Ah, les nombres, les positifs et les négatifs, sans oublier le zéro, inventé par les Indiens. Au mois de décembre, depuis des années, je fais des maquillages pour la fête de Noël des enfants des organisations internationales qui se déroule au BIT, Genève. Cette année… on va dire que le père Noël a eu congé et la manifestation n’a pas eu lieu. C’est ici qu’intervient le zéro qui signifie tout à tour l’absence (ce sont les Babyloniens qui lui ont donné ce sens en premier et il correspond bien à la situation parce que la fête est absente), le vide (c’est la sensation que provoque l’absence de la fête), le néant (c’est aussi le cas parce que nos repères disparaissent), mais c’est aussi le départ de quelque chose de nouveau (là, nous sautons à pieds joints et saisissons l’occasion pour faire un montage de photos d’années précédentes). Alors, si j’écris -2025 c’est parce qu’on n’a pas la fête, mais 2025 est là et on fait la fête à notre façon.
Peu de photos. C’est vrai, j’ai cru que j’en avais plus mais, je ne peux que répéter que je n’ai pas le temps de faire le maquillage et de faire la photo. Je n’ai pas non plus voulu reprendre celles d’autres articles. De plus, il y a eu des années où je n’ai pas pris de photos du tout sans compter qu’il y a eu la période de la covid… Mais, l’essentiel est de donner le ton.
L’arbre de Noël. Chaque année il y a un magnifique arbre de Noël à la fête. Cette fois-ci, on fera comme dans un conte et ceux qui liront l’article pourront prendre un cadeau dans l’arbre.
C’est écrit dans les sept langues que j’ai utilisées lorsque j’ai travaillé au BIT.
Un arbre de Noël très riche. On a toujours le même arbre, mais, si on le regarde différemment (inutile de répéter qu’on est toujours dans un conte – mais qui sait où se trouve la réalité ?), on trouve le nom de personnes (explication dans le paragraphe qui suit) qui ont participé ou sont des acteurs de l’organisation de la fête. Chaque nom est un cadeau tant pour le BIT, que pour les autres organisations, les enfants inscrits, les parents des enfants, les employés qui voient tant de joie et les artistes invités (dont moi).
En bas de l’arbre on voit Pierre Sayour, celui qui, le premier, a pensé à organiser cette fête. Et dessous il y a celui d’Albert Thomas, le premier directeur de l’Organisation internationale du Travail et qui a choisi Genève comme siège.
L’Histoire. Sans elle, il n’y a rien. On le voit, sans Albert Thomas, pas de Pierre Sayour et sans lui pas de fête. C’est aussi le moment d’expliquer que bien d’autres personnes font partie ou ont fait partie de l’organisation de la fête sans que leur nom apparaisse ; mais ils sont à l’intérieur de l’arbre ; de même que celui des nombreux fils, filles et maris d’employées du BIT qui ont aussi été parties prenantes pour tout mettre en place. Toutes ces personnes, absolument toutes, sont des cadeaux pour les autres.
Je continue de proposer quatre cours : @articulations-jouons avec elles ; @3m.ossature ; à vos pieds ; danse classique et imagination.
Cours @articulations-jouons avec elles. Il s’agit de comprendre les articulations du corps, de les rendre plus vivantes, de les utiliser différemment et d’étendre ce jeu aux articulations sociales que la vie nous présente. Il va de soi qu’entre les participants et moi s’établit aussi une articulation et on se doit de jouer avec elle (tant les participants que moi).
Dans le cas présent, la vie c’est moi. Les participantes m’avaient demandé de préparer quelque chose pour faire travailler les articulations des doigts de la main. C’était bien tombé parce que j’avais passé commande de quelques pierres luminescentes (je rappelle que ce terme s’applique aux objets qui émettent de la lumière sans produire de la chaleur). L’exercice se prête à la métaphore.
Au départ : chaque participante a un tas devant elle.
Première consigne : séparer les pierres par couleur en utilisant différentes doigts et différentes positions.
Commentaire des participantes :
pour la participante no 3, il y a des formes dans la première image – la seconde est chaotique – la troisième est claire ;
la participante no 1 a vu chez les deux autres des organismes vivants, des cellules, la transformation ;
la participante no 2, moi, est étonnée de voir comment des formes émergent alors qu’il n’était question que de séparation, mais voilà, cela fait partie de la richesse de ce monde.
Remarque. Il est intéressant de voir comment trois personnes interprètent une même consigne : séparer les pierres par couleur en utilisant les articulations des doigts de manière différente. Ce qu’on voit aussi c’est que des pierres d’une couleur se promènent chez d’autres pierres. C’est comme dans la vie : il y a le jour, il y a la nuit et il y a les levers et couchers de soleil où la lumière et l’obscurité jouent ; même pendant la journée il y a des moments nuageux et d’autres ensoleillés, mais il y a aussi des nuits noires et des nuits claires, étoilées. De même, lorsque dans notre esprit une pensée devient claire et qu’on remonte le parcours, on s’aperçoit qu’elle était sous-jacente ici ou là.
Consigne suivante : donner une forme aux pierres.
Commentaire des participantes :
pour la participante no 3 : l’image 1 est drôle et originale mais le point d’interrogation la perturbe ; dans l’image 2, elle aime la simplicité et la puissance qui s’en dégage ; dans l’image 3 il lui est difficile d’avoir une impression d’ensemble, mais elle y voit la joie dans le bonhomme à droite, l’amour dans cœur, la perfection dans la figure avec des cercles et l’abondance dans la grappe ;
pour la participante no 1 : les images 2 sont le système solaire, les planètes ; les deux autres sont un retour au réalisme, à la signification ;
pour la participante no 2 : j’ai donné deux images de l’idée que nous faisons partie d’un tout.
Cours @ossature.3m : ici il s’agit de faire vibrer tout le squelette. Les cours de Midi Tonus sont solidaires du calendrier scolaire et à cette saison il y a eu les vacances d’automne et le lundi du jeûne. Heureusement pour moi, les personnes présentes ont pu venir sans interruption et cela a un impact direct sur le ressenti corporel d’une semaine à l’autre. Cela fait que vers la fin de la session, dès le début du cours, les participants ressentent les résonances se faire écho dans tout le corps. C’est une réussite. Là aussi il y a un parallèle avec ce que nous vivons dans la vie.
Cours danse classique et imagination. Si on a parlé et fait de la danse classique, on a aussi vu comment on pouvait danser avec les éléments que la vie nous propose. Comme ce qui s’est passé concerne des choses très personnelles, je ne vais pas les reproduire, mais une chose est certaine, la danse classique se prête à merveille à ce genre d’exercice.
Cours À vos pieds ! Ici aussi, si on visite le pied, si on le bouge dans tous les sens, le principal est de savoir où et comment on le pose.
Cours réussis : les participants sont partis avec des outils qui leur seront utiles dans la vie.
