Ah, les nombres, les positifs et les négatifs, sans oublier le zéro, inventé par les Indiens. Au mois de décembre, depuis des années, je fais des maquillages pour la fête de Noël des enfants des organisations internationales qui se déroule au BIT, Genève. Cette année… on va dire que le père Noël a eu congé et la manifestation n’a pas eu lieu. C’est ici qu’intervient le zéro qui signifie tout à tour l’absence (ce sont les Babyloniens qui lui ont donné ce sens en premier et il correspond bien à la situation parce que la fête est absente), le vide (c’est la sensation que provoque l’absence de la fête), le néant (c’est aussi le cas parce que nos repères disparaissent), mais c’est aussi le départ de quelque chose de nouveau (là, nous sautons à pieds joints et saisissons l’occasion pour faire un montage de photos d’années précédentes). Alors, si j’écris -2025 c’est parce qu’on n’a pas la fête, mais 2025 est là et on fait la fête à notre façon.
Peu de photos. C’est vrai, j’ai cru que j’en avais plus mais, je ne peux que répéter que je n’ai pas le temps de faire le maquillage et de faire la photo. Je n’ai pas non plus voulu reprendre celles d’autres articles. De plus, il y a eu des années où je n’ai pas pris de photos du tout sans compter qu’il y a eu la période de la covid… Mais, l’essentiel est de donner le ton.
L’arbre de Noël. Chaque année il y a un magnifique arbre de Noël à la fête. Cette fois-ci, on fera comme dans un conte et ceux qui liront l’article pourront prendre un cadeau dans l’arbre.
C’est écrit dans les sept langues que j’ai utilisées lorsque j’ai travaillé au BIT.
Un arbre de Noël très riche. On a toujours le même arbre, mais, si on le regarde différemment (inutile de répéter qu’on est toujours dans un conte – mais qui sait où se trouve la réalité ?), on trouve le nom de personnes (explication dans le paragraphe qui suit) qui ont participé ou sont des acteurs de l’organisation de la fête. Chaque nom est un cadeau tant pour le BIT, que pour les autres organisations, les enfants inscrits, les parents des enfants, les employés qui voient tant de joie et les artistes invités (dont moi).
En bas de l’arbre on voit Pierre Sayour, celui qui, le premier, a pensé à organiser cette fête. Et dessous il y a celui d’Albert Thomas, le premier directeur de l’Organisation internationale du Travail et qui a choisi Genève comme siège.
L’Histoire. Sans elle, il n’y a rien. On le voit, sans Albert Thomas, pas de Pierre Sayour et sans lui pas de fête. C’est aussi le moment d’expliquer que bien d’autres personnes font partie ou ont fait partie de l’organisation de la fête sans que leur nom apparaisse ; mais ils sont à l’intérieur de l’arbre ; de même que celui des nombreux fils, filles et maris d’employées du BIT qui ont aussi été parties prenantes pour tout mettre en place. Toutes ces personnes, absolument toutes, sont des cadeaux pour les autres.
Cette fête, dont le nom Halloween est une contraction de All Hallows Eve, soit la veille du jour de tous les saints, a lieu le 31 octobre. L’origine de cette fête remonte aux Celtes (il y a 2000 ans) qui fêtaient la fin de la récolte et le début de l’hiver à cette même date. Pour eux, cette nuit-là, les esprits revenaient sur terre et afin d’effrayer ceux qui étaient mauvais, les habitants se déguisaient avec des peaux d’animaux et sculptaient des visages sur des navets. Et alors, les citrouilles ? se demande-t-on. Eh bien ce sont les Irlandais émigrés aux États-Unis qui ont trouvé que la citrouille était plus grande et plus facile à sculpter ! J’ajoute que la notion de « veille » a été introduite lorsque le christianisme s’est répandu et a introduit la Toussaint, le 1er novembre, qui en anglais est la All Hallows Day , voilà comment on passe de l’une à l’autre… Si quelqu’un a une meilleure explication que le résumé que je viens de présenter, je suis preneuse.
C’est le comité de l’association Fête des Vendanges qui m’a invitée à participer avec mes maquillages à l’après-midi de Halloween qu’ils organisent depuis trois ans à la maison de la fête des Vendanges à Hauterive. C’est un concours de circonstances un peu étrange qui est à l’origine de cette invitation. Mais, l’étrange fait partie de Halloween et donc tout est bien qui finit bien ! Je remercie Naveen Begni de son geste.
Avant de faire un florilège des quelques photos que j’ai eu le temps de prendre et que je présente dans un montage à ma façon, j’aimerais dire que j’ai fait connaissance de l’équipe organisatrice et que le courant est passé ; on était sur le même bateau, pour ainsi dire. De plus, j’ai vu à l’oeuvre une vraie équipe où les générations ne font qu’un : des parents, des ados et des enfants. Chacun faisait quelque chose. À un moment donné, Joëlle Sandoz collait les fameuses toiles d’araignée de Halloween d’une façon très méthodique, je l’aidais je ne sais plus comment et on a eu besoin de bande collante supplémentaire. Maxime, le neveu, 12 ans, est arrivé, a détaché plusieurs morceaux et les a collés sur le bord de la chaise sur laquelle sa tante était montée. Il a été d’une efficacité incroyable. Je suis restée un moment suspendue dans le temps parce que j’avais l’impression que les gènes familiaux qui les unissaient dansaient dans l’air.
Pour faire des maquillages aussi élaborés que ceux qu’on y voit, il faut du temps. Pour un visage complet, cela peut prendre deux heures afin d’éviter que les couleurs se mélangent et pour laisser aussi du temps à l’imagination de faire son chemin… Je ne fais jamais un plan d’avance ; j’y vais, me laisse guider par ne je sais quoi et cela fait un tout. Lors de cette fête, la question de savoir ce que j’allais faire n’a pas manqué. Certaines personnes, les enfants sont des personnes, veulent marcher sur un terrain connu et je ne peux que dire : je me laisse inspirer par ton visage et si cela ne te plaît pas, on peut vite l’enlever parce que j’utilise des peintures à l’eau. Je n’ai pas eu à en enlever.
Dans le cas présent, celui de Halloween, je suis limitée en quelque sorte, je dois utiliser un thème, mais une fois la chose entrée en moi, la liberté est là . La photo de l’affiche avec la toile d’araignée autour des yeux n’est pas la mienne. Comme j’ai essentiellement eu des enfants, il est évident qu’on ne peut leur faire un tel maquillage. J’ai quand même fait des toiles d’araignée et ai expliqué aux enfants que l’araignée fait un fil que bien des fabricants de textile aimeraient reproduire tellement il est souple et résistant ; de plus, la toile attrape bien des insectes, soit des choses utiles. J’ai fait un parallèle avec le cerveau qui « attrape », s’imprègne d’informations utiles dans la vie et cela a marché ! J’ai vu les yeux des enfants briller et cela vaut bien des choses.
Faits intéressants. Cette fête n’a pas de but commercial. C’est Raphaël Sandoz qui me l’a expliqué. Ceux qui y travaillent sont des membres de la commission Événementiel de la fête des Vendanges et des bénévoles. Je trouve cette démarche très intéressante dans un monde où la plupart des gens ne font que courir après l’argent. Je suis touchée et me sens proche de toute l’équipe. Nous n’avons pas eu du temps pour discuter afin de faire connaissance, mais le fait de les voir travailler et de montrer comment je travaille a été l’équivalent d’un passeport. De plus, vendredi soir, après la préparation de la salle et samedi après le rangement de la salle, j’ai été conduite en voiture à la maison. Je me suis sentie comme une reine ! Je dois aussi remercier un inconnu : samedi, pour me rendre à la salle, j’ai pris le bus avec mon matériel – assez important et lourd, mais, je me suis trompée de ligne et suis arrivée aux piscines… J’ai arrêté une voiture et ai demandé au conducteur où je devais aller pour prendre le bus. Il a réfléchi un instant, est sorti de sa voiture et m’a dit qu’il allait me conduire à la salle. Il s’était demandé ce que je faisais au bord de la route avec tout mon matériel… J’en reviens très souvent à la comptabilité de la vie, celle où l’on ne rend pas directement le bien à celui qui vous le fait, mais je suis très reconnaissante à ceux qui m’aident.
