L’enseignement de la danse et la lecture partagée avec les élèves…

Il arrive que mes élèves et moi lisions les mêmes auteurs, les mêmes livres. Cette fois-ci, la nouvelle petite élève de cinq ans et qui parle russe, m’a amené un livre sur l’anatomie. Il se trouve que l’anatomie est l’un de nos sujets de discussion et elle était très fière de me montrer son livre. Je l’ai trouvé intéressant et  ai commandé la version en français. Comme cela, nous pouvons faire des parallèles et comparer les traductions.

C’est ainsi que selon la langue, le titre change :

  • Original, langue anglaise : Look inside your body ;
  • Traduction française : Le corps humain :
  • Traduction russe : Секреты Человека (Les secrets de l’être humain).

C’est intéressant de voir combien un titre varie en fonction du public, de la culture. C’est l’occasion de faire voir aux élèves qu’une même chose peut être vue différemment.

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On voit les images avec des rabats sous lesquels on trouve des explications supplémentaires. C’est très bien fait.
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Version en russe

En ce qui concerne mon élève de 15 ans, nous discutons de la vie, des choses qui nous arrivent, du pourquoi elles nous arrivent, de ce que nous pouvons y faire ou pas. Qu’est-ce que la conscience, le Soi (au sens jungien) ? Comment avoir confiance en soi ? Qu’est-ce que la vibration de la matière, de nos particules ? Qu’est-ce que le rayonnement de chacun ?

Ainsi, l’autre jour, je reçois mon élève dans mon studio par la lecture d’un passage du livre « Le hasard n’existe pas » de Karl Otto Schmidt. Elle a dit que c’était justement un thème qu’elle venait de traiter à l’école et que cela l’intéresserait de lire le livre. Le hasard, ce fameux hasard qui n’existe pas, a voulu qu’elle ait assez d’argent pour aller tout de suite chez le libraire Payot et puisse s’acheter le livre.

Lors de la leçon suivante, elle m’a dit que si au début elle avait pensé que l’auteur racontait ses propres « trucs », elle commençait à le trouver intéressant. Voici le livre en question :

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L’autre livre qu’elle est en train de lire est le suivant :

Exemplaire que l’auteur m’a offert.

Mon élève trouve que les jeux de mots que Pierre utilise, invente, sont excellents ! La chance nous a souri et quelques mois plus tard, Pierre est venu à Neuchâtel présenter l’une de ses conférences. Nous y avons été invitées et maintenant, mon élève a son propre exemplaire.

Racontant à mon élève que mon ami avait été un admirateur inconditionnel de l’écrivain, journaliste et humoriste français Alphonse Allais et que j’avais été heureusement surprise de voir que Pierre Cleitman l’avait cité dans l’une de ses conférences, elle me demande de lui dire deux mots sur lui. Je lui dis qu’il avait beaucoup d’humour, humour un peu absurde, qu’il avait vécu dans la seconde moitié du xixe siècle (note en bas de page au sujet de l’écriture des siècles), qu’il avait été un très grand connaisseur de la langue française et qu’il est considéré comme l’un des plus grands conteurs de notre langue. Il ne lui en a pas fallu plus, elle aime ce genre et m’a demandé de lui prêter les livres de mon ami !

Le père de mon élève a hérité de la bibliothèque de son oncle qui avait été chimiste et un homme fort cultivé. L’autre jour, elle m’a dit qu’elle ne choisissait pas seulement des livres pour le titre ou l’extérieur, qu’elle était curieuse de savoir ce que certains livres avec des couvertures « vieilles » contenaient. C’est ainsi qu’elle est tombée sur » La Philosophie de Newton » par Léon Bloch. Or, quelques jours auparavant, j’avais lu des paragraphes sur la philosophie de Newton dans un livre que je révisais. Il m’a semblé que Newton me faisait signe et mon élève me l’a prêté !

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Le dos du livre »La Philosophie de Newton »

En fait de « vieille » couverture, il s’agit d’un ouvrage édité par Félix Alcan à Paris en 1908. L’oncle de mon élève a dû le faire relier, le livre est en parfait état ! Il n’a rien de « vieux » dans mon sens à moi.  La plupart des chapitres traitent d’algèbre et de mécanique, mais il y en a deux qui m’intéressent :

  1. Les idées métaphysiques de Newton;
  2. Voltaire et Newton.

Je remercie le grand-oncle de mon élève d’avoir pensé à moi sans le savoir ! Bien que peut-être qu’il le savait… Le temps est une drôle d’histoire.