Liens : cette fois-ci, j’ai repris l’idée de ne faire qu’un seul article pour les cours de la session ; normalement chacun a ses propres liens. Si vous tapez le nom du cours sur la barre de recherche, vous aurez d’autres comptes rendus.
Comme je le disais dans l’article précédent, tous les endroits sont bons pour échanger quelques mots, faire des observations, s’enrichir.
Quand je donne un cours, mon désir est d’enrichir les autres. Il arrive aussi que je m’enrichisse. C’est ce qui s’est passé il y a peu de temps. J’utilise toute sorte de choses pour donner mes cours et voici que je donne une sorte de petit disque – au centre d’une ficelle circulaire – qui tourne lorsqu’on tend la ficelle une fois qu’on l’a enroulée. Il donne l’occasion d’utiliser diverses articulations. Tout d’abord, il faut faire passer la ficelle à travers le disque qui doit rester au milieu et faire un noeud pour que ledit disque ne tombe pas. La ficelle n’est pas d’une très bonne qualité et il m’est arrivé de la remplacer par une plus solide. Cette fois-ci, on est trois personnes et chacune fait son noeud. On fait le cours et une fois que je vais ranger les disques, je vois le noeud fait par l’une des participantes. Il est bien plus beau que ceux que je fais. C’est celui tout à droite de l’image no 1.
Quelle importance ? Les noeuds tiennent et cela devrait suffire. Oui, mais… Je me dis que toute chose devrait être bien faite. Pour moi, tout fait partie d’un tout. Je me dis que si j’étais le noeud, j’aimerais être celui de la première image tout à droite. C’est pourquoi, je lui ai mis un soleil. On voit mieux les noeuds dans l’image no 1.2.
Que faire avec les autres noeuds ? Je les ai défaits et, m’inspirant de celui de la participante, les ai refaits. C’est l’image no 2. Là, tous les noeuds sont contents et donc brillent comme un soleil.
Mes noeuds vont changer et d’ores en avant, ils auront meilleure allure. J’ajoute un quatrième disque et on en voit le détail dans l’image no 3.1, toujours avec un soleil. Je pourrais même brûler le bout afin qu’i ne s’effiloche point !
Oui, encore une fois, quelle importance ? Une nouvelle fois, je répète, tout fait partie d’un tout. La participante en faisant son noeud n’a pas pensé à l’effet qu’il pourrait produire. Voilà, c’est comme cela qu’on devrait tout faire, bien ou au mieux. Je remercie la participante à mon cours.
Dans un magasin. Je rencontre une dame qui travaille à 70 %. Elle m’explique qu’elle a en plus du travail à la maison. Je lui dis :
Et voilà une articulation sociale en parfait état : pas de rigidité, ni d’inflammation. Elle est huilée !
Cette fête, dont le nom Halloween est une contraction de All Hallows Eve, soit la veille du jour de tous les saints, a lieu le 31 octobre. L’origine de cette fête remonte aux Celtes (il y a 2000 ans) qui fêtaient la fin de la récolte et le début de l’hiver à cette même date. Pour eux, cette nuit-là, les esprits revenaient sur terre et afin d’effrayer ceux qui étaient mauvais, les habitants se déguisaient avec des peaux d’animaux et sculptaient des visages sur des navets. Et alors, les citrouilles ? se demande-t-on. Eh bien ce sont les Irlandais émigrés aux États-Unis qui ont trouvé que la citrouille était plus grande et plus facile à sculpter ! J’ajoute que la notion de « veille » a été introduite lorsque le christianisme s’est répandu et a introduit la Toussaint, le 1er novembre, qui en anglais est la All Hallows Day , voilà comment on passe de l’une à l’autre… Si quelqu’un a une meilleure explication que le résumé que je viens de présenter, je suis preneuse.
C’est le comité de l’association Fête des Vendanges qui m’a invitée à participer avec mes maquillages à l’après-midi de Halloween qu’ils organisent depuis trois ans à la maison de la fête des Vendanges à Hauterive. C’est un concours de circonstances un peu étrange qui est à l’origine de cette invitation. Mais, l’étrange fait partie de Halloween et donc tout est bien qui finit bien ! Je remercie Naveen Begni de son geste.
Avant de faire un florilège des quelques photos que j’ai eu le temps de prendre et que je présente dans un montage à ma façon, j’aimerais dire que j’ai fait connaissance de l’équipe organisatrice et que le courant est passé ; on était sur le même bateau, pour ainsi dire. De plus, j’ai vu à l’oeuvre une vraie équipe où les générations ne font qu’un : des parents, des ados et des enfants. Chacun faisait quelque chose. À un moment donné, Joëlle Sandoz collait les fameuses toiles d’araignée de Halloween d’une façon très méthodique, je l’aidais je ne sais plus comment et on a eu besoin de bande collante supplémentaire. Maxime, le neveu, 12 ans, est arrivé, a détaché plusieurs morceaux et les a collés sur le bord de la chaise sur laquelle sa tante était montée. Il a été d’une efficacité incroyable. Je suis restée un moment suspendue dans le temps parce que j’avais l’impression que les gènes familiaux qui les unissaient dansaient dans l’air.
Pour faire des maquillages aussi élaborés que ceux qu’on y voit, il faut du temps. Pour un visage complet, cela peut prendre deux heures afin d’éviter que les couleurs se mélangent et pour laisser aussi du temps à l’imagination de faire son chemin… Je ne fais jamais un plan d’avance ; j’y vais, me laisse guider par ne je sais quoi et cela fait un tout. Lors de cette fête, la question de savoir ce que j’allais faire n’a pas manqué. Certaines personnes, les enfants sont des personnes, veulent marcher sur un terrain connu et je ne peux que dire : je me laisse inspirer par ton visage et si cela ne te plaît pas, on peut vite l’enlever parce que j’utilise des peintures à l’eau. Je n’ai pas eu à en enlever.
Dans le cas présent, celui de Halloween, je suis limitée en quelque sorte, je dois utiliser un thème, mais une fois la chose entrée en moi, la liberté est là . La photo de l’affiche avec la toile d’araignée autour des yeux n’est pas la mienne. Comme j’ai essentiellement eu des enfants, il est évident qu’on ne peut leur faire un tel maquillage. J’ai quand même fait des toiles d’araignée et ai expliqué aux enfants que l’araignée fait un fil que bien des fabricants de textile aimeraient reproduire tellement il est souple et résistant ; de plus, la toile attrape bien des insectes, soit des choses utiles. J’ai fait un parallèle avec le cerveau qui « attrape », s’imprègne d’informations utiles dans la vie et cela a marché ! J’ai vu les yeux des enfants briller et cela vaut bien des choses.