Encore des remerciements. Je les adresse aux trois enfants de 12 et 13 ans qui ont bien voulu me prêter leur main pour… me faire la main… tout au début de ma prestation. Là, je touche un autre thème qui ne cesse de tourner dans ma tête : on dépend toujours des autres, plus grands ou plus petits.
Hauterive… Lieu qui m’est devenu cher parce que feu mon ami, André Oppel, ancien directeur du Centre culturel neuchâtelois et constructeur de chars à la fête des Vendanges y a vécu ; lieu aussi où j’ai maquillé pendant des années à la fête d’Automne et où je suis retournée depuis quelques années grâce à l’invitation de Sylvain Villars qui m’a appris que la population d’Hauterive était altaripienne. J’aime le français et chaque fois que j’apprends un mot c’est une joie. Cette fois, j’ai été à Hauterive mais dans le bas… Je me demande si la population a un autre nom…
Retrouver le monde de Noël du BIT c’est comme retourner à la maison. Voici l’image de la carte de voeux que j’ai reçue :
Ici, vous avez le hall d’entrée du BIT:
Le traité de Versailles de 1919 a posé les principes de l’Organisation internationale du Travail. Sur fond de toile, il y avait la conviction qu’une paix universelle ne pouvait se bâtir que sur la base d’une justice sociale.
Le BIT est le siège de l’organisation. J’y ai travaillé pendant des années dans divers départements, allant de Emploi à Égalité de traitement en passant par Maritime, le Syndicat, la Bibliothèque et les conférences annuelles, entre autres. Ce couloir, à mon époque sans tapis, est plein de pas de personnalités qui ont oeuvré pour le bien commun. Dire aussi que ce bâtiment commencé en 1969 et fini en 1974 a été le plus gros chantier suisse est quelque chose de symbolique ! On ne peut aussi que remercier Albert Thomas, le premier directeur du BIT, d’avoir choisi et imposé Genève comme siège de l’organisation ! Dans la photo, vous voyez l’enfilade des colonnes cruciformes – à l’envers des colonnes habituelles ; ce passage vous met dans un état d’esprit très spécial. C’est au-delà de ce qu’on voit que se passe la fête de Noël.
C’est ma place. On ne m’y voit pas parce que je fais la photo…
Cela fait des années que je maquille ces adolescentes, autrefois des enfants. Maintenant, elles s’occupent des « petits ». L’une d’elles m’a dit que chaque année, elle se fait faire une photo avec le maquillage et qu’elle en a une collection !C’est un cadeau de participer de l’histoire de générations qui nous suivent. C’est aussi une marque de confiance et cela est précieux.
Le four et le moulin ? Eh bien ! On ne peut être à deux places en même temps. Je n’ai pas eu le temps de prendre plus de photos parce qu’il y avait la queue…
Conversations. Plus je pratique ce métier, et plus je me dis qu’il se compose d’un ensemble de choses : j’ai bien mon style, mais je ne sais jamais ce que je vais faire avant d’avoir la personne assise devant moi, le dos bien droit. Sinon, il ne se passe rien. Alors, quand des enfants me demandent ce que je vais leur faire… Je les tranquillise en leur disant que si le maquillage ne leur plaît pas, comme il est à l’eau, on pourra vite l’enlever. Quand ils se regardent dans le miroir… C’est l’étonnement et les yeux qui pétillent. L’une des enfants est venue vers moi, s’est assise et m’a dit : « Je t’ai reconnue ». Elle ne doit pas avoir six ans. C’est si touchant ! Une autre était inquiète parce que le maquillage n’allait pas sortir bien. Je l’ai rassurée et demandé ce qu’elle aimait à l’école. Elle aime je ne sais plus quoi et les maths. Là, le maquillage a pris un sens : tout était clair, en ordre et il m’a semblé que le front de la fillette rayonnait. Une autre avait l’air un peu, disons, lointain. Je lui ai demandé si les gens disaient d’elle qu’elle était timide. – Non. – Mmmm… Est-ce que tu dis tout ce que tu penses ou tu gardes bien des choses en toi ? – Oui ! – Eh, bien, tous ces trésors, tu les vois là, dans ton maquillage. La fillette a eu un sourire de soulagement en se regardant dans le miroir et une lueur est passée dans ses yeux. Ensuite, j’ai conversé avec le photographe, mais il faudra que je demande son nom. Son père, Etttore Brero, avait travaillé au Syndicat ; je l’ai connu bien que je n’ai pas travaillé avec lui, mais on avait bien des connaissances en commun et cela a resserré les liens.
Remerciements. Faute d’autres photos, je finis avec les remerciements qui me touchent profondément. Je remercie à mon tour l’équipe des lutins qui pense à moi à cette période et inclus Caroline et Jane absentes cette année.
Qu’est-ce qu’un réseau ? et un réseau social ? Un réseau est un rets, un filet, un tissu de mailles. On l’aura compris, ce sont des fils qui se croisent et qui composent un tout. On peut utiliser le mot tant au propre qu’au figuré et donc on peut avoir un réseau ferroviaire et un réseau social. Prendre le train est utiliser un réseau social ! Notre fête d’Hauterive est un réseau social parce que ce sont les gens du village et les invités qui se croisent, se parlent, font des échanges de toute sorte. Cette fête est représentative d’un vrai réseau social. Je ne dis rien sur les autres réseaux prétendument sociaux parce que c’est inutile.
L’organisation de cette manifestation (réseau social) est le fruit de l’Union des Sociétés locales d’Hauterive (USLH). J’aime ce nom bien français, sans anglicisme. C’est, une nouvelle fois, Sylvain Villars, membre du comité, qui a repris le contact et qui a apporté sa table, son chevalet et ses chaises pour que je puisse travailler.
J’ai eu deux emplacements, le premier à gauche et le second à droite, devant la Galerie 2016, lieu d’il y a deux ans, lors de la fête précédente. Je me suis retrouvée « à ma place ».
Deux emplacements, deux vies ! À ma grande surprise, certaines personnes m’ont dit que la fois précédente j’avais été devant la galerie. Je n’ai pas imaginé qu’ils puissent se rappeler, et pourtant…
Deux fêtes mais pas pareilles. Une fête comme celle-ci dépend de la météo, de ce qu’il y a eu avant, du sommeil de chacun, de tellement d’événements… Toujours est-il que la fois précédente, j’avais eu du monde sans arrêt depuis mon arrivée vers 10 h et que j’étais partie avant le cortège, soit vers 15 h. Cette fois, j’ai eu l’impression que les enfants étaient partis. J’en ai profité pour héler une dame qui passait devant moi avec de magnifiques bras hâlés et un très beau sourire. Comme elle devait aller travailler, on n’a pas fait très long, mais voici le résultat à droite. La dame a bien aimé le maquillage et, après son travail m’a apporté des mirabelles cueillies le matin dans son jardin ! (voir photo tout en bas de l’article) Cela a été une belle surprise ; surprise d’autant plus grande que lorsque j’en ai offert à mes canaris en volière, ils les ont mangées. C’est une autre surprise de taille parce que cela fait des années que j’ai des canaris mais que les générations actuelles (… j’ai 19 oiseaux dans ma volière) ne mangent pratiquement pas de fruits. C’est curieux ; mais, les mirabelles de la dame ont été un régal pour eux. Est-ce que c’est parce que ce sont les fruits de la dame ou parce qu’ils sont altaripiens ? ou la combinaison des deux ?
