Pages d’histoire neuchâteloise

Au moment où Alan m’ai aidée à monter ma plateforme, il m’a expliqué que sous « articles », je pourrais publier, comme le nom l’indique, des articles. Je me suis dit que je n’allais jamais en écrire. Or voilà que j’en ai composé plus de 300 maintenant. Je réunis ici ceux qui concernent des faits ou personnes de Neuchâtel.

Deux listes : Commerces de Neuchâtel et questions y relatives – Personnages de Neuchâtel

Commerces de Neuchâtel :

Personnages de Neuchâtel :

Articles séparés liés à Neuchâtel :

Si vous désirez laisser un commentaire, deux façons de procéder :

  • si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement l’insérer au bas de cette page. ;
  • directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil) ;

Pierre Dubois parti au ciel

Je le dis dans l’article que je lui ai consacré il y a quelques années, il était le dernier Neuchâtelois à m’appeler Tsouli. « Salut Tsouli. Merci de ton appel », ont été ses derniers mots pour moi deux soirs avant son départ.

Pierre et son amour pour une belle langue. C’est ce qui nous a réunis, en plus du fait d’avoir des égards pour les autres et un besoin d’aider. En arrière-fond, il y avait tout un pan de l’histoire de Neuchâtel qui nous était familier, on venait du même monde. Dans ce monde, il y avait une culture générale commune à tellement de gens que c’était une norme. Aujourd’hui, je ne m’y retrouve plus.

Dernier au revoir. Je suis allée dire un dernier au revoir à Pierre. Il était très élégant avec son costume, sa chemise blanche, sa cravate bleue et une rose rouge dans la poche passepoilée de sa veste. Entre ses mains, il tenait sa pipe et un sac tout neuf de tabac de sa marque préférée, Virginia. Il ne manquera de rien pendant son voyage !

Avant le dernier au revoir. Je suis allée au funérarium en me disant que je n’avais pas le code d’accès mais que quelque chose allait se passer : une personne y entrerait aussi ou en sortirait. Arrivée sur place, rien, personne. Il y avait des instructions pour appeler ici ou là, mais pas de numéro direct. Alors, je me suis dit que Pierre allait me sortir d’affaire et je lui ai téléphoné. Bon, pas de réponse, mais tout de suite après, c’est Ilir, l’un de ses aides-soignants, qui m’a rappelée pour me dire qu’il avait entendu, par hasard, le téléphone et qui m’a donné le code. Que dire…

Son dernier voyage. Pierre aimait la compagnie et le destin a fait que Jean-Piere Ghelfi, compagnon d’armes socialiste, le précède d’un jour. Alors, lorsque je suis allée dire mon dernier au revoir à Pierre, j’ai fait un détour pour voir aussi Jean-Pierre. Ils font le voyage ensemble. J’aimerais entendre ce qu’ils se racontent…

Cadeau de Pierre J’ai eu la chance de m’asseoir à la Collégiale à côté d’un monsieur qui m’a dit faire partie de la confrérie du Gruyère. C’était tellement inattendu, tellement je ne sais comment… J’ai eu l’impression que Pierre me faisait un cadeau. En effet, lorsque je lui avais fait la présentation de mon premier spectacle « lecture-théâtre », il avait été question du gruyère. On avait discuté parce que pour les Français, le fromage suisse a des trous et il s’appelle gruyère ! Voici la scène du spectacle qui suit celle du syllogisme :

Mon expert en français, Pierre Buffiere de Lair, m’avait dit qu’on pouvait garder la forme dans un spectacle présenté en France mais qu’en Suisse il fallait que je parle d’emmental. Pierre avait été tout à fait d’accord et c’est là qu’il m’avait dit faire partie de la confrérie du Gruyère ! En me faisant m’asseoir à côté de la confrérie, Pierre m’a fait signe.

Dans ce texte, en vert, l’ajout de mon expert et en bleu les mots à remplacer par « de l’emmental » lorsque je présente le spectacle en Suisse. Le monsieur de la confrérie m’a dit que sous l’égide de Pierre, il y avait eu toute une campagne à Paris, dans le métro, qui disait quelque chose comme « Tout ce qui n’a pas de trou est du gruyère! ». Il va m’envoyer des photos. C’est magique ! Ce n’est pas la première fois qu’une personne qui a quitté ce monde me fait signe. Cela va enrichir mon spectacle. C’est magique ! (répétition volontaire, je n’ai pas d’autre mot)

La confrérie du Gruyère. Trois hommes en costume et avec le drapeau de la confrérie ont défilé, déposé le drapeau près du cercueil et ouvert la cérémonie. C’était très touchant.