Note : les siècles s’écrivent en petites capitales, mais cette plateforme ne les reconnaît pas.

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Danse classique pour adultes

J’ai été étonnée, il y a quelques mois, d’entendre une jeune femme me dire qu’elle aurait toujours voulu faire de la danse classique et qu’elle voudrait en faire à son âge, soit la trentaine. Peu de jours après, une autre jeune femme m’approche pour me dire la même chose.

Le monde a continué de tourner et voilà que désirant participer au programme « Midi Tonus », organisé par les autorités de Neuchâtel, les organisateurs me proposent de donner un cours de danse classique pour adultes. J’ai quelques jours pour y réfléchir.

La chance veut que j’aie créé pour mon élève de 15 ans un genre que je peux adapter à des adultes. J’ai donc créé un cours de danse classique revisitée. Bon, je ne l’ai pas sorti d’un chapeau, il y a de l’expérience derrière et bien des danseurs que j’ai connus ont adapté le style à leur âge ou se sont adaptés à ce qu’ils pouvaient faire. Je suis dans ce cas aussi et j’ai une immense joie à faire ce que je fais. Ce sont donc des choses que j’ai vues, que j’ai vécues et qui n’attendaient que le moment pour voir le jour.

Alors, oui, c’est une danse classique revisitée, car cette danse qui a des règles très précises et qui permet au corps de s’exprimer d’une façon harmonieuse peut s’apprendre ou être reprise après une longue pause d’une autre façon. En effet, un mouvement n’a de sens que si on y met de la conscience. Pour cela, on fera appel à l’anatomie, aux méridiens, aux symboles, à la visualisation. Ainsi, un port de bras, par exemple, peut être vécu de différentes façons. C’est étonnant de remarquer que certains pas entrent tout à fait dans le code de l’énergétique chinoise. Bien des fois, j’ai pensé qu’un « initié » était à la base de la danse classique !

L’avantage des adultes, c’est que le désir de faire est fort, que la conscience est là et que la maturité accompagne les mouvements. La courte expérience que je viens d’avoir me permet de dire que c’est possible, qu’on peut faire des choses très intéressantes et que le plaisir est là. Le mouvement est un reflet de la pensée ; on peut faire toute sorte de parallèles et la danse nous permet de voir la vie différemment, peut même nous aider à mieux comprendre certaines des situations que nous vivons.

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Révision de textes 3 : mon élève de danse de 15 ans

 Il n’y a pas si longtemps, mon élève parlait comme la plupart de ses copains… un français un peu limité et décoré de bien de fautes : mots, accords, grammaire, style. Les remarques à ce sujet n’ont pas très bien passé et j’ai dû laisser l’eau couler sous les ponts… pendant un certain temps.

Ce même temps a fait son oeuvre. Voilà que mon élève écrit des poèmes. Je viens de les lire et les trouve remarquables. Le hasard a fait que j’ai donné hier un « Atelier de mouvement du corps et de l’esprit » où interviennent de courts poèmes inspirés des haïkus (courts poèmes japonais liés à la nature). Ces poèmes ont un lien avec les événements de la vie et n’ont pas de but littéraire. Je les lui ai montrés et elle les a aimés ! Ce n’est pas rien. J’ai proposé à mon élève de publier sur ma plateforme ses poèmes et elle a été ravie. « Du coup », comme elle dit, je publie les siens et les miens.

Voici quatre des miens :

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Mon élève : son poème « Comptine » est écrit sur deux diapositives.

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Mon élève : son autre poème « Mireille a le bout du nez rouge » est également écrit sur deux diapositives.

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On ne peut qu’admirer !

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Mon style de danse

Actuellement, je pratique une danse issue de ma formation et nourrie par le travail avec mes élèves. Il faut reconnaître que nous ne vivons pas dans un pays à tradition de danse classique. Afin de donner un sens aux mouvements du corps de mes élèves, j’ai eu recours au travail de l’imaginaire, à l’introduction de symboles, à des interventions théâtrales. Cela depuis le début sans que je le remarque tout de suite. C’est ces dernières années que cela est devenu de plus en plus clair.

