Le Figaro, rencontre particulière 15

Comme on le voit, une rencontre particulière ne se fait pas uniquement avec des êtres, un journal peut tout aussi bien nous interpeller, nous combler.

Le Figaro, journal qui s’est immiscé dans ma vie sans que je m’en rende compte. Tout a commencé parce que je suis allée me promener sur le forum du Figaro et que j’y ai rencontré un traducteur du français en persan. Je raconte l‘histoire ici. Je suis entrée en contact avec l’équipe d’animation du forum et avec un journaliste du secteur immobilier, Jean-Bernard Litzler. J’ai eu de la chance de tomber sur des journalistes ouverts d’esprit et qui ont accepté les suggestions que j’avais au sujet de la langue liées à des annonces ou à quelques-uns des délicieux quiz que Le Figaro publie. Il n’en a pas fallu plus pour que je me sente attachée au Figaro.

Puis, le hasard, ce hasard qui me rend si souvent visite et qui en fait n’existe pas, a fait que par le biais d’une agence de spectacles à laquelle j’avais passé commande de billets pour des spectacles à Paris, il y a plus d’une année, m’a offert un abonnement au Figaro pendant six mois. Fabuleux ! Mais, avant cela, la fin du confinement était arrivée et la Suisse et la France avaient ouvert leurs frontières le 15 juin. Le 17, je prenais le train pour aller suivre un cours du physicien Garnier Malet, pour voir quelle tête avait le journaliste et, bien sûr, pour aller voir l’édifice du Figaro.

C’est une grande émotion qui m’envahit, une très grande émotion.

Pour entrer au journal, on passe par la rue arrière :

Je tourne à gauche et prends la rue parallèle au boulevard pour entrer dans le bâtiment. On trouve sur le chemin les plaques suivantes :

Je me dis que « Le Figaro » est au bon endroit, il a déjà de la matière pour des articles ! Je trouve intéressant de lire les noms des fondateurs, des inventeurs. On utilise un tas de services et de choses sans toujours remercier ceux qui étaient là au début. La Caisse d’épargne a maintenant un nom dans mon monde !

La première chose que j’ai demandée à Jean Bernard, le journaliste qui a eu l’élégance de répondre à l’une de mes suggestions, a été de me procurer un journal du 15 juin, jour de l’ouverture des frontières après le confinement. Je me propose, lors d’une autre visite, de faire le tour des rédacteurs en chef pour leur demander un autographe.

Mais, j’ai tout de suite voulu savoir un peu plus sur l’histoire du journal. Bien sûr, j’avais entendu parler du journal à l’école. Son nom était resté dans ma mémoire, lié à une façon satirique de dire les choses et de temps à autre, j’entendais parler de lui. .Jean Bernard m’apprend que Le Figaro est le journal français le plus ancien. Là, mon émotion augmente. Le journal date de 1826. Il fait même partie des plus vieux journaux encore en activité du monde ! Je me documente encore et apprends que c’est Hippolyte de Villemessant qui donne au Figaro un poids littéraire puisque les rédacteurs engagés sont Balzac, Baudelaire, Dumas et les frères Goncourt et qu’en plus, il a l’audace d’introduire des rubriques que d’autres journaux ont reprises et qui subsistent encore.

Puis en 1866, le journal est devenu un quotidien ; il a aussi été l’un des premiers journaux à publier des grands reportages écrits par ses propres journalistes tant en France qu’à l’étranger ; par la suite, c’est sous l’égide de Pierre Brisson que Le Figaro vit une première époque de gloire et Jean Bernard, sentant que je m’intéresse réellement au journal, me signale certains lieux où le Figaro a siégé : au 12-14, Rond-point des Champs-Élysées (1922 – 1975) et au 37, rue du Louvre (1975 – 2005). C’est Serge Dassault, le nouveau propriétaire du journal qui, en 2004, achète ce dernier bâtiment. Comme, il aurait fallu faire de grands travaux d’aménagement Dassault le vend et le journal devient locataire du bâtiment actuel, sis au 14, bd Haussmann ; ce dernier siège se trouve tout près de celui que le journal a occupé en 1874 lorsqu’il est devenu un grand quotidien et qui se situait au 26, rue Drouot. C’est une sorte de boucle qui me plaît. Je situe les endroits mentionnés dans ma tête et me propose d’y faire un passage « conscient » un de ces jours. La surface actuelle des locaux du journal est impressionnante, il s’agit de 20′ 000 m2 et ce sur plusieurs étages ! Quant à Serge Dassault, ce fameux hasard, qui croise si souvent ma route, m’avait fait le rencontrer à Genève lorsque je travaillais au Bureau international du Travail. Je garde de lui le souvenir d’un homme à l’écoute et qui souriait volontiers ; cela me fait me sentir encore plus proche du journal. J’ai pris une photo de la maquette qui trône à l’intérieur dudit bâtiment, et que Serge Dassault a dû voir.

