Conversations de rue en patchwork

Il se passe des choses très profondes avec des personnes que je ne rencontre que quelques instants.

La vie se charge de bien des choses. C’est ainsi que l’on n’a pas besoin de parler la même langue pour s’entendre. C’est ce qui se passe avec les animaux, les plantes et même les objets et que nous pouvons converser avec eux. Voici six histoires.

  • No 1. J’arrive à un passage piéton au bon moment et le traverse. En arrivant sur l’autre trottoir, je vois une dame quelque peu âgée, marchant avec difficulté avec deux cannes. Je ne sais pourquoi, je m’approche d’elle et lui dis :
    • Si vous aviez couru, vous auriez pu passer !
    • Oh ! J’ai le temps… mais si je n’avais pas eu le temps, j’aurais couru !
      • On a éclaté de rire ensemble, et son rire était tellement plein de vie et de joie que j’ai été charmée. Je lui ai dit que j’allais écrire notre échange sur ma plateforme, car c’était le genre de choses que les gens devaient lire et pas les catastrophes. Elle a été touchée, car elle a eu un joli mouvement de tête et m’a lancé un regard qui m’est allé droit à l’âme.
  • No 2. Un papillon dans le lac. Je suis dans « mon » lac et tout à coup, je vois arriver un papillon qui aquarrit devant moi, je veux dire qu’il est arrivé sur l’eau (amerrir c’est dans la mer, aquarrir… c’est dans l’eau) ; je le vois se débattre un moment, je sais qu’on ne doit prendre un papillon par les ailes et ne sais que faire ; finalement, le papillon laisse ses ailes reposer sur l’eau. Je ne sais toujours pas quoi faire et tout à coup une plume blanche se matérialise dans mon champ visuel. Je la prends, l’approche de Pap (il a maintenant un prénom) qui comprend, s’y agrippe avec ses pattes, y reste le temps que je m’approche du rivage et d’une grande pierre. Je dépose le véhicule avec Pap et prie pour que les choses s’arrangent.
    • Je retourne dans l’eau et peu après vois un autre petit animal, un insecte brun, je ne connais pas la sorte, me dis que… mais, je ne peux pas le laisser se noyer même s’il est potentiellement « nuisible ». Il doit quand même avoir une utilité que je méconnais. Je cherche une autre plume, mais rien. Plus loin, il y a un bout de branche que je vais chercher. La petite bête s’y accroche aussi avec ses pattes. Elle doit se dire qu’elle est hors d’affaire, car elle me fait confiance pendant le trajet. Je la déponse sur une autre pierre, regarde celle où j’avais déposé Pap… qui n’y est plus. C’est bon signe. À la fin de ma baignade, il n’y avait plus personne sur les pierres. Je me dis que ma baignade n’a pas été inutile.
    • Le lendemain, je retourne pour une nouvelle baignade et lorsque je suis pieds nus, un papillon (différent de celui de la ville, je crois bien) se pose sur mon pied. Je le prends comme un salut, un remerciement, un signe. Je suis contente et salue ce nouveau Pap.
  • No 3. Un délice ! Je consulte ma référence en questions linguistiques, Chambaron – son nom de plume – et il me dit qu’il existe le verbe « aqualir », mais que si mon aventure papiliacée le permet, je peux oser le mot de mon choix, choix qui s’est porté sur « aquarrir ». C’est un pur délice ! Et vous avez vu l’adjectif « papiliacé » ? C’est tout aussi délicieux ! Je raconte à Chambaron que je suis en train de faire en même temps ma comptabilité et ma déclaration d’impôts, il me répond qu’il me laisse papilloner sur mon « net à payer ». Je suis comme dans un rêve !
  • No 4. Les distances en cette période de pandémie. On peut avoir l’avis personnel que l’on veut, mais on ne peut l’imposer aux autres et il faut suivre les règles présentées. Cette fois-ci, je me trouve dans un supermarché, à la caisse. Je suis à une distance raisonnable de la personne qui est devant moi et voilà qu’une dame se met assez près de moi par derrière.
    • Je la regarde… Elle ne bouge pas. Alors, je m’éloigne un peu en diagonale afin de garder la distance par rapport à la personne devant et voilà que celle de derrière avance aussi. Je lui dis que si on respecte les distances marquées au sol, elle est trop près, qu’en fait, je devrais être à sa place.
    • Elle sourit et dit que j’ai raison et elle recule. À dire vrai, elle ne va pas très très loin, je la regarde encore une fois et à nouveau elle sourit et dit, mais ici il n’y a a plus de marque et elle sourit ! Je ne résiste pas et ris. Je lui dis qu’elle est intelligente et lui demande si elle avait aussi agi de la sorte lorqu’elle était à l’école. Elle dit que non, qu’elle était plutôt timide.
    • Je la fécilite parce qu’elle a bien avancé dans la vie et lui dis que je vais mettre notre conversation sur ma plateforme . On se quitte en d’excellents termes.
  • No 5. Solution inespérée. Il y a des histoires qui sont des enseignements pour ceux qui les racontent ou les lisent. Celle-ci en fait partie. La dame dont je vais parler, je la rencontre de temps à autre en ville.
    • La dame n’a pu élever ses filles et qu’elle ne voyait plus l’une d’entre elles depuis près de vingt ans. Cela faisait pourtant des années que nous nous croisions et bavardions de choses quotidiennes, mais voilà qu’il y a quelques mois elle m’en parle. Je suis touchée par la confiance.
    • Il y a quelques semaines, elle me dit qu’elle a revu sa fille, qu’elles ont pu parler et que la relation a pu être rétablie. J’en suis ravie.
    • On est juste après Noël et elle me raconte qu’elle a pu parler plus profondément avec sa fille et que cette dernière s’est rendu compte qu’on lui avait raconté des histoires.

