Les histoires de Roger Peeters.2

Ces histoires, Roger me les raconte quand on est dans mon studio de danse la Cave perdue. Ce studio a déjà une histoire et continue à s’enrichir d’histoires. Parfois, quand je regarde ma Cave perdue, j’ai l’impression qu’elle vit.

Roger a tout le temps quelque chose à raconter. Cette fois-ci, je l’invite à venir voir ma dernière danse. C’est une version en solo d’une danse chorégraphiée pour deux personnes. Le rythme de la danse change car je n’ai plus de partenaire avec qui avoir un « dialogue » dansé ; j’ai dû repenser le tout afin d’avoir une relation directe avec le public. Roger arrive et me voyant en costume dit tout de suite : « Vous avez un nouveau costume !  » C’est cela qui est plaisant avec lui, il est tout le temps présent, même si mille et une idées traversent sa tête.

Je lui présente ma danse et comme il est le premier spectateur à la voir, cela crée en moi une certaine tension et flûte ! je rate la fin, le moment clef de la danse pour ainsi dire. Je dois me trouver à un endroit précis pour faire un effet et comme je n’ai trouvé tous les pas de la chorégraphie que la veille… c’est un peu frais dans mon corps. Je réfléchis et propose à Roger de lui remontrer la danse comme si c’était la première fois. Il dit oui. Je refais le tout, c’est encore mieux que la première fois et je réussis mon coup d’effet. Roger applaudit et me demande : « Comment avez-vous fait ? » C’est bien Roger, il veut tout savoir ! Je lui réponds que je me demande si je n’utilise pas parfois ma tête comme la sienne : « J’ai modifié deux trajets qui on fait que la suite s’est déroulée comme prévu ». Je suis contente parce que j’ai réussi et Roger est content parce qu’il sait comment j’ai fait. Voilà comment deux personnes peuvent être contentes avec une même danse.

Ensuite, on passe aux réjouissances de ce monde !

Framboises = Roger

Roger aime les framboises et j’aime servir mes invités dans de jolis plats arrangés à ma façon. J’ai mis les framboises sur une assiette transparente, accompagnées de fromage et le tout sur une assiette dorée qui vient de mon dernier voyage à Paris.

L’assiette dorée. Je dis à Roger que j’aime les reflets dans les miroirs ainsi que ceux dans l’assiette que je lui ai préparée – on la voit mieux ici. Roger fait le lien avec la conversation de l’article précédent où l’on avait dit que la valeur de l’or était due à sa rareté et rappelé que le pyramidion de l’obélisque en l’honneur du président G. Washington avait été revêtu d’aluminium, matériau à l’époque rare et dès lors très cher. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et l’or parade en tête pour le commun des mortels, mais en réalité il y a encore trois autres devant : l’ osmium dont la résistivité est extraordinaire – l’iridium qui a une grande résistivité à la chaleur et le rhodium qui a une grande dureté et durabilité. Ce sont des métaux très rares. À propos des reflets, je dis à Roger que je suis allée voir les nouveaux locaux du Figaro à Paris et que je suis tombée en extase devant le plafond des escaliers de l’entrée.

Entrée du Figaro à la rue de Provence, Paris

Entrée du Figaro : tout s’imbrique si naturellement que l’image fait une unité. Le reflet me transporte dans des dimensions absolument extraordinaires, je suis dans une sorte d’extase. Roger a été émerveillé et se dit également inspiré. Je suis ravie. Il ajoute qu’il a beaucoup de respect pour les architectes français. Ils arrivent à allier les styles historiques avec des éléments modernes. Ici le plafond est fait d’acier inoxydable martelé et poli, ce qui donne ces effets absolument remarquables.

Sujets traités lors de la dégustation des fraises-fromage. Roger s’intéresse à tout, à l’histoire, à l’art, à la musique, à la littérature, aux sciences, aux découvertes. La différence est qu’il cherche à savoir et dans mon cas, les choses se présentent, je les prends et les découvre peu à peu. Alors, cette fois-ci on parle vocabulaire allemand, physique, horlogerie et mathématique.

Gönnen. Roger a dit qu’il y a des moments où on peut se réjouir pour quelqu’un parce qu’il lui arrive une chose de bien et que cela se traduit par jemandem etwas gönnen en allemand et iemand iets gunnen en néerlandais (pour mémoire : Roger est néerlandais). Il a été étonné de constater que ce verbe n’existe pas ni en français ni en espagnol ni en anglais. Je lui ai dit que je n’ai jamais vu ce verbe dans le vocabulaire allemand appris à l’école mais que cela m’arrivait d’être heureuse pour quelqu’un et qu’en général je dis que je suis heureuse pour la personne tout comme si c’était à moi que cela arrivait. Je trouve que c’est beau d’être heureux pour les autres.

La gravité. On le sait, la gravité est une attraction de corps dans notre univers. Roger me dit que la lumière voyage à une certaine vitesse, vitesse qui est la même que celle de l’électricité, de l’électromagnétisme et qu’il vient d’apprendre, du haut de ses 55 ans, que la gravité se déplace à la même vitesse que les trois autres. Il râle parce qu’on aurait dû le lui dire à l’école ! Il me dit que la lumière du Soleil nous parvient en 8 minutes et celle de la Lune en 1,8 seconde, et, par conséquent, la gravité entre la Lune et la Terre se fait sentir en 1,8 seconde également. Lorsque j’entends Roger me dire qu’il y a cette interaction entre la Lune et la Terre en une seconde, j’ai l’impression que la Lune s’adresse à moi, que je vois et sens presque le déroulement de l’interaction. Une chose c’est le savoir intellectuel et une autre c’est le vivre. Roger profite pour me dire que le problème des sciences, comme la mathématique, est de rester abstraites. J’abonde dans son sens et lui dis que le professeur que j’ai eu dans cette matière à l’université avait commencé par donner des explications et des cas précis puis, comme il lui restait peu de temps pour finir le programme, avait dit qu’il ne donnerait plus d’explications. Alors, on a avalé les formules.

