Conversations de rue en patchwork.4

J’aime raconter des choses nourrissantes, celles qui m’arrivent et celles qui arrivent aux autres. Celui qui les lit ou les entend en tire profit, j’en suis convaincue.

Voici l’histoire qui est arrivée à l’un de mes amis. J’étais chez Cighélio l’imprimeur et un monsieur me demande si je le reconnais. Je cherche dans ma tête et tout à coup il dit : « On a fait du bateau ensemble ! ». Mon Dieu ! Cela fait des années que je n’avais vu François. Je lui dis que je me suis demandé plusieurs fois ce qu’il était devenu. Comme je dois partir et qu’il a des choses à faire, on convient d’un rendez-vous pour le lendemain. C’est là qu’il me raconte une histoire qui finit bien et cele m’a fait tellement de bien que je me dois de la transcrire :

– Je suis devenu professeur d’école, j’ai fondé une famille, ma femme a divorcé…

– C’est toi ou c’est elle ?

– C’est elle.

– Elle travaillait à mi-temps et je faisais la cuisine, les courses, et elle était quand même débordée. Comme elle était amie avec la responsable du département de l’enseignement, cette dernière m’a mis à la porte de l’école. À cette époque il y avait pléthore de professeurs et je n’ai trouvé de place que dans le canton de Vaud, puis cela a été à Fribourg, en Gruyère. Dans le premier cas, les élèves étaient en retard d’une année par rapport à ceux de Neuchâtel et dans le second, ils avaient une année d’avance parce que c’était des fils de paysans, des bosseurs. Je me rappelle le cas d’une fille qui trouvait que paysan était le pire métier du monde et que son village était le dernier des endroits où l’on pouvait habiter. Son père m’a demandé d’aller discuter avec elle.

– Quand je suis arrivé, la maison est comme celles d’avant où l’on entrait par la cuisine. C’est la grand-maman qui m’a reçu et m’a dit que le fils était à l’étable et qu’il fallait l’attendre. Je lui ai demandé où c’était et elle a répondu que bien habillé comme je l’étais, je ferais mieux d’attendre. Je lui ai répondu que dans un étable il y avait des vaches et qu’il le savait. La dame n’arrivait pas à le croire, mais finalement m’a montré comment m’y rendre.

– Arrivé sur place, le papa de mon élève trayait les vaches. Je lui ai demandé si je pouvais l’aider. Là aussi, il a été surpris. Je l’ai rassuré en lui disant que les vaches c’était comme le vélo : « On n’oublie pas ». Il m’a montré une vache qui ne voulait pas être traite par une machine, on s’est bien entendus et j’ai fait ma part. Quand on a fini et qu’on est rentrés dans la cuisine, tout le monde était au courant. J’ai vu mon élève et lui ai dit : « Ton père fait un métier formidable, il nourrit le monde ! » J’ai vu que dans l’esprit de la fillette la chose prenait forme et depuis, j’ai été le meilleur professeur que la terre ait porté !

Il se passe encore des choses, mais ce qui est important est qu’arrivé à la retraite, mon ami reçoit plus d’argent que lorsqu’il travaillait. C’est un cas assez rare et je lui dis que finalement, il pourrait remercier sa femme d’avoir été ainsi parce que c’est grâce à elle qu’il se trouve dans cette situation si confortable !

***********

Histoire dans un quai de gare. Je vais rendre visite à une ancienne maraîchère qui se trouve à l’hôpital et je dois changer de train dans une gare que je ne connais pas. Je descends du train, vois un couple qui fait de même et demande s’ils changent aussi de voie. Le monsieur répond :

  • Nous chantons toujours de la même voix !

Ce jeu de mots si ingénieux m’a fait rire et j’ai dit que j’allais mentionner l’affaire sur ma plateforme. C’est vraiment joli !

