Au Pêcheur – fin d’un commerce.

Ce n’est pas seulement un commerce, un simple commerce qui ferme, c’est le plus ancien magasin de pêche de Suisse qui s’en va. Il met un terme à ses activités tout comme une série dautres établissements commerciaux qui viennent de fermer leurs portes à Neuchâtel, C’est triste. Ma ville se désagrège, se dissout…

Dès que j’ai su la mauvaise nouvelle, je suis allée voir le patron, Denis Demange, pour lui dire que je désirais être à ses côtés et lui donner un coup de main ; je lui ai dit que je voulais représenter le Neuchâtel d’autrefois, celui où les valeurs d’autrefois prévalaient, qu’il fallait toujours garder la tête haute quoi qu’il arrive dans la vie et que nous allions fêter la chose avec une bouteille de Mauler rosé. Une fois ma tirade finie, je me suis dit qu’il avait le droit de penser différemment, mais, j’ai eu de la chance, il m’a dit que c’est bien ainsi qu‘il agissait et que ce serait avec plaisir avec, cependant, une condition : il fallait se tutoyer. Comme c’est joli !

La fin mais aussi le début. On le sait, chaque chose a une naissance, un développement, une fin et la fin engendre un nouveau cycle. C’est le cycle d’engendrement dont parlent les Chinois. Le fait de savoir que le cycle existe apporte-t-il une consolation, une certitude que les choses vont s’arranger ? En tous les cas, Denis me dit qu’il y a eu quelques étapes un peu compliquées mais qui ont trouvé des solutions et il a fêté chaque solution. On est du même monde et c’est magnifique. On voit sur la photo que la bouteille de Mauler repose sur une nappe à l’image de Paris. Je lui dis que pour moi Paris n’est jamais loin lorsque je fête quelque chose et il me dit qu’il aime aussi cette ville.

Mars 2021, c’est à ce moment-là que j’ai écrit mon premier article sur lui. Je n’ai pas pensé que j’allais vivre la fin du magasin.

Les raisons ? Il y a tout une chaîne de causes : la covid, une crue du lac qui l’a rendu impossible à la navigation, puis pas assez d’eau, encore une bactérie et une politique qui supprime les places de parc en ville. Cela fait des années que la tendance a commencé et que des amis me disent qu’ils ne viennent plus à Neuchâtel parce qu’il est très difficile de se parquer. Maintenant, on vient de supprimer les places de parc près de la gare ; à croire que seuls les jeunes en short et sac à dos voyagent. J’exagère… Cet article, ni aucun des miens d’ailleurs, n’est pas le lieu d’une polémique, je ne fais que dire ce que tant de personnes constatent : ma ville se désagrège, se dissout, le paysage commercial disparaît. À cela s’ajoute le fait que les grands centres commerciaux et Internet vendent des articles à bas prix et que souvent le personnel a une connaissance très limitée des articles qu’il vend. Au début des années 2000, l’opticien Luther me disait : « Les gens viennent se renseigner chez moi, se faire faire des examens et ensuite vont acheter dans la filiale de la chaîne X (pas besoin de leur faire de la réclame ici !). Ils ne viennent acheter que dans des cas difficiles. » Denis me dit que tout dernièrement deux clients, et ce ne sont pas les seuls, sont allés chez lui avec deux cannes à pêche achetées dans un de ces centres et lui ont demandé de la leur monter. Ils lui ont aussi expliqué que puisque c’était leur premier achat, ils ne voulaient pas trop dépenser. Denis leur a demandé leur profession. : « Ingénieurs chez Y » fut la réponse. Il n’y a rien à ajouter mais la tristesse m’envahit en l’entendant m’égrener les raisons de la fermeture de son magasin. Je lui ai demandé si son service de monteur de cannes à pêche avait été payé : « Non, je suis un passionné ! » Là non plus il n’y a rien à ajouter.

À propos de la filiale de la chaîne X, Denis me dit qu’en Suisse allemande la chaîne ne marche pas parce que les gens tiennent à leurs magasins locaux. J’admire !

Denis me raconte : « Dans mon magasin il y avait des personnes seules qui venaient non seulement pour acheter, mais aussi pour se confier. Je me demande ce qu’elles vont devenir ». Je dois dire que c’est une sorte de révélation pour moi. Je n’ai pas pensé qu’un commerce comme le sien s’y prêtait. J’en prends pour mon grade. J’ai eu ce genre de relation avec les commerçants d’il y a quelques années. Aujourd’hui, je les compte sur les doigts d’une main. Une relation entre le commerçant et le client est aussi empreinte d’amitié, de compréhension, on se rend aussi des services non monétaires . Les commerçants locaux sont remplacés par des filiales de gros commerces. C’est une partie de l’âme de la ville qui s’en va.

Pour le moment me voilà apprentie en inventaire d’articles de pêche, de nettoyage et de démontage de meubles ! J’aime l’apprentissage de toute sorte de métiers et, surtout, j’aime rendre service. Cette fois, je suis bien tombée, Denis est un patron en or : il a quelque chose en commun avec feus MM. Schneitter, le droguiste, et Vautravers, commerçant en articles ménagers : un certain sens de l’humour mais aussi le respect des articles mis en vente. J’avais déjà remarqué un sens très prononcé de l’ordre, du classement chez Denis. Cela se vérifie en cette fin de vie commerciale. Le plaisir que j’ai de l’accompagner en cette période est en plus enrichi à bien des égards : voir une personne mettre fin, par obligation, à une activité qui date de 1882, de façon élégante est une belle leçon. Denis a le sens du devoir, il aime et respecte ce qu’il fait, il est même méticuleux. Il me rend meilleure et c’est un délice. Je parle d’apprentissage non seulement parce que c’est mon sentiment, mais aussi parce qu’à un moment donné, je devais aller dans mon studio de danse chercher les flûtes à champagne et juste avant de fermer la porte, il me dit : « Tu as les clefs ? ». C’est bien le patron qui parle à l’apprentie !

Apprentissage chez Denis. On a commencé par prendre les différents articles, les cataloguer et les photographier. Puis, on a simplifié et on a fait des cartons spécifiques. Je peux dire que j’ai vu l’ordre régner à toutes les étapes. Fascinant !

Son père. J’aime ma ville et ceux qui l’ont construite. Le père de Denis, Christian Demange, en fait partie ; cela fait que j’ai une affection particulière pour lui. Je le dis souvent, nous ne sommes rien sans les autres, et surtout sans les précédents. Alors, la fin de l’enseigne doit marquer Denis. Il me dit que c’est le cas et qu’à un moment donné, il est allé parler à son père sur sa tombe. La semaine qui a suivi lui a apporté les solutions pour son magasin. Je trouve cela magnifique et suis traversée par une onde vibratoire au moment où il me le dit. On trinque à la santé de son père ! Lorsque Denis prend un objet qu’il ne va plus vendre pour le mettre dans la caisse qui sera débarrassée, il m’arrive bien souvent de reprendre l’objet et de dire « Mmmm ! cela peut servir ». et Denis de commenter : « J’ai l’impression d’entendre mon père ! »

« Cela peut servir » était donc l’une des phrases de M. Christian Demange. C’est aussi la mienne. Elle est plus fréquente chez ceux qui ont vécu la guerre ou qui ont vécu dans des pays où il n’y a pas tout. C’est ainsi que je récupère un certain nombre de choses chez Denis. « Tu vas faire quoi avec ? » me demande-t-il. Je n’ai pas toujours une réponse claire, parfois je trouve l’objet beau, parfois c’est pour compléter ce que j’ai, parfois j’ai l’impression que l’objet me dit de le prendre ; alors, je prends. Denis me dit : « Tu vas avoir tout mon magasin chez toi ! » Il exagère, bien sûr.

Attitude remarquable. Il a trouvé un repreneur qui lui dit qu’il peut vider le magasin de la marchandise et de ne pas s’occuper du reste ; puis, il se ravise et lui dit que ce serait bien d’enlever encore ceci et encore plus tard qu’il vaudrait mieux ne rien laisser. Denis avait déjà fait son plan de travail. Mais, il est un gentleman. Il aurait pu dire que l’accord avait été conclu d’une certaine façon. Il n’a rien dit, il s’est exécuté et j’ai trouvé cette attitude remarquable. Chapeau !

Dernier jour ouvrable de la semaine. Les circonstances de la vie on fait que je n’ai pu « aller au travail » que de 15 h à 16 h. Denis avait un rendez-vous après. Il avait préparé mes taches. C’était du nettoyage. Il avait tout calculé et j’arrive à faire ce qu’il fallait. Au moment de partir, le ciel envoie une belle averse. « 

  • Tu sais pourquoi il pleut ? demandé-je à Denis. C’est que le ciel a vu que je n’ai pas eu le temps d’arroser les plantes de mon balcon et s’est dit qu’il allait me donner un coup de main.
  • Tu as un parapluie ?
  • Non, j’ai toujours des paquets et ne saurais où le mettre.
  • Tu ne vas pas partir ainsi. Tiens ! il reste une veste de pêcheur. C’est juste ta taille.
    • Je ne l’avais pas vue et même jamais pensé en porter une fois. Je lui dis qu’il pourrait la vendre. Il m’écoute, regarde par la vitrine et me tend la veste.

Découverte dans le démontage. Je trouve des traces de l’écriture de son père et peut-être des anciens propriétaires sur des étiquettes et les meubles. Je suis touchée. Je trouve même une annonce « Maidenform » collée à un arrière panneau. C’est la marque des soutien-gorge que ma mère a portés bien des années plus tard. Mon Dieu, que cela fait remonter des souvenirs ! Je dis à Denis qu’elle doit dater des années 1930, au moment où la boutique vendait des habits aussi (cf. l’autre article sur le magasin). Je me dis qu’il y a une porte temporelle que je pourrais ouvrir pour revivre ce temps qui me semble tout proche.