Il faut ajouter mentalement le trajet de la Terre autour du Soleil, quant à la Lune, on sait qu’elle montre toujours la même face.

Encore la gravitation. Je trouve fascinants tous ces phénomènes physiques. Ainsi, la gravitation est le résultat de deux corps qui s’attirent avec une force proportionnelle au produit de leur masse et inversement proportionnelle au carré de leur distance. J’aimerais pouvoir entrer dans le calcul pour le comprendre. Ce sera dans une autre vie. Pour le moment, la Lune me fait cadeau de la sensation.

Les fabriques horlogères à Neuchâtel dans les années 1960 – 1975. Je fais une recherche sur les horlogers, les fabricants, de cette époque. C’est en lien avec feu mon ami André Oppel, graphiste et directeur artistique du Centre culturel neuchâtelois et René Froidevaux, fabricant horloger, pour lequel il avait travaillé. Dans ces années, il y avait foison de producteurs horlogers, puis la crise est venue. Je voudrais savoir où il y avait des fabriques et des horlogers dans ma ville à ce moment-là. Je n’ai pas fini le tableau mais je sais que cela intéresse Roger et surtout je me réjouis de ses commentaires. Dans les années 1960 – 1965 il y a environ 130 entreprises horlogères. Il me dit qu’actuellement il doit y avoir 8 marques (oui, on peut avoir 130 entreprises horlogères mais certaines ne font pas leur propre montre, elle peuvent faire des composants). Roger dit que si beaucoup d’entreprises font le même travail, il n’y a pas d’économie d’échelle (c’est-à-dire que les coûts fixes sont élevés pour chaque entreprise et que la production est limitée ; on le sait, la diminution du coût de production augmente le profit). Toutefois, il y a un avantage dans telle situation : c’est celle de trouver des pièces de remplacement facilement puisque beaucoup de gens font la même chose alors que lorsqu’il y a deux ou trois grosses entreprises, les éléments, les pièces de rechange, ne sont plus interchangeables, on est dépendant de la marque. Roger fait d’autres remarques ; elles feront partie de l’article consacré à ces horlogers. Mais disons déjà que lorsque Roger se lance dans une aventure, il a déjà tout calculé, sait ce dont il a besoin etc. alors que chez moi, je prends un sujet, je vis avec lui un moment et ensuite surgissent les questions.

A very math trip. Je dis à Roger que je suis allée voir le spectacle A very math trip à Paris et que je l’ai trouvé très intéressant. J’ai acheté le livre et l’auteur est d’accord pour que je lui envoie les coquilles que j’y trouve. J’apprends, en lisant le livre que si le jeu de cartes a 52 cartes c’est parce qu’il y a 52 semaines dans l’année et les quatre couleurs correspondent aux quatre saisons ! Vous auriez dû voir la tête de Roger quand je lui ai raconté l’affaire. Il a commencé à compter les cartes, comme s’il les voyait, et finalement est arrivé au nombre de 52. Il a dit : « Ah, oui ! ». Là, j’ai vu qu’une nouvelle donnée (celle des cartes de jeu) avait trouvé une place ordonnée dans son cerveau.

J’ai envoyé la photo des framboises à Roger et il me répond qu’il « considère les framboises comme le fruit le plus élitaire pour plusieurs raisons :

Album : Asterix le Gaulois
  • lorsque j’étais enfant, je n’ai vu de framboises que dans mon jardin ;
  • la framboise a une très petite taille (par rapport à une banane, un ananas) ;
  • elle est très fragile et il faut la consommer tout de suite ;
  • dans la BD Asterix le Gaulois, Panoramix et Obelix sont prisonniers des Romains et le premier demande à un centurion de lui apporter des framboises pour préparer la (fausse) potion magique qui rend transparent alors que ce n’est pas la saison. Vous voyez, dans le dessin ci-contre, le pauvre centurion qui ramène finalement les fraises.

Je vous laisse vous souvenir de la fin ou d’aller la lire… C’est drôle et cela nourrit bien Roger !

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Les effets de l’exposition de Mandril à la galerie 2016 à Hauterive : Luc Michel l’encadreur à Paris (en cours)

On le sait, Mandril est un dessinateur accompli et ses oeuvres font autant preuve d’imagination que de travail. L’exposition me donne l’occasion de voir plusieurs de ses oeuvres en un seul lieu.

Article en cours parce qu’il me manque des explications sur le tableau qui suit. J’attends que Mandril ait du temps…

Le roi des escargots (photo de Mandril)

Le roi des escargots. Ce qui m’a attirée, c’est la tête mais surtout l’effet trois dimensions comme si j’étais en présence d’une statue en cuivre. Chaque détail est si soigneusement fait que j’ai l’impression de pouvoir me promener dans les motifs et sentir le cuivre repoussé. Je n’ai vu que la tête, avec ses deux faces : celle de gauche si puissante, si sûre de savoir où elle va ; quant à celle de droite, elle me fait penser aux proues de bateaux. Cela peut aussi être le regard vers le futur et vers le passé. Je reste un moment devant la photo-tableau.

