Je pourrais aussi intituler cet article « disparition du commerce indépendant » ou « les racines d’une ville qui s’en vont ».
L’autre jour, en discutant du sujet avec une très bonne journaliste, je parlais de ce qui me rattachait à Neuchâtel, de mes racines. L’une d’elles est composée par les commerces du centre-ville. Habitant au coeur de Neuchâtel, ces magasins ont constitué mon environnement local, mes repères spatiaux, pendant très longtemps.
C’est dans les années 1990 que des magasins faisant partie du paysage neuchâtelois ont commencé à disaparaître. J’en parle dans « Rôle du commerce au centre-ville ».
Le phénomène de la disparition des commerces indépendants continue à Neuchâtel. Le magasin « Bouton d’Or », qui avait été fondé en 1930 et tenu par Madame Christen, repris par son employée, Madame Lunke, et finalement il y a une dizaine d’années par Ingrid Gueniat, va aussi disparaître. Ce sera fait fin mai 2019. C’est le sens même du mot « commerce indépendant » qui perd sons sens. Quel gâchis ! Nous voyons de plus en plus apparaître des chaînes de magasins à la place des petits magasins et leurs gérants ne font pas partie de la vie locale.
Madame Gueniat est une commerçante avisée, elle voit bien que les consommateurs vont dans des endroits où l’on paie moins cher, notamment sur Internet. Elle me dit que les merceries ferment les unes après les autres ; elle-même a dû faire face à la faillite de quatre fournisseurs ces dernières années et c’est un vrai casse-tête que d’en trouver des nouveaux.
Le bail de dix ans pour le local arrive à son terme et forte des constations qu’elle fait, mais aimant toujours son commerce, Madame Gueniat demande à sa gérance si étant donné qu’elle a toujours payé son loyer sans retard, qu’elle a embelli le local, que son commerce marche quand même assez bien, si le nouveau bail ne pourrait être signé pour une année avec un pré-avis de six mois. Cela lui aurait permis de voir comment la situation évolue et aurait garanti un loyer pendant une année et demie à ladite gérance. Cette dernière n’a pas voulu entrer en matière, car ce n’est pas dans son règlement.
Je me demande si les gérances ne devraient pas revoir leur position. On demande à tout le monde de se montrer souple, de s’adapter… D’autant plus, renseignements pris, que pas toutes les gérances pratiquent des baux de dix ans pour les commerces. Ce n’est pas une règle immuable. Dommage et regrettable !

Quelle sera la suite d’Ingrid Gueniat ? Elle est une femme pleine de ressources et elle va continuer son activité chez elle, en privé. On la félicite pour sa résilience !
Il est clair qu’on ne peut pas tout dire dans un article comme celui-ci, mais, j’ai toujours admiré les vitrines arrangées par Ingrid. Elles avaient un air particulier, soigné, inventif. J’ai aussi aimé son écriture. Je n’ai jamais pensé qu’il faudrait que je prenne des photos pour le cas où… et je le regrette. Aujourd’hui, j’en ai pris une à travers la vitre. Ce qui est curieux c’est qu’elle est représentative de la suite de son aventure sur cette Terre.

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