Le dernier ticket de caisse : c’est le mien ! Un ou deux jours avant que Denis ne ferme son magasin, je lui ai dit que je désirais acheter un couteau (inutile de lui dire « un bon couteau » parce qu’il ne vend que de la bonne marchandise) et que je lui demandais que ce soit sa dernière vente. Il s’est exécuté. Voici les deux objets.

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C’est donc le dernier ticket de la lignée qui a commencé en 1882. Je me sens liée à l’histoire. Il a été imprimé le 29.04.2023 à 16 h 15, le prix est en francs suisses et en euros. Le verso du ticket indique combien Denis est soucieux de son environnement.

Dernier article vendu. J’ai donc demandé à Denis de me choisir un couteau. Il me choisit un Opinel. J’ai de la chance, Opinel est une excellente marque française. L’entreprise fait ses premiers pas en 1800, Joseph Opinel invente son premier couteau en 1927 et la firme a une reconnaissance mondiale. Je suis, je l’ai déjà dit, dans l’histoire. De plus, je suis très sensible au français et viens d’apprendre que Larousse a inclus dans son dictionnaire opinel, en même temps que bic, frigidaire et solex. Larousse va parfois trop vite dans certaines acceptions, mais là, il s’agit d’une reconnaissance historique.

Inventaire et démontage en images :

En réalité… j’ai reçu trois fois cette quantité. J’ai aussi reçu des sortes de perles que je vais partager avec les filles de mes amies. Inutile de dire que je suis de toutes les générations !

Denis me dit que c’est la date de naissance de son père.

Ordre et élégance chez Denis. Denis a enlevé les tiroirs des meubles, les a rangés dans sa vitrine afin de faciliter le travail de la personne qui les avait achetés. Plusieurs choses dans cette photo : de l’ordre, du respect pour les meubles, et de l’élégance parce qu’il se met à la place des personnes qui vont charger les meubles et leur allège la charge. C’est le portrait de Denis. Je répète : toutes les étapes ont été sous le règne de l’ordre et de la propreté. Cela a été comme une danse.

Chaque tiroir numéroté. Tout est parfait, mais au moment du déménagement des meubles, on n’a pas le temps de chercher lequel va où et Denis dit que tous les tiroirs vont partout. C’est réellement le cas. Je me dis qu’avec les meubles actuels… Vous avez raison, dit l’acheteur, on ne peut même pas le bouger de la place où on les a montés. Une nouvelle fois je suis émerveillée par le travail fait. Ces meubles ont servi des années et des années et sont toujours en bon état.

« Bonne nouvelle vie ! » a été la phrase de Denis aux meubles en les touchant au moment où la remorque s’en allait avec eux. C’est tout simplement beau.

Ce que l’aventure m’a apporté. Je me dis que je ne m’étais pas trompée en écrivant le premier article sur le personnage et le fait de le connaître mieux me fait l’admirer pour son attitude si élégante face à des inconvénients. J’aime aussi l’ordre, les choses mises en évidence, les beaux rangements, mais de voir travailler Denis me fait aller plus loin. Je ne saurais l’expliciter, je le vis. Je lui suis reconnaissante de m’avoir permis de vivre cette fin de vie commerciale et historique. C’est un fait pour moi. On a aussi bien rigolé parce que, comme déjà aussi dit, il a un certain sens de l’humour. J’ai appris à mieux manier certains outils, j’ai pu apporter une fois ou l’autre mon concours et une fois ou l’autre ses observations m’ont bien nourrie. Cela fait maintenant partie de moi. J’ai grandi et me sens meilleure. À un moment donné, il m’a confié une tâche en me disant qu’il avait bien pensé que j’allais aimer la faire. C’est vrai, j’aime le travail manuel. C’était à la fin du sixième jour de travail :

  • Demain, il ne restera que quelques affaires à liquider et à trouver quelle clef va dans quelle porte.
  • Magnifique, ce sera la danse des clefs !
  • Toi, tu aimes tout faire !
  • Oui, pour entrer en communication avec quelqu’un, il faut avoir la bonne clef, c’est comme une porte. Tout n’est que symbole dans cette vie…
    • Et on a ri avec l’âme parce que la vie peut être tellement simple !

Célébrations variées. Comme je le dis au début de cet article, il faut toujours garder la tête haute et fêter les choses. Alors, le premier jour de travail commun, nous l’avons fêté avec du Mauler rosé, le deuxième avec un autre genre de rosé, du jus de d’oranges rosées, le troisième avec des gâteaux d’une amie qui partait au ciel, le quatrième avec l’amitié tout court parce que c’est mon jour de jeûne, le cinquième avec du silence afin de ne pas déranger les voisins avec le chargement de la remorque qui emportait les meubles, le sixième avec un sentiment d’exaltation parce que l’on avait accompli un très grand travail, chose qui à un certain moment était apparue impossible et septième et dernier jour avec le sentiment du devoir accompli (ne pas oublier que Denis a fait plus qu’il n’avait été convenu, mais lui se dit qu’il a ainsi le sentiment d’avoir achevé son travail) et, bien sûr, du Mauler rosé. On le voit le cycle se termine comme il avait commencé et c’est signe du départ d’un nouveau cycle.

Voilà la table improvisée sur la vitrine où le Mauler rosé règne sur un fond parisien.

Ouverture du Mauler. Normalement, j’ouvre les bouteilles. Le premier jour, je n’ai pas réussi. C’est bien la première fois et j’ai dû céder la chose à Denis. Cette fois-ci, je me dis que je dois réussir. Cela prend du temps et il dit :

  • Faut pas avoir soif !
    • Dieu sait la tête que je fais, et il ajoute :
  • Faut pas être dans le désert !
    • Je n’en ai cure, réussis à ouvrir la bouteille et là on éclate de rire. C’est cela passer du temps avec lui.

Le fait de participer à toute cette aventure me fait me sentir partie prenante de l’histoire et sens une nouvelle racine pousser pour aller rejoindre l’année où le magasin a été créé. Je la laisse aller plus loin, volontairement, parce que ceux qui étaient vivants en 1882 avaient leurs propres racines et qu’elles se lient aux miennes.

Solutions, c’est le mot de la fin. On rejoint le premier paragraphe, celui où Denis dit qu’il a fêté chaque solution qui lui est apparue. C’est magnifique. On ne peut que lui souhaiter bon vent !

Le plaisir. Bon, cette fois c’est le dernier mot et il se nomme « plaisir ». Le plaisir est un sentiment qui devrait nous accompagner tout le temps. Je le répète à tous mes élèves. À Denis, il n’y a pas besoin de le dire parce qu’il le dit lui-même : quand on a du plaisir, tout va tout seul. Comme il a souvent du plaisir, je l’imagine s’en aller dans la vie dans le bateau du plaisir.

Lien vers le site temporaire de Denis où vous pourrez acheter des articles pour la pêche : aupecheur.ch.

Liens vers des articles sur le commerce au centre-ville ou des personnalités de la ville :

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Spectacle.

Travaux publics par l’entreprise de construction Marti Arc Jura devant chez moi.

Disons tout de suite que devant chez moi c’est directement trois blocs d’appartements et donc bien des personnes qui sont concernées par les travaux.

J’écris cet article pour remercier les travailleurs avec lesquels j’ai échangé quelques mots très aimables et qui m’ont informée du but du travail. Il faut dire que la Commune nous avait envoyé un mot signifiant qu’il y aurait des travaux et présentant des excuses pour le bruit mais que personne dans la maison n’a compris la raison desdits travaux. Ce sont les travailleurs qui nous ont expliqué qu’un arrêt de bus allait être déplacé pour l’installer « droit sous nos fenêtres et balcons », pour parler neuchâtelois.

Lors de nos échanges de mots, j’ai dit aux travailleurs une chose que je répète souvent, à savoir que les politiciens devraient faire de la pratique dans les travaux du bâtiment parce que chaque chose doit être bien faite sous peine de voir déborder l’eau, craquer le sol, avoir des tuyaux qui ne se joignent pas, marcher de travers, avoir l’électricité qui n’arrive pas au dernier étage, etc. Je le dis parce qu’on voit des règlements qui bien souvent laissent à désirer.

Je désire aussi remercier M. Cardoso, travaillant sur le chantier, qui a résolu un problème de bruit inutile : une passerelle en métal était bancale et faisait un bruit très fort. J’ai pensé que les voisins avec des fenêtres de ce côté-là… devaient en déguster. Il a compris et m’a dit qu’il mettrait un taquet. Il l’a dit et il l’a fait. Je le remercie au nom des voisins qui bénéficieront de la tranquillité qu’il leur a offerte.

Les gens. La passerelle, on le sait, permet aux personnes de continuer leur chemin sans se salir, s’empêtrer dans des cailloux, avoir des incidents. Elle rend bien des services, mais, elle est provisoire et bouge. Aussi, à un certain moment, elle se décale et se trouve en partie dans le creux qu’elle doit combler. J’ai vu une maman se battre pour pouvoir continuer avec sa poussette. Je me dis qu’il faut remettre la passerelle à niveau et demande à un passant de m’aider. Il pose ses affaires par terre et me donne un coup de main. Quelque temps plus tard, je ressors et vois à nouveau la passerelle déplacée. Je demande à un monsieur qui passe avec sa copine s’il a de la force :

  • Heu… cela dépend…
  • C’est pour remettre à niveau cette passerelle.
  • Vous habitez ici ?
  • Ce n’est pas la question. Il y a des personnes avec des poussettes, d’autres sont âgées et ont de la difficulté à marcher, de plus pas tout le monde regarde par terre quand il marche…

La jeune femme n’a pas l’air très contente. Je me dirige vers la passerelle et commence à la lever sans succès. Alors, le monsieur m’aide et la passerelle retrouve sa bonne place. Je dis :

  • Vous avez rendu service à l’humanité !