Mandril arrive et m’explique : « C’est le pommeau d’une épée de (époque ?) Napoléon iii. et un ami, Luc Michel, encadreur à Paris, m’a fait le cadre en bois de cèdre correspondant tout à fait à l’époque napoléonienne. » Je reste en admiration et comme je vais à Paris, je lui demande si je peux avoir son adresse. Il me l’enverra via WhatsApp.

Adresse de l’atelier (je me sers du cadre doré de Luc Michel dans cet article. C’est ma façon de lui dire qu’il m’inspire).

Mars 2024, Paris et l’atelier. Je vais à l’atelier qui se trouve à la cité internationale des arts, près de l’hôtel de Ville. Luc Michel n’y travaille plus. Je suis reçue par M. Schäffer, lui aussi encadreur, qui l’a repris il y a plus d’une année ; il fait de la restauration. Il me raconte que son père et Luc Michel avaient fait des expositions ensemble et donc je suis toujours dans un atelier d’encadrement et la tradition continue. J’aime les endroits où les histoires se perpétuent.

Luc Michel. Finalement, Mandril reprend contact avec l’ancien encadreur et j’ai un numéro de téléphone. Je l’appelle. Bon, c’est un peu compliqué de dire à quelqu’un au bout du fil que nous ne nous connaissons pas mais que cela m’intéresse de le rencontrer. Finalement, on se donne rendez-vous dans un bar près du pont Marie-de-Médicis, dit pont Marie. Je devrai le rappeler quand je serai dans les environs parce que je n’ai pas compris où se trouve le lieu du rendez-vous.

Comme au cinéma. Mon téléphone ne fonctionne pas en France et je dois demander de l’aide aux passants. À un moment donné, je rencontre un groupe de personnes et l’une d’elles appelle le monsieur. On s’explique, on cherche le nom des rues que Luc Michel donne de l’autre côté du fil, je ne vois pas d’issue et tout à coup l’une des personnes voit un monsieur passer avec son téléphone à l’oreille et l’arrête. C’est lui ! C’est une vraie scène de cinéma. Je ne l’aurais pas vu. Je suis très reconnaissance à ces personnes et pars avec Luc Michel vers le bar où le patron se réjouit de le revoir après longtemps.

Cadre. Comme le cadre fait par Luc Michel est le début de cette histoire, j’encadre les images avec le cadre du tableau de Mandril.

La première idée qui me vient à l’esprit c’est de demander au patron du bar la connexion Wifi afin de téléphoner à Mandril.
Signature de Luc

Conversation entre Luc Michel et Mandril. Comme on le voit, Luc Michel a l’air très content de parler avec Mandril (on a de la chance de tomber sur un moment où ce dernier n’est pas occupé !). En fait, Luc a un caractère heureux et rit à la première occasion. Je lui demande quel est son nom et il me dit : « Luc » – « Et ‘Michel’ ? » – c’est le nom de mon arrière-grand-oncle, mort à la guerre. Je voulais lui rendre hommage. Cela en dit long sur le personnage ! Puis, Luc me raconte sa vie en abrégé : il est né en 1946. Sa mère a travaillé dans l’imagerie sanctuaire ; elle peignait des santons à la main. Il est entré dans l’atelier à l’âge de 16 ans et a aussi peint des santons ; c’est sa mère qui l’a dirigé vers l’encadrement. On fait le calcul et Luc me dit que pendant 51 ans il a travaillé en tant qu’encadreur. Je demande à Luc de me donner un autographe. Je l’encadre à droite.

Meilleur ouvrier de France. C’est en 1997 que Chirac, alors président, l’a nommé meilleur ouvrier de France. Luc Michel a beaucoup aimé Chirac et moi j’ai une grande admiration pour cet homme. Cela nous unit.

Carte de meilleur ouvrier de France, 1997. Carte valable à vie !

1997 – Meilleur ouvrier de France, suite. Je suis en admiration totale ! Il me raconte qu’il a mis trois ans pour ce concours qu’il a gagné avec un cadre style Louis xiv avec des tiroirs. Je lui demande s’il a des photos. Mais, non, sa vie professionnelle a mal fini et son appartement est trop petit pour y mettre ce qu’il avait. Il explique qu’il a attrapé la covid, qu’il a dû rester un mois à l’hôpital et qu’il a mis du temps à se remettre. Ensuite, le toit de sa maison a brûlé et à la suite de manipulations inappropriées pour le sortir de la maison on lui a abîmé le dos, raison pour laquelle il sort peu, mais il commence à reprendre du poil de la bête. Il a coupé le lien avec ses clients. Il a tout vendu et laissé dans son atelier la dernière cisaille (machine de coupe à deux lames) achetée chez Rigo ! Mais, une fois de plus il tourne la page et me raconte que les copains du syndicat des encadreurs, le SNDE, qui lui non plus n’existe plus et dont il a été l’un des derniers membres, lui avaient offert lors de son diplôme de meilleur ouvrier un chien dalmatien qui l’a accompagné durant 17 ans. Il l’a incinéré dans une très belle boîte en bois (« Oh, elle était belle ! » s’est-il exclamé). « Et, il s’appelait comment ! » demandé-je. – « Mof » – « Heu… » – « Mof, Meilleur ouvrier de France ! » et il a éclaté de rire.

6 mars 2020 – Luc dans toute sa splendeur ! Mandril a gagné une résidence d’artiste cette année-là à Paris et a rencontré Luc avec qui il a traité. Voici Luc dans son atelier du temps où les affaires marchaient bien. On voit l’ordre qui règne dans les murs et la créativité sur la table de travail. C’est magnifique !

L’encadreur encadré !