***********

Une autre histoire dans un home. Mme X, une de mes bonnes connaissances, avait une amie dans un home ou Éhpad. Cette personne avait une certaine culture et depuis quelques années donnait des cours d’anglais à l’étranger, à raison de deux jours tous les quinze jours. Tout à coup, elle a eu une attaque cérébrale et n’a plus pu se déplacer. Elle est restée un temps chez elle et finalement, son mari a dû se résoudre à l’installer dans un établissement spécialisé. Mais, elle pouvait parler et a demandé à Mme X de lui apporter du champagne. En principe, elle n’a pas le droit d’en boire, mais une coupe de champagne, en plein milieu de l’après-midi, n’a jamais fait de tort à personne. Je le sais aussi parce que j’ai eu une aventure semblable avec un ami. Bref, Mme X se dit que le champagne tout seul ce n’est pas élégant et achète à la Migros, notre supermarché, une boîte de flûtes de chaque sorte afin de savoir laquelle fond dans la bouche. La dame en question avait des difficultés à avaler.

Mme X arrive au home vers 14 h 30. Elle demande à voir son amie et on lui dit qu’elle ne peut sortir parce qu’elle n’est pas encore lavée. Mon amie se fâche, dit que ce n’est pas permis, l’endroit coûte Fr. 7’000.- par mois et à l’heure qu’il est la dame n’est pas encore baignée ! Elle se fâche tout rouge et fait en sorte qu’on s’occupe de la dame. Finalement, elles s’installent dans un coin, boivent leur champagne, et tout se passe à merveille.

Une autre fois, la même dame avait envie de boire un thé de je ne sais quelle sorte. Mme X s’exécute et va au home avec une autre amie qui rendait visite à une autre personne installée au même endroit. Comme elle connaissait aussi la dame qui voulait boire du thé, elle se joint pour le goûter et apporte des flûtes. La dame de l’histoire en prend et s’étouffe. Malheureusement, la dame qui a acheté les flûtes n’a plus pensé à prendre la sorte qui fondait dans la bouche. L’infirmière arrive, se fâche et dit que la prochaine fois, elles seront fouillées avant d’entrer. Mon amie se fâche à son tour parce que ce n’est pas sa faute.

– Et ensuite ? demandé-je.

– Elle est décédée quelques jours après.

– De quoi ?

– Étouffée.

– À la suite de quoi ?

– C’est assez étrange. Il semble qu’elle ait…

L’histoire est triste. Les établissements pour personnes dépendantes ne sont pas toujours idoines. La personne qui y arrive, y va souvent en dépit de sa volonté, elle est immergée dans un environnement qui n’est pas le sien, tout ce qui lui appartenait est absent. Sa vie doit s’intégrer à un horaire et à des personnes étrangers. Une de mes amies, qui arrive à un âge certain et qui a des problèmes de santé, me dit qu’elle va partir dans un pays africain où les gens sont plus aimables et joyeux avec les résidents. Mais, je félicite mon amie d’avoir apporté du plaisir au palais et à l’âme de son amie dans les derniers jours de sa vie. Je trouve cela important et beau.

************

La retraite : je rencontre une connaissance sur mon chemin. On marche un moment sans rien dire. Puis, je demande :

  • Comment va la vie ?
  • Elle prend son temps et répond : J’ai une nouvelle vie. Je suis à la retraite, mais n’aime pas ce mot.
  • Vous avez tout à fait raison. Auparavant, les personnes arrivaient à la retraite et ils étaient épuisés pour la plupart ; ils portaient leur âge et de plus, l’espérance de vie était moindre. Aujourd’hui, les gens peuvent couper les ponts avec leur ancienne activité, se lancer dans une autre, changer de vie, continuer autrement leur manière de vivre et tout cela dans une joie et un bon état physique.
  • C’est vrai. Mais les gens, quand ils savent que vous êtes à la retraite…
  • Il n’y a pas besoin de le dire. Il y a des gens qui, lorsqu’ils l’apprennent, vous mettent dans une catégorie pleine de sens très lourds. Cela vous charge et les charge eux-mêmes. Cela ne vaut pas la peine. De toutes façons, les gens n’écoutent pas réellement ce que vous dites, ils ramènent souvent les choses à eux. Alors, dites simplement que vous vous investissez un peu plus dans… que vous avez repris telle activité, etc.
  • Qu’est-ce que cela me fait du bien. C’est comme si vous m’offriez une fleur.
  • Oh, mais la fleur était chez vous. Je vous l’ai simplement montrée.
  • Quel cadeau ! Je me sens toute légère ; j’ai comme des ailes qui poussent !
  • Moi aussi !

