidé d’étudier les livrets des ballets, notamment les russes.

En ce qui concerne son caractère, on disait qu’elle souffrait d’une sorte de maladie de la persécution, ce qui la poussait à avoit plusieurs cerrures dans les différents appartements qu’elle a habités. Il semble que ce n’était pas facile de communiquer avec elle. Mais, j’ai eu de la chance, nous avions des thèmes communs, des amours communes. J’ai eu une frayer une fois, car je suis partie avec son crayon. Lorsque je suis retournée la semaine suivante, j’ai eu peur qu’elle ne soit très fâchée… Je suis entrée et lui ai annoncé que j’étais partie avec son crayon. « Je sais », a-t-elle simplement répondu. Quel soulagement !

M’intéressant à ces souffrances qu’on disait qu’elle avait, nous en avons parlé et je ne sais plus quel conseil je lui ai donné, mais un jour elle m’a dit qu’elle se sentait soulagée ! Cela a ét un moment extraordinaire ; ses yeux, d’un vert magnifique, d’un vert que je ne pourrai jamais oublier, d’un vert qui me fait entrer dans la mer, dans un monde de joie, brillaient. J’ai demandé à la responsable du home de m’avertir si jamais elle partait au ciel. Je voulais lui faire la tresse qu’elle portait toujours. J’ai été avertie trop tard, mais cela a été pour un bien, car les pompes funèbres l’avaient remarquablement coiffée. Elle avait l’air d’une duchesse ! Je suis bien contente, car c’est ainsi que je la considérais. J’ai eu l’honneur d’avoir été la personne qui a parlé lors de son sevice funèbre. J’ai notamment dit que si elle avait eu un comportement difficile avec certains, avec moi cela n’avait jamais été le cas et ai rapporté l’histoire du crayon.

Freddy raconte qu’il a passé le certificat de géométries (descriptive et une autre), soit 1/4 de la licence, avec Sophie Piccard et que l’épreuve avait été facile. Il en est allé de même avec M. Guyot, dit « Pique-Lune« , le professeur d’astronomie. Je suppose que ce sont les gens doués qui parlent ainsi. Il a encore passé le calcul différentiel, 1/8 de licence, avec le professeur Fiala, plus statistiques (1/8) et probabilités (1/8) toujours avec Sophie Piccard. Freddy a été l’assistant du professeur Félix Fiala, lequel, pendant son rectorat a acheté (sous forme de fondation) le foyer des étudiants. Au moment où j’ai rédigé l’article, Freddy n’a pas pensé à me dire qu’à l’époque, il était le président de la Fédération des étudians neuchâtelois (FEN) ! C’est intéressant de savoir qu’il a été l’un des acteurs de l’histoire universitaire. On est en 1955.

Au moment où j’ai su que Freddy Landry était prof de maths, je me suis exclamée :

  • Mince alors ! Moi qui ai cherché pendant longtemps un prof qui ouvre les portes de la mathématique à mon élève adolescente et m’explique deux ou trois choses alors que vous étiez en face !
  • Oh ! mais je n’ai jamais été à l’aise devant une seule personne ; j’ai toujours préféré les grandes clases.
  • Oh, mais là on est deux ! lui ai-je dit. F.L. a attendu que l’image arrive à son cerveau et a éclaré de rire.

En écrivant l’article et en revivant le moment, je ne sais pas si j’ai voulu dire qu’on serait deux au cours ou qu’on était présentement deux ou encore les deux à la fois. C’est probablement cette dernière version que notre conscience a comprise.

A propos de sport, Freddy Landry a fait du football et a joué dans l’équipe du FC Cantonal. Lors des championnats nationaux de 1950, il a joué, même s’il faisait partie de l’équipe de réserve. Il s’est trouvé en milieu de terrain, a senti quelqu’un derrière lui, pour une raison qui lui échappe, il a craint d’être attaqué par le côté et a fait une passe arrière au joueur dont il est question, mais la balle a fait un tour d’arc et est arrivée derrière le dos du gardien… de sa propre équipe. Freddy a arrêté le foot !

J’ai montré à Freddy la photo du bâtiment qui a abrité la première fabrique d’horlogerie du père de Jack Froidevaux (Fabrique d’Horlogerie Froidevaux S.A – Neuchâtel) et cela l’a fait penser à l’ancien impôt français sur les fenêtres : plus on avait de fenêtres, plus c’était le signe qu’on était riche et plus l’impôt était important… Alors, les fabriques, astucieuses, ont misé sur des fenêtres très rapprochées. Ainsi elles étaient considérées comme une seule fenêtre et payaient moins d’impôt ! L’histoire de ces fenêtres est très intéressante, car non seulement les ouvriers avaient plus de lumière, mais elle était naturelle – thérapeutique, ajoute Freddy avec raison. L’impôt sur les fenêtres a disparu, mais les fabriques ont continué à avoir plein de fenêtres et c’est tout au bénéfice des personnes qui y travaillent !

