Eva Lothar – méthode Bates pour les yeux. Rencontre particulière 24. (en cours)

La vie d’Eva est comme sa vue : tout le temps en mouvement !

Je prévois d’aller à Paris et me demande si je peux voir Eva. Je lui téléphone, mais, non, elle est absente. Bon, je ne lui téléphone ni tous les jours ni tous les mois, mais à chaque fois que je l’ai fait, j’ai dû attendre qu’elle retourne à Paris. C’est pourquoi, je dis qu’elle est toujours en mouvement. Ceux qui la connaissent savent qu’elle partage sa vie entre la France et les États- Unis. Ça, c’est le côté géographie, mais attendez la fin de l’article pour voir que ce n’est pas que physiquement qu’elle bouge !

Est-ce que c’est important de bouger ? Vous aurez deux réponses, celle d’Eva et la mienne et au fond, elles se rejoignent.

Je vais chez Eva. Cela faisait quelques années qu’on s’était rencontrées pour la première fois. Elle m’avait donné un premier cours sur la vue et environ deux ans après, le second. Je m’intéressais à la méthode Bates parce que j’avais des participants à mes cours qui avaient des problèmes de vue. J’ai écrit un article sur le sujet ici. Il n’est pas inutile de rappeler que savoir une chose c’est une chose et la faire sienne, l’appliquer c’en est une autre ! Il s’agit de vraiment changer de façon de voir les choses.

Les informations. On le sait, le monde est fait de particules et les particules sont de l’information. Eva m’a transmis des informations que je mets en pratique bien souvent, sauf quand je me fais avoir comme une débutante en fixant des choses ou en laissant ma pensée s’envoler sans y prêter gare. Je veux dire que le regard reste fixe alors que les images valsent dans ma tête. Alors, les informations d’Eva m’accompagnent bien souvent. Je constate que lorsque je cherche une information pour quelqu’un d’autre, elle finit par me rendre service ! Nous sommes un puzzle fait d’informations de toutes sortes : génétiques, sociales, professionnelles, d’affinités et de tout ce qui croise notre vie. Je suis contente quand je peux mettre un nom sur certaines informations, comme celles en provenance d’Eva. Quand je la remercie, je remercie forcément Bates et tous les patients qui lui ont permis de construire sa méthode, tous ceux qui l’ont formé, et cela me fait remonter à la nuit des temps. C’est un vortex temporel. J’adore cela ; j’ai la sensation de vivre l’expression « nous sommes tous reliés ».

Lors de la visite. Nous parlons de choses et d’autres. Je n’ai pas un ordre précis et les choses se lient les unes aux autres. Cette fois-ci, les temps qui courent étant particuliers, nous parlons de la marche du monde, de la façon dont les informations sont transmises et de celle dont les gens les appliquent. Je me rends compte que nous avons une même façon de penser : nous devons prendre de la distance avec les choses et voir ce qui est en notre pouvoir pour faire ou ne pas faire telle chose. Les cellules de mon être se laissent aller comme si elles occupaient chacune un fauteuil bien large. Je suis à l’aise ! Voici quelques sujets :