Faits intéressants. Cette fête n’a pas de but commercial. C’est Raphaël Sandoz qui me l’a expliqué. Ceux qui y travaillent sont des membres de la commission Événementiel de la fête des Vendanges et des bénévoles. Je trouve cette démarche très intéressante dans un monde où la plupart des gens ne font que courir après l’argent. Je suis touchée et me sens proche de toute l’équipe. Nous n’avons pas eu du temps pour discuter afin de faire connaissance, mais le fait de les voir travailler et de montrer comment je travaille a été l’équivalent d’un passeport. De plus, vendredi soir, après la préparation de la salle et samedi après le rangement de la salle, j’ai été conduite en voiture à la maison. Je me suis sentie comme une reine ! Je dois aussi remercier un inconnu : samedi, pour me rendre à la salle, j’ai pris le bus avec mon matériel – assez important et lourd, mais, je me suis trompée de ligne et suis arrivée aux piscines… J’ai arrêté une voiture et ai demandé au conducteur où je devais aller pour prendre le bus. Il a réfléchi un instant, est sorti de sa voiture et m’a dit qu’il allait me conduire à la salle. Il s’était demandé ce que je faisais au bord de la route avec tout mon matériel… J’en reviens très souvent à la comptabilité de la vie, celle où l’on ne rend pas directement le bien à celui qui vous le fait, mais je suis très reconnaissante à ceux qui m’aident.
Encore des remerciements. Je les adresse aux trois enfants de 12 et 13 ans qui ont bien voulu me prêter leur main pour… me faire la main… tout au début de ma prestation. Là, je touche un autre thème qui ne cesse de tourner dans ma tête : on dépend toujours des autres, plus grands ou plus petits.
Hauterive… Lieu qui m’est devenu cher parce que feu mon ami, André Oppel, ancien directeur du Centre culturel neuchâtelois et constructeur de chars à la fête des Vendanges y a vécu ; lieu aussi où j’ai maquillé pendant des années à la fête d’Automne et où je suis retournée depuis quelques années grâce à l’invitation de Sylvain Villars qui m’a appris que la population d’Hauterive était altaripienne. J’aime le français et chaque fois que j’apprends un mot c’est une joie. Cette fois, j’ai été à Hauterive mais dans le bas… Je me demande si la population a un autre nom…
Qui dit Swarovski, dit de très beaux bijoux en cristal fabriqué. Sa composition (sable, quartz et minéraux) est tenue secrète. À l’origine de ce qu’est devenue la marque connue, on trouve Daniel Swarovski, né en Bohème, région célèbre pour son cristal.C’est en 1892 qu’il conçoit une machine pour fabriquer son cristal et en 1895, il va s’installer à Wattens, dans le Tyrol, parce que c’était un endroit présentant de grands avantages : un cours d’eau qui lui fournirait de l’énergie hydraulique et un chemin de fer qui reliait les principales capitales européennes : Paris, Prague, Vienne et Moscou. Tous les ingrédients étaient réunis pour que le l’aventure de D. Swarovski se mette en route.
Comment est né cet article : je suis allée à Paris pour suivre un cours et lors d’une promenade le long de l’avenue des Champs-Élysées ai aperçu une pagode dorée avec l’enseigne Swarovski tout près de l’Arc de Triomphe. J’y suis entrée et ai été chaleureusement accueillie par le personnel qui m’a informée que la boutique que je connaissais sur l’avenue se faisait une beauté et qu’en attendant la fin du traitement, ils s’étaient installés en ce lieu. J’ai commencé la visite et tout à coup ai vu un jeune homme qui portait de magnifiques bijoux Swarovski aux doigts. Il était de la maison. Je lui ai demandé si je pouvais prendre ses mains en photo et il a été d’accord. Voici le montage de ses mains bijoutées :
Le modèle et les bijoux Swarovski. Comme on le voit, le modèle et les bijoux ne font qu’un. Je vous laisse admirer.
Au sujet des bijoux Swarovski. Ils ont une qualité qui me fait fondre : ce sont des bijoux qui ont une très belle allure, qui font penser à quelque chose de luxueux mais à des prix abordables. Je pense qu’il existe de très belles choses en ce monde, qu’on peut avoir de très beaux gestes envers les autres sans que cela coûte cher. J’aime aussi les traditions et cette marque en transmet.
J’aime l’histoire et j’aime les mots : je vais essayer de parler du verre, du cristal et du strass. On le sait, celui qui sort du lot est le cristal et dans le domaine des bijoux c’est le cristal Swarovski qui l’emporte. (à suivre)
Tous les endroits sont bons pour échanger quelques mots, faire des observations, s’enrichir.
Au bord du lac. Je courais au bord du lac avant de faire mon bain et je vois un monsieur, assis sur un banc, regarder son téléphone portable. Il était environ 13 h 30 et le soleil était dans toute sa splendeur. Je demande au monsieur s’il voit quelque chose sur son écran. Il répond qu’il l’a passablement éclairci et que donc il peut l’utiliser. Je ne sais plus de quoi on parle et je lui demande :
Dans un magasin. J’entre dans l’ascenseur qui monte au premier étage. Deux hommes, d’une cinquantaine d’années, de belle allure et très bien habillés entrent aussi. Je presse les boutons et l’ascenseur se met en route. Comme ils ne disent rien, je dis :
Restaurant sans déchets ! Le festival des Sports a invité les enseignants à une discussion sur la dernière session et ensuite à un repas. Lors du repas, je me suis trouvée assise à côté d’un enseignant de capoeira, Manuel. On discute de diverses choses et me dit qu’au Brésil il y a un restaurant où l’on commande le plat au poids ; on paie et on ne laisse rien dans l’assiette ou alors… on paie à nouveau ce qui reste ! Cela fait, qu’en principe, il n’y a pas de déchets dans les poubelles du restaurant.
Je raconte l’histoire à l’une de mes amies qui me dit que le restaurant Touring au Lac , Neuchâtel, procède de la même façon. C’est magnifique !
Un mot au sujet du repas : excellent ! Cela s’est passé au restaurant Café des amis. Un repas très bien présenté, de beaux plats et copieux. À un moment, j’ai regretté de ne pouvoir finir l’assiette, mais, tout à coup, Manuel m’a dit que l’une de nos voisines de table venait d’avoir son repas dans une boîte pour la maison. Cette dame ne sait pas combien elle m’aura rendu service. Là, on touche l’un de mes thèmes favoris : rendre service. C’est pour cela que tout ce que nous faisons devrait être bien fait parce qu’il y a toujours des effets, des effets attendus et des effets inattendus. J’ai quand même pu remercier la dame au moment où j’ai quitté la table. C’est ainsi que deux jours plus tard, le lendemain étant jour hebdomadaire de jeûne, j’ai pu me régaler. Je continue d’être reconnaissante à cette dame, au personnel du festival qui nous a invités et au personnel du restaurant qui a si bien travaillé. Un vrai régal que tout cela.
Le personnel d’un grand supermarché de Neuchâtel. J’ai peu d’invités chez moi, mais l’autre fois, j’ai voulu innover mon menu et ai demandé à un traiteur de ce magasin s’il savait faire des sirops qui accompagnent les fruits. Oui, a-t-il dit.