J’avais fait une photo dans La Collégiale, mais elle est un peu floue. Ici, j’ai dû faire un montage parce qu’avec le téléphone portable, en ce jour très ensoleillé, je ne voyais rien à l’écran et j’ai donc rajouté le drapeau. Finalement, la photo est une composition de celle de l’intérieur et celle de l’extérieur. Tout un symbole de la vie terrestre et de celle d’après.

Ce que Pierre a été et fait à Neuchâtel. Tout le monde s’est accordé pour dire que Pierre avait été un homme avenant, aimable (voici ce qu’écrit Pascal Hofer dans le journal Arcinfo du 11 juin : « Très facile d’accès, simple au sens noble du terme, il jouissait d’une grande popularité. »), cultivé, désireux de faire du bien, passionné de foot (pour lui, il y avait trois sports : le foot, le foot et le foot ! (C’est son ami Bernard Renevey et assistant en informatique lorsque j’étais à l’uni qui l’a rappelé), aimant les formes et donc le français ; le tout avec un humour parfois ironique. Il a fait partie du conseil général (1968-1980), député au Grand conseil (1973-1980) pour devenir ensuite conseiller d’État de 1980 à 1997 ; c’est une longévité peu habituelle. Elle lui a permis de faire nombre de choses dont les Neuchâtelois ont bénéficié et qui ont parfois aussi servi de modèle à d’autres cantons, voire à la Confédération.

Remerciements à Laurent Kurth, ancien conseiller d’État, qui m’a aimablement remis le texte du discours qu’il a prononcé lors de la cérémonie et où il dit : « J’ai eu le privilège d’assister, puis de prendre part à plusieurs des multiples réformes que Pierre Dubois a menées, avec originalité et audace, avec conviction aussi, dans un climat de dialogue et de concertation systématique avec ses partenaires, qu’ils aient été opposants ou favorables à ses projets . Il a toujours soutenu ceux qu’il avait choisis pour mener ces chantiers ». Voici quelques-unes des actions marquantes de Pierre :

