Răzvan Duinea, Liliana Pleșa Iacob, I.C. Brătianu, Zully avec son ami le hasard

Je me demande si le mal de dents qui m’a obligée à aller consulter le dentiste à Bucarest n’a pas été ce qu’on appelle un mal pour un bien ! En tous les cas, mon ami le hasard s’est invité et a inventé de drôles de choses.

Chez Liliana. J’ai donc des problèmes dentaires et seul le dentiste R. Duinea, en Roumanie, me comprend. Je raconte l’affaire à mon amie Liiana qui est une mécène à toute épreuve et elle m’invite chez elle.

Odonyme qui mène de chez Liliana à la station de bus.
Discours, volume I.

I.C.Brătianu. J’ai fait le parcours à pied de bien nombreuses fois et la plaque ne cessait d’attirer mon attention. J’arrive une fois chez le dentiste Duinea et vois un tas de livres sur l’art, l’architecture. Je les laisse là. Une autre fois quelque chose me dit que je dois jeter un coup d’oeil à ces livres. L’un d’eux a presque le même nom que celui sur la plaque. Il contient des discours. Je lis est apprends le rôle fondamental que cet autre Brătianu a eu dans la l’histoire roumaine, dans l’unification du pays.

Lorsque je fais le parcours en sens inverse pour aller chez Liliana, la plaque me sourit. Vous trouvez cela bizarre ? En fait, c’est une traduction émotionnelle de ce que la plaque m’a dit Je pourrais aussi dire qu’elle brillait, maintenant que je savais qui le personnage était. Il était non seulement le père de celui dont on a publié les discours mais il a également été un protagoniste dans l’histoire du pays. Sans lui, pas de Ion I.C. Brătianu et surtout pas de Roumanie. Il a joué un rôle clef dans l’union des principautés, la constitution de l’État roumain et été le fondateur du parti libéral national. Il a été Premier ministre à de nombreuses reprises. Il est un personnage central de l’unité du pays et a contribué tant à sa modernisation qu’à sa consolidation. Mon Dieu, moi qui éprouve une admiration sans bornes pour tous ceux qui font du bien ! Je suis émerveillée et, étant à Bucarest, un sentiment d’unité m’habite.

Le soir-même, j’envoie un mot de remerciements à mon dentiste pour lui dire que grâce à lui, je sais qui est Ion Constantin Brătianu. Il me répond que c’est son arrière-grand-père ! Là, je ne sais quoi dire. J’ai des frissons. Il m’est arrivé d’avoir des coïncidences (on les appelle ainsi), mais là… De plus, le docteur Duinea est le dentiste de la maison royale. Il me dit que pendant dix ans, il n’a rien dit des liens qui l’unissaient à I. C. Brătianu (qui est celui qui a appelé le roi Carol I. en Roumanie). Ils l’ont appris par hasard.

Monsieur Duinea me dit qu’il existait une maison Brătianu à Bucarest mais qu’elle était en mauvais état. Je l’ai trouvée avec peine, un concierge de l’hôtel Sheraton m’a donné un sérieux coup de main. C’est ainsi que j’ai pu me diriger à la rue de l’Église Amzei, no 5-7. L’émotion a été intense. On ne voit pas la maison depuis la rue, elle est en retrait, il faut traverser une cour et ensuite, on la voit. Elle est imposante et a de l’allure malgré le peu de soin dont elle souffre depuis des années.

Les portes. Autre chose qui m’émeut, ce sont les portes et leurs poignées. J’ai l’impression que le locataire de la maison y a laissé son empreinte. La première fois que j’ai eu cette sensation, cela a été avec la porte de la maison Einstein à Berne, la deuxième fois, c’est avec celle d’Henri Poincaré à Paris et maintenant avec celle de Ion I.C. Brătianu. Ici on voit nettement une serrure moderne et que la poignée a été changée. Il n’en reste pas moins que l’entrée de la clef est l’originelle et que la porte l’est aussi. J’ai encore l’impression qu’elle me parle. J’ai voulu entrer dans la maison, mais la porte est scellée. On le voit sur la photo.

