Lorsque je répare une chose, je la répare comme si elle était moi. Je me dis que si la chose en question était moi, je n’aimerais pas être traitée à la va-vite. C’est peut-être parce que quand je suis traitée un peu n’importe comment, je trouve cela déplaisant.
Les fois où j’ai pensé cela, je ne savais pas que je pratiquais en partie les mots du physicien Jean-Pierre Garnier Malet qui dit : « Ne pensons pas à faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’on pense à nous faire ! » Quand on connaît l’effet d’une pensée, son poids, on comprend.
Dans mes réparations, je fais au mieux de ce que je connais et quand je ne connais pas, je pose des questions à des gens du métier. À chaque fois, je me rends compte que chaque métier est un monde, qu’il n’y en a pas un plus petit que l’autre et que chacun a ses règles, son temps d’exécution, sa beauté, À chaque fois, j’en sors enrichie. J’admire les gens qui connaissent bien leur métier et surtout ceux qui l’aiment. Alors, la vitesse avec laquelle on règle certaines choses dans le monde actuel me laisse songeuse.
J’aime regarder les travailleurs manuels, ceux qui travaillent sur les chantiers, sur les routes, les canalisations. D’abord, je me dis qu’une ville est comme un corps, avec ses veines, ses circuits électriques, etc. Chaque chose a une place et doit être bien posée pour qu’elle fonctionne. Je me dis aussi que certains politiciens devraient faire des stages de ce type pour qu’ils voient que lorsqu’ils prennent une décision, il y a des répercussions auxquelles on ne pense pas toujours. J’admire un Otto von Bismarck qui a introduit les assurances sociales (maladie, accidents, invalidité et vieillesse) dans les années 1880 en Allemagne. Aujourd’hui, il y a bien des problèmes à régler et on recourt plus souvent qu’à son tour à la rentabilité et à la réduction des dépenses au lieu de chercher une réelle solution.
Je reviens à mes réparations. Je disais que chaque métier est un monde et en même temps, tous les mondes sont liés. Il y a interpénétration des mondes, du savoir en général et on l’oublie. On a toujours besoin des autres. On ne pourrait pas marcher sans les chaussures conçues, faites, vendues par d’autres, par exemple.
M. Schneitter, sa droguerie et ses astuces. La première chose que j’ai été amenée à réparer a été une paire de fauteuils. Ne sachant pas très bien comment m’y prendre, je suis allée à la droguerie Schneitter, tout près de chez moi. J’ai demandé à M. Schneitter comment je pouvais faire. Ce monsieur joue un rôle très important dans la plupart de mes entreprises de réparation. Il est plus qu’un droguiste, il aime son métier, il aime sa ville et il connaît plein d’astuces. Il fait partie de ces personnes qui savent réparer des choses au lieu de les jeter et c’est pour cela que j’aime aller lui demander conseil. Lorsque le dernier quincailler a quitté la ville, il a ouvert un département d’outillage pour rendre service à la population locale. Il jouit de tout mon respect !
Grâce à M. Schneitter, j’ai appris à décaper un meuble. J’ai donc décapé (par la même occasion, j’ai appris l’existence de ce verbe), poncé et repeint les fauteuils avant de m’attaquer à la partie moelleuse. À chaque fois que je pense à cette aventure, j’entends la voix de M. Schneitter et vois ses yeux s’assurer que j’ai bien compris. Cette fois-si, je reprends le rembourrage :


J’ai recouvert de mousse le dossier et l’assise du siège, puis mis une première couche de tissu maintenue par des clous de tapissier.
En dessous, la version finale. On perçoit une fente en haut du dossier ; elle permet de glisser la main afin de défaire les plis de la couche en mousse de dessous. La housse est faite en une seule pièce et peut s’enlever, laver, repasser facilement.

J’aime toutes les étapes des réparations, mais à la fin, lorsque la chose est prête et que l’on peut la regarder par-dessus, par-dessous, que tout est à sa place et que pas un fil, pas un clou ne dépasse, c’est un grand plaisir pour mes yeux et pour mon for intérieur. C’est comme si une partie de moi avait trouvé sa place. Cela ests certain, car peu après ou simultanément quelque chose d’autre se règle dans ma vie.
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