La danse classique exige un corps particulier. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde, mais, comme le disait Maurice Béjart, tout le monde peut danser. Alors comment faire ? Il y a moyen d’utiliser le corps de façon correcte, sans exagération ni torture et de le faire de manière harmonieuse. De même qu’il y a des danseurs classiques lyriques, d’autres héroïques, d’autres encore plastiques, etc. nous avons tous un genre. Il suffit de le trouver et de le mettre en évidence. La beauté n’est pas un modèle, un stéréotype, c’est une notion qui est liée à l’intérieur de la personne.

La base chez moi est la danse classique, l’école Vaganova, soit l’école russe où l’élégance, la rigueur et la technique sont réunies. J’ai eu de la chance que les professeurs qui m’ont formée en Roumaine aient, pour la grande majorité, étudié à Leningrad, redevenue aujourd’hui St-Pétersbourg.

Je ne pourrai pas les citer tous, mais là où ils sont, mes professeurs savent que bien souvent je pense à eux et que si je sais ce que je sais, c’est parce que je leur dois une fière chandelle. Devoir une fière chandelle à quelqu’un, c’est joli et profond comme expression. C’est vrai, je leur dois une partie de ma construction. Il y a des moments où je m’arrête dans ma vie et remercie tous ceux que j’ai rencontrés, ceux que je rencontre et ceux que je vais rencontrer, même ceux que je n’ai pas rencontrés, car finalement nous sommes tous liés. Cela me fait penser à une leçon de vie donnée par Maître Oprea Petrescu lorsqu’il m’enseignait la danse à Bucarest : « Tu peux apprendre de tout le monde,  même du pire tu apprendras au moins à ne pas faire comme lui ! »

Il me disait aussi que lorsqu’on est enfant et qu’on regarde les danseurs étoile, on les imite et que par la suite on trouve son propre style. Il en va de même, je m’en aperçois aujourd’hui, dans l’enseignement. Ma personnalité a toujours pris le dessus sur bien des choses, donc ma tendance à vouloir aider les élèves, à voir que leur vie en dehors des cours est tout aussi sinon plus importante que le moment passé à faire des pas de danse, est toujours sous-jacente. Je le dis dans la rubrique « Danse classique personnalisée » et dans d’autres, mes activités sont « personnalisées ». J’essaie donc de comprendre comment le corps et l’esprit de mes élèves fonctionnent.

Le travail avec les élèves. Travailler avec des enfants, avec des adolescents vous maintient éveillé. J’ai essayé de comprendre mes élèves et de créer des exercices et des danses où ils pouvaient se reconnaître. Il se trouve que je m’y reconnais aussi. C’est assez fabuleux de faire quelque chose pour quelqu’un d’autre et de voir que cela s’applique à soi. Ces dernières années, j’ai travaillé en particulier avec une élève adolescente.J’ai peu à peu trouvé un genre de danse qui est le sien et le mien ou le mien et le sien  ou alors, j’ai lu chez elle ce qu’elle pouvait faire ou elle m’a aidée à sortir ce qui était en moi. De plus, je peux mettre ce style au service d’autres personnes. Cela me fait plaisir de voir tout ce cheminement qui s’est fait tout seul, sans rien forcer.

C’est ainsi que je viens d’avoir, pour la première fois, un cours de danse classique pour adultes. On a toutes, ce sont des dames, beaucoup de plaisir. J’y mêle des exercices de danse classique, des notions d’énergétique chinoise, des notions philosophiques, des réflexions anatomiques, psychologiques… les éléments de la vie. C’est un vrai plaisir ! Les mouvements sont simples, mais riches de signification et la simplicité n’exclue ni la beauté ni la technique. Mon enseignement s’adapte à toute personne.

Mon expérience m’a aussi menée dans divers concours et festivals. Ce qu’il y a d’intéressant c’est qu’on rencontre des élèves, des participants qu’on n’aurait pas vus autrement. C’est très enrichissant pour moi. Me voici lors d’une participation à la « Fête de la danse » à Neuchâtel.

Remerciements. Je saisis l’occasion pour remercier tous mes maîtres et élèves. Ils m’ont tous aidée à construire mon chemin.

Photo Yoan Jeudy. On le remercie pour cet instantané !

Voici un compagnon dans plusieurs de mes activités, Essence :

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Ecole de danse Zully Salas : éducation des élèves.1

À tous mes élèves j’accorde la même importance. Je me suis toujours préoccupée de savoir comment ils allaient, comment ils se sentaient à la maison, à l’école, avec les copains, avec leur corps. J’ai toujours encouragé l’apprentissage de toutes les matières, j’ai aidé quand les circonstances l’ont permis en toute sorte de domaines et à différents niveaux.