L’histoire devant moi. J’ai l’impression que l’histoire est devant moi. Malgré les périodes difficiles, Luc a gardé son caractère heureux, c’est une chance ! Il me dit que la prochaine fois que je viendrai à Paris, on se revoit. Je le remercie et lui dis que le cadre fait pour Mandril est très beau (après la conversation, Mandril a envoyé la photo qu’on voit au début de cet article) et qu’il inspire des gens. Sans lui, nous ne nous serions pas rencontrés. Nous sortons du café ensemble et comme il marche lentement, au moment où on traverse une rue, des voitures klaxonnent, c’est alors qu’il sort l’expression :

Il n’y a pas de meilleure fin pour cet article !

Le tableau de Mandril. Je le reprends car en relisant l’article, je me dis que le sujet se prête bien à toute cette histoire du passé, du présent et du futur…

Liens pour d’autres histoires :

Conversations à Paris.6

J’aime Paris. Quand on aime quelqu’un ou quelque chose on n’a pas besoin d’expliquer. Lors de mon dernier séjour, j’y ai rencontré des situations qui ont soulevé mon admiration ou qui m’ont fait rigoler.

No 1. Dans la mercerie Mes folles de soeurs. À chaque séjour à Paris, je vais au quartier des tissus et merceries au quartier du marché de St-Pierre, aux pieds de la Butte Montmartre. J’y trouve toujours quelque chose pour réparer ou faire mes costumes et accessoires. Cette fois-ci, j’avais besoin de donner une autre allure à un linge hérité de feu mon ami Freddy Landry, l’homme de cinéma. J’ai trouvé ce qu’il me fallait et aussi d’autres choses pour d’autres réparations. Au moment de payer et de prendre mes rubans et élastiques, je me suis dit que j’allais les enrouler et pas les laisser mettre en boule comme on fait de nos jours dans les magasins. Je commence et la caissière m’aide. On a de la chance, le magasin va fermer et il n’y a pas beaucoup de monde. J’avais une dizaine d’articles, je paie, remercie la caissière et lui dis qu’elle est une personne soigneuse puis m’en vais.

Je suis dans la rue en direction d’un autre magasin de tissus lorsque j’entends : « Madame, madame ! » Je sens que c’est pour moi, me retourne et vois la jeune caissière qui court vers moi avec un sourire et le ruban… le ruban pour lequel j’étais allée dans le magasin. Mon Dieu ! Pour une raison qui m’échappe, il était resté sur le comptoir. J’ai eu de la chance que la jeune femme le voie parmi tous ses articles, qu’elle soit réellement présente à son affaire et ne fasse pas « seulement » son métier. Je la remercie mille et une fois. Le temps passe et je n’ai plus le temps d’acheter les tissus que je voulais. Cela n’a aucune importance, « mon » ruban prime.

Le lendemain, je dispose, par miracle, d’une heure pour retourner dans le quartier et choisir mes tissus. Je me dis que quand même, la jeune caissière mérite une fois de plus mes remerciements. Qu’aurais-je fait de retour chez moi sans le ruban ? De plus, ce n’est pas pour réparer n’importe quoi. Alors, je me dirige vers le magasin, imagine la scène du remerciement et, ne me demandez pas pourquoi, me dis que la jeune femme va m’offrir un bouton. J’entre dans le magasin et vais vers la caisse. Mince, ce n’est plus la même ! J’explique que je voulais remercier… et tout à coup j’entends une voix qui dit : « C’est moi, c’est moi ! ». Quelle joie chez elle et chez moi. Je lui explique l’importance du ruban et la remercie encore une fois (au moment où je m’adresse à elle, elle se trouve dans le département des rubans et des boutons en train de faire quelque chose). Tout à coup, elle ajoute : « Tenez, c’est pour vous ! » en me tendant un bouton. Là… je n’en reviens pas et lui dis que je savais qu’elle allait me donner un bouton sans que je puisse l’expliquer. Elle se demande comment j’avais pu deviner. « Il est très joli. Vous en avez d’autres ? » La jeune femme m’en tend un autre pareil. « Je voudrais en acheter quelques-uns » – « Eh bien, c’est que pendant ma pause, j’en fabriquais…  » – « Ainsi vous avez une pause-travail ? » Tout le monde autour rit avec nous. – « Pensez-vous qu’on pourrait les vendre ? » me demande la jeune femme. – « Certainement ! » – « Alors, je vais en faire ! » Je lui réponds que lors de mon prochain séjour, je repasserai.

Voici, sur mon bureau, les deux boutons décorant le vélo qui, symboliquement, me mène à Paris.

Avril 2024, je retourne dans le magasin ! Je vais vers la caisse, mais vois un monsieur à la place de la caissière. Je continue mon chemin et tout à coup j’entends qu’on m’appelle. C’est la jeune caissière-vendeuse-fabricante de boutons ! On est contentes de se revoir. Je lui demande si le monsieur est le patron et c’est le cas. Je vais vers lui et il répond à mes questions : le magasin existe depuis une dizaine d’années et il s’appelle Mes folles de soeurs parce qu’il a trois filles et qu’il s’était dit qu’elles étaient ses drôles de soeurs ! En fait, il a créé ce magasin pour elles mais la vie a décidé qu’elles iraient vivre à (je n’ai plus en tête de la ville française où se trouve l’une d’elles)et les deux autres sont à l’étranger, aux États-Unis et en Irlande ! Mais, ajoute le monsieur, je suis toujours là. Je le vois discuter ensuite avec une cliente et lui expliquer qu’elle peut coudre un bouton sur la veste et l’autre sur l’écharpe qu’elle porte pour faire un certain effet. C’est un vrai patron, il connaît son métier et il donne des conseils avisés ! J’apprends aussi que la jeune femme qui m’a servie prépare un diplôme dans le domaine de la vente. C’est magnifique ! J’ai réussi mon passage dans le magasin. La prochaine fois, j’irai acheter des fils (sorte de lacets) que j’ai vus.