Liens vers :

Maquillages au Bureau international du Travail (BIT), Genève

La pandémie avait mis un arrêt… Après 2019, le Noël des enfants a repris et j’ai eu la joie de reprendre le fil du temps, ce fil du temps qui me dit que la vie reprend son cours. Quelle chance !

Quand je travaille, je ne pense pas toujours à prendre des photos. Parfois même, je n’ai pas le temps et hier, par exemple, une fillette est venue me tirer par la manche au moment où je prenais une photo pour me faire comprendre qu’elle attendait son tour ! Elle n’a pas dit un mot… Je n’ai pu que sourire, cela ne m’était jamais arrivé. Voici un florilège de prises et de montages comprenant 2019 et 2023 :

Une fois de plus : le maquillage est révélateur de la personne. Il y a eu des enfants qui m’ont demandé ce que j’allais peindre ou de faire une image précise. J’ai répondu que je ne savais jamais à l’avance, que ce n’est qu’une fois que la personne est devant moi et que j’ai le pinceau à la main, que la chose se produit. Ce sont mes mains qui savent. Quant aux couleurs ou motifs demandés, je négocie et je n’ai jamais eu quelqu’un qui ait enlevé le maquillage. Il arrive aussi, comme cette fois-ci, que des enfants m’en demandent un second. J’ai expliqué que c’était une composition, que si j’ajoutais quelque chose ailleurs, on ne saurait où regarder, mais que je remerciais de la demande parce que cela voulait dire que le maquillage porté était très apprécié et à ce moment-là, un grand sourire est apparu dans le visage de l’enfant exprimant qu’il a tout compris. Ce sont de très beaux moments.

C’est aussi l’occasion de remercier les organisatrices de cette fête et ceux qui y participent d’une façon ou d’une autre, le service des surveillants compris. Il n’y a pas que le maquillage qui soit révélateur de la personne ; si cette fête n’est pas professionnellement liée au BIT, ceux qui l’organisent y travaillent et en faisant appel aux organisatrices précédentes, reproduisent une façon de considérer le monde social. Le BIT est la seule organisation au monde à faire participer aux décisions les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, c’est un tout. Hier, en rencontrant les organisatrices d’hier et d’aujourd’hui, je me suis sentie dans un monde complet et en plus plein d’amitié.

Liens vers :

Si vous souhaitez laisser un commentaire, il y a deux façons de procéder :

  • directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil) ;
  • ou si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement l’insérer au bas de cette page.

Les histoires de Roger Peeters.1

Ces histoires, Roger me les raconte quand on est dans mon studio de danse la Cave perdue. Ce studio a déjà une histoire et continue à s’enrichir d’histoires. Parfois, quand je regarde ma Cave perdue, j’ai l’impression qu’elle vit.

Roger a tout le temps quelque chose à raconter. Cette fois-ci on parle d’argent, de valeurs humaines, d’or, de diamants, de rubis et d’aluminium.

Je dis à Roger que notre civilisation n’a peut-être pas pris la bonne direction :

– Tout est ramené à une valeur marchande, à l’argent. Or l’espèce sonnante et trébuchante a été inventée par l’être humain. Elle n’est pas disponible dans la nature. La terre produit des fruits, des légumes, pas de monnaie.

– Tout est une question de rareté et d’utilité. L’un des métaux les plus chers est l’or.

– C’est ce que j’ai entendu en économie politique. Mais, l’exemple de l’or est intéressant. Je me dis que sa brillance doit rappeler celle du soleil et là le symbolisme astral joue un rôle déterminant…

– S’il y avait de l’or partout, il n’aurait plus la même valeur.

