Résumé :
- j’ai vu travailler MM Daniel Bertusi, le chef du secteur post-production image, Blaise Piguet, réalisateur et Jacques Ansermet, monteur truquiste. Des personnes très aimables, prêtes à répondre à mes questions et avec des années d’expérience. C’est si important, l’expérience ;
- j’ai appris à regarder différemment les émissions télévisées ;
- j’ai trouvé des similitudes, toutes proportions gardées, avec certaines choses que je fais et lorsque j’écris ou compose cet article, j’utilise certains « effets » avec un certain plaisir, une certaine conscience, un savoir plus solide grâce à ce stage. Je ne cesse de le répéter, nous nous nourrissons des autres, d’où l’importance de faire au mieux chaque chose.
Voici le début de mon aventure :
Après avoir vu, pour la deuxième fois, une réclame sur Zattoo disant que si l’on désirait se former dans les métiers de l’audiovisuel, il fallait prendre contact avec la RTS, je me suis dit que c’était pour moi et qu’il fallait agir. J’ai téléphoné, mais les services qui ont répondu n’en avaient connaissance. Il y avait cependant des stages et je suis tombée sur un collaborateur de la RTS des plus aimables, M. Daniel Bertusi. À ce moment-là, je ne connaissais pas encore son titre.
Zully, élève répétante. M.Bertusi m’explique qu’il reçoit parfois des classes avec des élèves qui aimeraient embrasser le métier, mais qui voudraient en connaître un peu plus sur sa pratique. Je lui dis que j’ai filmé et fait le montage audiovisuel de mes spectacles pendant des années sur Revox, que j’aimerais filmer mes danses et ajouter des effets et que l’on pourrait me considérer comme une élève répétante. Quelle chance, M. Bertusi est ouvert d’esprit et rendez-vous est pris ! J’ai aussi saisi l’occasion pour remercier une fois de plus la TSR, devenue RTS, pour l’émission de Franc-parler1 avec feu mon ami André Oppel.
Programme de la journée : le matin, je pourrai voir le montage d’une émission et l’après-midi, je pourrai poser des questions.
Arrivée. Comme pour Rome, bien des chemins nous y conduisent. J’ai pris la Rue des Bains. Je trouve le nom joli et me dis qu’il devait y avoir un établissement pour les bains. Il a disparu mais je vais me baigner dans le traitement de l’information.


Le bâtiment a été construit à la fin des années 1960 ; la tour comprend dix-sept étages et trois sous-sols. L’architecte, Arthur Bugnat, a été assisté par des chefs techniques de la TSR MM Ernest Pittet, Yves Dunand et Charles Python. Je trouve que le fait d’avoir été assisté par du personnel de la TSR est un point très important. Il n’y a que celui qui a l’usage d’une chose qui peut donner un avis pertinent. Cela manque dans bien de nos immeubles locatifs et commerciaux. Ah ! Cela me rappelle que notre hôpital a été rénové et que lorsqu’on veut entrer dans une chambre, il ne faut pas que la porte de la salle de bains soit ouverte parce qu’elle bloque l’entrée ! Il faudra que j’aille vérifier si c’est toujours le cas.
À sa droite (en réalité, le bâtiment est un peu en retrait), un bâtiment de cinq niveaux, à l’origine destiné pour la technique et qui maintenant abrite les émissions des magazines. C’est-à-dire qu’on y fait les montages. Je me posais des questions au sujet de la différence de style entre les deux bâtiments. Il me semble que l’architecte dit dans une émission dédiée à la construction et que les archives de la TSR mettent à disposition que pour isoler les services techniques du bruit, il fallait une bonne épaisseur. Ce doit être cela.

Cela a dû être quelque chose à l’époque, un bâtiment si grand ! L’architecte a dit qu’il choisissait une couleur de façon à ne pas trop détonner dans le paysage. Voici la vue depuis le 16e étage. Pour des raisons de sécurité, on ne peut plus avoir accès à la terrasse du 17e. Je me dis qu’on est à Paris et que le xvie 2 arrondissement me convient très bien ! Voici la vue :
Quand on est à cet étage, les autres maisons et bâtiments semblent être des maquettes. C’est l’une des facettes de la relativité des choses. Ici tout est objet de réflexion.
M. Daniel Bertusi me reçoit et me fait visiter les divers locaux de travail. En premier lieu, on entre dans des studios, lieux où l’on enregistre les émissions.