Bien sûr, nous avons parlé de cinéma. Je ne peux pas combattre sur son terrain, mais là aussi on a trouvé un autre terrain d’entente. J’avais une série de DVD de films classiques russes, une quinzaine, et il y en avait qu’il ne connaissait pas. Quand il les a eus en mains, il a dit « Mais, j’ai encore des choses à faire! ». Cela a été un moment fort. On en a regardé quelques-uns avant qu’il ne parte définitivement à Genève, chez sa fille qui habite au « Passage de la Fin ». Nous avons passé de bons et longs moments ensemble. Mes visites duraient de 2 à 7 heures, car au moment de partir un nouveau sujet de conversation surgissait. Je garde le souvenir d’un homme d’une grande douceur, d’une acuité intellectuelle remarquable et d’une grande écoute. J’ai aussi aimé l’élégance de son discours, chose qui se fait rare de nos jours. J’aime la langue et avec lui c’était un plaisir que de l’entendre. J’ai été conquise.

Je reviens sur les yeux de Sophie Piccard. Freddy m’a dit qu’il ne se souvenait pas d’avoir vu ses yeux verts… Je lui ai expliqué qu’elle portait des lunettes et qu’on ne voit pas toujours la couleur des yeux d’un professeur qui se tient souvent à distance. Ce qui a aussi été le cas pour moi avec lui. Comme dit au début, je l’ai croisé pendant des années et ce n’est que lors de mes visites chez lui que j’ai vu la magnifique couleur bleue de ses yeux, si grands et si purs. J’ai senti que je pouvais y entrer en toute confiance et c’est ce que j’ai fait. Je lui suis profondément reconnaissante pour tous ces moments passés ensemble. J’aurais voulu qu’ils ne finissent pas.

Je ne citerai que l’un des DVD vus ensemble : « Les Gradés et les Hommes ». Il s’agit de trois nouvelles de Tchékhov tournées par Iakov Protozanov, l’un des réalisateurs russes les plus célèbres entre 1915 et 1920. C’était fascinant de suivre les remarques de F.L. car ce sont des films muets, accompagnés de musique – comme il se doit – et où il est finalement question de pouvoir, de qui détient le pouvoir et de ce qu’il en fait. Thème toujours d’actualité. Nous avons senti les films de la même façon. Fascinant !

Voici une autre preuve de son acuité intellectuelle. L’un de mes thèmes favoris est celui du cheminement de la pensée. Je lui parle de l’intuition, et, faisant un racourci, je lui dis que c’est la réponse à une question qu’on ne s’est pas posée. Et F.L. dit : « Qu’on ne s’est pas encore posée ! » Je reste suspendue en l’air… car c’est vraiment cela. Il ne sait pas combien de choses il sait au sujet des ouvertures temporelles dont le physicien Jean-Pierre Garnier-Malet parle… On est vraiment du même monde !

En parlant du nombre ∏ (pi) et de ses décimales, je lui dis que Pythagore n’avait pas eu connaissance des décimales, mais que l’écrivain Marcos Chicot, dans son livre « El Asesinato de Pitágoras » (L’Assassinat de Pythagore) fait une démonstration de la façon dont Pythagore aurait pu trouver le fameux nombre. Freddy parle des polygones dans un cercle (méthode mentionnée dans le livre) et j’ai du plaisir à l’entendre me dire cela. À propos des décimales de ∏, Freddy dit que pour se rappeler des dix premières décimales, il y avait la phrase reprise de l’un de ses professeurs qui était : « Que j’aime à faire apprendre un nombre utile aux sages. » = 3 1 4 1 5 2 9 6 5 3 5. Le nombre de lettres correspond au nombre avec dix décimales ! C’est très joli. De plus, elles correspondent à celles que je garde en mémoire. Je trouve tout cela fascinant, même si je me répète ! Je suis tout simplement fascinée.