  • Vous dansez toujours ? Oui, mais mon école de danse prend d’autres chemins. Je n’ai pas d’atomes crochus avec les enfants ni les adolescents de la nouvelle génération qui zappe, qui n’a pas le sens du long terme, qui n’a pas les mêmes normes d’éducation ou de savoir-vivre que moi. Je n’y arrive pas. C’est un autre monde. Je ne peux pas me forcer à faire quelque chose parce que j’ai besoin d’argent. C’est contre ma nature. Aussi, ai-je créé pour le service des Sports de la ville de Neuchâtel, où j’habite, des cours pour des adultes qui désirent apprendre quelque chose d’utile pour leur corps, pour eux. Cela les rend indépendants et ne sont pas obligés de suivre pendant des années des cours ou des manipulations physiques faites par d’autres. De plus, j’ai repris mes spectacles toute seule. Au début de ma carrière artistique dans ce domaine (j’en ai aussi d’autres), j’ai présenté des spectacle de danse seule, puis, j’ai eu mon école et ai composé des danses pour les élèves en tenant compte de leur personnalité. Ce qui est curieux c’est que maintenant que je reprends certaines danses, c’est comme si je les avais déjà faites pour moi. C’est presque le même phénomène ou chemin emprunté par les informations que je cherche pour les autres. Curieux… J’ai ajouté un côté théâtre. Mes spectacles sont de la danse-théâtre, il y a de l’interaction avec le public et mes spectacles sont intimistes.
  • Vous voulez boire ou prendre quelque chose ? Je ne peux boire que de l’eau et ne mange rien aujourd’hui. Je jeûne tous les vendredis depuis le mois de novembre.
  • Ah ? Le jour est tombé par hasard. En fait, j’ai rencontré Jade Allègre.
  • Jade Allègre ? Vous la connaissez ? Un sacré personnage ! Oui, je suis tombée sur elle alors qu’elle parlait dans une vidéo du rôle de l’argile en période de pandémie. J’ai eu une conversation avec elle et m’a dit qu’elle allait venir en Suisse donner un cours. J’y suis allée et puis elle est venue passer deux jours chez moi. La première conversation a eu lieu en novembre et là j’ai appris que l’on pouvait nettoyer les articulations par le jeûne. Celui-ci a deux versions : trois jours d’affilée par mois ou un jour par semaine. J’ai pensé que j’allais, avec un peu d’effort, survivre à un jour, je n’arrivais pas à en imaginer trois… Cela me va très bien, j’ai perdu du poids, je me sens bien et je mange moins. Elle m’a aussi conseillé de manger lentement. Ce conseil, je l’avais déjà reçu il y a passablement de temps, mais entre avoir compris les mots et les laisser envahir le terrain, devenir miens… c’est comme avec les exercices pour la vue… Alors, volontiers un verre d’eau.
  • J’ai toujours une carafe avec de l’eau. Ah, c’est toujours celle qui a des formes qui se transmettent à l’eau… (Je l’avais déjà vue lors de mes autres visite).
  • Oui.

Là, je ne sais plus comment les choses se sont liées mais tout à coup, comme on parle des qualités de l’eau, je mentionne Jacques Collin.

  • Jacques Collin ? J’ai lu son livre sur l’eau L’Eau-delà de l’eau – De l’autre côté du miroir de l’eau. Je l’ai corrigé et apporté à l’éditeur, Guy Trédaniel.
  • Ah ? moi aussi ! Vous souvenez-vous à quelle époque ?
  • Oh ! Il y a des années. Je pense que ce doit être la première édition. Il y en a quatre, j’ai eu affaire à la quatrième. Mais, effectivement, dans la première il y avait beaucoup de coquilles.

Je racourcis. Je raconte à Eva que Jacques m’a donné la permission de citer des extraits de ses livres dans mes articles. C’est fabuleux de savoir que je désire rencontrer Eva, que j’attends que le destin se montre favorable pour cela et que nous nous découvrions la même tendance à corriger les textes que nous lisons, le même intérêt tant pour Jade, pour Jacques et la même vision de divers événements de notre société. J’ai l’impression d’être dans une pièce de théâtre où je lis un script. On le sait, la vie dépasse la fiction.

L’orthographe, le langage, les manières. Tout cela se perd. Eva est d’accord avec moi. Elle dit que ce n’est pas parce que quelqu’un exerce une activité qu’il peut la transcrire correctement. Auparavant, lui dis-je, je lisais un mot que je ne connaissais pas et je pouvais être sûre que la graphie était la bonne.

Je fais une parenthèse que je dois à Chambaron, nom de plume : on devrait parler d’orthographie et pas d’orthographe. Pourquoi ?

  • c’est une des incohérences de l’Académie à ses débuts (xviie siècle) ; elle a dérogé aux règles mêmes qu’elle tentait de mettre en place : ainsi typographie (écriture avec des ‘types’, imprimerie), sténographie (écriture rapide), calligraphie, (écriture enjolivée), etc. ;
  • quand cela a été le tour d‘orthographie (écriture correcte), l’Académie n’a pas voulu froisser les architectes de la Renaissance qui avaient déjà utilisé ce mot pour qualifier la représentation d’un volume sur une surface plane (un bâtiment sur un plan, à la verticale, orthogonalement). Elle a retenu orthographe pour l’écriture des mots, sans plus chercher ;
  • or, les mots en -graphe désignent l’artisan (comme un typographe) ou l’objet (comme un sismographe) qui pratique la -graphie ;
  • ce qui est répréhensible est de ne pas avoir modifié cela par la suite, le terme d’architecture étant dix mille fois moins courant… (et de plus, me dis-je, ce n’était pas le bon mot non plus. Il faudra que je demande à un latiniste comment il aurait fallu le dire).