Voici le grand studio, le studio 4, est celui qui a 900 m2 de surface et une hauteur de quatre étages (considérable !). On voit l’une de ces caméras qui sont comme des bras de grues pour s’approcher de tel ou tel endroit. On y a tourné, par exemple, Les coups de coeur d’Alain Morisod et maintenant c’est le 52 minutes. A J’ai aussi vu le studio 1, plus petit, où l’on tourne les émissions Dans la tête de, 36.9‘ et À bon entendeur.
Pour la première fois au monde ! C’est la TSR qui la première à monté un studio où tout est numérisé. Il n’y a plus de décor physique lourd. Je tiens cette information du réalisateur Julien Nicole-Kay. En très peu de temps on peut entièrement changer le décor et tourner une autre émission. Ce sont les panneaux (comme celui de droite) qui par leurs lumières led créent le fond. C’est un autre monde !
Des décors quand même ! J’aime les métiers qu’on avait « de mon temps » ! J’aime faire des choses avec mes mains et j’aime les travailleurs manuels. J’aime sentir : on prend une matière, on la modèle, on la transforme et on crée quelque chose. Voici les décors vus :


Ah, Charlie Chaplin ! J’ai vu une magnifique photo de Chaplin en train de filmer. Je ne sais qui a pensé à mettre cette photo à cette place, mais je le remercie. C’est très touchant. Chaplin avait beaucoup de talents auxquels on ne pense pas toujours.
Box de montage. Mon guide m’amène dans un box de montage où je fais la connaissance du réalisateur Blaise Piguet et du monteur truquiste Jacques Ansermet. Je me sens vraiment dans un « chez nous » avec ces noms si suisses. Je demande à Jacques Ansermet s’il est lié à l’ancien chef d’orchestre Ernest Ansermet. Oui. J’ai l’impression qu’il est présent d’une façon ou d’une autre. Je vous le dis, je suis dans en quelque sorte « chez moi ».

Voici Jacques Ansermet, monteur truquiste. C’est son titre. Je regarde la définition dans un dictionnaire : responsable des trucages cinématographiques. C’est un joli nom. Il travaille avec Blaise Piguet, le réalisateur de l’émission qui est montée. Chacun a l’émission devant l’écran de son poste de travail. Blaise fait des commentaires sur son travail et Jaques entre dans la pensée de Blaise. Je dis cela parce que Blaise disait : « Là il faudrait un gros plan, ceci est ce qui correspond à l’animatrice de l’émission, ce profil est meilleur que celui de telle place », et que Jacques faisait des manoeuvres sur son clavier comme s’il était dans le cerveau de Blaise. Puis, Jacques disait qu’à tel endroit on voyait on ne voyait pas telle chose et Blaise, à son tour, était d’accord. Pas un ton plus haut que l’autre, pas une remarque désagréable. Tout était « soft », pour parler français3 !
J’oubliais de dire que les animateurs de l’émission sont venus voir le montage et que là aussi tout a été « soft ».
Le temps s’écoule et tout à coup c’est passé midi. On discute de choses et d’autres, on en arrive à parler de la position du corps lorsqu’on passe longtemps sans vraiment bouger et là, nous nous avons un autre sujet qui nous intéresse tous parce que depuis quelques années, je donne des cours sur le sujet (@3m. ossature et @articulations – jouons avec elles).
M. Daniel Bertusi me reçoit dans un autre studio de post-production. À ce moment-là, je ne connais toujours pas son titre. J’imagine qu’il est quelqu’un d’important, mais rien dans sa façon d’être ne le fait sentir. Ce n’est qu’au moment de la rédaction de mon article que je me rends compte que je ne le connais pas et il me le donne « chef du secteur post-production image ». Je trouve cela magnifique. La photo de M. Bertusi parle pour lui :