Je l’ai remercié et appliqué la recette avec des pruneaux et des patates douces. Cela a été un délice. Aujourd’hui, j’ai voulu savoir quelle sorte de sucre blanc était le bon, le mien était dans un bocal sans étiquette, il fallait pour le sirop et ne vois qu’un jeune vendeur. Je m’approche et lui demande s’il peut, par hasard, répondre à ma question… Il dit qu’il mange beaucoup de sucre mais qu’il peut venir au rayon avec moi. Il lit les étiquettes… puis dit qu’il va demander à un collègue qui vient de passer. Le monsieur s’occupe plutôt du rayon des viandes mais, sait-on jamais. Quelle chance, il en connaît… un rayon sur l’affaire.
On a bien rigolé. Je lui ai demandé si du sucre brun irait aussi et il a confirmé. Je suis retournée vers le jeune vendeur et lui ai expliqué ce que je venais d’apprendre.
Je suis touchée par ce jeune vendeur et raconte l’affaire à un autre vendeur que je connais et qui s’occupe des légumes. Je lui dis que je n’aurais jamais reçu de pareils conseils de la part d’une machine et cela le met aussi de bonne humeur de savoir que ses collègues m’ont rendu service. J’ai l’impression que ce personnel est très uni. C’est rare de nos jours de voir des gens impliqués et se soucier les uns des autres. De plus, le magasin a fait une affaire parce que j’ai acheté du beurre ; je n’en achète plus depuis longtemps.
Comme tous les étés, je dois m’occuper de mon studio : tout sortir, laver, mettre au soleil, réparer, revoir…
Remerciements spéciaux (par ordre alphabétique) à feu Gilbert Facchinetti, Jean-Paul Fallet, un inconnu, Marc Othenin-Girard, Pierre-Yves Gavillier, Pierrette, Rémi Schneider, feu monsieur Schneitter. Grâce à eux, mon studio s’embellit. Une fois de plus, c’est la preuve qu’on ne peut tout faire tout seul. On dépend toujours des autres. Cette histoire (dépendre des autres) me fascine. On ne sait pas toujours l’effet, l’influence que l’on a et c’est pourquoi, il faut faire de son mieux.
L’humidité. Mon studio, situé dans une cave, a tendance à copiner avec l’humidité. Je dois jouer à la surveillante et mettre en oeuvre un tas d’astuces pour éviter des « problèmes » !
Kai zen. Cette notion (amélioration constante) qui se prononce ainsi en japonais et qui est entrée dans le langage du marketing, du vrai marketing, de celui qui améliore un produit et non pas de celui qui fait croire que… est arrivée chez moi via l’ingénieur en mécanique devenu horloger, Roger Peeters, créateur d’une montre qu’on n’avait jamais faite !
La notion de kai zen dans mon monde. Je ne savais pas qu’une telle notion existait, mais elle était présente chez ma mère qui à chaque fois qu’elle rangeait le salon y apportait des modifications. Elle ne disait pas : « J’ai changé ceci ou cela pour que ce soit plus agréable à l’oeil ou parce que c’est mieux », elle faisait et j’assimilais. J’en ai fait de même dans mes affaires et voilà que maintenant je sais qu’une telle notion existe. En ce qui concerne mon studio, ce lieu qui m’abrite et m’inspire, ma façon de le remercier est d’en prendre soin et de le rendre plus confortable et beau. C’est instinctif.
Moustiquaire.1. J’ai des voisins qui ont des objets qui attirent les mouches et cela m’a ennuyée à bien des reprises. Ce n’est que cette année que j’ai eu l’idée, en revisitant le stock de mes tissus, d’utiliser un long métrage de tulle pour en faire un moustiquaire. Il a fallu être inventif pour le poser sans l’abîmer.
Moustiquaire.1.2. Lorsque je regarde à travers le tulle depuis l’intérieur du studio, j’ai l’impression que c’est ainsi que les dimensions temporelles se séparent. Alors, je finis par remercier les voisins parce que comme on dit « à quelque chose malheur est bon ».
Moustiquaire.2. J’ai une petite fenêtre que je laisse ouverte tout l’été afin de laisser passer l’air ; je lui ai aussi mis j’ai aussi mis un moustiquaire. Cela facilite bien ma vie. Les voici :
L’hibiscus agrandi, à gauche, a ouvert ses pétales pour assister aux travaux estivaux.
Mes plantes et la confiance. Afin de donner un air plus joli à mon entrée, j’ai mis des plantes. Qui dit plantes dit aussi arrosage. Or, cet été, je devais m’absenter une quinzaine de jours. J’ai fait appel à un voisin, Rémi, mais il m’a dit qu’il serait absent pendant la même période. Il m’a donné alors le nom d’un monsieur habitant la maison connexe, Jean-Paul Fallet, inconnu dans mon bataillon,. On s’est rencontrés, on s’est trouvé des amis communs, dont Freddy Landry (oh, joie !) et cela a très bien marché. C’est incroyable comment on peut rencontrer quelqu’un et que tout de suite la confiance s’installe. Bon, ici un autre dicton va entrer en jeu » dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ». Le premier voisin, Rémi, et Freddy ne pouvaient avoir que des semblables dans leur environnement.
Équipement 1 et 2 : deux chaises supplémentaires et un tuyau d’arrosage. J’ai hérité de deux chaises en métal et tissu d’un chantier proche. Elles étaient belles mais avec des taches de chantier dessus. Mon premier nettoyage à la main n’a pas suffi. Voici que Jean-Paul, m’a prêté son tuyau d’arrosage et l’a installé. Mes chaises ont recouvré un aspect de neuf et finalement Jean-Paul m’a dit que je pouvais garder le tuyau ! Cela a été une belle surprise. Je n’ai jamais pensé en avoir un dans mon studio. Ensuite, il a fallu penser à un endroit pour le suspendre. C’est également Jean-Paul qui a percé le mur. Nouvelle chance !
Les deux chaises comme neuves – le tuyau installé au mur (au centre), devient invisible une fois des costumes de mes danses placés devant (à droite).
Travaux de peinture. Il y a quelque deux ans, j’avais repeint le sol de l’arrière-salle mais il m’avait manqué de la peinture pour finir un bout. Le temps que je repasse commande et que la situation se prête, ce n’est que maintenant que j’ai pu le faire et j’en ai profité pour redonner une couche partout.
On le sait, les photos ne réfléchissent pas toujours les couleurs. Le bleu de l’arrière-salle est celui de la première photo à gauche.