Ils éclatent de rire et sont de bonne humeur. Je le sens et c’est normal ; chaque fois que l’on rend service, on est content.

Je reviens à M. Cardoso. Il confirme qu’il travaille pour l’entreprise Marti Arc Jura et me dit qu’elle est la deuxième plus grande entreprise de construction en Suisse ; elle compte 6’000 employés. Je n’en reviens pas ! 6’000 ? demandé-je. Oui, on est présents en Allemagne, Autriche, Islande, Norvège, Chili et Chine. C’est magnifique ! Je vais sur la Toile et lis que l’entreprise date de 1893 ! J’ai un faible pour l’histoire, pour ceux qui y participent.

Je profite pour remercier monsieur Wingeier, chef de l’équipe, qui m’a donné le nom d’une petite machine que je trouve jolie. Jolie ? Demandent deux travailleurs surpris. Oui, je la trouve jolie. C’est remarquable d’avoir pensé à faire une telle machine parce qu’autrefois c’étaient les travailleurs qui devaient faire l’aplatissement et tassement des matériaux sous l’asphalte ou couche de revêtement du trottoir. Voici la machine en question.

J’aurais bien voulu connaître celui qui le premier a conçu cette machine. Malgré le bruit très élevé qu’elle fait, je la trouve jolie.

Surprise ! Je sors assez tardivement de chez moi ; les travailleurs sont partis. La passerelle est à la bonne place avec son taquet. Alors, la surprise ? C’est qu’il y avait une seconde passerelle qui, à mon avis, faisait un bruit presque pas remarquable. Mais, je vois qu’elle aussi a été calée ; maintenant, elle est décorée de deux taquets. C’est magnifique ! Mon admiration pour le détail que les travailleurs accordent à leur chantier augmente.

Compliqué. J’ai voulu prendre une photo de l’équipe au complet, mais les travailleurs étaient sur deux chantiers en même temps et très pressés. J’ai fait au mieux.

Quand on a toujours une mot aimable et le sourire, je me dis que c’est le signe de ceux qui aiment leur métier. Cela me rend de bonne humeur !

L’autre personnage de la construction à Neuchâtel qui a soulevé mon admiration a été Gilbert Facchinetti. Ses travailleurs ont aussi été à l’écoute de quelques-unes de mes demandes.

Liens vers :

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Réparation et rangement = mettre de l’ordre en soi.6

Ici, plusieurs notions s’entremêlent : le soin pour un objet qui a des années à son compteur, la persévérance, le « kai zen » (en résumé – la notion japonaise qui veut dire « toujours améliorer »), le symbolisme, et le hasard, qui n’existe pas, qui prend, à Paris, des allures d’hôtel de la Poste et d’Ali Nasr.

Un sac acheté dans les années… je ne sais plus, mais, je vois encore l’endroit où il se trouvait et le signe qu’il m’a fait pour que je le prenne. C’était l’époque où l’on faisait des articles de bonne qualité, faits pour durer presque une vie. Le « presque » est arrivé il y a bien des années. Voici sa présentation :

Services rendus. J’ai utilisé le sac comme cartable, puis l’ai laissé reposer et, depuis que j’ai un ordinateur portable, il fait partie de ma vie de tous les jours, pour ainsi dire. Donc, le « presque toute une vie arrive » : tout d’abord, l’intérieur de la partie qui se rabat s’est effritée. J’ai commencé par me dire que c’était une évolution normale, un fait ; puis, un jour, au début des années 2000, qu’il m’est resté un bout d’un tissu noir brillant utilisé pour décorer une table pour un spectacle, je l’ai mis à mon cartable qui a retrouvé une deuxième jeunesse. Comme on le voit, elle est encore d’actualité.

Évolution. J’ai maille à partir avec la notion du temps et les ravages qu’il imposerait. Je me dis, depuis très longtemps, que ce ne doit pas être une fatalité, que le Créateur ne peut pas nous avoir créés pour devenir moches ni pour que les choses se dégradent ; d’ailleurs la matière qui nous compose est celle qui existe depuis le début de notre création, or elle crée de nouvelles formes tout le temps et en bon état, alors… Mais, force a été de constater que des coutures ont « lâché » sur le haut des côtés. J’ai mis une bande collante, mais elle n’a pas tenu. C’est mon cordonnier local qui a mis un peu d’ordre en cousant un bout de cuir brillant. Je lui suis reconnaissante.

Évolution encore. Vous l’avez remarqué, mon sac n’a ni poignée ni bandoulière, alors, pour le porter, je le prends par le milieu de sa partie inférieure et un jour… le cuir a commencé à craquer là aussi. La bande collante n’a rien donné, non plus. Mon cordonnier m’a dit qu’il n’y avait pas de solution. Pourtant, me disais-je… pourtant…

Ali Nasr, le tailleur à Paris. Je vais à Paris, ma ville favorite, et demande à mon aimable hôtelier s’il ne connaît pas un couturier dans le coin *Deux rues plus loin, à droite », me dit-il. J’arrive et j’explique. Ali sourit, le cordonnier en question, (pendant ce temps, son cerveau cherche une solution) et il dit presque tout de suite « Il faudrait mettre une bande de cuir. Je lui dis que j’aime les gens qui trouvent des solutions. Je suis au comble de ma joie, car j’avais bien raison : il y avait une solution. Bon, pas facile, parce qu’il fallait démonter un bout du sac, mais Ali a trouvé moyen de le faire. Je lui dis que je suis de passage et que je vais à une exposition et ne serais pas de retour avant qu’il ne ferme, que je le paie d’avance et qu’il pourrait déposer, exceptionnellement, mon sac à l’hôtel. Ali sourit et je pars. Entre gens de confiance, on ne se pose pas de questions.

Le résultat du travail d’Ali = une merveille !

C’est vraiment magnifique ! Sur la photo, on ne voit pas très bien et c’est peut-être ainsi qu’il faut voir le sac. Personne ne remarque rien si on ne le lui dit pas. C’est ici que s’entremêlent toutes ces notions :

  • le temps : c’est comme s’il n’était pas passé. Mon sac a toujours l’air neuf ;
  • la persévérance : il ne faut jamais abandonner ;
  • kai zen : on peut toujours améliorer ce qui fait partie de notre monde ;
  • l’ingéniosité : elle fait partie de ceux qui aiment à fond leur métier. C’est le cas d’Ali ;
  • le hasard : il y a bien des scientifiques qui disent que le hasard n’existe pas. Dans mon cas, on peut parler de hasard, mais il y a toute une chaîne derrière – l’admiration que j’éprouve pour Abraham-Louis Breguet me fait retourner souvent à Paris, l’hôtel de la Poste qui est devenu mon point de chute, mon chez moi à Paris, le tailleur Ali Nasr.

Une ceinture. J’avais pris dans mes bagages une ceinture pour laquelle, je cherche aussi une solution depuis des années. Je l’ai achetée, avant le sac, à M. Neuenbaum (?). Il était un vendeur de la place et publiait toujours une chronique dans le journal local. J’ai porté cette ceinture longtemps, puis, est restée au repos et, tout comme le sac, a repris du service depuis quelques années. Là aussi, le fameux temps… Je cherchais de l’élastique de la bonne largeur sans le trouver. Voici que cette fois, j’en trouve un peu plus large à la Mercerie de Saint-Pierre. Je porte le tout à Ali et me rends compte que la pièce centrale a des pierres rivées au similicuir et que découdre ne suffira pas. Je vois mon effort par terre. Mais, Ali me dit qu’on peut faire autrement ! Voici le résultat.

Les idées : Ali voit la difficulté et me dit qu’on peut mettre la pièce milieu. Ouf ! J’éprouve une grande reconnaissance pour le tailleur et ma ceinture doit se sentir soulagée. Pour les bords, comme l’élastique va dépasser, Ali suggère deux plis, puis je lui demande si on ne peut juste replier l’élastique et Ali dit « Quand les idées naissent… » et me voici avec ma ceinture avec une nouvelle vie ! Juste pour le plaisir, je montre la partie centrale.

Je vais trouver un moyen de revigorer la couleur du similicuir sur les bords.

Tout cela pour dire qu’il y a des solutions dans ma vie. Il n’y a rien de très particulier, la gloire n’est pas venue me rendre visite mais je vois que les solutions arrivent quand elles doivent arriver. C’est la suite de l‘article que je suis en train d’écrire et qui traite du même sujet.

Adresse d’Ali : 3, sente des Dorées, 75019 Paris. Son numéro de téléphone : +33 7 666 09 229. Son lien vers Facebook : https://www.facebook.com/nasr.ali.9828.

Liens vers d’autres articles où réparations et rangement = mettre de l’ordre en soi. C’est sûr qu’à chaque fois que nous réparons et rangeons quelque chose, il y a une correspondance en nous :

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Rue des Chavannes – commerce au centre-ville.9 – attitude exemplaire de l’entreprise Facchinetti S.A. !

Comme on le voit dans le titre, cette rubrique concernait jusqu’ici les commerçants. Cette fois-ci, c’est l’une des rues les plus anciennes de Neuchâtel qui me conduit hors du chemin, pour ainsi dire !

Dans l’article précédent, je raconte l’histoire de la fresque peinte par un groupe de trois artistes plasticiens engagés par la Ville et par moi en tant que volontaire.

Un geste malheureux. Alors qu’on finissait de peindre la fresque, l’entreprise Facchinetti a été mandatée pour faire un travail à la rue du Neubourg, celle qui fait un angle droit en haut de la rue des Chavannes. J’ai parlé avec les travailleurs et leur ai raconté que j’avais eu le plaisir de rencontrer M. Gilbert Facchinetti (voici l’article sur lui). À chaque fois que je parle avec des travailleurs de l’entreprise, je me sens en famille. Nous finissons et quelques jours après, l’entreprise finit aussi son travail mais l’un des ouvriers a un geste malheureux : il verse un seau de ciment liquide sur les marches de la rue et en partie sur la fresque.