Je suis arrivée, comme déjà mentionné, au début du déconfinement, mais il y avait encore bien des personnes qui faisaient du télétravail. Cela a permis que Jean Bernard puisse me promener un peu partout sans déranger grand monde. Je regrette de ne pas avoir pris plus de photos, car si le bâtiment est relativement ancien, le mobilier est moderne et est heureusement marié avec l’architecture. Cela faisait longtemps que je n’avais vu une si grande structure sous un même toit.

Je reprends l’historique du journal. J’ai l’impression d’être au cours de littérature ; en effet, les grandes plumes passent par Le Figaro. À la liste précédente s’ajoutent Émile Zola, Anatole France, Marcel Proust, François Mauriac, Jean Duhamel, Jean d’Ormesson.

La langue française. Ce qui m’a attiré dans Le Figaro, cela a été la langue française. Mon amour pour les langues vient depuis toujours. Mon chemin a été semé de gens qui ont aimé les langues, mes parents, certains professeurs, feu mon ami, et récemment c’est avec le Projet Voltaire, dont je dis un mot ici, que j’ai repris son étude avec un très grand plaisir. Alors, j’étais prête pour rencontrer Le Figaro avec ses quiz, les questions que les journalistes et animateurs se posent, le rappel de mots devenus désuets mais qui représentent si bien certaines situations, la lutte contre les anglicismes, l’explication de certaines expressions. En cherchant des informations sur ce journal, afin d’étoffer mon article et d’en savoir, forcément, plus, je découvre quelqu’un comme Claude Duneton, écrivain, traducteur, historien du langage, un tas d’autres choses, et chroniqueur du Figaro. Je passe commande de ses livres !

Reprenons la visite des lieux. Jean Bernard a été l’un des premiers journalistes à se déplacer à vélo pour aller de chez lui au travail. Au début, il y avait un local intérieur pour laisser son vélo. Actuellement, avec l’histoire du virus, de plus en plus de personnes prennent un vélo et l’intendance a dû aménager trois locaux. Je me dis qu’on peut remercier ce service !

C’est remarquable de voir les changements de comportement. En juin, lorsque je suis allée à Paris, il y avait peu de monde dans le métro, personne pour vous bousculer ou prendre la place convoitée. Cette fois, j’ai plutôt prêté attention au vide, au peu de gens dans la rue, au peu de voitures ; j’ai même eu le plaisir d’avoir un banc pour moi toute seule sur les Champs-Élysées ! C’est inhabituel de voir Paris ainsi. Au mois d’octobre, j’ai vu beaucoup de gens à vélo (on sait bien qu’on ne dit pas « en vélo », tout simplement parce qu’on n’est pas à l’intérieur du vélo, on est dessus, comme « à cheval ») et des parcs de vélos pousser comme des champignons après la pluie. C’est intéressant de constater ce changement d’habitudes, allant dans un bon sens, en peu de temps.

Voir note plus bas au sujet de la statue.

La statue du Figaro. Lors de la visite, on a traversé une cour intérieure et j’ai vu la statue du Figaro.

En fait, le journal doit son nom à la perspicacité d’Étienne Arago, l’un des deux fondateurs de la première version du Figaro. Il a dû se dire que le personnage de Beaumarchais lui permettrait de donner libre voie à sa propre plume pour dire les choses de façon satirique.

Beaumarchais, je l’ai « fréquenté » à l’école et à l’Opéra de Bucarest par ses œuvres de théâtre et adaptations d’opéra. Je pensais ne plus avoir de surprises avec ce personnage. Mais, l’année passée, je suis tombée à Paris sur le livre « Beaumarchais, un aventurier de la liberté », écrit par Erik Orsenna. Je n’ai pas hésité et l’ai acheté. Je venais de m’intéresser à Abraham-Louis Breguet, le fameux horloger, et voilà que j’apprends que Beaumarchais a aussi vécu dans le monde de l’horlogerie, qu’il a même inventé des mécanismes et avait été nommé horloger du roi. J’apprends aussi qu’il a eu de nombreux métiers, tous les uns dans les autres et que sa vie a été toute une aventure. Son personnage Figaro lui permet de dire des choses sans les dire. Et voilà qu’on retombe dans le sujet qui a subjugué Étienne Arago, homme politique et de lettres, et son copain Maurice Alhoy, chansonnier. Je me dis que les deux ont dû se dire que ce serait le bon titre pour leur quotidien de quatre pages. J’ai l’impression d’être présente au moment du choix du nom… Je sens leur enthousiasme.

Abonnement du Figaro. Je rentre de ma visite à Paris, me dis que je vais écrire un article sur le journal sur ma plateforme et voilà que je reçois, comme dit plus haut, par une voie totalement inattendue, l’abonnement au journal pendant six mois. C’est ce fameux hasard qui a fait les choses. Quand de telles aventures m’arrivent, je sais que j’ai franchi une nouvelle étape dans mon existence.