L’humidité et mes astuces – équipements 3 et 4. Je crois bien que c’est feu monsieur Schneitter qui m’a dit de faire des sacs remplis de grains de riz pour absorber l’humidité. Chaque année, je remets l’ouvrage… Pour ce faire, j’utilise un entonnoir pour remplir les sachets et voilà que le mien fait la tête. C’est Pierrette, amie de longue date, qui me sort d’embarras un soir, à 22 h, en me faisant cadeau de l’un des siens. Depuis lors, je dis que les meilleurs entonnoirs sont ceux de 22 h (équipement 3). Un autre personnage de ma vie est feu Gilbert Facchinetti dont les ouvriers ont fait de magnifiques travaux dans mon studio. Il y a des années, il m’a donné des sacs de Xamax que je n’ai pas utilisés pour ne pas les abîmer. Mais, je ne veux pas non plus quitter se monde sans m’en servir… Le jour est arrivé pour l’un d’eux (équipement 4) qui m’a servi à transporter mes petits sacs de riz et des bouts de bois de cèdre contre les mites.
En tout, j’utilise une centaine de ces sachets… et autant de morceaux de cèdre rouge…
La chape. J’ai rencontré Pierre-Yves il y a quelques années, lorsqu’il faisait un travail dans un chantier voisin. Je lui avais montré mon entrée et lui avais dit que j’avais pensé mettre du ciment. Il m’a alors dit qu’il allait craquer. C’est à des moments comme ceux-là que je me dis qu’il faut toujours se renseigner auprès d’un spécialiste. Il est arrivé avec son équipement et a fait la chape en un rien de temps. J’aurais bien voulu participer, mais je n’ai pu qu’aider à transporter une partie du matériel jusqu’à son camion. Là. je me suis aperçue que les sac contenant la poudre pour la chape pesait 25 kg. Ma chape en a consommé un.
Il n’y a plus qu’à laisser sécher et peindre (à suivre)
L’endroit étant obscur, j’ai fait un dessin
Meilleure installation d’un câble. J’ai une guirlande de lumières devant ma porte d’entrée et le câble avait une allure quelque peu relâchée. M’inspirant du travail que Jean-Paul a fait pour un autre câble, je prends ma perceuse à percussion et commence à faire le trou. L’endroit n’est pas facile d’accès et ma force ne suffit pas. Je sors pour chercher de l’aide auprès d’un passant compatissant… Je vois une dame. Elle sent que je vais parler mais ne dis rien. Alors, je lui explique que j’avais préparé une phrase destinée à un passant qui serait fort, bricoleur et avec trois minutes pour me rendre service. La dame dit regretter de ne point correspondre à mes critères. On rit. Comme personne n’apparaît, je me dis que je dois pouvoir m’en sortir avec un peu d’effort. Je réussis et mon plaisir est immense parce que je pensais ne pas pouvoir m’en sortir. C’est une sorte de leçon de vie.
Porte huilée. Je me suis dit que je pouvais aussi faire quelque chose pour la porte qui joue un si grand rôle dans mon aventure. Je l’avais traitée par deux fois avec un produit anti-fongique, cette fois-ci, je me suis dit que j’allais la laver et la huiler. Les portes jouent un si grand rôle dans nos vies : celles des maisons et celles des gens. J’ai écrit deux articles sur le sujet : métaphore et dans un compte-rendu d’un cours.
Le dieu des portes est content !
Les celliers. Ils sont recouverts de chaux et avec le temps, il s’effrite. Un jour, j’ai rencontré Marc Othenin-Girard qui travaillait dans un chantier voisin. J’ai découvert qu’il était le beau-fils de Freddy Landry, l’homme de cinéma qui a joué un si beau rôle dans ma vie, et le contact s’est établi tout de suite. Il m’avait expliqué comment appliquer un mortier pour faire face aux ennuis que j’avais. Cette fois-ci, j’ai des réparations plus importantes et une fissure à combler. Ni une ni deux, je l’appelle et il me donne un cours par téléphone. C’est si magnifique !
L’inconnu. Il reste l’inconnu à remercier. Lors de mes travaux de peinture, j’ai vidé l’arrière-salle où j’ai des caissons qui ont fait partie de la première scène du Centre culturel neuchâtelois devenu le Pommier. Deux sont très lourds et je n’arrivais pas à les déplacer. Je me suis dit que si je sortais, j’allais rencontrer quelqu’un qui me prêterait main forte. Je suis sortie et effectivement ai vu un monsieur. Je lui ai demandé s’il voulait bien me donner un coup de main. Il m’a aidée et on a discuté. On s’est trouvé un lien commun avec la Fondation suisse pour la recherche en microtechnique (FSRM), institution pour laquelle j’ai travaillé des années auparavant. En fait, le monsieur venait de la Collégiale, où l’on avait rendu hommage à Philippe Fischer, le directeur de la FSRM, parti au ciel trois jours auparavant. Je l’avais rencontré une fois. Drôle de coïncidence… j’ai eu l’impression qu’il me disait au revoir.
Proverbe. C’est celui que ses deux soeurs, Danièle et Madeleine, ont choisi pour caractériser Denis. Tout le monde a été d’accord. C’est vrai, je n’ai jamais entendu Denis critiquer quelqu’un ; je l’ai toujours vu de bonne humeur ou, si la situation pouvait être sujette à caution, il disait : « Ouf ! », levait les bras, tournait un peu la tête et rigolait. Il n’y avait pas besoin d’en savoir plus. Il voulait dire que l’on ne pouvait rien faire et que ce n’était pas la peine de perdre son temps et son énergie à débattre d’une chose qui nous échappait. Denis était le savoir-vivre même. D’ailleurs, parmi les gens qui sont venus lui dire un dernier au-revoir, il y avait la conservatrice des archives privées et des manuscrits de la bibliothèque de Neuchâtel, Martine de Ceuninck Noirjean, que je connais bien et trois autres anciens collègues. Elle a dit combien elle avait eu du plaisir à travailler avec Denis. J’ai trouvé cela significatif d’autant plus que cela faisait une vingtaine d’années que Denis était à la retraite…
Il semble toutefois qu’il n’a pas toujours été ainsi. Denis a été turbulent dans sa jeunesse. Il y a eu quelques anecdotes racontées lors de la verrée qui a suivi le dépôt de ses cendres au jardin du souvenir de Beauregard. En voici quelques-unes :
il était avec un groupe de garçons et ne voulaient pas de filles. Cela arrive dans les meilleures familles ! Mais voilà qu’une fillette les suit. Denis se tient à une rampe, fait semblant de la lécher et dit : « Mmm, c’est bon ! ». La fillette l’imite, mais sa langue reste collée à la rampe. C’est le moment de préciser que c’était en plein hiver… L’un des garçons a couru appeler la maman au secours qui est arrivée avec un seau d’eau chaude. Voilà le genre de plaisanteries auxquelles il pouvait se prêter ;
il y avait une employée que bien des gens n’aimaient pas. Denis et Jules (le fils de l’avocat Jules Biétry) ont crevé les pneus avec de gros clous ; les quatre, et cela par deux fois. Jules me raconte que feu mon ami, André Oppel, les regardait par la fenêtre et les saluait de la main. Je reconnais bien là André ;
Denis et Jules se trouvent à la gare et voient un tas de colis. Comme le service des Objets trouvés ne se trouve pas loin, ils prennent des paquets et les y apportent peu à peu. C’est au bout d’un moment que l’employé des CFF s’est posé des questions en recevant tant d' »objets perdus » !
ceci n’est pas une plaisanterie mais l’effet aurait pu être dévastateur. Je crois bien que cela se passait à la fabrique et Denis était avec un groupe de copains. Il faisait froid et pour se réchauffer, Denis a eu l’idée d’allumer un tas de bois dans une chambre. Un quart d’heure plus tard, le feu a embrasé la chambre et il a fallu bien des efforts pour éviter que la fabrique ne prenne feu ;
ici non plus, il ne s’agit pas d’une plaisanterie, mais un fait assez remarquable : Denis a parcouru toute la Suisse sur son Solex. Il en a fait de même à la retraite en train. Quand même, je reste admirative de l’imaginer sur son Solex.