  • gestion de crises comme la faillite de Dubied ou la fin des activités de La Neuchâteloise Assurances ;
  • mise en place et développement de la promotion économique avec Francis Sermet et Karl Dobler ; à la suite des crises horlogère et pétrolière, il s’agissait de redonner espoir et d’offrir de nouvelles perspectives aux Neuchâtelois et pour cela susciter, de la part des entreprises neuchâteloises comme des nouvelles venues, l’investissement, l’innovation, la création d’emplois et la diversification des activités. Cela s’est vu notamment dans les domaines de la microtechnique et des entreprises pharmaceutiques. D’autres cantons se sont inspirés de cette politique ;
  • dans le domaine de l’emploi :
    • réorganisation de la Caisse cantonale d’assurance chômage (CCNAC) menée avec Pascal Guillet ;
    • réforme de la médecine du travail, menée avec Pierre Chuat, puis Michel Guenat ;
    • création du Service d’emploi, développement des Offices régionaux de placement (ORP), développement des mesures de crise afin d’entretenir l’espoir et l’activité des chômeurs et de servir de rampe de lancement aux jeunes diplômés ;
    • soutien et développement de l’association Job Service, lancée par Thomas Facchinetti et Michel Roulin à la fin des années 1980 ;
  • création de la première fonction cantonale de délégué aux étrangers – devenue Service de la cohésion multiculturelle – avec Thomas Facchinetti. Ces initiatives originales ont aussi fait école ailleurs en Suisse et inspiré la politique fédérale ;
  • transformation de l’École cantonale d’agriculture, pour donner naissance à Evologia et à l’École cantonale des métiers de la terre et de la nature (ECMTN). Cette réussite est un exemple, parmi d’autres, du flair politique de Pierre Dubois : en confiant à un agriculteur, le libéral Roger Ummel, à un directeur des ressources humaines dans l’industrie, le radical Jean.-Pierre Robert, et à un ingénieur spécialiste des questions d’aménagement du territoire, le socialiste Bernard Soguel – tous trois issus de cette école – le mandat de formuler une proposition pour le devenir du site, il a jeté les bases d’un accord politique pour valoriser les métiers de la terre et constituer un lieu-phare du Val-de-Ruz dédié à la formation, à la réinsertion et à la création culturelle rassemblant l’ensemble du canton.
    • désirant en savoir plus, j’ai téléphoné à Bernard Soguel qui m’a précisé que J.-P. Robert, comme bien d’autres agriculteurs, avait dû se recycler et était devenu directeur des ressources humaines des Câbles de Cortaillod. Au moment du processus mentionné, il était déjà à la retraite ; et que lui-même était entré ensuite à la Haute école d’agronomie de Zollikofen. « Quelle chance, lui ai-je, dit. Vous parlez le suisse allemand ? – Oh, je comprends bien l’allemand. La plupart des enseignants étaient alémaniques et chaque professeur enseignait dans sa langue maternelle. » Je trouve cela fascinant ;
  • réforme de l’organisation du tourisme, menée avec François Jeanneret et Yann Engel. Cela a été la plateforme pour l’exposition nationale dont il a été le vice-président du comité directeur ;
  • au début des années 1990, le nombre de départements de l’administration cantonale a été ramené de dix à cinq ; le tourisme et l’agriculture y sont entrés de plain-pied !
  • constitution de l’Office de l’assurance invalidité (AI), avec Pierre-François Willemin ;
  • équipement des maisons d’enfants, avec Jean-Claude Knutti et Eric Pavillon :
  • modernisation du registre foncier, avec Armand Gugler ;
  • modernisation des mensurations cadastrales, avec Pierre-Alain Trachsel ;
  • privatisation des activités industrielles de l’Observatoire cantonal, avec Giovanni Busca.

La suite. Après son retrait officiel, il a continué à œuvrer dans diverses institutions dont le Conseil de défense de la Confédération. Même des étudiants lui téléphonaient jusqu’à très récemment pour lui demander des informations, des conseils. J’étais en visite une fois lorsque cela s’est produit.

Du sérieux et du jeu. Laurent Kurth dit entre autres :  » (Par jeu, Pierre) s’évertuait à placer une référence à Neuchâtel-Xamax dans ses discours , ses interviews, ses débats télévisés, ses interventions devant le Grand conseil ou les congrès du parti socialiste. […] En résumé, un esprit joyeux, libre et indépendant. » Thomas Facchinetti me dit que lorsque Xamax était à son zénith, Pierre considérait l’équipe comme un ambassadeur tellement l’équipe était connue. Je peux fournir un exemple, car au moment où j’ai passé mes examens de chorégraphe et maître de ballet à Bucarest, l’expert du ministère de la Culture m’a parlé de Xamax !

Mais des colères aussi : « De saintes colères, qui, selon sa propre description, le faisaient devenir tout rouge avec les oreilles toutes blanches ! » C’est tellement joli d’imaginer cet homme si poli sortir de ses gonds…

Pour finir, une anecdote ou l’anecdote, car Laurent Kurth a mentionné celle qui figure tout au début de mon autre article sur Pierre et qui concerne le tunnel de Prébarreau. Voici le lien,

L’histoire. Je le dis souvent, l’histoire est la branche la plus importante de tout ce qu’on apprend. On n’est rien sans ce qui a été fait avant. En faisant la liste de ce que Pierre et ses collaborateurs ont accompli, on se rend compte que la population neuchâteloise et d’ailleurs leur est redevable à bien des égards. On prend pour acquis un tas de choses or il y a toujours un début et un personnage qui le lance et le met en route. Pierre fait partie d’eux. C’est ainsi que Laurent Kurth a bénéficié d’un premier emploi grâce au remaniement de Pierre du Service de l’emploi. J’ai bénéficié des mesures de crise en période de chômage, de l’office d’ORP, de la caisse de chômage et même de son avis sur le gruyère pour mon spectacle !

