Les choses parlent…

Ceci n’est pas vraiment un conte, mais il y a bien des éléments qui font partie des contes.

La façon dont nous voyons le monde est curieuse. Après avoir suivi le cours « Le dédoublement du temps et de l’espace » de Jean-Pierre Garnier Malet, je me dis que l’on voit ce que l’on veut… Quand même, il y a des choses étonnantes.

J’ai souvent dit aux petits élèves de mon école de danse que les chaussures laissées un peu n’importe comment pleurent. Elles pleurent parce qu’elles nous rendent bien des services (nous empêchent de nous salir, de nous blesser, nous facilitent la marche, etc.) et qu’on ne s’en rend pas compte et on ne les traite pas bien. Il est arrivé qu’une élève me dise – ce que certainement d’autres ont pensé sans oser le dire – que les chaussures n’avaient pas de bouche pour parler. J’ai alors mis la main à l’oreille et dit : Tu n’entends pas ? C’est parce que tu ne sais pas entendre, mais tes chaussures aujourd’hui t’ont aidée et je lui ai décrit tout le travail accompli ainsi que la peine éprouvée parce que leur petite propriétaire ne se rendait compte de rien. Cela a marché et mon élève a ensuite mis ses chaussures l’une à côté de l’autre. J’ai aussi précisé que cela se passait ainsi dans mon école de danse mais qu’à la maison, on pouvait appliquer d’autres façons de voir…

De façon générale, je me dis que si j’étais la chose, je n’aimerais pas être jetée, lancée, ignorée. J’aime donner une place à chaque chose et si possible bien la traiter, la mettre en évidence. Pas seulement les choses, les plantes aussi. Et là, il m’est arrivé une drôle de chose une fois. Je me trouvais dans l’ancien appartement et je devais déménager. J’ai alors dit à tous mes amis que j’étais ennuyée, que je devais déménager et qu’il me faudrait un appartement où je pourrais mettre mes canaris (en volière intérieure et extérieure !). Je n’arrêtais pas de parler du nouvel appartement qui devait avoir une place pour mes canaris. À un moment donné, je vais sur mon balcon et remarque que toutes mes plantes avaient la tête en bas… J’ai senti qu’elles me disaient à ce moment -là : On n’a donc pas de place dans ta vie ? Je les ai vite consolées et corrigé mon discours. Elles ont retrouvé leur tenue !

Lorsque je n’ai plus besoin d’une chose, je la remercie, la mets au recyclage ou la donne à une personne qui en aura soin.

Le magasin « Bouton d’Or, à Neuchâtel, va fermer fin mai. En parlant avec Ingrid Gueniat, la propriétaire du magasin, de la fin de son magasin (lien pour connaître les raisons de la fermeture), elle me dit que bizarrement, elle a des choses qui « lâchent », une ampoule ici, deux là-bas, une autre chose ici, la première chose ayant été sa caisse enregistreuse. Ingrid a pensé à remplacer le ruban encreur et a voulu en commander un nouveau. Cela a mis des mois et des mois pour enfin s’entendre dire que ce genre de machines était ancien et qu’on ne trouvait plus de rubans. Les tickets portent le jour et le mois, mais pas l’année… C’est comme si la machine se disait hors du temps. Même l’horloge s’est arrêtée une heure pour recommencer ensuite. C’est comme si toutes ces choses se disaient, bon on sait qu’on ne va pas durer ici, on commence à prendre du repos !

Horloge Boton d'Or.3
L’horloge devrait marquer 11 h 21…

Et à propos des plantes, Ingrid a eu une expérience similaire à la mienne. Une de ses plantes est liée à une personne qu’elle aime bien. La vie a fait en sorte que la relation change et la plante a décidé de s’en aller aussi. Mais, elle ne connaissait pas suffisamment Ingrid qui s’est dit qu’elle allait récupérer sa plante, que la relation avec la personne pourrait reprendre ; après des essais infructueux, et sans grand espoir, Ingrid a planté de tous petits bouts en terre… qui ont bien repris. Elle remercie sa plante !

Ah, l’histoire de l’horloge d’Ingrid n’est pas finie ! Après notre conversation, Ingrid se dit qu’elle a besoin de voir l’heure et que l’horloge va fonctionner. Elle lui met une pile neuve, neuve de chez neuve! la met à l’heure et la voit qui repart.  Tout va bien, se dit-elle. C’était un vendredi matin. Le lendemain Ingrid arrive au magasin vers 09 h et voit son horloge comme ceci :

Horloge Bouton d'Or.5

Ingrid se met à rigoler et dit « d’accord, le temps est révolu et les choses parlent ! » En effet, l’horloge s’est arrêtée.

Mais encore : l’artisane, madame Nicole Mouche, qui a vendu l’horloge à Ingrid est passée à la boutique et forcément il a été question de l’horloge. Ingrid se disait que quand même, s’il était vrai qu’une période finissait, eh bien, une autre allait commencer, peut-être même que l’écheveau était déjà un peu déroulé… et que les choses allaient s’enchaîner ; alors, finalement elle demande à madame Mouche de la réparer. C’est chose faite. En fin de compte, tant l’horloge qu’Ingrid ont eu raison : le moteur de l’hologe était mort, il avait fait son temps, son aventure de machine du temps était finie, l’horloge avait raison ; mais avec un moteur tout neuf, l’horloge fonctionne à nouveau et Ingrid l’emporte puisque la trame de la vie est toujours là !

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