Les remerciements dans notre société

Remercier, dire merci… Quand j’étais petite, tant la famille, que l’école, que les autres en général nous apprenaient à remercier. On comprenait que lorsqu’on recevait quelque chose, il fallait remercier. En général, c’était pour les choses matérielles, plus rarement pour ce qui était immatériel ou qui faisait partie de la vie. C’était un peu comme dire « bonjour » à quelqu’un. On est poli si on dit bonjour et impoli si on ne le dit pas.

Je pense que dire merci, sans chaleur, sans émotion, n’est pas grand chose. Cependant, il est certain que de demander à quelqu’un d’avoir un sentiment… c’est impossible. Il naît en nous, sort de nous mais ne peut pas s’installer chez l’autre sur demande.

Toutefois, aujourd’hui, les remerciements disparaissent. Je me disais une fois que les mots semblaient vivants et que c’était comme s’ils avaient une mémoire, une vie à eux, une sorte de carte d’identité qui leur donne droit de cité. Certains d’entre eux à force d’être oubliés, comme le droit, la liberté, se rebellent et prennent leur place dans l’histoire à un moment précis, parfois avec force et débordent même de leur place tant ils ont été étouffés ; tout comme des adolescents qui auraient été trop contrôlés. Alors, que le remerciement, à force d’avoir été utilisé, forcé, vidé de son essene, se retire. N’ayant plus de réelles racines, il s’en va.

Le phénomène de la rébellion s’accompagne d’innombrables « j’ai le droit », « c’est mon droit », « je suis libre », « je fais ce que je veux » et très souvent employés à tort.

Je me dis que c’est une question de conscience, de ressenti et là, il est difficile de  partager ce genre de choses et surtout de l’exporter, car  si nous ne pouvons pas nier que nous sommes tous égaux, on peut quand même dire que nous sommes tous différents.

Et la différence me fait penser à mes petites élèves que je mettais devant le miroir de la salle du cours de danse. Je leur demandais de se regarder et de regarder les autres et ensuite, je posais les questions :

  • est-ce que nous avons toutes une tête ?
  • est-ce que nous avons toutes deux yeux ?
  • est-ce que nous avons toutes un nez ?
  • est-ce que nous avons toutes une bouche ?
  • est-ce que nous avons toutes deux oreilles ?

La réponse était, oui, oui, oui et vers les dernières questions le oui était très sonore, voulant dire : on a compris, oui, nous avons toutes cela ! Alors, sentant le fruit mûr, je posais la dernière question :

Est-ce que nous sommes toutes pareilles ? Et là, elles ne pouvaient que comprendre que nous étions toutes différentes et que notre corps aussi était différent. Cela aidait à mieux comprendre les facilités et les difficultés à exécuter tel ou tel pas, à comprendre telle ou telle chose. J’ai toujours trouvé l’exercice fascinant !

Je reprends les remerciements. Comment cela se fait-il qu’ils disparaissent ? Je n’ai pas la réponse. Je n’ai pas pensé qu’une fois je me dirais qu’il y a tant de choses à améliorer dans notre société. Mais, je vais reprendre l’idée de la vie des mots. Il me semble que tout comme pour l’article que j’ai écrit sur les portes, les mots ont bien des modes. Quant à moi, j’essaie de bien les utiliser, de respecter leur orthographe, de leur donner le sens qu’ils ont et parfois de jouer avec eux. C’est quand même l’un de nos moyens de communication.

C’est la raison pour laquelle, j’ai aimé le livre « La grammaire est une chanson douce » de l’académicien Erik Orsenna. Je ne sais plus comment je suis tombée sur ce livre. Je me souviens que j’ai lu un article qui parlait du livre et je me suis dit que quelqu’un d’autre  que moi, et pas n’importe qui ! avait eu la même idée au sujet de la vie des mots. Il ne parle des mêmes mots que moi, mais je m’y retrouve.

L’effet salutaire du remerciement. Il se trouve, par ailleurs, que notre cerveau réagit à nos pensées et à nos ressentis. Il est l’autoroute de cela. C’est ainsi que lorsque quelqu’un rend service à une personne et que celle-ci répond « de rien », son cerveau enregistre qu’il n’a rien fait. Celui qui s’exprime ainsi veut dire que son acte ne lui a pas coûté grand-chose, mais voilà, le cerveau ne reconnaît que « rien », l’information que la personne a reçue au moment où il a appris ce mot, c’est que rien est justement rien ; donc, il ne se passera rien dans son cerveau. Alors que, alors que si la personne dit « je vous en prie, avec plaisir, je suis contente de vous avoir rendu service », une sorte de joie fait que le cerveau émet de la dopamine, hormone qui est liée à la joie, à un meilleur état d’esprit et de santé. Et, ici, on peut très bien reprendre le proverbe et titre d’une ancienne émission de la télévision suisse romande, car il tombe à pic « À bon entendeur, salut ! » (au sens de salut du corps).

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