Actuellement, le monde de la presse doit faire face à de grandes difficultés : les difficultés liées au paysage mouvant des nouvelles font que l’on doive chercher des solutions. Non seulement il y a une concurrence déjà entre journaux, mais encore la télévision, les journaux gratuits, les nouvelles électroniques, les réseaux dits sociaux – comme si un journal, un emploi ne formaient pas un réseau social – forment un autre paysage où la presse écrite peine, sans parler de l’histoire du virus qui met plein de gens à terre.

Et que dire du public ? Les gens, pas tous bien sûr, se contentent de nouvelles plutôt médiocres, qui n’apportent pas une réelle nourriture, une réflexion. Je dis souvent que si une personne âgée n’a plus que deux francs pour finir le mois et qu’on les lui vole, on en fait un article et tout le monde crie au scandale ; mais si à cette même personne âgée, il lui manque deux francs pour finir le mois et qu’elle les trouve par terre ou qu’on les lui donne, cela n’intéressera personne. C’est là qu’on doit se poser des questions.

Tendance actuelle sur différents places. Je n’en reviens pas que les médias, les politiques demandent aux gens ce qui leur ferait plaisir de lire ou d’entendre. Je me demande alors pourquoi ils se sont formés. De plus, la langue utilisée dans les médias, je parle de façon générale, a bien baissé. C’est pourquoi il faut souligner les qualités de ceux qui s’y tiennent. Le Figaro fait partie de ces derniers. Je me permets d’insister sur l’un des fondateurs du Projet Voltaire, Pascal Hostachy, qui a créé des modules pour les entreprises aussi. C’est le genre de choses à mettre en relief.

André Oppel. Je ne résiste pas à remettre ici une définition de la culture faite par feu mon ami à la télévision suisse romande. Quand ? Il y a des années, mais c’est toujours d’actualité !

Nous étions sur la même longueur d’onde. Et sa remarque sur la culture reste toujours de mise : tout est culturel.

Note sur la statue de Figaro. Selon Le Figaro du 3 et 4 avril 1874, le journal avait lancé un concours au mois de mai de l’année précédente et c’est le projet des sculpteurs Émile Boisseau et Jean Barnabé Amy, sur 52 (!) qui a été retenu. J’aurais bien voulu être dans la tête des scuplteurs quand la statue a été conçue. Nous voyons ici bas une reproduction du premier lieu où la statue a été exposée. Il faut ajouter que ce premier bâtiment avait été construit dans un style de Renaissance espagnole, imaginé par l’architecte AImé Sauffroy. On peut dire que le cadre était idéal pour la statue !

Image à créditer à Paris Musées. On les remercie pour cette pièce historique. Dessin transmis par J. B. Litzler.

Ce que j’aime dans ma vie, ce sont les croisements imprévisibles des divers chemins que je prends. Une fois de plus, c’est le cas avec Le Figaro. En effet, je viens d’apprendre que le journal local de Neuchâtel, ArcInfo, est aussi lié au Figaro ; il publie dans la section « Monde » des articles du Figaro et là… je ne sais plus quoi dire…

Claude Duneton, le personnage polyvalent dont je parle dans le paragraphe « La langue française », a atterri aujourd’hui dans ma boîte aux lettres sous forme de « Les Origimots », il atterrit le jour où je reçois le feu vert de J. B. Litzler pour que je publie l’article. J’ai l’impression que Claude Duneton est aussi de la partie.

2022 et suite inattendue. Je reçois un courriel de la part d’une collectionneuse de petites statues dont une du Figaro, copie conforme de celle du journal. Elle a été endommagée et le fondeur qui la répare aurait besoin de photos de l’original (côté droit et derrière parce que c’est l’instrument de musique qui est abîmé). La dame n’arrive pas à rencontrer un interlocuteur au journal malgré ses nombreuses tentatives. Je lui dis que la prochaine fois que j’irai à Paris, je m’en occuperai et raconte l’affaire à Jean Bernard. On se rencontre et je prends une vingtaine de photos. Ne sachant pas exactement ce qu’il faudrait au fondeur, j’essaie de me mettre à sa place. Voici une mosaïque.

Jean Bernard s’est dit qu’il allait mesurer le socle de la statue. Ce qu’on « lit » dans la photo c’est que Jean Bernard est minutieux, précis et attentif. C’est son portrait. Je ne cesse de dire que tout ce que nous faisons parle de nous. Résultat de la mesure : 65,9 cm X 80 cm pour le socle.

Remerciements. La dame dit qu’elle ne sait comment me remercier. Pour moi, le fait d’avoir aidé me suffit. J’aime rendre service. En créant ma plateforme, j’avais dit que j’aimais rendre service. Cette aventure en est une preuve.

Les choses s’enchaînent les unes aux autres. La dame me dit qu’à l’époque où sa petite statue a été faite, il était coutume d’en faire cadeau dans les entreprises à des personnes méritantes en fin de carrière. En Suisse, à Neuchâtel, on donnait dans les années (?) des pendulelettes neuchâteloises. Je sais aussi que l’on donnait une montre en or pour les 25 ans d’activité dans une entreprise. Il faut que je parte en quête de données. Une amie journaliste me dit que son père a hérité une pendulette de ce genre. On va en faire une photo.

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