En y pensant, c’est vrai que les gens disent « il a bonne orthographe », « il a mauvaise orthographe » ce qui voudrait dire : bien correctement écrit, et, mal correctement écrit. Cela n’a pas de sens. Chambaron, sur Twitter, où il est passablement suivi, a réussi à faire comprendre de quoi il en retourne et les twitteurs le suivent. On ne peut que le féliciter !

En conclusion, on devrait dire : « quelqu’un ne respecte pas l’orthographie » (celle qui est normée, plus ou moins bien) ou « fait des erreurs de graphie ». Il faudra du temps pour imposer cela. On pourrait aussi dire que l’orthographie de tel mot est celle-ci ou que la graphie utilisée n’est pas la bonne ou est la bonne. Chambaron précise encore : « Ne pas écrire correctement » est trop flou puisque cela peut concerner l’écriture manuscrite (illisible), la syntaxe (bancale) ou le style (pour un mauvais auteur).

L’Académie française donne raison à Chambaron, puisque sa définition de graphie se lit : « xviiie siècle, comme élément de composition, au sens de ‘description’. Dérivé savant du grec graphein, ‘écrire’. Représentation d’un son, d’un mot, par des caractères d’écriture et conformément à certaines règles. Graphie correcte, fautive. Graphie archaïque. Graphie étymologique. Graphie phonétique. ‘Tens’, ‘tans’, ‘tems’ sont d’anciennes graphies du mot ‘temps’. Moderniser une graphie. »

Eva, tête de classe, et son professeur de français, madame Maugean. J’aime les gens qui se rappellent ceux qui leur ont transmis des savoirs, des valeurs. C’est le cas d’Eva qui raconte que ce professeur de l’école primaire avait joué un rôle important dans sa formation. Elle me dit qu’il y avait des rangées de pupitres et qu’en général, les élèves les plus faibles s’asseyent derrière. Alors, son professeur avait demandé à ses élèves de se mettre par groupes de colonne. Cela avait fait trois groupes de huit élèves ; ils étaient chargés d’étudier la même question et forcément ils étaient en compétition. C’était très intéressant, ajoute-t-elle, parce que cela créait une émulation et les élèves le moins actives en classe s’impliquaient aussi. Tout le monde sortait gagnant. J’ai de l’admiration pour ce professeur si perspicace et dis à Eva que l’esprit de cette dernière doit être content de se voir ainsi rappelé. Eva me dit encore qu’une ancienne élève de sa classe avait pris contact avec elle pour qu’elles aillent rendre visite à leur professeur fort âgé. Elles ont frappé à sa porte et lorsque le professeur a vu Eva, elle s’est instantanément rappelé « la petite élève, tête de classe, que j’avais été ; toujours vêtue de jolies robes créées par ma mère ». J’apprends qu’Eva a été tête de classe à la petite école. Ce n’est pas étonnant, elle l’est toujours.

Eva me montre le dernier livre publié par son association sous sa direction :

Je conseille ce livre à tout le monde ! Tout y est pour conserver et / ou récupérer la vue.
Cette dédicace est une vue panoramique de ma vie par Eva. Je suis touchée, j’ai l’impression de voir ma vie dans son ensemble et c’est aussi, au sens figuré, un exemple de la vue que l’on doit avoir lorsqu’on regarde son chemin.

On parle de la vue. Eva rencontre des gens qui sont gênés parce que la vue périphérique est floue. Ce n’est pas mon cas. Lorsque je marche en ville, le fait d’avancer et de voir défiler le paysage périphérique me donne une joie profonde. Je ne peux expliquer la chose, c’est comme si j’avançais dans le temps et dans l’espace. Là, c’est une des rares notions de physique de notre ami Einstein que je comprenne réellement. C’est presque enivrant, c’est même enivrant.

Je passe plus de temps qu’auparavant à l’ordinateur et ne pense pas à reposer ma vue… C’est pourtant simple, dit Eva. On regarde au loin, on utilise le pinceau, on respire. Elle a tout à fait raison. Il suffit d’y penser, il suffit… et pourtant… J’en reviens au livre sur la vue. Je l’ouvre au hasard. Vous le savez, il n’y a pas de hasard. Je tombe sur le passage dédié à la lecture. Je pratique le pinceau lors de mes promenades ou dans la danse de l’éléphant, mais dans la lecture… c’est pourtant si reposant. Bon, j’ai du pain, non, de la vue devant moi !

  • La vision élargie permet d’avoir un angle plus ouvert sur les questions de la vie.

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