Encore un mot sur le caractère de Denis. Je le dis plus haut, Denis était la bonté et la gentillesse mêmes. Il a eu un rôle important dans la famille. Cela a été rapporté dans les paroles prononcées lors de la cérémonie : « Dans une famille où les relations n’ont pas toujours été simples, Denis avait trouvé une position rare : il savait, tel un diplomate, maintenir la juste distance avec chacun. Sans jamais prendre parti, il a su être l’élément d’équilibre ; celui que reliait sans juger, celui qui apaisait par sa présence tranquille. Il était ce point d’ancrage qui relie sans contraindre. «
Quelques jours avant son départ. Lors d’un moment de confidences avec Danièle « qui lui disait combien elle l’admirait pour la manière dont il avait surmonté les difficultés de sa vie, Denis avait alors répondu, avec la sincérité qui était la sienne : ‘J’ai simplement essayé de ne pas oublier de vivre le meilleur entre tout ce qui ne l’était pas’. »
Denis et les Frésard. Charles Frésard a été le comptable de la Fabrique d’horlogerie Froidevaux S.A. Neuchâtel. Denis était son employé. Entre monsieur Frésard et Denis s’est établi une belle relation filiale qui a duré toute une vie. Lorsque les affaires de monsieur Froidevaux ont commencé à péricliter et que monsieur Frésard s’est vu obligé à trouver un travail ailleurs, il a pris Denis avec lui. De plus, les deux habitaient dans des appartements mitoyens dans la maison que monsieur Froidevaux avait fait construire près de sa fabrique. Ils avaient aussi l’amour du sport en commun. Ils regardaient les courses à vélo, les matches de foot et de tennis ensemble et tous les fins d’après-midi, ils prenaient leur apéro ensemble. C’est rare d’avoir une telle relation. Et pour clore la chose, Denis est né un 3 juillet, le même jour que Charles Frésard. Ils étaient prédestinés !
Des cadeaux pour moi. Denis savait que j’ai de l’admiration pour Einstein et s’est dit que c’était l’occasion de me faire parvenir deux choses que bien des gens ignorent à son sujet. Il s’est ingénié à faire parler Marlyse Biétry, la soeur de Jules. Il ne faut pas faire beaucoup d’efforts pour faire parler Marlyse, mais là, j’ai bien senti que les anecdotes qui suivent étaient pour moi. Merci Denis ! :
La marraine de Marlyse avait habité dans la même maison qu’Albert Einstein, là où il y a le musée à Berne. Lorsqu’elle a eu six ans, elle a perdu sa maman. Albert Einstein allait les chercher, elle et son frère, pour les promener. Il vaut la peine de mentionner que la marraine, Nina Guillaume, était la petite nièce d’un autre physicien, Charles-Édouard Guillaume, qui a eu le prix Nobel en 1920 ( ses travaux sur la dilatation des métaux ont été utiles pour la métrologie, l’horlogerie et même contribué à l’invention de la télévision !) ;
Lorsqu’on allait au restaurant, nous avons croisé madame Rossel, la femme de feu le professeur Paul-René Rossel. Or, le professeur avait été l’étudiant d’Einstein au poly de Zurich.
Ce sont des choses qui me rendent Einstein (voir le lien pour l’article que je lui dédie) plus proche encore. Mais, Denis m’avait aussi permis de compléter l’article sur les montres Froidevaux en me montrant celles qu’il avait en sa possession. C’est dans l’article sur l’homme Froidevaux dont le lien figure plus bas.
Denis et la musique : Denis aimait le folklore suisse et la musique douce. C’est ainsi que Danièle a choisi la valse no 17 de Chopin pour finir la cérémonie. Or cette musique a aussi une grande signification pour moi et je l’écoute presque tous les jours. Un autre cadeau ! Voici une interprétation sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=eN5z1mu6j4M&list=RDeN5z1mu6j4M&start_radio=1&ab_channel=Kassia
Voici Denis il y a un peu plus d’une année, à Noël, chez monsieur Frésard. C’est touchant. Son regard accompagné de son sourire si particulier est celui de toujours, chaleureux et si plein de *j’ai saisi et je comprends ». Les lumières roses des bougies et de la lampe lui vont si bien… et il est assis à la place qu’il occupait lors des apéritifs.
Commentaires : certains anciens collègues ont aimé l’article et ajouté qu’ils étaient émus de le retrouver de cette façon ; une personne a rappelé que « Denis avait été une belle personne, pleine d’humanité et qu’elle avait eu de la chance d’avoir partagé une partie de sa vie professionnelle avec lui ». Je me dis que c’est une belle carte de visite pour aller au ciel !
Les événements s’entremêlent et se suivent les uns les autres sans que j’intervienne.
Nettoyage de mon studio et rencontre. J’étais en train de finir les nettoyages et réparations estivales de mon studio de danse (quelque peu humide et donc ce n’est qu’en été que certaines choses peuvent et doivent être faites) lorsque j’ai rencontré en ville, grâce à un stand de nourriture du Buskers festival de Neuchâtel, Véronique, l’une des élèves de mon premier groupe d’élèves de danse, et sa maman. Cette dernière avait quitté la Suisse pour l’Espagne lorsque son mari et elle étaient entrés à la retraite. Je n’ai jamais pensé que j’allais la revoir…
Comme si cela avait été la veille. La rencontre s’est faite naturellement. Véronique, je l’avais revue il y a quelque deux ou trois ans au festival des Sports où je donnais un cours. Elle a toujours le même sourire qui dit « je savais qu’on allait se revoir » et cela fait toute la différence. La rencontre a été pleine d’amitié et, sans que je prenne le temps de réfléchir, je leur ai proposé de venir à mon studio de danse pour que je leur présente l’un de mes spectacles.