Un dernier mot. On dit que lorsqu’on part au ciel la nuit, c’est avoir une belle mort. Cela a été le cas de Pierre. Il est parti étant chez lui, dans son lit. C’est Ilir qui me l’a raconté. Je le remercie.

Liens vers d’autres histoires de départ au ciel :

Si vous désirez laisser un commentaire, deux façons de procéder :

  • directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil) ;
  • si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement l’insérer au bas de cette page.

Papeterie Bourquin – commerce au centre-ville.8

On le sait, le commerce de détail est celui qui est le plus proche de ses clients et par lequel bien des histoires arrivent. On le sait également, j’aime les commerces neuchâtelois qui se transmettent d’une génération à l’autre. C’est le cas de la famille Bourquin.

L’affaire ou l’histoire qui se greffe à la Papeterie Bourquin est celle des reprises du commerce sur terre une fois le propriétaire au ciel. On a eu à Neuchâtel quelques commerces repris par leurs descendants et l’exercice est une réussite. La Papeterie Bourquin est dans la lignée sauf que la situation conjoncturelle est compliquée.

Neuchâtel est ma ville et ma ville se compose de son lac, mon lac, de ses bâtiments, de ses commerces et de ses habitants. Les commerces font partie du paysage. Avant, la plupart de ces commerces étaient tenus par des Neuchâtelois, des gens du terroir. J’ai cru ces commerces immuables. Mais, non, tout change… cela me déstabilise quelque peu. J’ai l’impression qu’une partie de mon moi s’en va.

Mon paysage commercial. Les commerces tenus par des Neuchâtelois sont donc devenus rares : la Boucherie Margot, deuxième génération, la Boulangerie Maeder, deuxième génération, la Droguerie Schneitter, troisième génération qui prépare la quatrième, et la papeterie Bourquin qui est reprise par Nathalie, troisième génération. Sur son enseigne est écrit « Papetier Bourquin », c’est si joli. En fait en un mot il dit que chez Bourquin, on fait le commerce du papier et, par extension, des articles de bureau (Académie française).

La papeterie Bourquin, je me rappelle lorsqu’elle était à la place de la Poste. Arrivée à Neuchâtel, j’ai cru qu’elle avait toujours été là. Puis, en 1996, elle a déménagé à la rue du Seyon, pour s’installer à la place d’un magasin pour vélos. Dans ce cas, elle n’est plus là, mais elle est encore là ! Bon, on sait qu’on trouve aussi dans les grandes surfaces des articles de papeterie mais ils sont de plus en plus normalisés, comme si tout le monde pensait et agissait de la même façon ! Les conseils avisés, les articles particuliers, élégants, pratiques, on ne les trouve que dans les commerces de proximité. Tout dernièrement, en réparant des cartables, je suis allée dans mes réserves chercher une bande collante qui… datait. Je suis allée chez Bourquin, comme on dit à Neuchâtel, et, Nathalie a trouvé ce qu’il me fallait.

Monsieur Jean-Marcel Bourquin, le propriétaire. Il a fait partie de mon environnement commercial et de penser qu’il a quitté ce monde le 29 mai 2021 me fait quelque chose. J’aimais bien rencontrer cette figure, pas toujours expressive, mais calme et polie. Il aurait pu être anglais, tellement il était réservé. Tout comme monsieur Schneitter, il avait toujours la solution qui vous rendait service. C’est ainsi que les livres de ma bibliothèque ont belle allure grâce à des serre-livres qu’il commandait pour moi ; c’est grâce à lui que j’ai les 600 fils de mon atelier de couture dans des sachets Minigrip ; c’est grâce à lui que j’ai des stylos feutres dont la pointe mesure 0,3 mm ; c’est grâce à l’une de ses vendeuses que j’ai acheté une réserve de bande collante pas trop collante pour faire tenir les photos que j’expose dans mon studio de danse ; c’est encore grâce à une autre vendeuse que j’ai un ruban adhésif qui me permet de tenir mes tableaux avec les photos des maquillages contre une surface sans l’abîmer, et ainsi de suite.