Des commerçants me signalent l’affaire et sachant que j’aime bien arranger des situations compliquées s’adressent à moi. Comme j’avais déjà deux autres « affaires » sur les bras, je demande à une autre commerçante de s’en charger. On lui promet une réponse ; le mois d’août passe, celui de septembre est passablement entamé et toujours rien. Deux autres interventions faites par moi à d’autres services restent également sans résultat.

Facchinetti S.A. Finalement, je prends contact avec l’entreprise et tombe sur le conducteur de travaux de l’entreprise. Je lui dis que je suis un peu ennuyée de le déranger. Il répond d’une façon si aimable que je lui raconte l’affaire comme si on était dans une pièce de théâtre bien écrite. Le ton est on ne peut plus aimable. On se donne rendez-vous et il me dit qu’effectivement, il faut faire quelque chose.

Voici les traces… Les commerçants qui m’ont signalé l’affaire sont des personnes qui prennent soin de leur magasin et de leur devanture. Ce n’est pas le cas de tout le monde ni du public actuel qui jette des choses par terre sans se poser de questions. Ne me dites pas que c’est une minorité. Il faudrait demander au service de la Voirie ce qu’il ramasse tous les matins… Dans le cas présent, les commerçants paient aussi une taxe pour pouvoir mettre une enseigne ou une décoration sur la voie publique et de voir cette tache, les rendait de mauvaise humeur.

Heureusement, le collaborateur de chez Facchinetti a été d’une compréhension qui m’a fait presque me sentir dans un autre monde. Il est d’accord avec moi pour dire qu’on ne jette rien par terre.

Quelque temps après, on voit un travailleur de l’entreprise racler avec une brosse spéciale et nettoyer la tache en question. Il passe une journée entière sur « l’ouvrage » !

Je rappelle le conducteur de travaux pour le remercier. C’est par lui que j’apprends que le travailleur a passé une journée à défaire ce qu’il avait fait. Ah, le même ouvrier qui a eu le malheureux geste ? demandé-je. Oui, je n’allais pas envoyer quelqu’un d’autre, répond le responsable.

Je n’en reviens pas. Il me dit aussi que l’histoire a fait le tour de l’entreprise et que des apprentis sont allés « voir » le travailleur sur place.

Exemplaire ! Oui, je trouve ce comportement exemplaire, tant de la part du responsable, que de celle du travailleur. Cela arrive à tout le monde de faire des erreurs, me dit le responsable. Oui, lui rétorqué-je ; et c’est ce qui me rassure parce que je fais aussi des erreurs. Quand je fais des « remarques » à quelqu’un, je me mets à sa place. Mais, réparer… c’est si hors du commun. Je ne peux que vous remercier, vous, votre travailleur et l’entreprise. M. Facchinetti serait content ! Le responsable sait que j’ai connu M. Facchinetti et me rappelle que des photos de lui décorent les murs de l’entreprise. Je le sais et pourtant c’est comme si c’était la première fois que je l’entendais. J’aime ma ville et les gens qui font quelque chose pour elle. Bref, comme disait mon copain de classe, William, Shakespeare de son nom de famille, « Tout est bien qui finit bien ». J’espère que vous avez eu un tel copain aussi, car il me rend de grands services !

J’avais écrit un autre article sur les travailleurs manuels où l’entreprise Facchinetti est aussi citée, je le joins dans ma liste d’en bas :

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La Cave perdue – fonds de scène et la notion japonaise : « kai zen »

Ces deux mots japonais veulent dire « amélioration » et « travail » ; c’est une notion qui est devenue un mode de gestion dans l’industrie.

En japonais, on voit deux idéogrammes, mais la notion kaizen se présente comme un tout indiquant un processus continu d’améloration et avec des moyens peu onéreux. C’est Roger Peeters, l’ingénieur ingénieux passionné d’horlogerie, qui m’instruit dans ce domaine. En général, je ne me demande pas consciemment comment améliorer telle ou telle chose, simplement, il m’arrive assez souvent de reprendre les choses et de désirer leur rendre plus justice. Parfois cela se passe tout seul et parfois, je cherche une solution. Je veux dire par là qu’on peut toujours traiter mieux les choses, leur donner l’espace qu’il leur faut et – en tout cas dans mon processus – remercier ceux qui ont été les créateurs et intermédiaires de la chose qui est arrivée jusqu’à moi.

Réflexion faite, ce désir d’amélioration, je me dis qu’il vient de l’un de mes métiers, la danse classique. En ces temps de confinement, la réflexion s’invite volontiers et je me rends compte que c’est Maître Oprea Petrescu qui m’a dit un jour qu’on regardait une leçon à l’Opéra de Bucarest : « Tu vois cette danseuse ? Et celle-là ? C’est parce que leur consitution est différente qu’elles font le même mouvement de façon différente. Le mouvement est correct dans les deux cas, mais avec des moyens différents. D’ailleurs, regarde aussi les interprétations des danseurs, chacun a ses qualités qu’il met en avant ». Ces mots sont venus éclairer ce que je voyais sans savoir. Ils sont entrés en moi pour faire partie de ma vie. D’autres notions se sont greffées, mais le départ est là et Roger m’en donne une autre version. Je me dis que je pratique du kai zen mais pas de façon constante ou consciente. SI je regarde les autres articles que j’ai écrits sur le rangement, c’est bien cette notion qu’on y trouve. Cela me fait plaisir de partager quelque chose du monde d’un ingénieur ingénieux.

Mes rideaux de fond. Cette fois-ci, j’installe un nouveau rideau de scène et Roger s’occupe des travaux mécaniques. J’ai un fond noir depuis toujours ; j’ai installé, il y a près de deux ans, une partie d’un fond blanc qui suffisait pour faire des photos et cette fois-ci j’ajoute le reste pour en faire un fond de scène et un autre rouge pour compléter le jeu. C’est ici qu’entre en scène cette notion de kai zen qui s’associe chez moi à faire au mieux avec les moyens du bord.

Je reprends le dessin que j’ai fait pour l’article qui parle de la façon inattendue dont Roger utilise les épingles de sûreté.

Le câble d’acier sur lequel je suspendais les rideaux était un peu râpeux et j’en ai trouvé un autre gainé avec du plastique. Les anneaux d’accrochage des rideaux glissent bien mieux. J’ai maintenant trois câbles et trois rideaux de fond.

Les anneaux de suspension : j’en connais un rayon maintenant ! J’avais cinq rideaux supplémentaires à installer et j’ai cousu 23 anneaux à chacun d’eux : 23 X 5 = 115 anneaux. Une fois installés sur le nouveau câble, je me suis aperçue que les anneaux abîmaient la gaîne en plastique… je change les anneaux des trois rideaux noirs et m’aperçois que selon où on se trouve dans la salle, on aperçoit le câble de suspension. Ce n’est pas très joli.

L’aventure aurait pu s’arrêter là, car le public ne vient pas voir comment les rideaux sont suspendus. Mais, je continue à me dire que… Alors, je reprends mon courage à deux mains, tout le monde sait que pour coudre il faut deux mains (!), et découds tous les anneaux, ce qui donne 9 X 23 = 207 et les recouds de façon à couvrir le câble. Cela fait un nombre impressionnant de coutures et de découtures… Mais, avoir un beau résultat n’a pas de prix, sous-entendu « peu importe le temps que cela prend ». C’est un de ces exercices de la vie que la vie aime nous imposer parfois.

À l’origine, il y a une chaîne , je détache les anneaux, les couds, suspends les rideaux et ferme les anneaux.

Alors, combien d’opérations ? Je n’en sais rien. Il a fallu aussi habiller les extrémités des pinces utilisées pour ouvrir et refermer les anneaux avec des bouts de tissu que j’ai cousus sur elles parce qu’autrement, elles abîmaient les anneaux…

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Avoir une plateforme c’est bien, mais pour faire des mises en page c’est compliqué. On est passablement limité. Mais, bon, on a les trois rideaux sur une même image.

Comme je le disais, seul le résultat compte ! Peu importe que les gens qui viennent au studio ne sachent pas le travail que cela a demandé, les choses respirent le bien-être et cela se ressent. C’est le plus important.

Ce n’est pas fini. Le bas des rideaux devrait être aussi plat que le haut. J’ai un système que j’installais au moment où je n’utilisais que le rideau noir pour les spectacles; il prend un certain temps à mettre en place Maintenant que j’ai trois fonds, que je vais les utilser peut-être lors d’un même spectacle, il faudra que je m’invente une façon de faire rapide. Mon esprit travaille. La difficulté vient du fait que le sol n’est pas plat et que lorsque je ramène les rideaux de côté, ils touchent le sol et que quand il pleut dehors… mon local, dont les murs sont de la roche communiquant avec l’extérieur… reçoit aussi de la pluie et les rideaux se mouillent.

Allure du studio lors des cours : on voit combien le rideau rouge donne du relief, de la vie. Le miroir existe, mais ici c’est un montage, car autrement on verrait « la » photographe dont on voit le reflet sur le sol.

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Jean-Pierre Garnier Malet : peculiar encounter. 14

FRENCH VERSION HERE

Allow me to let you know that J.-P. Garnier Malet did not participate to this article and if something goes on the wrong side, I am the only responsible ! Of course, I hope that it is not the case and I would be happy to have your opinion via my Email.