Neuchâtel, ville où j’habite et enseigne, n’a aucune tradition dans le monde de la danse classique, ni danse en général. Aussi, pour faire comprendre aux élèves que la danse a une histoire, que tous les domaines participent à la beauté et à la construction de l’esprit, j’ai distribué des photocopies sur ces sujets afin de constituer un dossier sous forme de classeur.

Voici la liste des danseurs, photo et biographie, et autres sujets. Il n’y a jamais eu d’ordre. Les noms  et sujets venaient au fur et à mesure, selon les circonstances  :

  • Alexandra Danilova ;
  • Anna Pavlova ;
  • Marie Taglioni ;
  • Liudmila Safronova ;
  • Irina Borovska ;
  • Karl Musil ;
  • Vladimir ;
  • Magdalena Rădulescu ;
  • Ilka Dubek ;
  • Muriel Collignon ;
  • Harald Kreutzberg ;
  • Moira Shearer ;
  • Alexandra Iosifidi ;
  • Maia Plissetskaia ;
  • Alla Chelest ;
  • Laura Blică ;
  • L’autographe d’Agathe Rytz Jaggi, pianiste suisse, qui a enregistré de la musique pour l’un de nos spectacles ;
  • Charlotte Kerr-Dürrenmatt a décrypté le texte de la chanson allemande « Der Streuselkuchen » ;
  • Des photos de différentes formes de pied. Les pieds nous portent dans la vie, et dans la danse ils sont très importants.
  • Différentes feuilles avec des nombres ou des figures afin de faire des exercices avec les yeux ;
  • Un article sur l’intention de l’Académie française de supprimer l’accent circonflexe ;
  • Dépliant du musée Bartholdi. Ce dernier fut le sculpteur de la Statue de la Liberté de New York ;
  • Dépliant du musée Jean Tua, musée de l’automobile, de la moto et du cycle, à Genève (il n’existe plus depuis 2005), car il y avait de si belles voitures, qu’il m’a semblé important de dire aux élèves que la beauté était partout ;
  • Comparaison de différents calendriers aux approches de l’an 2000. Cela démontrait que même la mesure du temps était relative. Il y avait aussi la photocopie d’un calendrier perpétuel ;
  • Copie d’une page « Spécial Mycorama » racontant des anecdotes liées aux champignons et recuellies lors d’un tour du monde ;
  • Un court historique avec des questions à la fin sur des émeraudes. L’une des élèves collectionnait des pierres semi-précieuses et j’étais allée en Colombie d’où je leur avais apporté des « morrayas », soit des émeraudes non travaillées ;
  • Carte postale du Théâtre Mariinski, St-Pétersbourg, avec autographe du photographe des années 1960 – 1970, Il y avait également un historique.
  • Un dossier sur les médicaments homéopathiques d’une danseuse avisée. Il avait été révisé et complété par le docteur Liliane Calame.
  • Un petit article sur les monnaies et même une pièce de Hong-Kong avant qu’il ne retourne dans le giron chinois ;
  • Un carton à découper pour monter l’Opéra de Paris ;
  • Un carton à découper pour monter la bicyclette de Da Vinci ;
  • Un carton à découper avec des costumes utilisés à la cour de Russie.

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La danse et le monde de Zully, ou la danse mène à tout.

Ces derniers temps, pour des raisons particulières, je présente des spectacles très souvent et invite des amis, des connaissances, des gens que je trouve intéressants.

Le thème principal est celui de la difficulté. Lorsqu’on se trouve devant l’une d’elles, il y a bien des façons de se comporter, je pense qu’il faut faire face. Ce n’est pas toujours facile, mais il faut quand même se dire qu’on n’est pas né pour être malheureux, qu’il y a toujours une solution. Si je regarde ma vie, je m’en suis toujours sortie et très très souvent à mon avantage bien que parfois j’aie eu l’impression d’avoir laissé des plumes…

Cette semaine, nous avons eu Roger. Un gaillard rencontré au self-service de la Migros, l’un de nos supermarchés. Je l’ai entendu parler avec un ami et j’ai remarqué qu’il parlait très bien. Je suis sensible aux gens qui parlent bien, d’autant plus quand ils sont étrangers, ce qui était son cas. Je le félicite donc et on entre en conversation, on a échangé quelques courriels, puis silence.