Le registre du commerce. Lorsque le propriétaire d’un commerce part au ciel ou lorsqu’il cesse son activité pour une autre raison, l’entreprise est déclarée en liquidation. Lorsqu’il y a succession, l’avis est différent et le commerce entre en succession. Dans le cas du Papetier Bourquin, le notaire s’est trompé et le registre du commerce a mis l’entreprise sous la rubrique « liquidation ». Que dire, tout le monde peut se tromper, mais là… L’annonce est parue dans les journaux et bien des gens ont compris que la papeterie fermait ses portes. Quand Nathalie s’en est rendu compte, cela lui a pris une année et demie pour rectifier le tir. Et encore. Les gens sont aussi très légers. Ils ne vont même pas constater. Nathalie s’est vue dans l’obligation de mettre une annonce devant sa porte expliquant qu’il y avait succession, que cela prenait du temps, mais que l’activité continuait, que la papeterie continuait de vivre ! Même le journal local, Arcinfo, n’a pu aider à rectifier le tir. Il y aurait eu un article s’il y avait effectivement eu fermeture mais pas dans le cas d’une succession (il y a 1’000 commerces dans le canton et le journal ne peut tout traiter).

Pierre Dubois. Je m’intéresse à l’histoire de la papeterie : arriver à une troisième génération dans un commerce c’est quelque chose ! Je me dis que dans le sang des Bourquin il doit y avoir un gène « papeterie ». La personne qui connaît Neuchâtel et son histoire comme sa poche est Pierre Dubois, l’ancien conseiller d’État. Je lui téléphone pour lui demander s’il se rappelle la papeterie.

Quelle mémoire ! J’admire. Maintenant, je me souviens aussi du magasin de fleurs.

2025. Je demande à Nathalie si la succession est terminée. – Hélas non ! dit-elle. Il se trouve que la succession de mon grand-père n’avait pas été réglée et il faut d’abord liquider celle-là avant celle de mon père. Un ami avocat m’explique que lorsqu’un patron d’une boîte quitte ce monde, il y a des impôts à régler avec la ville et le canton, mais que la succession dans la famille peut durer des générations ! C’est le cas qui se présente : une vraie pointe d’iceberg !

Le commerce au centre-ville. Je découvre en Nathalie non seulement une digne héritière de monsieur Bourquin (elle connaît ses produits, leur histoire, ses fournisseurs et sa clientèle), mais aussi quelqu’un qui s’intéresse à son environnement local, tant aux clients qu’au commerce en général. Comme bien d’autres commerçants, elle subit les effets des décisions politiques qui vident les villes de voitures et de places de parc. Le paysage commercial change. Si on songe que Migros s’est défait des activités telles que Mi-Casa, Hôtel Plan, Sport X, Bike-World, Mi-Belle et M-Électronics (Ex-Libris et Bestsmile avaient déjà quitté été larguées), pour se concentrer sur le secteur alimentaire, bancaire et de la santé, cela en dit long. De plus, depuis la covid, les gens achètent de plus en plus en ligne. S’il n’y avait qu’un seul élément qui perturbait le paysage commercial, mais, comme vous le voyez, il y en a tout un paquet.

Fin 2024, des commerçants (combien ?) ont envoyé une pétition à la Ville . Ils ont mentionné les problèmes cités avant la votation sur la suppression des places de parc. Il n’y a qu’à se promener en ville pour voir combien de commerces ont fermé et vont le faire avant la fin de l’année. Ce sujet dépassant le cas particulier sera commenté dans un article séparé.

Quand je pense que je n’aime écrire que des belles choses. Cela me rend triste. Alors, je reprends mon entretien avec Nathalie. Ainsi que je le disais plus haut, dans la papeterie de Nathalie, on trouve tous les articles liés au bureau. Pour en savoir plus, il faudrait aller faire un tour sur sa plateforme. Je lui demande de me parler des articles qu’elle vend :