Expériences avec les enfants. Je suis toujours émerveillée par le vocabulaire des enfants, par leurs appréciations, leurs commentaires et surtout par les yeux brillants lorsqu’ils regardent dans le miroir leur maquillage. Ce sont des personnalités bien faites. Parfois, les mamans ou papas disent : « Que tu as un beau maquillage ! » Je m’empresse de préciser que c’est un tout, le maquillage est beau parce que l’enfant est beau, le maquillage n’est qu’un miroir de la personne maquillée. Souvent, après l’explication, l’enfant me regarde et me dit par les yeux que j’ai tout compris. Ce sont de très beaux moments.
Galerie 2016. Je me déplace et m’installe, grâce à l’aide de Sylvain Villars et de Philippe Du Pasquier, le galeriste, devant la galerie. Je me retrouve presque en famille. De plus, j’ai un moment avant la fin du cortège et je peux jeter un coup d’oeil aux tableaux exposés. Ils sont l’oeuvre de peintres du village. En effet, la galerie a souhaité fêter ses 50 ans en exposant des artistes locaux. C’est une belle idée. Je parlais de réseau social, la galerie est un réseau social à l’intérieur du réseau villageois. C’est la théorie des ensembles et des réseaux ! Si on ajoute que le réseau de la galerie s’étend hors du canton… la tête tourne !
Un tableau de Katarina Uebelhart m’a fascinée, c’est le monde réel et celui de l’imagination ou le croisement de deux mondes. L’artiste utilise la toile et le papier mâché. C’est une réussite.
Maquillage et peinture. Deux fillettes me demandent comment je fais mes maquillages. Je dis que je ne sais pas vraiment. J’ai bien un genre à moi mais, je ne sais pas ce que je vais faire à quelqu’un qui se tient debout devant moi, cependant dès qu’il est assis et que j’ai le pinceau en main, quelque chose se passe et le motif part. Elles regardent les photos de maquillages que j’expose et je leur demande si elles ont déjà vu l’exposition de la galerie. Ce n’est pas le cas. Elles hésitent à entrer. Je vais avec elles et à un moment donné l’une d’elles tend le bras pour montrer un tableau et je leur dis que l’on peut regarder avec les yeux et imaginer qu’on entre dans le tableau sans le toucher. Philippe s’approche et dit la même chose que moi. Les fillettes comprennent et ont la chance d’avoir Rosmarie Gaschen, secrétaire et trésorière de l’association de la galerie comme guide. Quelle chance pour leur première visite dans un tel lieu ! À leur sortie, elles ont dit qu’elles avaient beaucoup aimé Le Cheval, aussi une oeuvre du même peintre que j’ai admiré. Vous voyez, il n’y a pas d’âge pour être du même monde.
Philippe et André Gerber, père du vigneron-encaveur, Alain Gerber, à Hauterive. La photo n’est pas très nette, je suis navrée, mais je ne résiste pas à la mettre parce que la tenue de Philippe est un régal pour les yeux.
Nouveau métier. J’aime avoir de nouveaux métiers. Il se trouve que Philippe a dû s’absenter de la galerie un moment et qu’il m’a priée de renseigner les visiteurs qui se présenteraient en son absence. Je suis donc devenue préposée aux portes. C’est une autre marque de confiance qui me ravit.
Une admiratrice ! La fillette qui figure en bas de la photocomposition ci-dessus est revenue et m’a dit qu’elle aimait telle et telle photo de mes maquillages exposés et qu’elle aimait les rubans de ma tresse et « tout ce que vous faisez ! » C’est le plus beau compliment que j’ai reçu. J’ai fondu !
Des délices. Il y avait des glaces… absolument délicieuses. Voici une photo.
Elles s’appellent « Les Délices de Marguerite ». Une fois qu’on les a goûtées, on rêve de Marguerite !
Les tournesols. Les stands avaient été décorés avec des tournesols. J’ai demandé ce qu’ils allaient devenir… Sylvain me les a gardés et ils ont fait les délices de mes oiseaux. Moi, j’ai eu des glaces ainsi que des mirabelles et eux des tournesols et quelques mirabelles…
Tournesols et mirabelles altaripiens !
Remerciements. Cela a été un plaisir de participer à cette fête où tout le monde est de bonne humeur, où les gens ses connaissent. Je me suis sentie chez moi. Sylvain et Philippe m’ont accueillie comme si le temps ne s’était pas écoulé. J’ai pu nettoyer mon pot d’eau et mes pinceaux dans la galerie. C’est une marque de confiance que j’apprécie ! Le président de l’USLH, monsieur Alain Perrenoud, est venu me saluer et j’ai été très touchée par son geste.
Je reprends la notion de réseau parce que j’avais remarqué, la première fois que j’ai rencontré Sylvain, son langage soigné ; il m’avait dit qu’il travaillait à l’imprimerie Courvoisier-Gassman que je suis allée voir. Grâce à lui, je suis entrée dans l’histoire suisse de l’imprimerie. J’aime l’histoire et j’aime les entreprises qui s’intègrent dans le tissu social. C’est le cas de l’imprimerie. En ce qui concerne la Galerie 2016, j’ai connu son fondateur, Alain Petitpierre, qui a été mon professeur de français à l’école secondaire et qui m’avait fait une remarque sur un poète qui était le sujet d’un travail que j’avais présenté. À l’époque, je n’avais pas compris. Comme Philippe m’a dit que monsieur Petitpierre était toujours de ce monde, je suis allée lui rendre visite. Nous nous sommes reconnus tout de suite et on s’est parlé comme si on avait été en classe. Il m’a éclairée en deux minutes. Il était parfaitement présent et cela a été un cadeau. De plus, feu mon ami, André Oppel, a vécu à Hauterive. Ce sont des liens qui me font me sentir du coin.
Ah, je n’ai pas encore dit que je figurais sur l’affiche de la fête ! Cela a été une belle surprise pour moi et m’a fait le plus grand bien. Je remercie les organisateurs d’y avoir pensé ainsi que ceux qui l’ont composée.
Il y a des moments de la vie où l’on ne sait que dire ou faire…Mais, comme disait William S., l’un de nos copains d’école, Tout est bien qui finit bien !
Normalement, un article sur les maquillages est passablement court, mais ici c’est tout un pan de ma vie qui a failli passer à la trappe et donc c’est long… même si je n’ai pas pu faire beaucoup de maquillages.
En résumé : c’est bien la première fois qu’au moment où j’ai porté mes affaires à pied pour m’installer (planche, chevalets, chaises, cadres, matériel de maquillage), j’ai reçu de l’aide de la part de passants. Cela ne m’était pas encore arrivé ; j’ai été très touchée. Vendredi soir, j’ai eu quelques clients qui se sont annoncés pour samedi. Malheureusement, mon stand a été fermé par un membre du comité ce samedi après-midi, presque manu militari. Je me suis sentie dévastée. Cela a été tellement inattendu et ferme, que j’ai eu l’impression qu’on m’enlevait une racine de ma vie, une partie de moi. J’ai demandé à l’une de mes bonnes connaissances, l’une de celles du Neuchâtel d’autrefois, à qui je pouvais adresser une lettre expliquant ma situation. En effet, cela fait X années que je travaille à la fête des Vendanges, que je suis invitée ou accueillie par des stands, que mes clients sont clients du stand ou inversement et je me suis retrouvée brutalement hors combat. La personne en question s’est renseignée et mon destin a retrouvé un chemin plus serein : le président administratif du comité m’a téléphoné dimanche matin pour me présenter des excuses et dire que je pouvais passer à l’hôtel de Ville pour m’annoncer afin de me mettre en règle avec le règlement et qu’un collaborateur allait me conduire à ma place. Résultat des courses : dorénavant, je figurerai sur le plan de la fête des Vendanges et cela me donne l’impression d’entrer dans l’histoire de la fête. Je me demande si une nouvelle racine n’est pas en train de pousser parce que j’ai acquis, pour ainsi dire, un droit de cité. Je peux remercier le monsieur à l’origine de la mésaventure qui a tourné en ma faveur.