La dame sétait dit que ce ne serait plus possible. En effet, si des mois, des semaines, des jours, des minutes peuvent nous sembler longs, que dire de vingt ans. D’autant plus, me dit-elle, que sa fille ne savait pas qui était sa mère jusqu’à l’âge de 18 ans !

Enseignement. Voilà, lui dis-je. Vous pourrez dire à ceux qui vous racontenront des histoires sans solution qu’il y en aura bien une et que si vous avez une belle fin, cela sera aussi leur cas ! Je lui ai dit que j’allais raconter son histoire et son visage s’est détendu par un sourire.

Suite inattendue : peu après que la dame a récupéré sa fille, le monsieur qui en avait pris soin est parti au ciel. La dame se dit qu’il avait fini son rôle sur terre et qu’il pouvait partir ! Je trouve cela beau.

No 6. Celle-ci se passe à Paris. Je vois une dame, on voit qu’elle a déjà une histoire. Elle est assise sur le rebord d’un muret devant lequel il y a un parking pour des vélos électriques.

  • Vous attendez votre vélo ?
    • Elle fait entrer le message, le décode et répond :
  • On peut dire cela, et elle sourit.
    • Je la trouve sympathique et lui raconte l’histoire no 1 . On rit. Je lui demande si elle est du coin. Pas vraiment, mais elle pourrait me renseigner, si besoin.
  • Je cherche du biais.
  • Ah… Je fais aussi de la couture. Ma mère était couturière, elle a travaillé pour Chanel. Elle faisait le dessins des robes, des créations de la maison. Mais, je n’ai pas voulu faire ce métier. Elle dessinait et la maison de couture signait « Chanel ». J’ai voulu être infirmière, puéricultrice, malgré que j’avais le même don que ma mère.
    • Je trouve cela fascinant et lui raconte mon admiration pour Dior, dont je viens de voir l’exposition dans la Galerie Dior, à l’Avenue Montaigne.
  • J’ai trouvé l’exposition remarquable, non pas parce que c’est de l’histoire, mais parce que l’on sent l’amour du métier dans les créations. Ce qu’on ne peut dire des modèles pour la clientèle jeune actuelle. On vend des habits troués… Auparavant c’étaient les pauvres qui les portaient. Il n’y a plus d’élégance.
  • Oui, plus rien n’a de forme. Les femmes ne portent plus de chapeau ! Ma mère, lorsqu’on n’était pas sages, nous étions cinq enfants, disait : « Si c’est comme cela, je mets mon chapeau et je m’en vais ! »
  • C’est tellement joli que je vais écrire cette conversation sur ma plateforme. Vous permettez ?
    • La dame a donné son accord, je me suis assise à côté d’elle et elle et m’a raconté encore plein de choses. J’ai admiré son français ; pas une seule faute ! Un vrai plaisir.

