Conversations de rue en patchwork.5

No 1. Le métier dans la vente de détail. Je discute avec une jeune vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter qui va fermer ses portes :

No 2. Les rues en pente. Neuchâtel est Neuchâtel et je ne me pose pas de questions au sujet des rues de la ville. Je les vis. Mais, certains amis m’ont dit que je ne fais que monter et descendre tout le temps. Une fois ou l’autre, je ne sais pourquoi et je m’adresse à ceux qui viennent en sens opposé.

Cette fois-ci, je descends la pente qui mène à mon studio de danse et un monsieur la monte avec lenteur :

No 3. Un autre jour, dans un sous-voie en pente, il a beaucoup neigé, j’ai mon sac plein d’achats et je descends avec précaution alors qu’un jeune monsieur monte :

No 4. Au marché. Je passe au stand des Pellet. Je connais trois générations : grand-mère, fils et petit-fils (il est déjà marié et a des enfants scolarisés que je ne connais pas). Mais, la grand-mère, Hélène, reste très chère à mon coeur. Elle se trouve actuellement dans un home et j’annonce que je vais lui rendre visite. Je regrette les temps où les différentes générations vivaient sous un même toit ; il y avait alors toujours quelqu’un pour s’occuper des malades ou de ceux qui n’arrivaient plus à s’en sortir tout seuls. Le fils (mon Dieu !, je m’aperçois que je ne connais pas son prénom, or cela fait des années et des années qu’on se connaît…) me dit que sa mère s’était occupée de sa grand-mère et de sa mère.

Je le sais aussi parce que j’ai un ami que je voudrais le prendre chez moi, mais je n’arriverais pas à m’occuper de lui comme il le faudrait. Je le regrette tellement… Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive.

Liens vers :

L’histoire de Max le chat

Je ne sais où cette histoire commence, ni comment elle va finir, mais elle va bien !

Max est tout noir avec des yeux verts. Une beauté ! Son caractère ? Comme celui d’un chat, indépendant.

Max a vécu près de huit ans chez des amis qui avaient un âge dit avancé. La dame, Gretel Frésard, sa patronne, est partie cette année dans un home et finalement décidé d’aller au ciel. Max, qui ne s’approchait que d’elle a décidé de voir du côté du mari de Gretel, Charles Frésard, et lui a ainsi manifesté son affection. C’était un grand changement ! Oh, ce n’était pas de grandes manifestations, mais, qui sait ce qui est beaucoup ou peu ? Pour Max cela devait être en tout cas suffisant ou même beaucoup.

Je suis entrée dans leur vie parce que feu mon ami, André Oppel, avait travaillé en tant que graphiste à la Fabrique d’horlogerie Froidevaux S.A. – Neuchâtel. Le comptable avait été monsieur Charles Frésard. Je raconte l’histoire ici. Je fais donc la connaissance du couple Frésard et de Max. La période de confinement est arrivée et j’ai pu rendre divers services à la famille. Parmi ces services, il y a eu l’herbe pour le chat et cela jusqu’à ce que monsieur Frésard aille rejoindre sa femme au ciel.

Lors de l’une de nos dernières discussions, monsieur Frésard m’avait dit qu’après son départ définitif, Max serait euthanasié. Je lui ai demandé pourquoi et il a répondu que le chat serait malheureux. Je lui ai répondu que Max s’était déjà adapté à lui et qu’il y avait des chances pour que… Monsieur Frésard m’a interrompue et dit que c’était une affaire décidée. On ne discute pas les ordres d’un chef, or monsieur Frésard était chef dans l’âme. Mais, entre ce que l’homme veut et ce que le destin a décidé…

Monsieur Frésard vit ses derniers instants sur terre. Pensant à son chat, il demande à un ami de l’amener chez le vétérinaire. L’ami s’exécute et le vétérinaire demande pourquoi le chat est là. L’ami ne sait pas trop, monsieur Frésard lui a seulement demandé de lui amener le chat. Le vétérinaire dit qu’il ne peut le prendre en pension et qu’il faut l’amener à la SPA. Voilà donc que Max est encore transporté à un autre endroit.