No 2. Au village d’Orsel, le magasin. Le temps est passé sans que je le voie, mais il est midi et il y a peu de monde dans le magasin. Je vois deux tissus qui me disent qu’il faut que je les prenne pour mes spectacles. Je tombe sur une vendeuse que je n’ai jamais vue. Elle me dit que cela fait deux mois qu’elle travaille dans le magasin. Elle coupe le premier tissu et à ma grande surprise, prend le temps de le plier. Elle fait de même avec le second. Je lui dis qu’elle est très soigneuse (à se demander si elle n’est pas cousine de la caissière de l’autre magasin) et elle dit : « Je n’aime pas quand on me roule les habits dans les magasins et donc je fais aux clients comme j’aime qu’on fasse pour moi ». Je n’en reviens pas. Je m’intéresse à la façon dont les gens font les choses, à la façon dont ils pensent et cette vendeuse est comme un miroir pour moi. Je la remercie profondément et lui dis que non seulement elle fait aux autres ce qu’elle aime qu’on fasse pour elle mais encore qu’elle le pense. C’est autrement plus profond. Lorsque j’arrive à la caisse, je dis au caissier que la vendeuse, en la désignant, est très soigneuse. Il a un regard de reconnaissance envers moi. Un autre vendeur, plus loin, plaisante et dit qu’on n’a jamais entendu dire quelque chose de pareil à son sujet et tout le monde rit.

No 3. Des terrassiers. Paris en traitement de beauté. Il y a plein de chantiers ces temps-ci et, par conséquent, près de mon hôtel aussi. Je monte sur un trottoir qui se fait un de ces traitements et observe la façon dont les ouvriers travaillent. Ils posent les grosses dalles, les enfoncent et les tapotent jusqu’à ce qu’elles soient à niveau, ce qu’ils sentent en passant la main d’une dalle à l’autre. J’admire. Je les félicite et un répond : » Si vous en voulez dans votre salon, vous n’avez qu’à dire, le patron est là ! », et de me le montrer assis sur un petit tracteur. Sa phrase met tout le monde de bonne humeur. « J’y penserai, merci ! » ai-je répondu en rigolant avec eux. J’admire cette sorte de répartie.

No 4. Chez Carrefour, rue Saint-Didier. Ici aussi la chose se passe à la caisse. Une dame, quelque peu âgée et marchant à l’aide d’une canne, arrive à la caisse. Elle doit payer une baguette de pain. La dame sort son porte-monnaie, fouille, refouille et rien. Elle prend un portefeuille, ouvre soutes les sections, recommence, rien. Reprend son porte monnaie, rien. Elle cherche dans son sac… rien. Ni billets ni monnaie. La jeune caissière observe sans que je puisse deviner un geste d’impatience et s’adresse à un jeune homme qui est dans les environs. La dame dit qu’elle va revenir le lendemain. Le jeune homme dit que cela ira. Depuis le fond de la queue, je dis que j’offre la baguette à la dame. Le jeune homme me réplique que c’est pour sa poche. « Alors, on va se battre ? » demandé-je. Il rit et dit qu’il n’en est pas question. Je paie et m’approche de lui. Je le remercie d’avoir agi ainsi. Je lui demande si son métier est d’être vendeur, je me dis qu’il doit être étudiant. « Non, répond-t-il, je suis, je vais devenir locataire-gérant » –– « Ah ? Vous êtes majeur ? », il a l’air tellement jeune… – « J’ai 28 ans. »

C’est ainsi que j’apprends de sa bouche que la grande enseigne Carrefour peut avoir des gérants qui habitent un local appartenant à Carrefour ou même être le gérant murs compris (ce sont des franchises). Il y a aussi cinq sortes de magasins selon leur fonction et localisation. Quant à la politique pratiquée pour trouver des partenaires, je la considère intéressante : la direction s’allie avec des personnes qui aiment le commerce, peu importe leur formation ou profession ou même l’âge. L’essentiel est de s’unir à des personnes qui aiment le commerce. Aimer le commerce c’est : avoir le sens du commerce, aimer avoir affaire avec les articles (qualité, présentation, utilité) et aimer les clients (les comprendre, leur rendre service). J’ai demandé à Florian Rolando, c’est son nom, si Carrefour avait augmenté le prix des produits en vue des jeux olympiques de cet été. « Non, nous ne procédons pas ainsi. »

Ce que je trouve fabuleux dans cette aventure c’est que la dame, pauvre en argent, m’a enrichie en savoir. Je la remercie et espère que le ciel lui enverra mon SMS. Elle a permis que je rencontre une caissière très aimable, un locataire-gérant très élégant dans ses manières et qui m’a appris comment fonctionne l’enseigne, sans compter le fait que je suis sortie avec des boissons à base de kombucha. Chez moi, je fais du kéfir et en voyage c’est compliqué de trouver de telles boissons. Je dois dire que j’en ai trouvé aussi chez Franprix. C’est un soulagement. Dommage que cela n’existe pas encore dans les grandes surfaces en Suisse. En tous les cas, je suis ravie de cette autre aventure parce qu’il y a divers éléments ensemble et ce, grâce à cette dame.