Mes maquillages sont des prétextes à des rencontres :
lors de mon premier voyage, un jeune homme, étudiant en droit de la santé, m’a offert spontanément de l’aide. Il n’avait pas l’intention d’aller jusqu’au stand de Xamax, où je suis installée, mais la conversation s’est engagée et finalement il est arrivé jusqu’au bout. Je lui ai dit que s’il rédigeait un travail de diplôme, je lui donnerais volontiers un coup de main dans la rédaction, ainsi il apprendrait à bien rédiger et moi, j’apprendrais un tas de choses de son domaine. Le droit de la santé est bien compliqué du fait qu’il y a plusieurs interlocuteurs avec des intérêts divers. Chose intéressante, l’une des jeunes femmes qui est venue se faire maquiller travaille dans le domaine et elle a dit qu’elle allait m’envoyer un mel pour que je donne ses coordonnées au jeune homme dont le prénom est Kofi, soit l’enfant du samedi (comme c’est joli ; ainsi Kofi Anan, l’ancien secrétaire des Nations Unies était aussi un enfant du samedi. Je l’ai admiré, maintenant, j’éprouve une certaine affection pour lui) ;
Lors de mon installation. Un monsieur s’est approché et m’a dit qu’il faisait la promotion d’artistes neuchâtelois et voudrait faire la mienne. Je lui ai dit qu’il n’avait pas encore vu mon travail. Il m’a dit qu’il sentait les choses et que cela lui suffisait. Il a une plateforme où un certain nombre d’artistes y figurent. Cela, m’a-t-il dit, lui avait pris quelques années, mais cela avait été un très grand désir et finalement il avait réussi. J’ai trouvé l’histoire formidable et lui ai dit que j’avais une plateforme où je ne racontais que des belles histoires. La sienne m’intéresse. Quand je lui ai donné ma carte il a vu que je travaillais dans divers domaines. On verra comment faire après la fête. Je lui ai dit que ces temps-ci je m’étais sentie sur le chemin du paradis et que là, pas de doute, je m ‘en approchais !
une jeune dame est venue avec sa fille et m’a dit : « Vous m’avez maquillée lorsque j’étais enfant »… Ciel ! Ce qu’elle est devenue entre temps ? Elle a étudié la biologie et travaille pour la protection des animaux. Je lui ai demandé si elle engageait des personnes qui aimaient les animaux mais n’avaient pas une formation adéquate. Elle a répondu que oui. Cela tombe bien. Je donne des cours dans le cadre de Midi Tonus et l’une des participantes change de cap et voudrait travailler avec des animaux mais n’a pas la formation qu’il faudrait. La dame va me donner des nouvelles ;
ensuite, c’est un groupe de jeunes adultes qui vient. Je ne sais jamais pourquoi je pose une question ou une autre ni pourquoi je fais un maquillage plutôt qu’un autre. L’un d’eux travaille dans la finance et se pose des questions existentielles, il sent l’influence des planètes… chose curieuse, mon maquillage était composé de planètes. L’autre travaille dans le même domaine, je lui parle d’un ami qui cherche un investisseur et on se verra aussi après la fête ;
Un groupe de trois jeunes femmes vient. L’une d’elles me demande de faire un motif bien précis à toutes les trois. J’explique que je me laisse inspirer par la personne ; que même si je fais dix fois le même motif, il est toujours en relation avec elle. Finalement, je peux faire les maquillages à ma façon. La jeune femme à la forte personnalité m’a dit que je l’avais bien cernée et a déclaré que j’étais voyante !
Un journaliste d’ArcInfo. Lorsque je n’ai pas de monde, je fais ma comptabilité ou lis. À ce moment-là, je lisais l’Autoportrait d’Einstein. Le journaliste, que je connais, m’a dit qu’il m’avait observée lire alors que la musique était tellement forte. Je lui ai dit que je pouvais en faire abstraction lors de la fête, mais que lorsque j’étais chez moi, je ne supportais pas le bruit de voisins inattentifs. Il m’a demandé si le livre était intéressant. J’ai mis un moment à répondre parce que ce n’est pas si simple. Einstein parle de notions scientifiques mais surtout de la façon dont il s’est détaché de certaines d’entre elles pour suivre son intuition. Ce n’est pas parce que tout le monde accepte une théorie, un axiome que c’est vrai. Einstein cherchait une explication universelle aux phénomènes physiques et cela est passionnant. Comme j’étais en plein développement de l’exposé d’Albert, j’ai dû réfléchir pour finalement dire « oui ! ». Il m’a demandé s’il pouvait me prendre en photo, j’ai donné mon accord. À propos du livre d’Einstein, je peux ajouter qu’il est intéressant de suivre ses explications sur la matière, le vide et la façon dont la pensée nous arrive ainsi que sur la façon dont nous nous forgeons des représentations du monde.
Le bruit et la douleur. Oui, je peux m’isoler dans une ambiance bruyante selon les circonstances. Il en va de même avec la douleur physique, je peux aller « ailleurs » dans mon corps lorsqu’une grande douleur l’envahit et je ne la sens pas. Je n’ai pas de recette à transmettre, cela se fait tout seul. Il est clair que je ne pourrais le faire en permanence.
Une fillette. Elle vient avec sa maman qui lui demande ce qu’elle veut. Je dis que je m’inspire de la personne… La fillette s’assied et me demande ce que je vais lui faire. Je lui dis que je ne sais pas, que je ne le saurai que lorsque j’aurai pris mon pinceau. Je lui dis que je ne le sais jamais et lui demande comment elle fait lorsqu’elle fait un dessin. Elle réfléchit et me dit qu’elle ne sait pas non plus. Voilà, nous nous sommes retrouvées dans un même monde ; mon maquillage est parti tout seul et lorsqu’elle s’est regardée dans le miroir, elle a trouvé que c’était très beau. Je lui ai aussi expliqué que le maquillage ne peut jamais être beau chez quelqu’un qui ne va pas bien, profondément bien. Une autre maman qui m’a aussi dit s’être fait maquiller par moi m’a amenée sa fillette. Cette dernière a huit ans et aime les mathématiques. Je lui dis qu’elle a de la chance parce que les mathématiques se retrouvent partout ; même pour créer les couleurs de mes maquillages il faut compter, mesurer. Comme elle sait déjà compter, je lui raconte que le chiffre zéro n’avait pas toujours existé, qu’on savait compter à partir de 1 mais que quand il n’y avait rien… et que ce sont les Indiens qui ont inventé le chiffre 0. J’ai senti la pensée de la fillette entrer dans le monde des mathématiques. J’ai eu l’impression que le temps s’était arrêté.
Au stand de Xamax. Je n’avais pas assez de rallonges pour avoir de l’électricité et vendredi c’est le stand des Scouts qui m’a prêté une rallonge. À ma surprise, en arrivant samedi matin, Christian Sydler, le responsable du stand de Xamax, m’a tendu une très longue rallonge. Cela m’a fait du bien. Lorsque le représentant du comité a coupé court à ma prestation, Christian m’a dit d’aller à un grand stand pour voir s’ils pouvaient me prendre dans leur périmètre. Malheureusement pour moi, il y avait déjà des personnes qui faisaient des choses semblables.
Photos. Je n’ai pas eu le temps d’en faire beaucoup… En voici quelques uns.