Lors de l’une de nos dernières conversations, je lui dis que j’ai rencontré un scientifique qui fait une démonstration assez étonnante du théorème de Pythagore avec un cercle inscrit dans un carré duquel on prolonge les coins… et Freddy ajoute « jusqu’à trouver un point ! » Il dit qu’on peut procéder ainsi jusqu’à l’infini. Au moment de la conversation, je n’avais pas le dessin sous les yeux et on s’est dit que j’allais le lui envoyer par la poste. Mais, Freddy est parti au ciel le lendemain… Il a rejoint l’infini et moi, j’ai un vide sans bornes…

J‘ai parfois l’impression que les personnes qui ne sont plus de ce monde continuent parfois à me parler. C’est ainsi que désirant rendre service à mon élève adolescente dans le domaine de la mathématique, je suis tombée sur un article qui parle de Freddy qui m’apprend ce que j’écris plus haut, à savoir qu’il était le président de la Fédération des étudiants neuchâtelois au moment où l’université achète le bâtiment qui servira de foyer pour les étudiants en 1955. C’est comme si je pouvais communiquer avec ce fameux infini…

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Ileana Iliescu, primă balerină și prietena mea. A fost eleva Maestrului Anton Romanovski.

Version française ici

Nu pot să nu vorbesc despre Ileana Iliescu, marea balerină care a iluminat toată adolescența și formarea mea în dans clasic la București, România.

Personaj sclipitor, vioi, Ilenana Iliescu avea o ținută regală pe scenă pe care și-a păstrat-o și în viața ei de toate zilele.

Am văzut mulți dansatori și balerine, fiecare cu calitățile lui, dar cea care m-a marcat cel mai mult, cea care întruchipa « dansul », « personajul » pe scenă este Luly. Până și acum, când ascult muzica baletelor pe care le-am văzut cu ea, o văd; chiar în pas de deux-ul « Anton și Cleopatra » din « Faust », un pasaj scurt dar foarte expresif, o văd pe ea când aud muzica.

Viața a decis să-i aducâ un omagiu în sensul că Opera din Iași, prin Beatrice Rancea, directoarea generalà, a invitat-o să colaboreze cu ei. Acolo a montat un « Lacul Lebedelor » absolut formidabil. Se știe că coregraful Oleg Danovski a montat cea mai frumoasă coregrafie a acestui balet, mai ales la actul IV. Dacă Ileana Iliescu a pâstrat idea lui de lebede albe în acel act, fiecare mișcare din tot baletul este un dans. Se simpte influența Maestrului Romanovski, pentru care fiecare mișcare era un dans; absolut nimic nu este gratuit, forțat, muzica și dansul sunt unul și același lucru !

Mi-a fost totdeauna greu să mă uit la dansurile așa numite de caracter, care mi se par adăugate la balete tradiționale, deși la vremea lor era normal și în libret sunt logice. La Ileana Iliescu, aceste dansuri curg de la sine; fiecare pas, fiecare mișcare est un dans, armonios, frumos.

Am avut onoarea de a-l cunoaște și de a lucra cu Maestrul Romanovski care atunci era pensionar și aproape de plecarea de pe lumea asta. Și el și-a păstrat o ținută foarte elegantă pînă la sfârșit. Anna Pavlova, care a dansat cu el la Londra, i-a spus că nu văzuse nicodată un bărbat cu mâini atât de frumoase! Și într-adevăr, avea și el o manieră de a le mișca pe pare i-a tranmis-o Ilienei Iliescu.

Transmiterea cunoștiințelor este o știință complexă. Întâi trebuie să știm să transmitem, apoi, cel care primește cunoștințele trebuie să aibă talent sau, echivalentul acestuia, o știință inconștientâ și cel care o scoate la suprafață este maestrul. Niciodată nu s-a putut face un artist din cineva fără călitâți.

Ileana Iliescu în « Florea de Piatră ». O poză extraordinar de frumoasă (comentariu într-un alt articol mai târziu).
Ileana Iliescu în Don Quijote

Legatură la :

Ileana Iliescu, primă balerină – istoria unei poze.

De ani de zile o cunosc pe Ileana Iliescu, Luly, pentru cei apropiați, care sunt o mulțime !

Luly are o poză făcută la ea acasă, de la care nu are negativul. Pe vremea când a făcut-o, nu se dădea prea multă importanță acestor treburi, deci n-a păstrat negativul.

La un moment dat, am avut o cunoștință care lucra la Kodak în București, Călin, un băiat foarte talentat la retuș de poze. El este primul care a aranjat mai bine poza ei, cu un fundal negru prelungit și, din eroare, a făcut și o a doua, pe un fond alb. Uneori erorile pot fi o reușită ! N-am păstrat copia celei albe, i-am dat tot lui Luly.

Când am vrut să pun pozele lui Luly pe saitul meu, m-am revezuit tema, că să zic așa : pozele de mai jos au fos retușate de Mathilde, o altă persoană foarte talentată care lucrează la Cighelio, la Neuchâtel. Mi se par superbe !