No 5 Du violon dans le métro. Je changeais de ligne de métro lorsque j’ai entendu le son d’un violon, un son si clair, si puissant que je me suis dit que j’allais voir qui jouait ainsi. Quand je suis arrivée, j’ai vu une violoniste. J’ai été surprise parce que ses attaques et le son m’avaient fait croire que c’était un homme. Magnifique ! À tel point que j’ai dansé un moment sur sa musique. Je l’ai remerciée et elle m’a remerciée. Je lui ai fait des compliments et elle m’a fait des compliments. Cela a été un moment hors du temps. Elle m’a donné la permission de la prendre en photo mais, dans l’émotion, j’ai oublié de lui demander son nom. Cependant, je lui ai demandé où elle avait appris à jouer ainsi : « À l’école, dans le pays de l’Est, en RRRoumanie » a-t-elle fini sa phrase avec l’accent roumain. « Doamne, nu se poate ! » ai-je répondu et on a continué en roumain. On s’est embrassées et le temps s’est arrêté. Elle m’a expliqué que cela faisait vingt ans qu’elle était en France et que lorsqu’elle joue dans le métro elle gagne 7 à 9 euros de l’heure. C’est tellement dommage pour un tel talent. Je lui ai donné ma carte de visite et espère qu’elle va m’envoyer un message pour que je puisse mettre son nom. Je viens de chercher sur la Toile et vois une Florence, je suis sûre que c’est elle. Si vous cherchez sur la Toile, tapez ici et vous l’entendrez. La prise date de plus de dix ans, mais je viens d’en trouver une photo de la musicienne qui date de cette année.

La politique de la régie autonome des transports parisiens (RATP), entité publique, envers les musiciens depuis 1997 : tous les six mois, elle organise une audition et choisit 300 musiciens qui peuvent jouer à l’intérieur du métro. Le cachet perçu par les musiciens leur appartient. Ici aussi, grâce à cette musicienne, j’apprends des choses sur le fonctionnement d’une société publique. Ce que j’admire chez elle c’est le fait que malgré sa situation, elle joue avec plaisir et cela se sent. C’est une belle leçon qu’on devrait garder à l’esprit et je ne peux que lui souhaiter un beau chemin de vie.

Un tel talent mériterait de jouer dans un orchestre symphonique !

No 6. Dans le train. En allant prendre le train de retour, j’ai eu un problème avec ma valise, ma belle valise rouge. Elle a perdu ses roues et j’ai dû me débrouiller pour la porter, parfois la traîner et donc continuer à l’abîmer. J’ai quand même rencontré des personnes qui m’ont aidée à la porter, car tout le monde sait que dans le métro il y a non seulement des voitures de métro mais aussi un nombre incalculable de marches ! Bref, j’entre dans le train et une dame m’aide à porter ma valise. Elle me dit qu’elle est arrivée à Paris par le même train que moi. Je la remercie et vais m’installer à une place. Plus tard, une jeune fille me demande, en me tendant une dentelle turquoise si elle est à moi. Je me demande comment cela se fait parce qu’elle ressemble furieusement à celle que j’ai achetée à la Mercerie St-Pierre. Je pose ma valise de façon à regarder le dessous et perçois… un trou. À force de la traîner… Je la remercie et me demande comment faire avec cette valise. J’avais pensé à une astuce pour les roues, mais maintenant…

Après avoir cogité, je me dis que je vais remercier une nouvelle fois la jeune fille. Je la vois à côté de la dame qui m’a aidée à mettre la valise dans le train et qui me dit que nous sommes voisines de quartier, qu’il y a des jours où je la salue et pas d’autres. Je ne la connais pas, mais c’est vrai que je dis bonjour à ceux que je croise et qui me regardent aimablement, mais parfois je suis dans mon monde. La dame me dit que la prochaine fois, elle va me dire de restreindre mon champ pour qu’on se salue. Finalement, la conversation s’engage et j’apprends que son mari et elle ont une manufacture d’horlogerie. Cela tombe bien, je suis passionnée par cette industrie et lui parle de mes articles sur Abraham-Louis Breguet et Hook&Huygens notamment. Leur marque est Czapek. Je demande si c’est lié à l’écrivain tchèque bien que leur graphie diffère, mais elle ne le connaît pas. Czapek est un horloger polonais d’origine tchèque (quand même) qui s’est installé à Genève en 1832. Je demande si le monsieur est enterré à Genève, mais elle ne sait pas. La manufacture a 9 ans et donc est sur une bonne route. La dame a été invitée à la Fashion Week de Paris par Louis Vuitton. Ce n’est pas rien ! On va se rencontrer une fois.

No 7. Dans le même train. Une jeune fille (jeune femme dira-t-elle plus tard) me regarde avec sympathie et je lui raconte l’histoire de ma valise. Je lui demande quel est son métier et elle me dit qu’elle est laborantine à Berne. Je m’étonne qu’elle ait un si bon français. En fait elle vient d’emménager à Berne. Je lui demande si elle est contente avec son métier. Elle me dit que ce qu’elle aime le plus c’est résoudre des problèmes, trouver pourquoi une machine ne fonctionne pas. Je me dis que son esprit est scientifique et lui parle du spectacle Very Math Trip que j’ai vu à Paris et que je lui conseille si elle y retourne avant fin mai. C’est un spectacle drôle qui traite de mathématiques et dont le comédien est lui-même un prof de math désireux que les gens fassent la paix avec cette discipline si présente partout, même sur un terrain de foot ! Elle me dit que les maths lui manquent et répète qu’elle aime résoudre des problèmes, elle aime avoir des problèmes à résoudre. Je lui demande si elle n’a pas pensé à suivre une formation en parallèle et me dit qu’elle ira la semaine suivante à une journée portes ouvertes des écoles d’ingénierie. Je lui souhaite de trouver ce qui lui convient et lui demande de m’aviser quand le jour arrivera. Cela m’intéresse. Je trouve son esprit intéressant.