Avec les lumières du stand, il est difficile de faire des photos plus nettes la nuit. Il faudra que je trouve une solution
Mes affaires parlent. Après avoir été obligée de fermer mon stand, en rentrant à la maison, je me suis dit que j’allais ranger ma table et les chaises directement à la cave parce que je ne les avais pas beaucoup utilisées. C’est là qu’une voix intérieure s’est faite leur porte-parole : « Tu ne peux pas nous ranger comme cela, on a été dehors, on a passé une nuit presque à l’intempérie (en effet, je n’ai plus d’endroit pour ranger mon matériel les vendredi et samedi soir) et on t’a rendu service. Toutes les années, tu nous laves et répares s’il le faut » Je ne peux que leur donner raison et monte le tout dans mon appartement.
Mon destin retrouve son chemin normal. Ainsi que je l’ai mentionné plus haut, dimanche matin, j’ai appris que je pouvais reprendre mon activité. C’est là que j’ai remercié mon matériel de m’avoir fait savoir que je me devais de les traiter comme les autres fois.
Pas beaucoup de maquillages, en fin de compte. J’ai des clients qui viennent samedi et dimanche, d’autres que le samedi ou le dimanche. Afin de les renseigner, samedi, j’avais mis une pancarte. Dimanche a été une journée presque vide. Mais, j’ai quand même eu de belles rencontres.
La jeune femme ci-dessous travaille chez Decathlon. Elle est déjà venue l’année passée et m’avait appris que le magasin a un atelier de réparation. Je vais aller voir parce que je trouve la chose intéressante.
Le monde des enfants est bien différent de celui des adultes. Je suis charmée chaque fois que je les entends faire un commentaire, s’exprimer. Dans le cas présent, j’ai fait un cheval au garçon et quand il a vu le maquillage dans le miroir, il s’est exclamé : « C’est une licorne ! » Je n’ai pas hésité, je lui ai dit de bien regarder le maquillage, que j’allais changer quelque chose et qu’il devrait voir la différence après dans le miroir. J’ai donc ajouté la corne. Ensuite, il s’est regardé dans le miroir et m’a lancé, en souriant des yeux, un regard qui me disait qu’il savait bien que c’était une licorne. Je lui ai alors expliqué que du temps des empereurs chinois, la licorne était le symbole de la sagesse. Il a eu à nouveau le même regard. Ce sont des choses que je ne peux oublier.
Les ados. Je les remercie de me faire confiance. Ici, nous avons un jeune homme et une admiratrice de Xamax.
Parmi les choses qui arrivent à la fête des Vendanges, il y a eu ceci encore :
de l’aide. Dimanche, un collaborateur du comité m’a aidée à transporter mes affaires. Christian m’a donné de l’eau pour mes maquillages. Je me suis sentie traitée comme une reine !
les remerciements. Je sollicite l’aide d’un bénévole au stand de Xamax pour m’installer dimanche matin et quand je le remercie, il répond : « Avec joie ! ». C’est tellement joli. Je lui dis que grâce à lui, Julien, je vais pouvoir élargir les propositions que je fais aux personnes qui répondent souvent, après les remerciements, « de rien ». Je lui explique que le cerveau de la personne qui répond ainsi enregistre qu’il n’a rien fait et il ne se passe rien. Le personnel de vente, par exemple, qui dit régulièrement « de rien », se sent bien souvent vide à la fin de la journée. En effet, il a enregistré qu’il n’a rien fait alors qu’il y a eu un service rendu. La personne veut dire que ce qu’elle a dit ou fait de lui a pas coûté grand-chose, mais le fait de dire rien fait que le cerveau enregistre ce « rien » et ne fait rien non plus. Alors que dire « Je vous en prie », « Avec plaisir », fait que le cerveau émette des hormones de plaisir, de dopamine, de santé. Maintenant, grâce à Julien, je vais pouvoir ajouter « Avec joie » et c’est tellement joli parce qu’il fait en plus entrer le coeur !
le stand de cocktails. Lorsque j’ai rangé mes affaires dimanche soir, je suis passée vers le bar Moka et trois stands avaient une musique assourdissante. J’ai vu un monsieur qui rangeait aussi ses affaires à son stand de cocktails. Je me suis approchée de lui et lui ai demandé pourquoi il n’a pas de musique. Il devait être fatigué parce qu’il a répondu qu’il avait celle des voisins… Nous avons discuté un moment et avant de partir m’a fait cadeau de deux bouteilles où l’on peut mettre une boisson lorsqu’on part en randonnée. Je continue à me sentir comme une reine ;
Du pinot blanc et le cyrillique. Lorsque j’étais en train d’effectuer mon dernier trajet avec mes affaires vers la maison, j’ai vu en haut de la rue des Terreaux deux gaillards qui buvaient un verre à côté de deux caisses de vin. Ils attendent le propriétaire des bouteilles. Je ne sais quelle remarque j’ai faite, mais ils m’ont invitée à partager la bouteille avec eux. Je me suis dit que le destin continuait de me faire signe, qu’il fallait célébrer mon droit de cité et j’ai bu du pinot blanc que je n’avais jamais goûté auparavant. Je l’ai trouve bon. L’un des gaillards est bulgare. Je lui ai dit que je connaissais Sofia et Varna et lui ai demandé comment on dit au revoir en bulgare : « довиждане » (dovijdane), répond-t-il. Comme les Bulgarres utilisent le cyrillique, il me demande si je sais qui a l’a inventé. Je dis que c’est un moine, le moine Cyrille. Il ajoute qu’en fait ce sont deux moines, Cyrille et Méthode, son frère, tous deux bulgares. Ah, voilà une belle façon de finir la fête des Vendanges !
La pandémie avait mis un arrêt… Après 2019, le Noël des enfants a repris et j’ai eu la joie de reprendre le fil du temps, ce fil du temps qui me dit que la vie reprend son cours. Quelle chance !
Quand je travaille, je ne pense pas toujours à prendre des photos. Parfois même, je n’ai pas le temps et hier, par exemple, une fillette est venue me tirer par la manche au moment où je prenais une photo pour me faire comprendre qu’elle attendait son tour ! Elle n’a pas dit un mot… Je n’ai pu que sourire, cela ne m’était jamais arrivé. Voici un florilège de prises et de montages comprenant 2019 et 2023 :
Une fois de plus : le maquillage est révélateur de la personne. Il y a eu des enfants qui m’ont demandé ce que j’allais peindre ou de faire une image précise. J’ai répondu que je ne savais jamais à l’avance, que ce n’est qu’une fois que la personne est devant moi et que j’ai le pinceau à la main, que la chose se produit. Ce sont mes mains qui savent. Quant aux couleurs ou motifs demandés, je négocie et je n’ai jamais eu quelqu’un qui ait enlevé le maquillage. Il arrive aussi, comme cette fois-ci, que des enfants m’en demandent un second. J’ai expliqué que c’était une composition, que si j’ajoutais quelque chose ailleurs, on ne saurait où regarder, mais que je remerciais de la demande parce que cela voulait dire que le maquillage porté était très apprécié et à ce moment-là, un grand sourire est apparu dans le visage de l’enfant exprimant qu’il a tout compris. Ce sont de très beaux moments.
C’est aussi l’occasion de remercier les organisatrices de cette fête et ceux qui y participent d’une façon ou d’une autre, le service des surveillants compris. Il n’y a pas que le maquillage qui soit révélateur de la personne ; si cette fête n’est pas professionnellement liée au BIT, ceux qui l’organisent y travaillent et en faisant appel aux organisatrices précédentes, reproduisent une façon de considérer le monde social. Le BIT est la seule organisation au monde à faire participer aux décisions les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, c’est un tout. Hier, en rencontrant les organisatrices d’hier et d’aujourd’hui, je me suis sentie dans un monde complet et en plus plein d’amitié.