L’histoire. J’en reviens à mon idée, presque fixe : l’histoire est ce qui fait de nous qui nous sommes et on se doit de la connaître. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut éviter des erreurs… Or l’histoire n’est qu’une branche qu’on apprend par coeur… Dommage.

Encore une photo. Celle de l’endroit où Ion I. C. Brătianu se tenait il y a X années lorsqu’on lui a pris la photo qui figure sur son livre. Je pense souvent à ces personnes qui ont le don de se situer à un endroit ou de prendre l’objet d’une personne décédée et de dire comment a été la personne et ce qu’elle a vécu. Il me semble qu’un rien me sépare de cela, mais… rien. Quand même quelque chose se passe en moi.

Mes dents. Je me demande si le problème que j’ai eu avec les dents n’a pas été une raison pour que je vive de telles émotions et pour que je puisse dire : un mal pour un bien !

Suite. Je raconte l’affaire à Liliana qui me dit qu’elle avait eu à l’école une copine de classe qui s’appelait Rodica Brătianu et de sa soeur dont le prénom devait être Delia. Je reprends contact avec le dentiste qui me dit que oui, Rodica avait été sa tante, avec laquelle il avait eu des liens très étroits, et que sa mère était bien Delia.

C’est ainsi que les protagonistes de cette histoire se sont réunis. Je me dis souvent que si on avait inventé une pièce de théâtre avec de tels événements, on aurait dit que dans la réalité de telles choses n’existent pas. On a tort, la réalité dépasse la fiction. Je ne peux m’empêcher de dire que la plaque vue se trouve dans les environs de l’entrée du cimetière et qu’en passant, j’avais une pensée chaleureuse pour ceux qui pouvaient en avoir besoin. De plus, normalement pour aller chez le dentiste, il me fallait prendre deux bus, un métro, encore un bus et marcher quinze minutes. C’est parce que le premier bus avait des horaires fantaisistes que j’ai préféré rajouter quinze autres minutes de marche et que donc, je suis tombée sur la fameuse plaque parlante. Alors, je remercie ce bus et sa fantaisie qui m’ont mise « sur le bon chemin ». Ah, les voies du destin…

Je mets une dernière photo. C’est celle d’un arbre tout à fait à droite de la maison. Il a certainement vu Ion Constantin Brătianu entrer et sortir de la maison. Il doit connaître ses pensées, ses émotions… J’aimerais pouvoir parler avec lui. Mais, il sait que je sais qu’il sait. J’ai un peu arrangé la photo parce que l’arbre, autant que la maison, méritent un meilleur sort.

Voici les dates qui ont ponctué la vie de Ion Constantin Brătianu. On les trouve dans une seconde plaque plus loin dans la rue :

On comprend que I.C. Brătianu a été un révolutionnaire et le fondateur du parti libéral national . Le terme « pașoptist » désigne le mouvement culturel et politique de 1848 ayant pour but la liberté et la nationalité roumaine. C’est rigolo, on voit sur la plaque « n. 1821 – d. 1891) ; « n » voulant dire « né et « d » voulant dire « décédé ». Je n’avais jamais vu ailleurs une telle datation. Monsieur Brătianu est parti au ciel au mois de mai, le jour de mon anniversaire… Cela me fait quelque chose.

Florin Niculescu. De retour en Suisse, je vais rendre visite à Florin, ami ingénieur en mécanique et horloger qui est devenu le patron de Tavannes Watches Co et lui raconte mes péripéties bratianesques à Bucarest. Et là… Il me dit que l’école qu’il a ouverte à Bucarest avec deux autres collègues, le lycée technique (microtechnique) qui forme des horlogers a ses locaux dans le lycée Ion I.C. Brătianu ! Cela ne s’invente pas ! Pour ceux que cela intéresse, je vous mets le lien pour le lycée.

Lien pour : Turneul în România ;

Quelques autres rencontres :

Si vous désirez laisser un commentaire, deux façons de procéder :

  • directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil) ;
  • si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement l’insérer au bas de cette page.

Laisser un commentaire