En résumé, j’ai l’impression d’avoir trouvé des miroirs. Non pas que je me trouve extraordinaire, je trouve normal de penser aux autres et de leur faire plaisir dans la mesure de mes moyens (deux cas particuliers : la musicienne qui a une vie compliquée mais y fait face avec le sourire – la plupart du temps j’y arrive, oui, la plupart du temps car il y a quand même des moments plus brumeux que d’autres et la jeune femme qui cherche sa voie, mais moi aussi…). Seulement, notre époque est un peu bizarre et quand je trouve d’autres personnes qui sont comme moi… je me sens presque au paradis !

Un cadeau : j’étais encore dans le train et voilà que je reçois un message par WhatsApp de la part d’une connaissance récente qui m’engage pour présenter un spectacle au mois de juin dans une fondation pour personnes âgées. Cela fait longtemps que je désire faire un tel spectacle afin de remercier ces personnes qui ont fait la ville, le pays et le monde dont j’ai hérité. C’est une chance ! C’est une suite des rencontres à Paris. Je souhaite que les personnes qui ont pris part à mes conversations aient une aussi bonne nouvelle, voire même meilleure.

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Spectacles 2024 : c’est l’heure !

L’heure de quoi ? Je ne sais pas. Je n’ai pas conscience de préparer les choses et pourtant lorsqu’elles arrivent, je vois que le chemin était préparé.

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La mesure du temps… la forme du garde-temps, ses couleurs, ses rouages qui symbolisent les rouages de la vie… Cela fait un tout qui me fit dire, lorsque je l’ai vu en magasin, que c’était l’heure !

Le réveil, réveil au sens horloger. Je vais dans un magasin, y vois l’objet à -70 %du prix initial et me dis qu’il est à moi ! Je vais à la caisse et le caissier peine à trouver le prix que je devrais payer. Un autre employé constate avec moi que trois autres mêmes articles sont dans le rayon des réductions, mais finalement c’est une erreur. Toutefois, le caissier me dit que j’ai droit au rabais mais que ce sera le seul réveil à ce prix. Pour moi, c’est un signe. Je ne sais pas exactement de quoi, mais je sens que mon heure arrive ! L’heure de quoi, je ne sais pas, mais ce doit être une bonne heure ! Et là, j’ai remercié toute la cohorte d’horlogers qui ont mesuré le temps et fait des objets qui nous rendent la vie plus facile ou plus compliquée, et celui-ci en particulier. Je le trouve très beau avec ses rouages visibles. D’ailleurs, je dois dire que je n’ai pas vu que c’était un réveil ; j’ai été attirée par la forme ronde et les couleurs noir et doré du cadran et des rouages, le squelette du garde-temps. Tout de suite, j’ai pensé au père de Beaumarchais, André-Charles Caron, qui en 1760 fit la première montre dévoilant ses rouages ! Je m’extasie, tout comme ses premiers clients l’ont été devant ce mécanisme ; je suis même remplie de bonheur. La notion du temps est quelque chose qui me fascine.

Alors, l’heure. Un élément qui me fait dire que quelque chose va arriver c’est l’énergie qui monte en moi et qui me fait ranger ou réparer un certain nombre de choses qui sont en attente. J’ai toujours cru que le printemps était l’éveil de la nature et l’hiver son sommeil. Mais, il y a quelques années, j’ai ressenti cette même énergie au mois de janvier et ai constaté que sur mon balcon bien des plantes avaient des bourgeons. C’est une sorte de renouveau qui me fait, ainsi que je l’a dit, ranger des choses différemment ou les réparer d’une meilleure façon et voici que je retrouve la notion japonaise de kai zen, si chère à Roger l’horloger.

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Plantes de mon balcon

C’est aussi l’heure de continuer avec mes spectacles, et voilà qu’en les reprenant, je trouve de nouvelles subtilités, de nouveaux plaisirs. Je remercie le maître de ballet qui m’a dit qu’à chaque fois que l’on reprenait une danse, c’était à interpréter comme si c’était la première fois. Je précise que je n’applique pas une formule ; seulement, je vis les choses et tout à coup, des souvenirs, comme les mots de mon maître de ballet, maître Oprea Petrescu, affleurent à mon esprit. Je fais un parallèle avec les mots : quand on dit des mots de circonstance, c’est une chose, mais quand on les vit, c’en est une autre.

Deux spectacles le lundi 22 janvier. Un concours de circonstances a fait que les invités à mon spectacle pouvaient venir ce même lundi mais à des moments différents. Je me suis dit que c’était peut-être prémonitoire et que cela me permettrait de savoir, si la situation venait à se reproduite, que c’est faisable. Cela l’a été et m’a rendu bien confiante.

Premier spectacle en matinée et second à 16 h.

Mes invités sont pour le premier des personnes que je n’ai jamais rencontrées mais auxquelles j’ai eu affaire pour des raisons professionnelles. Celui du second, je le connais depuis des années, aussi pour des raisons professionnelles ; on sait chacun quelle est la sensibilité de l’autre, je me porte garante de lui, lui de moi aussi, mais on n’a jamais partagé un moment proche. Mes invitations ont pour but de remercier ces personnes pour leur engagement en général et pour l’aide qu’ils m’ont apportée. Je sais que si je peux aider d’autres personnes, c’est parce que je reçois de l’aide.

Les impressions. Le public des deux spectacles a aimé ma salle, la façon dont elle est décorée et l’atmosphère que s’en dégage. C’est pour moi un signe que nous sommes du même monde et cela me réjouit. Il en est allé de même pendant le spectacle. Le public a été très présent et a participé aux moments requis. En effet, mes spectacles intitulés « intimistes » sortent un peu du commun du fait que je suis seule sur scène, qu’il y a des moments où je change de costume et que je m’adresse à lui de temps à autre. Tout s’est vraiment bien passé et j’ai reçu des compliments qui m’ont fait beaucoup de bien et profondément touchée.