Reading books about History, I tell myself that I would have liked to be present, meet some of the characters, appreciate them while they were alive. This time I am very well served ; apart from the technological changes that I witness and that even I use, there is a peculiar person : Jean-Pierre Garnier Malet, a physicist who is interested in the way thought works and who explains to me how to use it in order not to harm anybody and in order that my life goes well. Everything we think of has an effect. Everything, absolutely everything. We don’t always think of that, or, rather, we are not aware because we have been brought up to see only external things, the material side of everything, the facade, and if we don’t see something, it does not exist for us. It is as simple as that.

Energy of thought. We ignore that a thought is energy. I am not going to play the scientist, but the one who demonstrated that is the famous Albert Einstein with his equation that everybody knows : E = mc2.

Let us take an image to see the way the thought works : the thought and a bank account. I am also economist and even if I don’t have a commercial soul, there is an image that explains it so well : the one of a bank account ; when you put money in, the account grows. If you don’t put anything in, it is empty. Well, thinking works the same way. If we think of something, the account of the thing, its energy, its presence, its field grows.

To think that the fact of thinking has no meaning is an error, an error that very often we ignore. But think of the joy that invades our body whenever we have found a solution that works for somebody who has asked us for help, and think also how our body feels when we get bad news. And if all that has a direct effect on us, it also affects those living around us . Those who pick up that the fastest are children and domestic animals ; our body is the first, but we don’t take time to listen to it.

So, how can we use our thoughts ? Contrary to popular belief, it is not enough to have « positive thoughts » ; something positive for somebody can be negative for somebody else. In this field, Jean-Pierre Garnier Malet says : « Think about doing to others what you would like others think to do to you ». If we grasp the sense of this sentence, we understand that it is not enough to say « don’t do to others what you wouldn’t like others do to you ». So, it is not enough to do something, it is also important what kind of thoughts we have at this time. Then, there is still a subtlety in there as we should not want or make something for other people just because we believe it should be so, because we don’t know exactly what is good for them. So, when we want to do some good to someone, by thought, we should add « if that is what the person needs, if it doesn’t harm him. if it doesn’t harm anybody. I just published an article on this subject. It gives an idea on how to implement this maxim.

I also tell myself that thoughts are alike articles in a store. We think all the time and are alike makers of articles that go on the shelves of a shop, our thoughts go, in this case, in the shelves of the store of life. The store of life as it is not only my store, it belongs to everybody, we all are linked. The thoughts that we have are present, even if we cannot see them, constitute articles available to everyone in the life store and when a consumer walks into the store to stock up, it is better that I have imagined, created, produced nourishing, beautiful and useful things – articles – instead of poison. I like to be of service, and if I produce thoughts that are of service, that help others, I am fulfilled.

The number of shelves is infinite. Voluntarily I do not describe any fact, the labels are enough for the reflection ! It is enough to think, exactly that, to think of the way we act in such or such circumstance to notice that there is a way and a way.

The shelves of the store of life. They fill up as our history passes. On the table above, I don’t mention the shelves where we could lay down the thoughts we have when we go through troubled times. This would only add items that, in fact, no one actually wants !

So, to know that I create my future gives me an enormous responsibility but also a great role to play. It goes even further, as we see on my image of the store of life, that if we create our future, we also create the future of other life consumers, of other people.

All that explains to me why I feel attracted by an Abraham-Louis Breguet, a Serge Alzérat, a Freddy Landry, an André Oppel, a Jacques Collin, a Jean-Pierre Petit, a Didier Raoult, a Pascal Hostachy (the creator of the Projet Voltaire, intended to safeguard the French language), a René Froidevaux (Watchmaker manufacture in Neuchâtel). They are people who have struggled or still struggle for ideas that improve people’s life. However, there is no need to be a character of our History, everybody participates to our adventure ; my student who thanks me because I helped her to discover something that helps her does me good and does her good ; the hotelier who prepares me a nice room, embellishes my life, the guy tho repairs my camera for the pleasure of doing it has my gratitude and the store of life is enriched with a new article. That also means that the list of the people who deserve all my gratitude has no end.

Everybody has a role to play. It is a pity that I am not an engine, a good engine for humanity, but even the employee who sells with pleasure a pen to a Garnier Malet so that he can write his equations is useful, has increased the account of pleasure, of help to others. And if the glance of the seller and of the buyer meet, they know that they are happy and that they wish each other good. I was saying that it was a pity that I am not a mover of humanity but in fact I am a mover, in my own way and when you find your way, you breath a whole different air !

Listening to Garnier Malet, this clever man, we realize that there is a whole lexicon to review. And for me, who loves languages, who loves words, his explanations make me happy. In French, if we take the word « amour » (love), the meaning we know comes from a wrong translation from the word « amoros » in ancient Greek. In fact « moros » concerns the one who is fool, the one who has lost his axis, his center, the one who does not control his thought ! Therefore, « amoros » means the one who has recovered reason, his axis and consequently the one who controls his thought. Amoros has nothing to do with the sense we give to amour (love)… and we perfectly see it as for us love is an emotion. And there is a bunch of these words !

There is still the doubling theory of time and space. The role of the thought is linked to it – but for that I let you attend the Jean-Pierre Garnier Malet’s workshops or read his books in order to understand that past, present and future are bound, exist at the same time but in different spaces. What is also interesting with him is that no technique intervenes, there is no technique to apply, but only vital principles that the ancients knew and that our children apply automatically.

Garnier Malet is somebody who does not climb to be here in order to enlighten the world but to remind what the ancients knew. However he is the one who put all that into equations, as, yes, the doubling theory of time and space, requires equations. This should not scare anyone ; the simple bank account of normal logic is enough. When you know that a child applies it…

To change our way of thinking implies… to change our way of thinking… is nothing but that, you change your way of thinking ! Listening to Garnier Malet, I remembered that one autumn day, wanting to help a friend who had a garden, I started to pick up the leaves fallen from the trees. There was a bunch of them. After a while I told myself that it had to mean something and that it was the opportunity for me to « pick up » my « sins » (in the sens we give to the word in our era, because the original word, just like love, has been distorted), symbolically, of course ; but there were so many that I thought that I was also picking up the sins of the whole family ! That was long ago. Listening to Garnier Malet, I notice that I was not far from the account, with the difference that the thoughts (the leaves I picked up) that surround us are ours, those of our family, of our society, of our temporal cycle.

More specifically, when we change our way of thinking, we can no longer blame somebody who reacts in a way, let us say, contrary to our mood or our desires. Our whole way of functioning takes another color, to take a metaphor.

2022 is the year of his last publication whose front cover you have here :

Whenever I look at this image, I feel a deep joy !

We can never be on somebody’s else mind, but I am pretty sure that Garnier Malet must be extremely happy to have published a book with a scientist content and at the same time for the public. Actually, he mentions the works of other scientists who are in his way. That must be a great comfort for him. Let’s not forget the French editor. Allow me to thank him. And I come back to what I wrote at the beginning of this article : I have always dreamed of participating in a change of History. Tine has come and here I am ! That makes me feel… You can guess

The book has been translated into Spanish and will be published in English around September.

2023. Things change as now other official publications go in his sens.

  • Benjamin Libet : experimental anticipation = 0,7 to 0,5 second ;
  • Alain Aspet : entanglement of duplicated particles (immediate exchange of information) ;
  • Jean-Pierre Garnier Malet : discovery ot the Garma singularity between the Sun and the Earth = anticipation by duplication of times (*).

Consequence : a vital common anticipation (misnamed telepathy, premonition or clairvoyance). The anticipatory information is immediately at the disposal of and for the whole of participants (this is the purpose of doubling times!). It is enough know how to use this vital principle, the logic and simplicity of which cannot be questioned by anyone. « 

* The doubling of times implies imperceptible temporal openings of 0,666 and of 0,333 second, it means 2/3 et 1/3 in the role of the solar astronomic system (and of the space Earth – Moon) in the transmission of vital information (law of 2/3).

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Other links in French :

Le commerce au centre-ville.4. Une vendeuse remarquable

La notoriété. Notre société met en avant les gens qui battent des records, ceux qui gagnent le plus, mais il y a d’autres faits qui méritente la première place.

Une relation de longue date. Je connais une personne qui travaille dans le domaine de la vente. L’évolution ou plutôt, les changements du commerce au centre-ville ont fait qu’elle est passée par plusieurs domaines d’activité. Ce n’est pas la première fois que je le dis, le commerce familial, le commerce indépendant disparaît à vue d’oeil. Cette personne reste pour moi une figure familière dans ce monde de changement.

Ces dernières années, elle a dû faire face à des problèmes de santé et là aussi, elle s’est battue pour pouvoir garder le cap. Peu avant cela, elle s’était occupée de sa mère, toujours avec courage, lucidité et affection. Pendant toutes ces épreuves, je l’ai vue sereine, pas avec une acceptation de défaitisme, mais avec une attitude qui dit « je dois trouver une solution ».

La politique en matière de gérance. Il se trouve que dans son lieu de travail, les gérants se suivent et qu’ils ne sont pas toujours bien choisis. J’en ai connu un qui aimait son métier, qui aimait sa ville, qui s’était investi pour faire que le commerce et la population s’y retrouvent. La direction n’a rien trouvé de mieux que de le changer de ville. J’avais appris qu’à l’époque, les gérants des filaiales avaient pratiquement tous été mutés d’une ville à l’autre, comme dans un jeu de quilles où les boules giclent à droite et à gauche. Finalement, ce monsieur est revenu, mais il avait perdu une partie de sa santé. Tout dernièrement, le dernier en place avait créé une situation, disons, compliquée.

C’est ici que nous entrons dans le vif du sujet. Le nouveau gérant est une personne qui a fait son apprentissage sur place. C’est déjà un bon point. En effet, je pense que l’on se doit de connaître l’endroit où l’on travaille, les données de l’ordinateur ne suffisent pas. Ce dernier gérant semble aller dans le bon sens. Les détails du comment appartiennent à l’histoire.