Normalement, je ne publie pas avant d’avoir fini un article, mais le vendeur de la montre va quitter la Suisse et je voudrais lui faire voir que j’apprécie son attitude.
Installation. Je n’occupe généralement pas beaucoup de place, même pas 2m2, mais cette fois-ci je me trouve un peu à l’étroit dans le stand de Xamax et, en apparence, sans rien pour pouvoir suspendre les tableaux avec les photos de mes maquillage. Mais, j’aperçois de drôles de fentes dans les parois vitrées du magasin qui fait mon fond et me dis que des trombones pourraient faire l’affaire puisque mes tableaux sont très légers. Je ne peux que remercier Roger l’horloger (celui qui vient de créer pour la première fois dans l’histoire de l’horlogerie une montre avec un centre vide (sa plateforme) ; en effet, c’est l’utilisation qu’il a fait d’épingles de nourrice (article) qui m’a inspirée. Ce qui a été fascinant a été de voir les personnes auxquelles j’ai demandé de l’aide pour suspendre les cadres. La fente laissait présager une pose directe, mais cela n’a pas été le cas et les personnes choisies ont, chacune, cherché la position sûre pour que le cadre ne tombe pas. Aucune n’a dit un mot, leur main a cherché et trouvé le bon endroit. Cela a été un régal pour moi.
Au-dessous du tableau suspendu, on voit une bouteille contenant de l’eau et un verre à côté. C’est le verre de Pascal Hofer, laissé en souvenir à la fête.
On voit mieux la fente.
Ma place se trouve à côté d’une peinture qui me fait toujours penser à un personnage soviétique et qui m’avait inspirée il y a quelques années. Il est en compagnie du photographe Knut Vibe. La voici :
Parlons de « ma » montre ! L’année passée, j’avais acheté une montre à un stand tenu par un Africain. J’avais rangé mon matériel pour les maquillages dimanche soir et étais allée faire un tour en ville pour voir l’ambiance. Audit stand, j’avais vu une montre… elle m’avait fait signe mais je m’è’étais dit que j’avais une dizaine de montres chez moi. Je suis repassée devant et la montre m’a à nouveau fait signe. J’ai demandé le prix qui était un peu élevé pour moi et suis repartie. Sur le chemin, la montre m’a envoyé un message et j’ai fait marche arrière. J’ai dit au vendeur que je donnais tant s’il me la vendait. Il a été d’accord et je suis partie avec la montre qui était toute contente. J’ai aimé ma montre, elle a bien fonctionné et au mois d’août, alors que je courais au bord du lac pour aller me baigner, remarque que j’ai ma montre au poignet. Mince ! mais décide de ne pas perdre de temps pour retourner à la maison et me dis que je vais la mettre dans un sac en plastique que j’ai avec moi et comme cela, elle sera en sécurité. Arrivée à l’endroit prévu pour la baignade… plus de montre. J’ai fait marche arrière sans succès. J’ai eu un vide, une douleur inexplicable ou explicable parce que j’ai réellement aimé ma montre.
J’ai espéré que celui qui l’a trouvée l’apporterait au Service des objets trouvés. Rien. J’ai cherché sur Internet et ai trouvé le modèle ! Quelle chance ! me suis-je dit. Au moment de l’ouverture du paquet arrivé… ce n’est pas vraiment le modèle demandé. Le vendeur a dit qu’il allait me rembourser ; affaire à suivre. Puis, arrive le mois de septembre avec sa Fête des vendanges et ses stands. Je me précipite à l’endroit où j’avais acheté la montre, mais le vendeur n’est pas venu. Je vois un autre stand qui est en train de fermer et lui demande s’il a des montres. Oui !
CheikhounaSylla, c’est le nom du vendeur. Il me montre sa marchandise et je vois une montre… mon modèle ! Je lui raconte que j’ai donné telle somme l’année précédente et il m’explique que son stand lui avait coûté Fr. 500.- en 2022 mais que cette année c’était Fr. 800.- et ne pouvait me faire ce prix. Finalement, on tombe d’accord sur un autre prix et je pars avec Ma montre. Arrivée à la maison, je compare la montre avec une photo de celle que j’avais eue et remarque une différence. Je retourne le lendemain et un peu gênée dis à Cheikhouna que ce n’est pas tout à fait le modèle que je recherchais. Il n’avait pas vu non plus. Heureusement qu’une autre montre était celle qui était la sœur jumelle de celle qui avait fait battre mon cœur et je pars avec Elle ! Cette fois, les aiguilles de mon temps tournent dans le bon sens. Je suis très reconnaissante à Cheikhouna pour son attitude, son amabilité, son beau sourire franc. Il fera partie de ma vie d’une belle façon. Je souhaite qu’il fasse de belles affaires ! Le vendeur de la vente par Internet a tenu parole, il m’a remboursé aujourd’hui. Je lui suis profondément reconnaissante.
Voici mes montres (Il faudra que je refasse la photo pour que les deux montres aient la même lumière et la même taille. Je vais mettre ma nouvelle montre aussi à l’heure de l’autre !).
Celle perdue La nouvelle
Pascal Hofer, journaliste d’Arcinfo, est passé me poser deux ou trois questions et m’a laissé son verre en souvenir. Cela m’a fait du bien de parler avec lui. J’ai eu l’impression de me retrouver avec le Neuchâtel d’autrefois. Le monde change et Neuchâtel aussi, ou l’inverse, mais le fait est là. Il a eu l’amabilité de m’inclure dans le journal qu’il a tenu de la fête. Je figure à 20 h 58, une heure qui me convient bien !
Les années et moi, cela fait deux. Je n’ai jamais accordé grande importance aux années et depuis qu’un physicien m’a dit que le passé, le présent et le futur existent en même temps mais dans des dimensions différentes… je me dis que 1969 ou 1989… Mais, la question de Pascal m’a rendue curieuse et j’ai dû aller consulter mon CV pour savoir dans quel temps j’avais vécu mes premiers maquillages. Je remercie Pascal pour l’article et pour la question.
Photos. Cette année, je ne sais pour quelle raison bien des photos sont mal sorties : la lumière n’était pas bonne et ni mon appareil photo ni mon portable n’arrivaient à prendre les couleurs des maquillages ; en voici tout de même un florilège.
Liens vers :
Le maquillage et les clients. Les nouveaux clients cherchent les modèles que je fais. J’explique que je me laisse inspirer par la personne. Cela marche la plupart du temps. Il y en a cependant qui ont voulu un petit cœur… J’ai expliqué que je ne sais pas faire de telles choses et que celui qui est à l’intérieur de nous est bien plus riche. Aucune de ces personnes n’est restée et cela ne me gêne pas. Nous sommes simplement dans des mondes différents. Le jeune homme sur la dernière photo m’a fait une demande très spéciale, la négociation a pris du temps, mais finalement, il m’a fait confiance. Certaines fois l’effet est meilleur sur la personne que sur la photo, c’est ce qui s’est passé avec lui, mais je garde la photo parce qu’après avoir vu le maquillage au miroir, il m’a fait un baisemain ! C’est bien la première fois que cela m’arrive. Avant de partir, il m’a demandé de mettre ma signature sur son front. Là aussi, on a négocié et je l’ai posée sur son épaule. À nouveau, il m’a fait un baisemain. Cela a été un moment hors du temps.
Et voici une partie de l’équipe de Xamax avec laquelle je me suis très bien entendue. Une autre personne, Anissa, absente sur cette photo, se trouve en 6e position, juste au-dessus de la photo de la chatte.