În aceste ultime versiuni, Luly pare că zboară și arabescul ei este perfect : linia picioarelui de bază, a spatelei și a gâtului sunt paralele !

Legaturâ spre :

Ileana Iliescu : câteva pagine din istoria vieții ei.2

Ritualul înanitea unui spectacol

Fiecare dansator are ritualul lui : ajunge cu o oră, două înantea spectacolului, se încalzește, se machiază, repetă ce este mai greu sau marchează totul. Luly după ce odată la Lac a repetat diagonală din actul doi, ceea cu soutenu, doublu dégagé, și așa mai departe și nu i a ieșit așa bine pe scena, spune că astă i a ramăs în memorie coroporală și la spectacol, indiferent că publicul n-a văzut nimic, ea a știut că nu i-a ieșit cum ar fi vrut. De atunci a decis că nu mai repeta nimic ! Gen de decizie care cei pe care o știu pe Luly cunosc… De atunci, nimic ! Citesc cuvintele, si aud vocea lui Luly !

Legatură spre :

Ileana Iliescu : câteva pagine din istoria vieții ei.3

Complimente pentru Luly după după spectacolele ei.

Rolul preferat a lui Luly este de a spune lucrurile așa cum le vede ea: clare și curate. Cei care se duceau la ea în cabină după sepctacol să i facă complimente din gen « Vai, ați dansat extraordinar ! » sau « Zău că dansezi mai bine decât cutare sau cutare » se înșelau. Ai ultimi i spunea: să nu mă cumparați cu altcineva, nimeni n-are totul, fiecare are câteceva. Iar, la cei primi, ea spunea : știu eu că acolo sau acolo ceva n-a ieșit cum ar fi trebuit.

Luly spune că seara după spectacolul, acasă închidea ochii și vedea ca un film tot baletul, toți pași făcuți și revedea lucrurile bine făcute și cele unde un ceva lipsiseră.

Eu mențin că Luly a fost o regină pe scenă. Tot se plînge că maeștri cu care a lucrat nu au pus-so să lucreze coup-de-pied-ul. Există însă o explicație legată de teoria lui GDS (Godelieve Denys Struyf – lanțurile mușchiulare și articolare – pe care o practic și predau) și care corespunde cu personalitatea lui Luly. Nu oasele făc formă corpului. Lungimea tendoanelor, ligamentelor, felul cum folosim, prin personalitatea noastră, mușchii făc că avem un corp așa sau așa. Astă merită un capitol separat.

De fapt, cei care n-au coup-de-pied se chinuiesc cu tot felul de poziții, chinuri, dar de geaba. Rezultatul este deformarea labei cu consecințe grave mai târziu. Sunt poziții mai favorabile, un unghiu mai estetic, un endehors foarte pronunțat, șmecherie de meserie care ajută, dar atât. Prima mea surpriză a fost când l-am observat pe un bărbat care încrucișase picioarelor și i-am văzut un coup-de-pied extrem de frumos. M-am gândit că el nu îl folosea… și că ar fi stat mult mai bine la mine… Acum, după ani de zile, și după cursuri de educație permanentă cu Dr Benoît Lesage, am înțeles !

Voiam doar să spun că eu nu m-am uitat la labele lui Luly, pentru că personalitatea ei, ținută ei domneau. O regină scenei ca ea n-am mai întâlnit. Astă se vede și azi, când se plimbă pe stradă, când vorbește cu un director la hotel, un portar. Luly păstrează aliura ei de regina dar în același timp este de o amabilitate și o apropiere care face că omul se simte aproape de ea.

Legătură cu :

Rencontres particulières 9 : François Ditesheim, galeriste à Neuchâtel – quelques pages de son histoire.

Le moteur des histoires que François me raconte est feu Ernest Grize. ancien régisseur du Centre culturel neuchâtelos. Je raconte à François que j’ai rendu à sa femme la montre qu’il avait reçue en 1951, à Noël, et cela ouvre la porte des souvenirs de François.

Souvenirs de Madrid : François travaillait chez un bijoutier fort connu de la place. Un jour, entre Luis Miguel Dominguin, le fameux torero, avec une montre. Il désire qu’on repolisse la surface du dos sur laquelle figurait l’inscription afin de l’effacer :

Eh, oui ! Il s’agit bien du torero et d’Ava Gardner et de leur mouvementée histoire d’amour.

La même Ava a acheté dans cette même bijouterie un bijou et a demandé qu’un jeune homme qui était vendeur le lui apporte ; « lui et personne d’autre » a-t-elle précisé. La « livraison » a dure quelque deux à trois heures ! Le vendeur est rentré tout content.

Pour la suite des histoires, il faudra attendre que François ait du temps !

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