25 août 2025 à 17 h. Le nombre cinq est partout… Elles sont arrivées un peu avant l’heure, juste au moment où je finissais mes répétitions. Une chose c’est de danser pour soi et une autre pour un public, car tout est alors différent et une certaine tension s’installe. Bref, elles sont arrivées et je leur ai proposé une visite du lieu. Depuis le nombre d’années que je l’occupe, j’ai amélioré bien des choses et la conclusion de Véronique a été : « Tu pourrais y vivre ! ». Oui, c’est vrai. J’y ai pensé une fois ou l’autre, mais j’ai d’autres activités qui demandent plus d’espace. Cependant, s’il prenait fantaisie à la vie de m’y mettre, je le ferais avec grand plaisir. Puis, Véronique a regardé la scène et s’est exclamée : « Oh, quand j’étais petite, je la voyais si grande ! » Effectivement, quand on est petit, les repères sont différents. Je lui ai dit qu’elle a la même grandeur que celle du théâtre du Pommier. C’est d’ailleurs Ernest Grize, le premier régisseur de ce théâtre, qui les a faites.
Le spectacle. J’ai présenté mes danses dont certaines sont interactives. Cela veut dire que je discute avec le public ou lui pose des questions. L’une des danses consiste à cueillir un lotus et voici les commentaires de Véronique : « …. Il est enraciné » et celui de Kéna, sa maman : « Je l’ai vu changer et s’ouvrir ». Lors d’une autre danse, je fais appel à un jeu de lumières et Kéna a dit que cela lui avait rappelé un souvenir alors qu’elle avait sept ans et était à l’école : c’était lors d’une chorale ; les lumières avaient été éteintes et les élèves, avec une lampe de poche, avaient fait des figures. Pour moi c’est comme si la page actuelle de son livre de vie avait rejoint celle de ses sept ans. J’ai trouvé cela fantastique.
Leurs commentaires : (à venir). Mais Kéna m’a demandé à deux reprises en cours de spectacle si tout cela (histoires, chorégraphies et costumes) sortait de mon imagination. Je pense qu’elle savait que c’était oui.
Ma reconnaissance-1. Je suis reconnaissante à Véronique d’avoir suivi avec plaisir mes cours. Elle m’a dit que si elle avait de la discipline c’était parce que je la lui avais inculquée. J’ai répondu que l’on peut dire et montrer bien des choses à des personnes, si la chose n’est pas en elle… Comme Véronique aime les conclusions, elle a dit pour finir : « Disons alors que tu m’as sensibilisée ! ». Elle a aussi dit que parfois, lorsqu’elle écoute du Chopin, il lui prend l’envie de danser. C’est beau. Elle a demandé si c’était la même barre et dit qu’elle se rappelait lorsqu’on massait les pieds avec la balle. Je suis touchée.
Reconnaissance-2. Je ne sais laquelle est la première, parce qu’il s’agit de Kéna. C’est elle qui a inscrit Véronique et sa sœur Brigitte à mes cours. Elle s’est dit que ses filles seraient dans de bonnes mains et elle m’a payée. Je suis qui je suis en partie grâce à elle. Nous sommes la résultante de centaines de rencontres, mais certaines nous touchent plus que d’autres. Je remercie Kéna et toutes les autres mamans. Avoir la confiance de quelqu’un est précieux.
Après le spectacle : un verre de Mauler rosé. C’est ma façon de remercier le public qui répond à mes invitations.
Des photos et des programmes. J’avais pris des photos prises à l’époque et des programmes du temps où Véronique avait dansé. Elle s’est souvenue des danses et de certaines copines. Je lui ai dit qu’elle avait dansé sur de la musique chinoise et que je continuais sur la lancée puisque dans ma présentation il y avait une danse du même genre. Elle a dit : » Tu vois, tu m’as aussi influencée là puisque la Chine joue un rôle dans ma vie. » En effet, l’une de ses filles a habité plusieurs années dans ce pays et Véronique lui y a rendu visite. En plus, Véronique pratique le taï chi (moi, j’ai pratiqué du qi gong) et quand elle a vu mes poèmes inspirés par des haïkus, elle m’a dit qu’elle en écrivait aussi !
L’horlogerie. Le monde de l’horlogerie fait partie intégrante de ma vie depuis des années. Il se trouve que Kéna et son mari travaillaient dans ce secteur. Monsieur Villard était le propriétaire des montres Villard Watch, fabrique héritée de son père qui l’avait fondée en 1963. Je lui avais acheté des montres une fois ou l’autre dans sa fabrique et lorsque j’ai revu Véronique il y a quelques années, je lui avais dit que le musée du Château des Monts, au Locle, accueillerait volontiers des montres Villard parce qu’il ne possédait pas grand-chose de la période des années 1950 – 1980. La chose est en cours. De plus, j’ai publié sur ma plateforme plusieurs articles sur l’horlogerie et voudrais ajouter l’histoire Villard.
Commentaire de Véronique au sujet du studio : » Nous nous sommes retrouvées après tant d’années dans cet univers et espace hors du temps que tu as su conserver et embellir. » Je suis à nouveau touchée. Véronique l’a bien senti. Dans ce lieu, je me sens hors du temps ; lorsque j’en sors, je découvre l’heure…
Elle m’a aussi dit qu’elle avait suivi de loin mon travail, en assistant une fois ou l’autre à mes spectacles, et l’histoire avec mon ami, André Oppel, par l’intermédiaire des journaux. Je ne sais que dire. Je n’aurais jamais imaginé une telle chose.
Drôle de période. L’autre jour, j’ai rencontré la maman de Nicole Aegerter, une autre élève. La rencontre a été aussi pleine d’émotion. Aujourd’hui, je vais chez Jumbo pour acheter un support pour l’arrosoir de mon studio et dont un voisin m’a fait cadeau et je rencontre le père de Giliane, une autre élève. Il m’a aidée à trouver le bon support pour le suspendre et aussi à choisir un bon chariot pour porter mon matériel de maquillage fantaisie lorsque je suis appelée à travailler ici ou là. Je lui suis très reconnaissante et il me donne l’occasion de remercier tous les papas de mes élèves. Comme cela, on a un yin et un yang et on reste dans la philosophie chinoise !
Je me demande si le mal de dents qui m’a obligée à aller consulter le dentiste à Bucarest n’a pas été ce qu’on appelle un mal pour un bien !En tous les cas, mon ami le hasard s’est invité et a inventé de drôles de choses.
Chez Liliana. J’ai donc des problèmes dentaires et seul le dentiste R. Duinea, en Roumanie, me comprend. Je raconte l’affaire à mon amie Liiana qui est une mécène à toute épreuve et elle m’invite chez elle.
Odonyme qui mène de chez Liliana à la station de bus.
Discours, volume I.