Attitude remarquable de la personne dont je vous parle dans cet article : elle a non seulement exposé sa situation, mais aussi toutes les incohérences et difficultés de tous les autres départements. Elle risquait de ne pas se faire « bien voir », mais elle a trouvé que c’était ce qu’il fallait dire. C’est ce que je trouve remarquable, cette personne n’a pas fini de résoudre ses problèmes de santé, mais elle trouve la force de dire tout ce qui ne va pas dans son secteur et dans les autres. Elle a notamment regreté le départ d’anciens collègues mis à tort à la porte. Je lui tire mon chapeau !

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René Froidevaux : l’homme, patron de la Fabrique d’Horlogerie Froidevaux S.A. Neuchâtel – Suisse

ENGLISH VERSION HERE

(mise à jour de la fin de l’article)

C’est la montre de M. René Froidevaux, marque Cadola, la marque vendue en Suisse et dont le graphisme a été fait par André Oppel dans les années 1950.

La montre. On sait qu’un objet n’est qu’un objet, toutefois, quand je me dis que cette montre était au poignet de M. Froidevaux et l’a accompagné au moment où il prenait des décisions, où il vivait l’histoire de son entreprise et celle du Jura, cet objet prend une valeur. C’est comme si elle portait une mémoire que je peux toucher ou à tout le moins lire.

Date : 18 décembre 1900. C’est la date de naissance de M. René Froidevaux, de celui qui va marquer l’histoire horlogère de Neuchâtel et participer à la naissance du canton du Jura.

M. Froidevaux est né au Noirmont ; cela explique son attachement pour la région du Jura et son activisme pour que le Jura devienne le 23e canton suisse. Il ne suffit pas d’être né sur une terre pour devenir son porte-drapeau, il faut avoir du caractère, avoir le sens de l’organisation, du devoir, être un visionnaire. Ces qualités, on les a déjà remarquées dans l’article que je consacre à son entreprise horlogère. Lorsque j’ai découvert qu’il avait été l’un des moteurs de la naissance du canton du Jura, je n’ai été étonnée qu’à moitié. L’autre moitié, si je puis dire, s’est étonnée de savoir qu’un homme très occupé par son entreprise, un vrai Suisse – c’est-à-dire un Suisse comme on les imagine : calme, neutre, ne désirant rien devoir à personne, respectueux des règlements – se dise qu’il faut se battre pour le droit de naissance du canton du Jura. Je dis une fois de plus « chapeau » !

M. Froidevaux a été un activiste passionné, passionné au point d’amener sa famille tous les dimanches pique-niquer dans le Jura. On ne sait pas si les enfants étaient d’accord, mais c’était sa façon très entière d’être. Son enthousiasme l’a poussé à se dire qu’il fallait un journal pour la question jurassienne, qu’il a combattu pour cela et qu’il fallait forcément des fonds. Le banquier qu’il avait été avait son rôle à jouer et il gardait une comptabilité à cet égard. Les gens qui traitaient avec lui le savaient et y participaient.

Le journal en question est le Jura Libre, toujours en activité.

La Fête des Vignerons de 1977. On le sait, tous les cantons défilent, une personne porte un drapeau de son canton. Cette année-là, M. Froidevaux suivait la fête à la télé et il voit le défilé. En dernier il y a un jeune garçon qui porte le drapeau du Jura, de « son » Jura. Cela lui a fait ressentir une très vive émotion. Trois mois après, M. Froidevaux partait au ciel d’où il a une meilleure vue de « son » Jura.

Ce qui m’interpelle aussi dans cette histoire, c’est le recoupement, une fois de plus de tant de pans de mon histoire. Ma formation en danse classique et une partie de mes études d’économie, je les ai faites en Roumanie, à Bucarest, et voilà que Jacques, l’un des fils de M. Froidevaux, vient de m’apprendre que son père avait été envoyé par la succursale biennoise de la banque où il travaillait, la Banque cantonale bernoise, à Bucarest dans les années 1925 -1930 pour des questions d’organisation dans le secteur du pétrole. Cela me fait un drôle d’effet, c’est comme si le temps n’existait pas et simultanément, je me sens envahie par une certaine joie.

M. Froidevaux à Neuchâtel. Il déménage de Bienne à Neuchâtel en 1942, puis il fait construire sa maison à la ruelle Vaucher en 1946, et achète le domaine adjacent qui va jusqu’à la gare et y emménage sa fabrique d’horlogerie dans ce qui avait été jusque-là un pensionnat pour jeunes-filles.

Bâtiment qui abrita la « Fabrique d’Horlogerie Froideaux S.A.
Vue du balcon de l’ancien comptable, M. Frésard.
Le même bâtiment vu depuis le bas, où il y avait l’atelier de la chaîne de montage.

Chaîne de montage horloger. À propos de l’esprit entrepreneurial de M. Froidevaux, avant que d’autres entreprises de Neuchâtel ne commandent ensemble la chaîne de montage Rexa, M. Froidevaux avait fait construire une chaîne mécanique par les ateliers Roxer S.A. sis à Saignelégier. Le constructeur avait été Jean von Allmen, patron de l’entreprise et de surplus autre activiste jurassien ainsi que père de Zouc, Zouc que j’ai eu la chance de voir au Théâtre de Neuchâtel ! Je ne peux m’empêcher de trouver curieux comme ces pièces du puzzle se rassemblent pour donner des racines à mon paysage neuchâtelois.

Zouc, Isabelle von Allmen, l’humoriste. Lorsque j’ai vu Zouc au Théâtre de Neuchâtel, je lui ai demandé un autographe. Des années plus tard, le fils d’un de mes amis, François Memminger, me dit qu’il est un admirateur inconditionnel de Zouc. Je réfléchis et me dis que Zouc lui aurait aussi donné un autographe. Je lui donne le mien parce que je sens une réelle admiration. Il y a des artistes qui ont de la chance d’être aimés après qu’ils ne font plus la une, Zouc fait partie de ceux-là. Et, je rencontre François une fois de plus, lui raconte que j’ai écrit cet article, il me dit qu’il peut me rendre l’autographe, mais je lui dis qu’il peut m’envoyer une photo. Là aussi, on reconnaît la qualité de l’âme de François. Réellement, l’autographe est dans de très bonnes mains, je ne me suis pas trompée !

Autographe de Zouc :

Le personnage de Zouc est dans cet autographe !

Jean von Allmen, un ami indéfectible de M. Froidevaux. Lorsque la situation est devenue difficile pour l’entreprise, lorsqu’il y a eu sa liquidation, après celle-ci et après le départ au ciel de M. Froidevaux, Jean von Allmen a été aux côtés de la famille. Jusqu’à ce que lui-même parte au ciel, il a invité Mme Froidevaux et son fils Jacques au buffet de la gare toutes les semaines !

M. Froidevaux et l’AVS. Je ne sais plus comment j’en suis venue à m’intéresser à l’histoire de l’AVS. Mais, j’ai appris que c’est Otto von Bismarck qui instaura les assurances sociales (maladie, accidents, vieillesse et invalidité) en Allemagne entre 1883 et 1889. Cela relève du miracle pour moi. En Suisse, elle est entrée en vigueur le 1er janvier 1948. Cette année-là, M. Froidevaux a dit à d’autres patrons qui râlaient devant la charge financière qui leur était imposée qu’il était favorable à son application même si vraisemblablement il n’aurait pas à en bénéficier. C’est le portrait même de M. Froidevaux. Je ne connais pas les chiffres de l’époque, mais il est sûr que M. Froidevaux s’est rendu compte que cela n’allait pas suffire pour une retraite aisée de ses collaborateurs et c’est pour cela qu’il a créé son propre fonds de pension dont je parle dans l’autre article.

Dans les années 1950, s’installe au dernier étage de la fabrique l’avocat Jules Biétry avec sa famille. Jules Biétry, c’est à peine croyable, Lorsque j’étais enfant, il était le président de la caisse-maladie « Chrétienne sociale » et les bureaux étaient au Faubourg de l’Hôpital ; dans l’immeuble que j’habitais ! Je le revois, avec son chapeau noir et toujours plutôt distant… Le fait de savoir qu’il a aussi participé au mouvement jurassien me le rend sympathique, chose que je n’aurais jamais crue.

En 1964, M. Froidevaux fait des travaux dans son entreprise et transforme les deux derniers étages en logements.

Voilà la piscine construite sur le domaine de M. Froidevaux et mise à disposition de ses employés.

La piscine. En regardant cette piscine, j’imagine la joie des travailleurs et de leurs familles. C’est magnifique d’apporter quelque chose aux autres, de rendre leur vie plus agréable. Je crois que c’est l’une des choses les plus importantes dans ce monde.

Les années 1970. Comme je le dis dans l’autre article, c’est la période de la crise et bien des entreprises horlogères ferment leurs portes. Dans le cas de M. Froidevaux, des proches ont participé à la débâcle. Lorsqu’un notaire neuchâtelois a regardé les documents que ces personnes avaient fait signer à M. Froidevaux sous prétexte de l’aider à redresser la situation, il a dit à Jacques que c’était fini.

En 1974, le chef comptable de l’entreprise, M. Charles Frésard, trouve du travail ailleurs. M. Froidevaux lui fait un certificat en or et il signe. Voici sa signature.

C’est la signature de quelqu’un qui sait ce qu’il veut. La tonalité du caractère est donnée !

Ce qui est aussi remarquable de la part de M. Froidevaux c’est qu’il laisse partir le comptable qui a fait partie de son entreprise pendant 25 ans, qu’il comprenne qu’il aille travailler ailleurs et qu’il lui permette de garder le logement qu’il habite dans l’immeuble qu’il a fait construire. M. Frésard dit que lui et sa femme ont été les premiers locataires de cet immeuble si élégant et commode, dont les dessins ont été faits par le fils aîné de M. Froidevaux, Philippe.