  • dans ma papeterie, je vends des articles qu’on ne trouve pas ailleurs !
    • les stylos et crayons Caran d’Ache ! dit-elle. Cela tombe bien ; j’aime l’histoire de cette fabrique et c’est l’occasion d’en savoir un peu plus. La Fabrique genevoise de crayons Écridor, fondée en 1915 a été rachetée en 1924 par le Saint-Gallois Arnold Schweizer dont la femme avait passé sa jeunesse en Russie. Elle lui a suggéré d’appeler sa fabrique Caran d’Ache. Pourquoi ? La fabrique produisait des crayons et en russe crayon se dit Карандаш (carandache). Or, il se trouve qu’au début du siècle, en 1909, était décédé un dessinateur humoristique français appelé Emmanuel Poiré né à Moscou mais petit-fils d’un officier de Napoléon. Il avait émigré en France, récupéré sa nationalité et entre autres a été dessinateur au Figaro (j’ai une histoire d’amour avec ce journal). Le nom de plume d’Emmanuel Poiré était Caran d’Ache ; comme vous le voyez un jeu de mots et idéal pour la marque helvétique de crayons ! Précisons encore que le mot russe est issu du turc où kara-tash signifie pierre noire pour dire graphite.
    • mais, reprenons les articles Caran d’Ache. Ce sont des articles de qualité connus dans le monde entier. Actuellement c’est la quatrième génération qui tient les rênes. Nathalie me dit que la fabrique a encore un service après vente (SAP). Si un stylo a un problème, le SAP trouve les pièces et répare. Ce service tend à disparaître de plus en plus. Nathalie est aussi attachée à cette maison parce qu’elle a eu des crayons de cette marque étant petite. Les crayons sont faits à la main, il y a 35 étapes pour la fabrication et 50 heures de travail pour chacun. Aussi, lorsqu’elle a su que la gamme 541 allait être supprimée, elle s’est battue pour avoir le reste du stock. Cette marque, tout comme les fabriques horlogères le font avec des montres, produisent des stylos en or et en argent en éditions limitées ;
    • des pinceaux produits par Schminke et Da Vinci ;
    • il est possible d’acheter des fourres au détail ;
    • j’étais la seule à vendre une certaine marque de cahiers ; quand je l’a vue dans d’autres commerces, j’ai changé l’offre ;
    • toute sorte de produits pour le bricolage : encres, sacs, boîtes.
  • services proposés :
    • photocopie, plastification, reliure, (je ne sais où mettre le « carton photo »)
    • la haute écriture : ce sont les stylos et plumes de marque ;
    • des cartes d’invitation personnalisées ;
    • sur le site internet, on peut commander des produits livrables à domicile ou sur place. Si le client trouve finalement que l’article ne lui convient pas, il est repris et le remis en vente ;
  • politique commerciale : elle conseille volontiers ses clients ; quand elle n’a pas un produit, elle envoie le client au bon endroit. Elle dit que la vie commerçante est un aller-retour mais que cette solidarité commerciale se perd.

La première Papeterie Bourquin, place de la Poste. C’est comme si le temps n’était pas passé… une époque bien plus rassurante que la présente.

Photo des archives de la papeterie

De l’élégance : je vois Nathalie qui s’apprête à écrire la commande d’un article que je convoite et ne peux m’empêcher de prendre ses mains en photo. Les mains sont souvent le portrait de la personne. C’est le cas de celles de Nathalie : elles sont bien fermes, ongles soignés et courts, donc pratiques, et elles tiennent une plume ! Nathalie me dit qu’elle ne peut écrire autrement. La sienne est une XXX. Cela m’a donné envie de redonner vie à la mienne qui trône sur mon bureau. Nathalie s’est chargée de la réanimer.

Changement dans la continuité. On se dirait dans le monde de la politique. Ce que je cherche à dire c’est que la papeterie physique ferme ses portes mais qu’elle continuera à rendre service aux clients par la Toile via sa plate-forme. La nouvelle a été annoncée vers le 20 juin et prendra effet le 31 juillet 2025, soit dans près d’un mois. Un mois pour liquider la marchandise et nettoyer le local… tant d’années d’histoire balayées en un rien de temps… Nathalie a bien cherché un autre local, mais les loyers…

Le 31 juillet 2025. Ce sera donc le dernier jour où la papeterie Bourquin aura une présence physique. Je lui ai proposé de boire un verre de Mauler rosé ce jour-là. Il faut toujours garder la tête haute et on ne sait ce que l’avenir nous réserve. Elle a été d’accord.

Liens vers des articles sur le commerce au centre-ville ou des personnalités de la ville :

Si vous désirez laisser un commentaire, deux façons de procéder :

  • si vous avez une plateforme WordPress, vous pouvez facilement l’insérer au bas de cette page. ;
  • directement par courriel (voir contact sur ma page d’accueil).