On y voit Christian Sydler, celui qui organise tout et qui a la tête à tous les endroits du stand. On y voit aussi Jean-Luc Boss. Il joué en 2e équipe de Xamax et lorsque je lui ai demandé s’il avait connu Bonni (ses filles avaient été mes élèves de danse), il m’a dit qu’après avoir arrêté sa carrière professionnelle il était allé jouer avec eux : « Il a toujours marqué un but. Mais dès qu’il l’avait marqué, il partait. Il avait fait ce pourquoi il était venu ! » J’ai trouvé cette anecdote très jolie. Les deux autres dames, je les connais aussi mais pas leur nom. Il faudra que je les demande : à droite, la dame a tenu le kiosque de la rue du Seyon et à gauche, la dame travaille dans l’horlogerie et m’a raconté des histoires horlogères qui verront le jour dans un autre article. L’histoire de l’horlogerie est une passion chez moi.
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C’est la reprise de la Fête après deux ans. La pandémie semble être derrière. Mais cette année il y a des changements et le stand brésilien avec lequel je travaillais depuis quelques années a renoncé. C’est Xamax, le club de football, qui prend sa place et qui m’accueille.
Je fais partie de l’histoire de la fête ; en effet, il me faut presque remonter presque à la nuit des temps... au moment où la Commune libre du Neubourg participait à la fête avec un orchestre de jazz et à laquelle les autorités de Neuchâtel assistaient. Je ne sais à combien d’éditions j’ai participé… Puis, c’est le stand des « Joyeux célibataires » qui m’a invitée à faire partie de leurs animations. Ensuite, la fête n’a plus eu lieu dans les hauts de la ville et le stand a déménagé au centre-ville – entre le magasin PKZ et le Temple du Bas. Si l’endroit où je fais des maquillages est le même, les stands ont changé. C’est ainsi que des années plus tard, à mon grand regret, le stand a fermé faute de combattants et c’est un stand de scouts qui m’a accueillie. Ensuite, j’ai continué les incarnations, et c’est le stand des Brésiliens, version première, qui m’a accueillie et en 2019 c’est la seconde version. Actuellement, j’en suis à ma septième incarnation. J’ai eu de la chance parce que j’ai failli rester sans rien. Cette fois-ci, c’est le stand de « Xamax » qui m’a accueillie.
Les clients 2022. Il y en a eu très peu. Je n’en ai jamais eu aussi peu ! Mais, ils ont été d’une très grande générosité ; à croire qu’ils s’étaient donné le mot, or certains ne se connaissaient pas du tout et ne sont même pas venus en même temps. En tous les cas, j’ai pris ces gestes avec une grande reconnaissance et comme une récompense. Je n’ai pas d’explication quant à l’utilisation de ce mot parce que je n’ai raconté mes mésaventures à personne, c’est quelque chose qui se passe dans une autre dimension. C’est comme le maquillage. Et, c’est l’occasion de reprendre ce que disait une journaiste de la feue « Feuille d’Avis », incarnée elle aussi en « Arcinfo » « .
C’est l’occasion de remercier la journaliste de l’époque.
À propos des maquillages. Il a fallu négocier avec quelques clients qui voulaient un coeur, un modèle. Certains sont partis. Cela a été sans regret ni de ma part ni de la leur. Je ne vais pas faire quelque chose que je ne sens pas pour une question d’argent. Il n’y a aucun mérite, je n’y arrive tout simplement pas. Il y a aussi parfois des parents qui viennent avec de tout petits enfants. Je dois leur expliquer que l’enfant n’a pas encore l’autonomie suffisante pour faire le choix et me laisser « entrer en lui ». En réalité, peu de personnes vous touchent au visage et surtout restent aussi près pendant un bon moment. À ceux qui voulaient savoir avant ce que j’allais composer, j’ai proposé de me laisser faire et de l’enlever au cas où ce ne serait pas à leur goût. J’ai eu le plaisir de voir leur joie quand ils se sont regardés dans le miroir !
L’avantage quand j’ai peu de monde, c’est que je peux passer plus de temps avec chacun. Il y a eu même une dame qui m’a dit « Quelle chance ! Cela fait des années que je veux un maquillage chez vous et il y a toujours trop de monde. Est-ce qu’il sera toujours là demain ? » Je lui ai répondu que si elle dormait de l’autre côté, ce serait le cas et que si jamais il était un peu effacé, je pourrais le lui raviver sans frais. Elle n’est pas revenue. Une dame est venue avec sa fille et m’a dit que lorsqu’elle était enfant, elle se faisait maquiller chez moi et qu’elle avait des photos à la maison ! Alors, pour la remercier, je lui en ai aussi fait un.
Le moment du maquillage. Il se passe aussi des choses que je ne peux expliquer. Tout à coup, je pose une question ou fais une remarque qui est tout à fait pertinente pour la personne. L’une de ces personnes doit l’avoir raconté à un monsieur qui est venu et m’a demandé si j’étais voyante.
Hauterive marque la reprise de mes activités de maquillage ! Et la reprise s’accompagne d’un renouveau.
Je remercie infiniment la Société d’Émulation d’Hauterive d’avoir pris contact avec moi alors qu’on ne se connaissait pas et de m’avoir engagée. La confiance est un bien précieux ; c’est comme une graine et elle donne de très beaux fruits. Après quatre ans d’absence, Hauterive retrouve sa fête d’automne organisée par les sociétés locales. Mes maquillages ont été offerts à la population altaripienne (voilà un nouveau mot dans mon vocabulaire !) par la société.
Deux ans sans activité, à cause de la pandémie, c’est beaucoup. J’ai eu de l’appréhension, car le monde change et je me suis demandé si mes mains allaient retrouver des gestes. En réalité, je ne sais pas comment se passent mes maquillages : j’ai une personne assise devant moi, le dos droit (cela est important) et le maquillage commence. Je ne réfléchis pas. Cela a été une nouvelle fois le cas. Oh ! Il a fallu négocier une fois ou deux avec des enfants et des parents. Je vous donne un exemple.
Une fillette de moins de 10 ans. Elle me demande de lui peindre je ne sais plus quoi. Je lui dis que je ne fonctionne pas ainsi. Elle insiste. Je lui explique que le métier de maquilleuse peut être fait de différentes façons, Il y a des maquilleuses qui ont des modèles et les copient en fonction de la demande. Comme je me trouve devant la Galerie 2016, je lui dis que les artistes qui exposent dans cet endroit font des oeuvres qui sortent de leur imagination et qu’on ne leur dit pas ce qu’il faut faire. Ils ne travaillent pas sur demande ; moi non plus.
C’est une blague ?
Non pas du tout. Je travaille ainsi ; les photos que j’expose présentent le genre, le style, qui est le mien. Mais, tu as le droit de faire comme tu veux, si cela ne te plaît pas, tu peux partir. Je ne vais pas me fâcher.
Arrive sa mère et elle demande comment cela va. Je lui explique et elle dit à sa fille qu’elle pourrait me laisser m’inspirer par elle et qu’elle pourrait avoir une jolie surprise.
Si le maquillage ne te plaît pas, tu peux l’enlever avec de l’eau. Cela ne m’est arrivé qu’une fois avec un enfant qui était très fâché pour je ne sais quelle raison ; cela fait des années et des années que je maquille et ce n’est arrivé qu’une fois.
Tout cela doit travailler dans la tête de cet enfant si raisonnant.
Alors, oui !
C’est un vrai oui. Je le vois dans le corps qui est détendu au moment où la fillette parle. Je lui fais le maquillage et quand elle se regarde dans le miroir, à la fin, elle s’extasie.
Alors, voilà ! J’ai eu une bonne négociation, elle a été ma première cliente après ces deux ans et elle a fait une expérience enrichissante de confiance. On retrouve la confiance, ce mot si joli. Tout ce qui nous arrive nous marque. Il me faut ajouter que j’ai demandé à la fillette ce qu’elle aimait faire le plus à l’école.