Quand je rends visite à quelqu’un, je ne regarde pas si le logement est comme ceci ou comme cela, ce qui m’intéresse ce sont les personnes qui l’habitent, mais chez M. et Mme Frésard, chaque fois que je suis sur leur balcon, je dis : ah, quelle vue ! on se dirait à Monte Carlo. Il faut dire que M. Frésard nous offre un verre d’Armagnac dont la bouteille ne ferait pas rougir un lord, fume son cigare et met ses lunettes de soleil. Une vraie scène de cinéma. J’ai une pensée pour M. Froidevaux.

À propos d’Armagnac. À Noël, M. Froidevaux offrait aux hommes, à choix, une bouteille d’Armagnac ou de la Prunelle de Bourgogne et aux femmes, si elles ne voulaient pas d’alcool, une boîte de chocolats. Je me dis que c’était le bon temps. Cela me rappelle que mon bailleur, Pierre Meyer, offrait à ses locataires une belle boîte de chocolats à Noël aussi. Là, également, les choses ont changé !

Les sorties annuelles de l’entreprise. En plus de la visite à la foire de Bâle des cadres, M. Froidevaux organisait une sortie annuelle pour tous les employés et les frais étaient à sa charge. C’est ainsi qu’ils sont allés dans le Valais et au Lac de Constance, par exemple.

Probité de la fabrique d’horlogerie Froidevaux. Lorsque la situation horlogère suisse a commencé à devenir difficile, il a fallu se résoudre à des réductions de personnel et cela dans les règles de l’art. Toutefois, l’un d’eux s’est fait avoir par un vilain conseiller (il a été incité à attaquer l’entreprise, car, on le sait, tous les patrons profitent des employés… me dit la personne qui me donne le renseignement) et s’est porté partie plaignante pour une somme d’environ Fr. 2 600. –

L’affaire a été réglée au tribunal. Le chef comptable et son apprenti ont, de leur côté, montré leur décompte qui se montait à environ 2 900.-, somme, qui, comme on le voit, est supérieure à celle revendiquée. La juge a demandé au plaignant ce qu’il faisait là ! Le « conseiller » n’a su que dire et l’employé, tout déconfit, a dit qu’il ne savait pas ce qu’il faisait là et qu’il avait toujours eu confiance en l’entreprise Froidevaux.

Je crois qu’il n’y a rien d’autre à ajouter.

La montre Cadola de Mme Froidevaux.

La montre du fils Denis, une Froidevaux qui avait un numéro de série derrière.

En montrant cette photo à Jacques, il me dit qu’il avait lui-même fait les plans et le dessin de la montre et qu’il était parti en voyage en Amérique latine avant sa mise en fabrication. Sa surprise a été de taille lorsque, se promenant dans une ville du Nord de l’Argentine, il l’a vue, à 10 heures du soir, dans une vitrine mal éclairée. C’était en juin 1972 ! Denis m’explique ensuite qu’il avait fait faire « sa » montre , sans marque, une fantaisie qui lui était passée par l’esprit. C’est ensuite aux ateliers Descombes, à la ruelle Vaucher, qu’il avait fait ajouter du radium – ce qui a été interdit par la suite – aux aiguilles et un trait aux heures pour voir l’heure la nuit.

J’allais m’arrêter là, mais j’ai rencontré la sœur d’André Oppel, Marie-Claire, qui m’a raconté que leur mère était amie de la femme de M. Froidevaux. Voilà encore une autre pièce dans mon tableau.

J’ai désiré faire aussi la photo du dos de la montre de M. Froidevaux :

On y voit le numéro de série 85273 No 1ce qui indique que la montre a un calendrier
18 K, 0,750, 180
J’ai tout à coup eu l’idée de refaire une photo de la montre de M. Froidevaux sur le couvercle de mon Mac. Je mets trois des photos. Si l’heure reste inchangée, ce sont les reflets sur le bas du cadran qui attestent que du temps est passé. On comprendra le pourquoi dans la suite de l’article.

Une idée a traversé mon esprit et je l’ai rendue réelle dans notre monde. Parfois, on ne sait pas pourquoi on fait telle ou telle chose :

La montre de M. Froidevaux sur mon poignet.

J’ai mis la montre de M. Froidevaux sur mon poignet. Cela m’a fait une émotion et j’ai pris une sorte de selfie, chose à laquelle je suis plutôt réfractaire. Puis, nous avons continué la conversation, M. Frésard, Mme Frésard et moi. De temps en temps, je regardais la montre, me sentais émue de la porter et trouvais qu’elle allait bien sur mon poignet… Au moment de prendre congé, je remarque que le garde-temps marque 9 h 39. Je m’étonne qu’elle fonctionne. M. Frésard me dit qu’elle doit être automatique. Je fais le lien avec les modifications que l’autre horloger de mon monde, Abraham-Louis Breguet, a apportées aux montres. Cela signifie aussi que j’ai porté la montre une bonne demi-heure. Cela me procure une autre sensation, comme si trois temps s’étaient réunis !

Un autre lien s’invite. Le physicien Garnier Malet, parle des trois temps : le passé, le présent et le futur qui en certaines circonstances n’en font qu’un. Je ne sais quelle sensation on peut éprouver dans une telle situation, mais j’en éprouve une profonde au moment où je me sens unie, dans mon temps à moi, à Abraham-Louis Breguet et à M. Froidevaux et tout cela étant parti de documents qu’André Oppel avait faits, alors qu’il travaillait pour M. Froidevaux, que j’avais gardés et que le Musée d’Horlogerie Château des Monts du Locle a été heureux de recevoir.

Le téléphone no 6. Si vous aviez vécu dans les années 1930 et que vous aviez voulu téléphoner au grand-père de l’ancien comptable de l’entreprise Froidevaux, M. Charles Frésard, vous auriez dû composer le no 6. C’était le 6e téléphone de la région ! Je suis émue, une fois de plus. Voici une réclame qui trône chez M. Frésard petit-fils à la retraite.

Le numéro de téléphone figure en haut à gauche : Téléphone no 6.

Surprise ! Le mot est bien significatif et explique mon état. Hier, un 18 décembre, j’invite M. et Mme Frésard venir voir un de mes spectacles – en tout on sera cinq personnes. Je décris l’événement ici. Mais la surprise vient du fait qu’à la fin du spectacle, je dis à mon public que M. Froidevaux aurait aimé le spectacle et qu’aujourd’hui j’apprends par Danièle, dont je parle un peu plus loin, que c’était le jour anniversaire de son père !

Les trois temps : présent – passé – futur. Ils sont une nouvelle fois présents ! Ils existent en même temps mais dans des espaces différents. Cela ne fait rien si vous ne comprenez pas. Mais ne trouvez-vous pas formidable que plus tard, dans la même soirée, regardant un film de fiction « Des gens qui s’embrassent » où joue le violoniste Ivry Gitlis que je connais et que j’aime beaucoup, je l’entende m’apporter une réponse à une question que je ne me suis pas posée ? Il dit dans le film (et donc me dit ce soir) que les montres à quartz s’arrêtaient lorsqu’on ne les portait pas quelque temps. Eh bien ! C’est ce qui est arrivé à la montre de M. Froidevaux, je me dis que c’est une montre à quartz qui à mon contact s’est remise en marche. Mais non, disent les fils de M. Fridevaux et son comptable. Il n’y a jamais eu de montres à quartz dans l’entreprise, c’était bel et bien une montre automatique. Cela ne fait rien, elle fonctionne après tant d’années et pour moi c’est un miracle.

Freddy Landry. Freddy me fait un clin d’oeil ce soir aussi. Il faut d’abord préciser que Freddy a été le prof de cinéma au gymnase de Danièle, l’une des deux filles de M. Froidevaux. Alors, pour en revenir à mon lien avec Freddy, lien lumineux, avant son départ au ciel nous avons longuement parlé et entre autres de films de fiction. Je n’avais aucune idée qu’on appelait ainsi certains films. Je suis maintenant initiée. Voilà pourquoi j’ai pu écrire, tout comme une personne éclairée, qu’il s’agit d’un film de fiction.

La crise horlogère et économique. La crise horlogère des années 1970 est due à plusieurs facteurs : inflation, concentration du capital avec force fusions, avancées technologiques, le choc pétrolier et la dévaluation du dollar. Si M. Froidevaux avait dévancé ses concurrents suisses avec sa chaîne de production – je salue une fois de plus son esprit entrepreneurial – il reste que les Japonais avaient produit les montres à quartz en masse, que les prix de vente avaient donc baissé et que la conjoncture économique n’était pas en sa faveur. À cela s’est ajouté l’attitude inélégante de plusieurs partenaires et proches. Dommage. On critique souvent l’esprit des Suisses pour être restés fidèles à un genre de production familial. La critique est aisée une fois les choses passées… Mais, voyant le tournant économique de notre monde, je crois bien que la vie sociale s’en portait mieux que la nôtre. Je reste admirative de M. Froidevaux.

D’autress informations au sujet de M. Frésard : il était un supporter fervent de FC Cantonal – il avait des obligations de Fr. 500.- qu’il a données lorsque le club a fusionné avec FC Xamax – il avait sa tribune au stade, dans la ligne centrale, devant la cabine des reporters. Après, la saucisse de vaud (je ne sais plus ce que c’est, il faudra que je demande à M. Frésard…

Il a également été le caissier du Showband les Armourins pendant vingt ans et il a voyagé avec eux en Europe. C’était pendant les week-ends.

Liens :

  1. Fabrique d’Horlogerie Froidevaux, Neuchâtel ;
  2. Documents horlogers, André Oppel et le Musée d’horlogerie du Locle ;
  3. Une montre parmi les affaires d’André ;
  4. André Oppel : ses montres au Musée d’horlogerie du Château des Monts, Le Locle ;
  5. Abraham-Louis Breguet ;
  6. Jean-Pierre Garnier Malet, physicien ;
  7. Freddy Landry.