J’apprends le décès de monsieur Frésard, téléphone à l’ami qui a transporté le chat et il me dit où il se trouve. Je lui dis qu’une de mes connaissances aimerait l’avoir. Il répond que c’est un chat qui coûte cher parce qu’il mange une nourriture spéciale. La personne qui aimerait prendre Max est une de mes voisines et très bonne connaissance ; elle est plus qu’une amie, elle est mon double lorsque je m’absente et qu’elle prend soin de mes canaris et de mes plantes ; j’ai une confiance absolue en elle. Elle a eu des chiens, des chats et, chose particulière, a aussi travaillé un temps à la fabrique Froidevaux. Sacrée coïncidence, direz-vous. Je n’invente rien. Si on avait écrit une pièce de théâtre avec de tels personnages, on aurait dit que c’est parce que c’est du théâtre, or la réalité dépasse la fiction ! Je l’ai même amenée rendre visite chez monsieur Frésard et cela avait été un beau moment. Bref, Nadine, de son prénom, se dit intéressée par le chat. Elle l’avait entraperçu lors de sa visite.

Max ira chez Nadine ! Je ne raconte pas les péripéties arrivées entre temps. Ce qui est important c’est que Max, qui aurait dû quitter ce monde, se trouve encore parmi nous. Nous voilà face à l’une de ces décisions du destin qui a primé sur la volonté de monsieur Frésard. Max avait vécu dans l’appartement sans sortir, sans voir d’autres animaux que les oiseaux qui arrivaient parfois sur son balcon, et voilà que tout à coup un presque inconnu l’amène chez le vétérinaire qui ne le veut pas, puis à la SPA, où il a été isolé dans une chambre du fait qu’il ne mangeait qu’une sorte de nourriture. L’ami-destin a fait en sorte que Nadine puisse prendre le chat chez elle et je l’ai accompagnée à la SPA pour que Max se sente un peu en confiance pendant le trajet. Tout de même, il est à nouveau trimbalé dans une voiture qu’il ne connaît pas pour aller Dieu sait où. D’ailleurs, pendant le temps passé à la SPA, personne n’a pu le prendre pour le caresser. Je vous l’ai dit, Max a son caractère ; d’ailleurs, caractère ou pas caractère, Max a fait savoir que la mesure était dépassée en ne laissant approcher personne !

Max chez Nadine.1. Max est arrivé dans une cage. Arrivé chez Nadine, celle-ci l’ouvre et Max sort. Nadine me dit qu’elle va laisser la cage ouverte permettant ainsi à Max d’aller s’y réfugier si besoin. Max inspecte le salon et a une préférence pour la partie arrière d’un canapé. Nadine lui met à boire et à manger et on s’installe pour bavarder un moment et ensuite, je m’en vais.

Suite 1. Le soir, je téléphone à Nadine qui me dit que Max a inspecté une partie de l’appartement et qu’il s’est laissé toucher une fois. Je me dis que c’est une victoire et qu’il commence à se retrouver.

Suite 2. Je laisse passer quelques jours et rappelle Nadine. Elle me dit que les deux premiers jours, Max n’a pas mangé, puis les choses sont rentrées dans l’ordre et qu’il n’est pas du tout retourné dans la cage. Elle a fini par la ranger. Max va partout et préfère le balcon. Il avait aussi un balcon chez les Frésard, mais, il n’y voyait pas la rue ni de voitures. Chez Nadine c’est le contraire et de plus, celle-ci a installé une maisonnette pour oiseaux, lesquels viennent manger les graines que Nadine y pose. L’instinct de Max est éveillé ! Finalement, Nadine a enlevé la petite maison pour éviter aux oiseaux de mauvaises aventures.

Suite 3.1 Nadine fait tout ce qu’il faut pour Max : elle est allée voir le vétérinaire qui s’est dit ravi de le savoir chez elle et lui a dit d’ajouter un autre aliment ; elle a acheté un peigne et, me dit-elle, Max adore quand elle le passe sur sa fourrure. C’est un rituel journalier ; Nadine lui dit : « On fait un beau Max ? » et il se laisse faire. Je me dis que Max a gagné à la loterie et que le Destin (avec majuscule) doit être content. Il savait bien…

Suite 3.2 L’herbe pour Max. Je l’achetais à la Migros et les caissières du magasin ont été touchées par ce Max qu’elles ne connaissaient pas mais dont le patron ne pouvait plus descendre en ville. Tous les mercredis, elles mettaient une barquette de côté. Si une fois, je n’avais pas eu le temps et arrivais le jeudi, tout de suite elles disaient . « Vous n’avez pas pris l’herbe pour Max ! » D’ailleurs, mon nom pour elles était « Mme Max » ! Je disais volontiers que Max avait non seulement une bonne amie, la responsable de la caisse, mais plusieurs puisqu’elles étaient attentives à son herbe. Maintenant, tenez-vous bien, Nadine ayant observé que Max ne mange pas tant d’herbe que cela, elle la fait pousser dans des pots. Ah, Max… quelle belle vie tu as !