De la délicatesse. Je passe l’après-midi à poser des questions à M. Bertusi et il me montre diverses séquences modifiées par lui pour différentes émissions en recourant notamment à deux logiciels « FinalCutPro » et « Motion », logiciels pour Mac. Quelle chance, mon ordi est un Mac ! Je vais me les procurer. Lorsque M. Bertusi me montre ces séquences, j’ai l’impression de voir des réclames « avant » et « après ». Je vois une séquence où tout va bien et il me montre l’original où l’on voit un caméraman dans un miroir ; une autre où on voit le journaliste sur le plan où la personne qui témoigne parle. Cela me fait me rendre compte du travail qu’on ne voit pas. Ce qui m’a touchée le plus, au point d’avoir une émotion très forte de je ne sais quoi, c’est au moment où Daniel me montre le travail qu’il a fait sur une personne pour la mettre à son avantage alors qu’elle était dans une situation délicate. C’est cela la délicatesse. Je suis vraiment émue.
Comme à l’Opéra . C’est en les voyant travailler et en entendant certaines explications que je me suis dit que ce trio travaille dans la délicatesse ; je me trouve presque comme à une répétition de l’Opéra de Bucarest ou du ballet de Saint-Pétersbourg. Le « déplace l’image d’un poil à droite, passe de la caméra X à la Y, agrandis telle image, prends la prise de vue de la caméra 2, etc. » correspond au « plus à droite ; toi, allonge un peu plus le bras, mets-toi sur la diagonale 2-6, la jambe plus haute, etc. » d’une répétition de danse. Je ne savais pas combien ces deux métiers avaient des points similaires.
Une autre remarque qui m’a touchée, c’est celle de Blaise lorsqu’il a dit à Jacques « mets tel plan juste après que la présentatrice baisse son regard ». Cela m’a, pour ainsi dire, ouvert les portes de la perspective dans les montages. J’ai quelques scènes de ma vie qui restent comme des photographies, celle-là en est une. Je n’étais pas consciente de telles subtilités.
J’avais raison de penser au bain d’information. Tout comme après un bain, on se sent régénéré, je me sens régénérée par ce bain d’information et de formation. Je n’hésite pas à répéter que nous nous nourrissons les uns des autres.
Fin de ma journée !
Notes :
- Franc-parler1. Comme je suis en pleine formation, je me dois de compléter mes connaissances et voici ce qu’on dit à son sujet : émission d’information qui prenait la forme de courtes rencontres, entretiens ou portraits de personnalités qui exprimaient leurs convictions. Chacune avait une durée moyenne de 5 minutes. La collection complète compte 98 émissions, diffusées entre le 5 mai 1984 et le 4 juin 1988. Son producteur fut Claude Torracinta, un journaliste que je respectais ;
- écriture des siècles2. Le logiciel de ma plateforme ne connaît pas les petites capitales et donc je me débrouille avec les moyens du bord !
- le français3. Nous n’avons pas eu le temps de parler de ce sujet qui me passionne au point que je passe beaucoup de temps à réviser des textes dans divers domaines. C’est devenu l’un de mes métiers. J’ai envoyé, il y a une année, un mot à une émission de la RTS pour signaler une coquille et le journaliste m’avait chaleureusement remerciée.
- Les émissions de télévision sont un moyen de transmettre la connaissance et forcément, je demande comment cela se fait que le titre de telle émission ne porte pas d’accent, que des expressions issues de l’anglais ou des mots mal utilisés fassent partie du vocabulaire des journalistes et des présentateurs, que lorsqu’on s’entretient avec une personne occupant un certain poste et qu’elle fasse des fautes, on ne reprenne pas la prise. Personne n’est parfait et les erreurs se glissent parce qu’on pense à une chose et à une autre, mais les présentateurs des émissions devraient être attentifs. Il n’y a pas que la télévision, les journaux, les politiciens, les directeurs de succursales sont de la partie. Je me demande où est passée la formation. Que diraient ces mêmes personnes si à la fin du mois leur salaire était amputé de trois cents francs ? Au fond, un 1, un 3, un 9 ce n’est pas si important. Quand on me dit que la langue évolue, je suis d’accord, elle a évolué pendant des centaines d’années, puis on a construit une grammaire, une orthographe une déclinaison verbale pour qu’on s’entende. Je suis reconnaissante lorsqu’on me dit que telle ou telle chose ne se dit pas ou devrait suivre telle règle, mais cette préoccupation n’est plus d’actualité. Dommage. Il faudra que je fasse un autre passaage à la RTS pour avoir la réponse.
Si vous désirez laisser un commentaire, deux façons de procéder :
- directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil) ;
- si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement l’insérer au bas de cette page.
Liens vers :
- Rencontre 1 : Gilbert Facchinetti ;
- Rencontre 6 : Paul du Marchie van Voorthuysen – (In English here) ;
- Rencontre 7 : Micha et Olia Verkholantsev – (На русском сдесь) ;
- Rencontre 8 : My favorite Docker, Albert E. ;
- Rencontre 9 : François Ditesheim ;
- Rencontres 11 : Freddy Landry ;
- Rencontre 12 : Abraham-Louis Breguet – (In English here) ;
- Rencontre 12 bis : Abraham-Louis Breguet ;
- Rencontre 13 : Serge Alzérat et « Sous les jupons de l’Histoire ;
- Rencontre 14 : Jean-Pierre Garnier Malet – (In English here) ;
- Rencontre 15 : Le Figaro ;
- Rencontres particulières (numéro hors-série) : André Oppel et la culture.