– Si, par exemple, il y avait eu très peu de charbon, il aurait pu prendre la première place.

–: Oui. Est-ce que je vous ai raconté l’histoire du diamant ?

– Non…

– Le diamant a été considéré comme une pierre rare malgré les grandes réserves minées et mises en stock par l’entreprise monopolistique de Beers d’Afrique du Sud. Puis, on est arrivé à faire le diamant synthétique et là…

– Pas de différence entre le diamant naturel et le fabriqué ?

– Un diamant pur valait très cher, mais souvent il a quelques imperfections, alors que le diamant synthétique n’en a jamais, il est toujours pur. Cela a fait que le prix du diamant a commencé à descendre.

– Mon Dieu ! Alors, ceux qui avaient investi dans les diamants…

– Oui, et les réserves de l’entreprise sont énormes. Leur politique de gestion, rareté artificielle, maintenait les prix hauts. Mais, voilà, tout est relatif. Il s’est passé la même chose avec le rubis.

– Oui, je sais, on utilise le rubis synthétique dans l’horlogerie. Vous m’aviez raconté. Le premier à avoir pensé au rubis a été un astronome bâlois, Nicolas Fatio de Duillier, qui de Paris s’était réfugié en Angleterre. La vertu du rubis a été de prolonger la durée de vie et d’améliorer la précision de la montre. Il a fait breveter son invention de perçage du rubis à Londres en 1704. Tout de même, le prix était élevé et c’est le chimiste français Auguste Verneuil qui en 1902 dévoile comment produire du rubis par fusion. Je crois bien que sa méthode est toujours d’actualité.

– Vous connaissez l’obélisque de Washington ?

– Non…

– C’est un monument en l’honneur de George Washington, le premier président des États-Unis. À l’époque, l’aluminium était un matériau très rare et très cher, plus cher que l’or, et donc le pyramidion a été fait en aluminium pour donner encore une valeur symbolique à l’obélisque. Or, aujourd’hui, l’aluminium est très bon marché…

Et on retrouve le début de notre conversation, à savoir la valeur qu’on prête aux choses… Je me demande ce qu’en pense George W.

Sur fond de champagne et de caviar. La rencontre d’aujourd’hui a été improvisée. C’est Roger qui a régalé et on s’est dit sans se le dire que l’on buvait à un futur prospère. D’une certaine façon, on a lancé une bouteille à la mer du destin.

J’ai envoyé l’article à Chambaron, mon expert en français. Il répond à toutes mes questions, vraiment à toutes. Il a l’avantage aussi d’avoir un esprit très riche et a qualifié le dialogue écrit de socratique. Oui, il y a quelque chose de cela, on a mis en évidence des contradictions sociales et mis à nu la réalité. Il me dit aussi que lorsque l’homme Sapiens s’est sédentarisé grâce à la stabilité climatique, il a commencé à faire des échanges avec ses voisins et des prévisions dépassant l’année ; ensuite ce sont les métaux que l’on a utilisé pour faire les échanges, puis est venu le papier monnaie afin de faciliter les opérations. Mais déjà à l’époque romaine, on avait créé de la monnaie fiat ou fiduciaire, c’est-à-dire, une monnaie dont la valeur était dictée par le gouvernement et à laquelle le peuple accordait la confiance ce qui impliquait qu’il croyait qu’elle représentait une valeur. Cela a duré des millénaires, jusqu’à l’invention du crédit s’appuyant sur une autre croyance, celle dans le progrès et l’augmentation de richesses qu’on anticipe. Tout cela est l’invention de l’homme. C’est quand même curieux que l’on oublie les croyances spirituelles et qu’on accorde sa croyance à des papiers, des écritures… Tout ce que je sais, c’est que si tout le monde voulait retirer son argent de la banque, il n’y aurait pas assez de monnaie ni de biens de garantie.