Suite 3.3 Du fromage pour Max. Je dis à Nadine que je voyais une soucoupe avec du fromage râpé pour Max. Du fromage ? dit-elle. Oui, mais je ne sais de quelle sorte. Le temps passe et Nadine me dit qu’elle n’avait jamais entendu dire que les chats mangeaient du fromage, mais que Max aime le parmesan et le gruyère râpés, pas les autres. Je vous le dis, Max, tout comme nous, a ses goûts !

Suite 3.4 Cycle du sommeil de Max. Comme tous les chats, Max a plusieurs cycles de sommeil où il passe, de même que les humains, par un sommeil léger, profond et paradoxal. En tant que prédateur nocturne, il partage ses cycles pendant les 24 heures de la journée. Je ne pense pas que Max réveillait le couple Frésard la nuit, mais Nadine… oui. Je lui ai donné un conseil à appliquer lors du sommeil paradoxal ; Nadine l’a suivi à sa façon, mais la chose fonctionne. C’est vraiment l’entente parfaite !

Suite 4. Max se promène partout, saute à droite et à gauche. Une amie de Nadine lui a apporté des souris en tissu, Nadine les lui lance et Max court après elles ; il sort sur le pas de la porte, explore les escaliers. Bref, il a un territoire plus grand que jamais et il est traité avec amour. C’est d’ailleurs une histoire d’amour réciproque et je suis ravie. Nadine, tout comme moi, pense que monsieur Frésard, là où il est, doit être content et se dire que Zully avait raison ! Tout dernièrement, Nadine dormait et Max est monté sur le lit, chose qu’il n’avait jamais faite, et lui a touché le nez avec le museau pour la réveiller ; il avait envie de sortir ! Je ne crois pas qu’il aurait fait cela à M. Frésard-chef !

Suite.5. Cela fait bien cinq mois que Max est chez Nadine ; il ne touche plus la nourriture pour « chat malade », se porte comme un charme et on a convenu que j’irai lui rendre visite. Suite au prochain numéro.

Suite 6. Je suis allée rendre visite à Max. Il est vraiment chez lui. Il a ses coins et aime dormir, la journée, dans l’armoire de Nadine. Une fois, elle a laissé la porte ouverte, il y a vu une couverture sur le fond et il s’est dit que c’était pour lui. Depuis, Nadine garde l’armoire ouverte la journée, toute la journée. Alors, qui s’adapte à qui ? Vous avez trouvé, c’est Nadine qui s’adapte à Max. En échange, Max se laisse caresser de plus en plus longuement et Nadine le brosse deux fois par jour. Le cadeau pour les deux, c’est que Max n’est plus malade du tout. Je suis ravie d’avoir participé à leur rencontre et monsieur Frésard doit être bien content là où il est.

L’eau bouge en permanence et elle reste vivante, c’est comme l’eau des ruisseaux.

Suite 7. C’est l’été et Nadine remarque que Max ne boit pas suffisamment d’eau. Une amie lui dit qu’elle a acheté une fontaine pour son chat qui, depuis lors, boit plus. Nadine fait de même.

C’est en rendant visite à Max que j’ai vu la fontaine. Nous, les humains, quand nous sommes très heureux, nous disons que nous sommes comme au paradis. Et Max ? Je me demande si lorsqu’il arrivera au paradis des chats , il dira : « Je veux retrouver Nadine ! »

Encore le paradis. Cela fait un peu plus d’une année que Max est chez Nadine ; cette dernière me raconte qu’elle avait eu quelques problèmes de santé assez régulièrement, mais depuis que Max est chez elle… ils ont disparu. L’amour fait des merveilles : Max n’est plus malade et Nadine non plus ; ils baignent dans le bonheur !

Liens vers :