Organisant donc mes spectacles, je tombe sur son adresse électronique, reprends contact avec lui et lui demande de venir, avec des amis, si cela lui dit. Il répond qu’il vient seul.

J’ai invité d’autres personnes, neuf, mais… vendredi passé, Roger s’est retrouvé seul dans notre petite salle ; cela ne l’a pas démonté. J’ai expliqué que pour des raisons qui nous échappent, la vie nous réserve des surprises et tant sa présence que l’absence des autres en faisait partie.

Bien nous en a pris, car il a amené une façon de voir la vie très intéressante et l’une d’elles concerne les tables de multiplication. L’élève, quinze ans, avec laquelle je présente ces spectacles a maille à partir avec lesdites tables. Mon élève était déjà partie lorsque nous en avons parlé. Il a fait un schéma sur une petite feuille et je me suis dit que j’allais le refaire. C’est fabuleux. Je l’ai fait deux fois et la deuxième fois, j’y ai découvert d’autres choses, j’ai aussi compris une phrase que Roger avait dite lorsqu’il construisait son schéma et que j’ai comprise sur le moment, comme on comprend une phrase qui est logique, mais ce n’est que maintenant que je la vis. Voici le second schéma que j’ai fait et déjà transmis à mon élève. La phrase est en lien avec la confiance. J’en parlerai une autre fois.

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Quand Roger a fait le schéma, il est parti de l’axe des coordonnées pour montrer  la progression logarithmique. Je me suis dit que j’allais faire le prolongement des lignes à gauche parce qu’elles devaient se croiser et que les lignes allaient s’inverser.  C’est magnifique à voir !
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Et voilà ! Ce graphe me donne une immense joie !
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Le premier graphe

Je viens de refaire le premier graphe, sans la prolongation à gauche, et donc sans le point de rencontre. Je ne peux que dire que sa construction me procure une immense joie, comme si je découvrais quelque chose, puis lorsque je regarde l’image et la laisse entrer en moi c’est comme si je rencontrais l’infini.

Lors de la construction, la première fois, j’ai compté les carreaux. En effet, sur l’abcisse, on reporte les tables, celle du deux est la première. Cela veut dire que sur la l’ordonnée on va retrouver les produits : 2, 4, 6, 8, 10 etc. Ensuite, on a la table du 3, puis celle du 4. En dessinant celle du trois, j’ai compté trois carreaux, six carreaux. On s’aperçoit alors, qu’il n’y a pas besoin de les compter, car le premier nombre de chaque table est décalé d’un nombre par rapport au précédent. C’est logique, 2, 3, 4… 9, 10, etc. Puis, lorsqu’on passe au second terme, soit 6 pour le 3, 8 pour le 4, 10 pour le 5, on s’aperçoit qu’il y a décalage de deux carraux entre deux colonnes, que pour le troisième terme il y a trois carreaux et ainsi on trouve une progression logarithmique. C’est moins compliqué à construire qu’on ne le croit.

Ensuite, en regardant le graphe fini, j’ai eu l’impression de contempler la beauté. Je me suis sentie dans la peau d’un Grec qui travaille avec la perspective. C’est une émotion très profonde, une sorte de vertige. Il doit y avoir autre chose à « voir » dans ce graphe, la construction de quelque chose de grand. Tout cela, parce que j’essaie de trouver la porte qui ouvrira l’appétit de mon élève pour les mathématiques !

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Journal de l’enseignement de la danse classique adapté à une élève de cinq ans, page 1.

On ne peut pas enseigner la danse classique avec ses règles de la même façon à un élève de cinq, sept, dix, quinze ans. Le langage, le sens changent. Pour un enfant de cinq ans, il faut commencer par prendre connaissance de son corps, de la façon dont il est construit et se faire ami avec les jambes, les pieds, les orteils, les jambes, les genoux, les bras, les coudes, les mains, les doigts, les épaules, la tête, le regard, l’espace, la musique.

Janvier 2018 : une nouvelle élève est arrivée à mon école. Petite élève curieuse, fatécieuse et intelligente. Je lui dessine des pierres au sol et lui dis qu’elles sont entourées d’eau et de crocodiles. Cela veut dire qu’il y a danger de sauter d’une pierre à l’autre et qu’il ne faut pas tomber dans l’eau.

J’en dessine des grandes et entre elles, assez loin les unes des autres, de toutes petites. Elles ne permettent de mettre qu’une demi-pointe.