I.C.Brătianu. J’ai fait le parcours à pied de bien nombreuses fois et la plaque ne cessait d’attirer mon attention. J’arrive une fois chez le dentiste Duinea et vois un tas de livres sur l’art, l’architecture. Je les laisse là. Une autre fois quelque chose me dit que je dois jeter un coup d’oeil à ces livres. L’un d’eux a presque le même nom que celui sur la plaque. Il contient des discours. Je lis est apprends le rôle fondamental que cet autre Brătianu a eu dans la l’histoire roumaine, dans l’unification du pays.
Lorsque je fais le parcours en sens inverse pour aller chez Liliana, la plaque me sourit. Vous trouvez cela bizarre ? En fait, c’est une traduction émotionnelle de ce que la plaque m’a dit Je pourrais aussi dire qu’elle brillait, maintenant que je savais qui le personnage était. Il était non seulement le père de celui dont on a publié les discours mais il a également été un protagoniste dans l’histoire du pays. Sans lui, pas de Ion I.C. Brătianu et surtout pas de Roumanie. Il a joué un rôle clef dans l’union des principautés, la constitution de l’État roumain et été le fondateur du parti libéral national. Il a été Premier ministre à de nombreuses reprises. Il est un personnage central de l’unité du pays et a contribué tant à sa modernisation qu’à sa consolidation. Mon Dieu, moi qui éprouve une admiration sans bornes pour tous ceux qui font du bien ! Je suis émerveillée et, étant à Bucarest, un sentiment d’unité m’habite.
Le soir-même, j’envoie un mot de remerciements à mon dentiste pour lui dire que grâce à lui, je sais qui est Ion Constantin Brătianu. Il me répond que c’est son arrière-grand-père ! Là, je ne sais quoi dire. J’ai des frissons. Il m’est arrivé d’avoir des coïncidences (on les appelle ainsi), mais là… De plus, le docteur Duinea est le dentiste de la maison royale. Il me dit que pendant dix ans, il n’a rien dit des liens qui l’unissaient à I. C. Brătianu (qui est celui qui a appelé le roi Carol I. en Roumanie). Ils l’ont appris par hasard.
Monsieur Duinea me dit qu’il existait une maison Brătianu à Bucarest mais qu’elle était en mauvais état. Je l’ai trouvée avec peine, un concierge de l’hôtel Sheraton m’a donné un sérieux coup de main. C’est ainsi que j’ai pu me diriger à la rue de l’Église Amzei, no 5-7. L’émotion a été intense. On ne voit pas la maison depuis la rue, elle est en retrait, il faut traverser une cour et ensuite, on la voit. Elle est imposante et a de l’allure malgré le peu de soin dont elle souffre depuis des années.
Les portes. Autre chose qui m’émeut, ce sont les portes et leurs poignées. J’ai l’impression que le locataire de la maison y a laissé son empreinte. La première fois que j’ai eu cette sensation, cela a été avec la porte de la maison Einstein à Berne, la deuxième fois, c’est avec celle d’Henri Poincaré à Paris et maintenant avec celle de Ion I.C. Brătianu. Ici on voit nettement une serrure moderne et que la poignée a été changée. Il n’en reste pas moins que l’entrée de la clef est l’originelle et que la porte l’est aussi. J’ai encore l’impression qu’elle me parle. J’ai voulu entrer dans la maison, mais la porte est scellée. On le voit sur la photo.
L’histoire. J’en reviens à mon idée, presque fixe : l’histoire est ce qui fait de nous qui nous sommes et on se doit de la connaître. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut éviter des erreurs… Or l’histoire n’est qu’une branche qu’on apprend par coeur… Dommage.
Encore une photo. Celle de l’endroit où Ion I. C. Brătianu se tenait il y a X années lorsqu’on lui a pris la photo qui figure sur son livre. Je pense souvent à ces personnes qui ont le don de se situer à un endroit ou de prendre l’objet d’une personne décédée et de dire comment a été la personne et ce qu’elle a vécu. Il me semble qu’un rien me sépare de cela, mais… rien. Quand même quelque chose se passe en moi.
Mes dents. Je me demande si le problème que j’ai eu avec les dents n’a pas été une raison pour que je vive de telles émotions et pour que je puisse dire : un mal pour un bien !
Suite. Je raconte l’affaire à Liliana qui me dit qu’elle avait eu à l’école une copine de classe qui s’appelait Rodica Brătianu et de sa soeur dont le prénom devait être Delia. Je reprends contact avec le dentiste qui me dit que oui, Rodica avait été sa tante, avec laquelle il avait eu des liens très étroits, et que sa mère était bien Delia.
C’est ainsi que les protagonistes de cette histoire se sont réunis. Je me dis souvent que si on avait inventé une pièce de théâtre avec de tels événements, on aurait dit que dans la réalité de telles choses n’existent pas. On a tort, la réalité dépasse la fiction. Je ne peux m’empêcher de dire que la plaque vue se trouve dans les environs de l’entrée du cimetière et qu’en passant, j’avais une pensée chaleureuse pour ceux qui pouvaient en avoir besoin. De plus, normalement pour aller chez le dentiste, il me fallait prendre deux bus, un métro, encore un bus et marcher quinze minutes. C’est parce que le premier bus avait des horaires fantaisistes que j’ai préféré rajouter quinze autres minutes de marche et que donc, je suis tombée sur la fameuse plaque parlante. Alors, je remercie ce bus et sa fantaisie qui m’ont mise « sur le bon chemin ». Ah, les voies du destin…
Je mets une dernière photo. C’est celle d’un arbre tout à fait à droite de la maison. Il a certainement vu Ion Constantin Brătianu entrer et sortir de la maison. Il doit connaître ses pensées, ses émotions… J’aimerais pouvoir parler avec lui. Mais, il sait que je sais qu’il sait. J’ai un peu arrangé la photo parce que l’arbre, autant que la maison, méritent un meilleur sort.
Voici les dates qui ont ponctué la vie de Ion Constantin Brătianu. On les trouve dans une seconde plaque plus loin dans la rue :
On comprend que I.C. Brătianu a été un révolutionnaire et le fondateur du parti libéral national . Le terme « pașoptist » désigne le mouvement culturel et politique de 1848 ayant pour but la liberté et la nationalité roumaine. C’est rigolo, on voit sur la plaque « n. 1821 – d. 1891) ; « n » voulant dire « né et « d » voulant dire « décédé ». Je n’avais jamais vu ailleurs une telle datation. Monsieur Brătianu est parti au ciel au mois de mai, le jour de mon anniversaire… Cela me fait quelque chose.
Florin Niculescu. De retour en Suisse, je vais rendre visite à Florin, ami ingénieur en mécanique et horloger qui est devenu le patron de Tavannes Watches Co et lui raconte mes péripéties bratianesques à Bucarest. Et là… Il me dit que l’école qu’il a ouverte à Bucarest avec deux autres collègues, le lycée technique (microtechnique) qui forme des horlogers a ses locaux dans le lycée Ion I.C. Brătianu ! Cela ne s’invente pas ! Pour ceux que cela intéresse, je vous mets le lien pour le lycée.