Autre chose dans ce dialogue : les remerciements à ceux qui ont introduit quelque chose d’intéressant pour le bien de tous dans ce monde. C’est un exercice que je pratique souvent. Nous utilisons tant de choses sans remercier ceux qui ont été à leur début. C’est ainsi que j’ai raconté à Roger que dans un cours que je donne, j’ai parlé du début des chaussettes ; les premières chaussettes tricotées on les a trouvées en Égypte, du temps des pharaons, en 1400 av. J.-C. et la première machine à tricoter des chaussettes est due à un révérend écossais, William Lee, puis du kaléidoscope, trouvé par le physicien écossais David Brewster en 1816 qui, grâce à W. Lee et aux Français, portait des chaussettes ! (Je raconte cela ici).

Encore autre chose dans type d’article ; il a aussi la vertu de ramener à la surface de ma conscience un tas de sujets, de personnages, de lectures, de commentaires et c’est comme si je les avais à fleur dans mon esprit. Je trouve jolie l’image d’avoir des fleurs partout.

Les fleurs de l’esprit de Zully. J’ai montré l’article à Roger avant la publication et là… c’est reparti pour un tour de nouvelles choses. C’est ainsi que j’ai pu compléter l’historique de la valeur monétaire et Roger a trouvé moyen d’insérer l’influence du travail à la chaîne qui n’aurait jamais pu prendre place sans la fabrication en ligne d’abord, puis sans le recours aux pièces interchangeables. Il a évoqué les implications des premiers métiers à tisser, l’extraordinaire abondance énergétique due au charbon au xviiie siècle, les industrialisations qui s’ensuivirent et a mentionné la production de chronomètres et montres en masse par l’entreprise Waltham aux États-Unis avec ses effets sur l’industrie horlogère suisse. Comme on le voit, tous ces éléments sont liés et forment un tissu vivant au travers de l’homme ; une fois de plus, on en arrive au début de notre conversation : la valeur qu’on attribue aux choses.

Liens vers :

Pour laisser un ommentaire, deux façons de procéder :

  • directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil) ;
  • si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement ajouter un commentaire.

@Articulations – jouons avec elles.7

Une participante au cours me dit qu’elle a appris en dix leçons plus sur son corps que pendant toutes les années où elle a fait de la danse !

Le but du cours est de jouer avec ses articulations. S’il est intéressant de savoir que nous sommes composés de 300 à 400 articulations, cela dépend de la façon de les compter (le sacrum, par exemple, est composé de 5 vertèbres soudées), le plus important est de les faire bouger dans tous les sens. On le sait, une chambre de la maison qui n’est pas habitée se remplit de poussière, au moins. Il en va de même avec le corps. Or le corps est le reflet de nous-mêmes, de notre façon d’agir et de réagir, de la façon dont nous vivons. C’est simple et complexe à la fois, mais tout est lié, pas de doute.

Voici quelques données chiffrées au sujet de notre corps :

Non seulement il y a différentes façons de compter les os, par exemple, mais, selon les sources consultées, les quantités de muscles, ligaments varient aussi. Mais, l’ordre de grandeur est quand même semblable.

Données chiffrées : tous ces muscles, articulations, cellules ont leur vie presque autonome. Presque autonome parce qu’il faut bien se dire que si une personne a une certaine forme dans sa jambe c’est parce qu’une certaine vie l’habite. Il en va de même pour le visage, pour les mains, pour tout. Il est complexe de définir ce qu’est la vie, mais tant que nous sommes vivants, nous avons une façon d’agir et de réagir, ainsi que déjà dit, dans la vie. C’est cela qui est important. Nous pouvons pratiquer toutes les techniques de relaxation du monde, si on ne sait pas vivre les événements de la vie de façon harmonieuse, nous aurons des tensions. Je vous laisse réfléchir.