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@articulations – jouons avec elles. Groupe.3

Je suis toujours fascinée par les différents ressentis et par les réflexions qui parfois m’amènent à formules des choses de façon différente !

En danse classique il n’y a qu’une seule façon de faire un pas correctement. En mathématique, une équation au carré donne deux résultats, au cube trois, eh bien ! avec le jeu des articulations, les résultats sont tels qu’on peut avoir autant de résultats que de participants et ils sont tous corrects.

Nous sommes tous différents et nos ressentis sont tous différents. Oui, c’est à peine croyable combien on comprend, en écoutant des personnes parler du résultat d’un même exercice, que nous ressentons les effets de façon différente. C’est quelque chose de fabuleux de se dire que ce que je ressens est différent de ce que ressent la personne à côté de moi mais que c’est tout aussi valable ! C’est une richesse pour moi.

Faire des exercices pendant qu’on attend assis quelque part. Pour cela, nous avons une palette d’exercices. Cette fois-ci, je pensais aux genoux et me disais que certaines personnes hésitent à faire celui que je donne au cours parce qu’il est quelque peu visible. Alors, comment faire ? Je me trouve à Paris, aux Champs-Élysées et me dis que mes genoux auraient bien besoin d’un bain synovial. Tout à coup, une idée me vient et je trouve comment faire sans qu’on le remarque. De toutes façons, les gens sont toujours occupés à quelque chose plutôt qu’à nous regarder ; tout de même, c’est une réussite. Je n’y aurais jamais pensé sans la réserve de certaines participantes. C’est cela qui est fascinant. Le fait de pouvoir entrer en communication avec quelqu’un est l’équivalent d’avoir ouvert une porte. Je ne peux que remercier les participants à mes cours. L’exercice trouvé est un peu compliqué à expliquer : on s’assied, on croise les pieds – genoux à 45° et le pied de derrière donne l’impulsion à la jambe de devant pour qu’elle fasse des rotations passives et le tour est joué !

Les portes des uns et des autres. Entrer en communication avec l’autre est comme ouvrir une porte. J’ai déjà dit que nous étions tous différents et, par conséquent, nous avons tous des portes différentes. En voici quelques unes :

À chacun d’interpréter les portes, mais une constante : elles s’ouvrent toutes, quand elles ne sont pas ouvertes en permanence, comme la no 3 qui en fait pense qu’il n’y a pas besoin d’avoir une porte… C’est vrai qu’il y en a qui restent fermées. Que faire ? Chacun a sa réponse.

Notre rapport au corps. Je disais lors d’une séance que parfois, des gens que je ne vois que de sept en quarante me disent qu’ils pensent souvent à moi. Je reste alors interloquée car je n’ai pas consciemment reçu de signe… Je dis que c’est comme nous avec le corps, on n’y pense pas et qu’il faudrait lui envoyer de temps en temps un mot, une attention, une sorte de SMS car on n’a tendance à y penser à lui que lorsque quelque chose ne va pas. C’est l’un des buts de ce cours : vivre avec le corps tous les jours.

L’humour de l’une de mes participantes. Lorsque je parle du sujet évoqué, la participante en question me dit qu’elle n’est pas sûre que j’aie pensé à elle et à ses collègues à Paris parce que je n’ai rien dit ni écrit ! On a bien rigolé. J’espère que tout le monde sera content et convaincu en lisant cet article !

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