La fillette s’est posé la question de comment y aller et a fini par trouver ! J’ai déjà fait cet exercice avec d’autres enfants. Elle est la seule à avoir trouvé la solution toute seule.

Mars 2018 : j’ai compliqué l’exercice avec d’autres formes et elle trouve toujours quoi faire. Dans les très grandes, elle se couche et elle dit qu’elle se repose.

On a parlé de résonances dans le corps. J’ai pris un sceau et l’ai rempli avec de l’eau. Ensuite, j’ai donné un petit coup dans l’eau pour qu’elle voie que l’eau bouge. Je lui ai expliqué, que son corps était rempli d’eau. Elle a fait une drôle de mine. Je lui ai dit que si elle était le verre que je tenais dans ma main, l’eau du corps allait très près du bord ! Et que donc, si elle faisait une résonance dans son corps, elle allait faire bouger l’eau du corps et faire bouger le corps. Elle a très bien compris.

Les progrès : c’est surprenant comment en une seule leçon bien des notions se mettent en place et forment une sorte de tableau, comme un puzzle dont on a soudainement trouvé où vont les différentes pièces. Les exercices que la fillette trouvait difficiles.(marcher sur une planche du sol en bois sans dépasser les côtés) sont devenus quelque chose de simple. On dirait que c’est son exercice, qu’il lui appartient. Elle a même marché tout de suite sur une seule ligne, une de ces lignes qui séparent deux planches. C’est allé assez vite, elle a douté une fois au début, elle est restée immobile un bon moment, ne m’a pas appelée et a marché sur toute la longueur de la ligne. C’était fabuleux ! Je lui ai dit que c’était une victoire. Une victoire ? demanda-t-elle. Oui, chaque fois que nous réussissons quelque chose, c’est une victoire et tu est pleine de victoires ! Elle a souri. Il en est allé de même avec les sauts. Elle peut maintenant sauter en 6e position sans faire du bruit et quand je la prends par la taille pour faire de grands sauts, elle a les jambes et les pieds tendus en 2e position. Même quand elle sautille, le pied droit est bien tendu, le gauche un peu crochu, mais l’effort est là.

Les progrès en une fois = marcher sur une planche, marcher sur une ligne, tendre les pieds dans le grand saut et les sautillés sauter à pieds joints sans bruit et la position du bassin qui s’approche du sol quand elle fait la grenouille sur le tapis.

La victoire : Il ne suffit pas de dire à quelqu’un qu’il a bien fait et que c’est une victoire. Pour vraiment assimiler la victoire, il faut constater. Mon élève sait que c’est la première fois qu’elle réussit aussi bien et que cela s’appelle une victoire.

De plus, je la vois refaire toute seule des exercices qu’elle trouvait difficiles. C’est vraiment fabuleux ! Plus le temps passe, et plus elle choisit toute seule de refaire certains exercices difficiles et les complique d’elle-même. Celui de marcher sur une ligne, par exemple : cette semaine, elle a mis un pied sur la ligne, a levé l’autre, est restée en équilibre un moment, puis l’a posé par terre, levé à nouveau l’autre, est restée en équilibre et ainsi de suite. Elle sait que lorsque le morceau de musique choisi finit, on ne bouge plus ; cela lui est arrivé lorsqu’elle était en équilibre. Pas de problème ! Elle est restée en équilibre !

Nous sommes allées voir le médecin chez lequel je vais en formation continue en France, le docteur Benoît Lesage. Nous avons enrichi la palette des exercices à faire pour corriger un problème de hanche et nous nous amusons bien. Afin de faire un jeu d’un exercice qui pourrait être ennuyeux, j’ai proposé qu’on dessine des « yeux ». Ensuite,  on les a posés sur le corps de façon qu’ils gardent une certaine position. J’ai dit qu’on pouvait donner un prénom à chaque oeil et la petite élève a très bien compris, d’autant plus qu’elle donne des noms à ses chaussures. Elle ne dit pas, je veux mettre les chaussures blanches ou les rouges, elle les appelle par un prénom ! C’est sa maman qui me l’a raconté par la suite.

À un certain moment, nous avons joué à tapoter les os du corps. Je lui ai dit qu’on pouvait parler avec les cellules du corps, sortes de petits personnages qui travaillent dans le corps. Je lui ai dit qu’en faisant toc-toc-, ces petits personnages pouvaient apparaître sous toute sorte de formes, que chez moi, ils étaient bien souvent des fleurs. Elle a dit que j’en avais, de l’imagination !

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