Façon de tenir le crayon. Ce qui est fascinant dans mon cours, ce n’est pas tant le contenu que ce que les participants apportent chacun avec son corps. C’est ainsi qu’à un certain moment, j’ai demandé à faire un dessin d’un mouvement afin de mieux le concevoir. Voilà qu’une participante se met à table, pour ainsi dire, prend son crayon et commence à dessiner. J’observe et demande si elle écrit toujours de cette façon parce qu’elle utilise nombre de muscles qui ne sont pas directement concernés par l’opération. « Ah, oui ! c’est vrai. Souvent, à la fin de la journée de travail, je suis fatiguée. »

Une illustration :

Si on n’est pas attentif, on ne remarque pas le problème vu de profil.

Une participante a les pieds plats. On ne le lui a pas dit dans les différents cours de danse ou de gymnastique orientale fréquentés. Cela me donne l’occasion de lui en parler et de voir ce qu’il est possible de faire. J’ai de la chance parce que cette personne est très sensible et sent tout de suite la différence. On regarde du côté des chaînes articulaires et musculaires et on s’approprie quelques étirements. C’est un travail à long terme. On a discuté de l’affaire depuis le début et après trois mois, elle me dit qu’il lui arrive très souvent de penser à ses pieds lorsqu’elle marche et à corriger automatiquement les points d’appui sur le pied. Pour moi c’est une victoire. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de savoir que je peux apporter un mieux-être à quelqu’un. Je me dis que cela justifie mon existence !

Les articulations dans le corps et dans la vie. Si nous avons dans les 300 – 400 articulations articulaires et musculaires, nous avons quantité d’éléments de la vie avec lesquels nous sommes en relation ou qui entrent en relation avec nous. J’en ai mis quelques-uns, quelques-uns dont on a parlé pendant le cours dans l’image ci-dessous.

Essence est le squelette qui m’accompagne dans tous mes cours.

Comme vous le voyez, on a quasiment refait le monde ! Non, on ne peut pas avoir un monde conforme à nos désirs parce que nous sommes tous différents et que nous ignorons tant de choses, mais nous pouvons avoir un oeil conscient, soit une articulation vivante. Une articulation physique ne peut pas faire des mouvements dans tous les sens et c’est pourquoi on a des os agencés d’une façon ou d’une autre. Il en va de même dans notre vie.

Des jeunes gens du canton de Schwytz et les articulations de la vie. Je montais par la rue du Château à mon studio et entends parler du suisse-allemand. Je dis : « Quand on est à Neuchâtel, on parle en français ! » , regarde les jeunes gens et leur souris. L’un d’eux me dit : « Vous pourriez répondre à des questions ? Ce sera dix minutes ». Je lui dis que oui et que si lui et ses copains viennent avec moi, ils verront une belle salle où j’enseigne et présente des spectacles. Comme je vais donner un cours, il y aura bien quelqu’un d’autre qui pourra répondre aussi aux questions. Ils ne s’attendaient pas à trouver une salle si intéressante, ils ont regardé les tableaux, les costumes suspendus et on a répondu au questionnaire.

L’une des questions a été : – Combien de langues parlez-vous ? – … Sept -– Sept ? Lesquelles ? – Le français, le roumain, l’espagnol, l’anglais, l’italien, le russe, l’allemand. – Le russe ? Je suis né à Saint-Pétersbourg ! dit le jeune homme. Alors, on a parlé un peu en russe, mais, dit-il, je suis arrivé à l’âge de cinq ans ici et je parle le suisse-allemand. Je lui ai montré des photos et costumes de danseurs russes et le tableau avec le nom de tous les danseurs et professeurs du théâtre Mariinsky ramené de la fois où j’ai passé un mois à Saint-Pétersbourg. Cela a quand même créé un lien, renforcé une articulation, l’articulation que j’ai avec le russe, Quand j’entends cette langue, c’est comme si c’était la langue de l’amour. Pourquoi aime-t-on une chose, quelqu’un ? Je n’ai pas de réponse, c’est un fait. Alors, voilà comment est née l’articulation d’élèves qui améliorent leur français avec des participants à un cours à Neuchâtel. Moralité : les articulations sont partout !

Liens vers :

Pour laisser un commentaire, deux possibilités :

  • directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil) ;
  • si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement l’insérer au bas de cette page.