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Rôle du commerce au centre-ville.2 – Le Bouton d’Or

Je pourrais aussi intituler cet article « disparition du commerce indépendant » ou « les racines d’une ville qui s’en vont ».

L’autre jour, en discutant du sujet avec une très bonne journaliste, je parlais de ce qui me rattachait à Neuchâtel, de mes racines. L’une d’elles est composée par les commerces du centre-ville. Habitant au coeur de Neuchâtel, ces magasins ont constitué mon environnement local, mes repères spatiaux, pendant très longtemps.

C’est dans les années 1990 que des magasins faisant partie du paysage neuchâtelois ont commencé à disaparaître. J’en parle dans « Rôle du commerce au centre-ville ».

Le phénomène de la disparition des commerces indépendants continue à Neuchâtel. Le magasin « Bouton d’Or », qui avait été fondé en 1930 et tenu par Madame Christen,  repris par son employée, Madame Lunke, et finalement  il y a une dizaine d’années par Ingrid Gueniat, va aussi disparaître. Ce sera fait fin mai 2019. C’est le sens même du mot « commerce indépendant » qui perd sons sens. Quel gâchis ! Nous voyons de plus en plus apparaître des chaînes de magasins à la place des petits magasins et leurs gérants ne font pas partie de la vie locale.

Madame Gueniat est une commerçante avisée, elle voit bien que les consommateurs vont dans des endroits où l’on paie moins cher, notamment sur Internet. Elle me dit que les merceries ferment les unes après les autres ; elle-même a dû faire face à la faillite de quatre fournisseurs ces dernières années et c’est un vrai casse-tête que d’en trouver des nouveaux.

Le bail de dix ans pour le local arrive à son terme et forte des constations qu’elle fait, mais aimant toujours son commerce, Madame Gueniat demande à sa gérance si étant donné qu’elle a toujours payé son loyer sans retard, qu’elle a embelli le local, que son commerce marche quand même assez bien, si le nouveau bail ne pourrait être signé pour une année avec un pré-avis de six mois. Cela lui aurait permis de voir comment la situation évolue et aurait garanti un loyer pendant une année et demie à ladite gérance. Cette dernière n’a pas voulu entrer en matière, car ce n’est pas dans son règlement.

Je me demande si les gérances ne devraient pas revoir leur position. On demande à tout le monde de se montrer souple, de s’adapter… D’autant plus, renseignements pris, que pas toutes les gérances pratiquent des baux de dix ans pour les commerces. Ce n’est pas une règle immuable. Dommage et regrettable !

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Je me rappelle de l’état dans lequel était l’enseigne au moment où Madame Gueniat a repris le magasin. Elle avait attendu pour avoir les fonds nécessaires afin de respecter le style. C’est réussi !

Quelle sera la suite d’Ingrid Gueniat ? Elle est une femme pleine de ressources et elle va continuer son activité chez elle, en privé. On la félicite pour sa résilience !

Il est clair qu’on ne peut pas tout dire dans un article comme celui-ci, mais, j’ai toujours admiré les vitrines arrangées par Ingrid. Elles avaient un air particulier, soigné, inventif. J’ai aussi aimé son écriture. Je n’ai jamais pensé qu’il faudrait que je prenne des photos pour le cas où… et je le regrette. Aujourd’hui, j’en ai pris une à travers la vitre. Ce qui est curieux c’est qu’elle est représentative de la suite de son aventure sur cette Terre.

Écriture

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Conditions de travail des employés qui ont affaire au public

Je remercie ce personnel.

Ce ne sont pas seulement les employés du service public ; il y a d’autres secteurs où les employés ont affaire au public : les vendeurs, les chauffeurs des transports en commun, les caissiers.

De façon générale, on leur demande de faire plus et plus vite.

Prenons les employés de la poste. Les facteurs : ils sont minutés ; ils n’ont plus le temps de dire bonjour, de faire connaissance avec les gens auxquels ils apportent leur courrier. D’après ce que m’a confié l’un d’eux, les machines qui les minutent ont été achetées à un pays voisin qui les avait essayées mais ne les avait pas trouvées adéquates !

Quand j’allais relever le courrier à la case postale, je pouvais échanger un mot ou deux avec l’un ou l’autre des employés, qui étaient des employés de qualité. Puis, leurs heures de présence ont été réduites une première fois, une seconde fois. Maintenant, ils ne sont plus là qu’une partie du matin ; les petits colis sont encore déposés à la case postale, mais les moyens et les autres plus du tout.

Quant aux employés qui se trouvent au guichet où on effectue des paiements ou envoie le courrier au sens général, ils vendent maintenant des bijoux, des assurances, des sacs poubelle, des livres… D’après ce qu’on m’a dit il n’a a plus d’apprentissage exclusif d’employé des postes, mais un cursus général. Je dois encore vérifier.

Le personnel soignant qui se déplace à domicile. Tout comme les facteurs, ils ont tant de minutes pour laver les dents à quelqu’un ou lui faire sa douche ou l’habiller, etc., etc., etc. Or, les personnes âgées qui sont encore à leur domicile, qui ont été indépendantes et qui peut à peu n’arrivent plus à se débrouiller seules ; alors comment calcule-t-on le temps nécessaire ? Faire un soin ce n’est pas seulement laver les dents, c’est aussi attendre que la personne dont on va s’occuper aie le temps d’entrer en communication avec vous, qu’elle accepte d’être aidée, qu’elle soit prête pour qu’on puisse lui laver les dents, les gencives ne sont pas toujours en bon état ; elle a des habitudes ou attend des égards, elle doit avoir le temps de remercier ou de dire qu’elle a telle chose qui ne va pas ou que justement telle chose va mieux. Ce n’est pas non plus facile d’accepter que l’on ne peut plus faire telle ou telle chose et de confier son corps à un étranger ! Avec le système actuel, on ne devrait plus parler de soins, mais d’actes, car un soin c’est pour prolonger le bien-être d’une personne. De la façon dont ces personnes sont généralement traitées, il y a de fortes chances pour qu’elles se sentent en trop et aient envie de partir au ciel plus vite !

Une de mes amies qui travaillait dans ce secteur a fini par donner sa démission en sachant que sa retraite serait moindre et une autre en a fait une dépression. Ce sont des cas isolés mais révélateurs.

Les chauffeurs de bus ? Il y avait une jolie ambiance de réelle convivialité autrefois et j’avais du plaisir à dire bonjour au chauffeur. Maintenant ils sont minutés, tout comme les postiers, les aides à domicile et tant d’autres. À croire que peu importe le secteur, il n’y a que la rentabilité qui vaille ! Dans les transports en commun, les chauffeurs ont à faire à des passagers qui saluent de moins en moins ou qui les agressent quand quelque chose leur déplaît. L’autre jour, j’ai demandé à des jeunes élèves (12 ans ?) de parler moins fort parce qu’à la fin de la journée la tête du chauffeur… J’ai eu de la chance, ils ont parlé plus bas. Le chauffeur m’a dit qu’il n’avait jamais eu une passagère comme moi et que c’était un jour à marquer d’une pierre blanche. Moi, je trouve normal de penser aux autres.

Mais, je remarque aussi que les chauffeurs ne vous saluent plus toujours non plus, certains ne vous regardent même pas. Et si vous dites quand même bonjour, bien d’entre eux ont maintenant des trucs dans les oreilles pour écouter de la musique ou ont leur regard et attention plongés dans leur téléphone portable, vous n’obtenez pas de réponse. Il y en a quand même de la vielle garde, ceux-là, il faut les soigner et je le leur fais savoir !

Je suppose que les chauffeurs se sont adaptés à la réalité qu’ils vivent ; ce ne sont pas seulement les passagers qui leur manquent le respect, ce sont aussi les automobilistes qui sont pressés, qui leur passent devant. Ils ne comptent plus le nombre d’infractions qu’ils constatent par jour, c’est dire…

Les vendeurs dans les magasins. Il y a plusieurs phénomènes qui entrent en jeu. Tout d’abord, l’extension d’ouverture des horaires n’a pas créé de nouveaux emplois. Je me rappelle la campagne politique qui prônait l’extension des horaires afin de faciliter la vie de ceux qui travaillent en semaine et qui allait créer des emplois… Je me disais que les politiciens n’y étaient pas. Cela s’est révélé vrai ! Par ailleurs, le commerce dit en ligne joue aussi un rôle. Les exploitants de ce type de commerce ont moins de frais de personnel et leurs produits coûtent par conséquent moins cher.  Cela fait monter la pression chez les vendeurs dans les les magasins : ils sont de plus en plus stressés, travaillent à une vitesse supérieure, sont de moins en moins nombreux pour le même travail, les cas d’absence pour raison de maladie accentuée sont plus nombreux. Je vois des vendeurs en mauvais état qui essaient de résister. Car, s’ils disent quelque chose, le chef leur dit qu’ils ne sont pas obligés de travailler et qu’ils peuvent partir. Dans un grand magasin, après la rénovation de ce dernier, on a vu moins de personnel, plus de rayons, donc de marchandise et, par conséquent, plus de travail. Sans parler du fait que la chaîne du froid a été augmentée et que les vendeurs qui y passent la journée ont froid !

Dans ce cas, tant les employeurs que les consommateurs sont responsables. C’est un cas de conscience.

Les caissiers. C’est une catégorie du personnel à part. Une rubrique spéciale se trouve ici.

Un autre problème, l’éducation des gens. Si on pourrait écrire un chapitre pour détailler le nombre invraisemblable de situations auxquelles ce personnel est exposé, on peut aussi le dire en peu de mots :  l’éducation des gens, toute catégorie et âges confondus, laisse à désirer.

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