Réponse : Les maths.
Ce n’est pas étonnant.
Tu sais que le signe « égal » qu’on utilise pour faire les calculs n’a pas toujours existé ?
Je connais le + et le – mais je ne fais pas encore les calculs.
Mmm ! (je réfléchis). Alors, les chiffres qu’on utilise pour faire les calculs sont des chiffres arabes.
Ah, j’ai un copain de classe qui est arabe !
Bon, ce n’est pas lui qui les a créés, mais son peuple oui*.
C’est intéressant !
* En fait, les chiffres sont nés aux Indes, mais ce sont les Arabes qui les ont fait connaître.
Tout cela se passe pendant que je fais le maquillage. Et si je pose ces questions c’est non seulement parce que la fillette réfléchit avec des mots, mais parce que quelque chose en elle est réellement ainsi et que le maquillage que je fais est très ordonné ; en quelque sorte c’est lui qui me raconte des choses sur la personne.
Voici l’emplacement qui m’a été accordé. Cela tombe bien, je suis devant la Galerie 2016. Cela fait presque une année que je suis venue voir l’exposition de Martial Hunkeler. J’ai la surprise de voir que la personne qui s’occupe de la galerie aujourd’hui est une dame avec laquelle j’échange des mots de temps à autre à Neuchâtel. Elle m’offre de l’eau pour mes maquillages. Sylvain Villars, la personne avec laquelle mon engagement a été mis au point, m’apporte une table, sa table, que je couvre avec un plastique, deux chaises, ses chaises, et un chevalet, son chevalet, pour exposer mes tableaux avec des photos. Je me dis que la vie me traite bien. Puis, vers midi c’est Philippe Du Pasquier, le galeriste, qui me change l’eau et m’apporte même une réserve d’eau pour le cas où. Cela ne m’était jamais arrivé ! Vous penserez que ce ne sont que des détails, mais la vie est faite de détails, la matière est faite de très fines particules, d’énergie. Bref, je suis reconnaissante à toutes ces personnes.
Voici quelques photos que j’ai pu prendre. Je n’ai pas eu le temps de maquiller et de photographier tout le monde.
Une ado. J’ai été très touchée, parce que cette ado m’a demandé si « malgré son âge », je pourrais la maquiller. Bien sûr ! Pendant le maquillage elle me dit qu’elle m’a vue danser au mois de mai à la « Fête de la danse » ; elle-même fait de la danse contemporaine. On partage un autre art ! Je pense que cette jeune fille a du tempérament, elle se dit qu’elle ne voit que des enfants maquillés, mais que cela lui plaît et qu’elle pourrait peut-être aussi… C’est magnifique d’apporter une réponse positive à une ado qui se construit.
Des adultes. J’ai pu maquiller quelques adultes. Quelques-uns sont venus spontanément, d’autres se sont vus offrir mes services après leur enfant. Il y en a même un qui a dit « c’est mon premier maquillage ».
Et le renouveau ? Je ne saurais l’expliquer. Ce que je sais c’est que j’ai préparé avec un soin spécial mes affaires. Là aussi, les affaires ne sont pas que des choses inertes, sans elles, sans ceux qui les fabriquent et les vendent, je ne pourrais rien faire. Hauterive fait partie des endroits où j’ai maquillé il y a… fort longtemps. Retourner dans ce village si accueillant me fait ressentir un nouveau départ et une grande joie m’envahit.
Je disais que le monde change. C’est bien la première fois que je vois, sur le terrain public lors d’une fête, un conteneur pour recycler les bouteilles en plastique. Chapeau pour les organisateurs !
C’est parce que je l’ai rencontré, qu’il a amené son ami friand de ce genre de maquillages et désirant depuis longtemps d’en avoir un sur lui que c’est arrivé. Il est aussi sûr que c’est en ayant des échanges, de vrais échanges, avec les autres – forcément – que l’on s’éveille à d’autres choses. J’avais invité une fois Roger à l’un de mes spectacles et après celui-ci, nous sommes restés quatre heures à discuter, quatre heures !
L’une des théories de Roger est qu’il existe deux sortes de gens, ceux qui ont suffisamment confiance en eux pour se confronter à d’autres choses, faire des erreurs et en sortir gagnants et ceux qui ont peur de se remettre en question, d’aborder des choses inconnues et qui par conséquent stagnent ou même régressent. J’ai trouvé cela intéressant, car je n’hésite pas à apprendre de nouvelles choses, dans quelque domaine que ce soit. Je trouve cela passionnant.
Au moment où Roger m’a engagée pour faire le maquillage, un engagement professionnel s’entend, avec rémunération, je me suis dit qu’il fallait que je trouve une idée. J’avais expliqué que lors de mes maquillages, l’intuition me faisait parfois sentir et mettre en évidence la façon d’être de la personne. Marcel, celui qui est devenu « Cronos bleu » m’a demandé de lui dire comment je le voyais. Mais là, ai-je répondu spontanément, il s’agissait de peindre comme s’il avait été un tableau. Je dois dire que c’est tout ce que je savais. De plus, ai-je epxliqué, je ne sais jamais ce que je vais faire avant d’avoir la personne assise devant moi et le pinceau en main. Et même là, je ne sais pas. Une partie de moi le sait puisque je trempe le pinceau dans telle ou telle couleur, que je fais telle ou telle forme, mais je ne peux pas dire que je le sais d’avance.
Ma tête a commencé à travailler pour trouver une idée. Une idée est venue, puis une autre et une autre et finalement l’horloge ou « Cronos » est apparue à mon esprit et là j’ai su que j’avais trouvé mon sujet. Par précaution, j’ai quand même demandé à faire un essai. Il s’est révélé concluant !
Ce qui est intéressant pour moi c’est que pendant que je faisais le maquillage de Marcel, les paroles d’Arie, l’ami de Marcel et de Roger, me sont venues à l’esprit et je me suis dit qu’une photo comme celle qui suit était significative d’une personne qui abandonne son « soi » pour entrer dans un système ; elle change, elle s’oublie. Il n’est pas question de Marcel ici, bien sûr, c’est seulement un symbole.
Mais, commençons par le commencement de la séance de peinture corporelle ou « body building » et on enchaîne jusqu’à la fin.
À ce stade, Arie et Roger font leur apparition dans des costumes qui leur vont, par ma foi, fort bien !Ici, Roger a donné un coup de main en faisant le collier dont j’avais besoin ! Un vrai travail d’équipe.Je n’ai pas résisté à prendre cette photo, prise de vue que notre photographe, Knut, aurait peut-être fait. À vrai dire, j’ai une autre photo où l’on voit bien que c’est l’une des horloges qui décorent notre ville de Neuchâtel cette année, mais il y a un malencontreux vélo juste au bord… Je ne l’ai pas vu, concentrée par l’effet de « Chronos bleu » !Marcel n’avait pas eu le temps de s’admirer avent de traverser la ville et que tout le monde le regarde, lui parle, le prenne en photo. Alors, j’ai eu l’idée, en passant devant l’hôtel « Beau-Lac » d’y entrer et de chercher un miroir. J’ai bien fait car le miroir est splendide et Marcel s’admire ! Un autre titre pourrait être : « Chronos bleu » et son double !Voici « Chronos bleu » qui dialogue avec le ciel d’où il vient avant de plonger dans le lac de Neuchâtel et de redevenir lui-même.On finit avec l’une des photos qui me plaisent le plus. et qu’on a tout au début de ce récit.
En conclusion, je peux remercier Roger pour m’avoir permis de faire quelque chose que je n’avais jamais fait et Marcel pour la confiance qu’il a eue en moi. Je suppose que tous les trois avions l’intuition que cela ne pouvait que marcher, mais cela n’enlève rien au sentiment que c’était une sacrée aventure !
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