Surprise par une question encore jamais posée et par une suggestion inattendue. Nous sommes tous différents, on le sait, mais l’un de mes invités me demande si je présente aussi mon spectacle ailleurs, si je peux prendre toutes mes affaires facilement parce qu’une idée trotte dans sa tête. L’invité du second spectacle me suggère de prendre contact avec une association qu’il connaît. On ne m’avait encore jamais posé la question de la possibilité de présenter mon spectacle ailleurs. Il se trouve que depuis un peu plus d’une année, je suis partie en tournée plusieurs fois. J’ai trouvé des solutions pour mettre mes costumes, accessoires et lumières dans une valise. Quant à l’association, on verra ce qu’il pourra en sortir.

Coïncidence, hasard, synchronisation, l’heure ! Je reprends la notion du garde-temps parce que la question et la suggestion arrivent au bon moment. On ne sait pas tout sur la marche du monde, mais le fait que le public de ces spectacles soit rodé et me fasse des propositions c’est signe que c’est le moment, la bonne heure sonne. Ce que j’apprécie le plus est le fait que ces personnes bien qu’elles soient aussi en train de changer de vie pensent à m’apporter leur aide.

Sujet de discussion avec les premiers invités : la comptabilité de la vie. Les choses se lient les unes aux autres sans qu’on y prenne garde et lorsqu’il a été question de comptabilité, j’ai dit que c’était un domaine intéressant. Je rapporte qu’une fois que j’avais été au chômage, j’avais pu suivre un cours d’allemand et avais écrit une rédaction sur « Comptabilité financière et comptabilité de la vie ». Les gens pensent qu’il n’y a que celle financière, celle qui fait que lorsque j’emprunte CHF 10.- à quelqu’un, je dois les lui rendre et c’est tout. Je pense qu’il y a aussi une comptabilité de la vie et que cela se sent. On fait une chose et elle vous revient d’une façon ou d’une autre et pas forcément de la part de la personne qui l’a reçue. C’est un peu plus complexe que cela, mais le principe est le même. La comptabilité financière est le reflet de celle de la vie. Au fur et à mesure que je parlais, je sentais que mon discours faisait un avec la pensée de mes interlocuteurs. C’est un autre beau moment partagé.

D‘autres points communs. En dehors du monde de l’art, j’ai découvert que l’invité du second spectacle est, comme moi, un passionné d’horlogerie. On en a parlé parce que je lui ai raconté mon aventure avec l’achat du garde-temps. J’ai aussi appris qu’il a été correcteur à la Feuille d’Avis, devenu ArcInfo, et comme je fais des révisions de texte, on se retrouve dans un autre même monde. On a aussi parlé de la mémoire des particules. C’est un sujet récurrent dans mes discours et de me savoir en résonance avec mon invité a été une très grande joie.

Nouveau genre de spectacle, un spectacle lecture-théâtre. Les choses se lient les unes les autres. Mon activité de révision de textes m’a fait rencontrer l’écrivain français Jean-Loup Chiflet et de fil en aiguille ou plutôt de lecture en lecture, il m’est venu l’idée de faire une lecture un peu spéciale de certains de ses textes. Mon invité est l’une des personnes idéales à qui je présente le début de mon spectacle et il lui a plu ! C’est vraiment une chance.

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À table pour les plaisirs de ce monde ! Voici le genre de table que j’ai préparé deux fois dans la journée pour mes invités après le spectacle. Je n’ai pas eu à me presser, le temps à disposition m’a permis de tout faire, de penser à mes invités, à ce qui pourrait leur plaire et je me plais à penser que cela se sent. Si au premier spectacle on a eu du thé parce qu’on était en milieu de journée et que le retour au travail suivait, lors du second c’est le traditionnel Mauler rosé qui est venu nous accompagner.

Je n’ai pas résisté à la tentation de mettre une photo de la bouteille de Mauler « couronnée à la chinoise » avec les bouts de papier de chocolats qu’on a mangés. C’est un montage, mais il est plus fidèle à la réalité. Cela arrive dans la vie.

Pour clore, je reprends la notion de hasard qui réunit en une journée des personnes qui ont exercé des fonctions en vue et qui reprennent une nouvelle vie. Je les remercie encore une fois parce qu’elles sont en plein déménagement spatial et temporel et trouvent le moyen de penser à m’apporter leur aide. Je suis aussi dans un renouveau, je ne sais pas de quoi, mais je le sens et le garde-temps nouvellement acquis vient de parler !

Je pensais avoir fini l’article, mais je viens de recevoir un magnifique bouquet de fleurs blanches, dont des roses, de la part du public du premier spectacle. J’ai beau chercher, je crois bien que c’est la première fois que je reçois un bouquet à la maison. C’est une émotion, une très vivre émotion ! Et des roses blanches… Il se trouve que j’achète parfois des roses et ma préférence allait des jaunes à celles à tonalités orange. Depuis quelques mois, j’en achète des blanches. Ce sont elles qui m’ont choisie. Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais elles ont parlé et je les ai écoutées. Mercredi passé, elles se sont invitées à nouveau, on les voit en arrière-fond. Aujourd’hui, le bouquet de remerciement pour le spectacle est arrivé accompagné d’un mot très délicat. Je me dis que ces coïncidences sont des annonces d’un nouveau printemps dans ma vie ; j’ai l’impression que l’univers m’envoie des messages.

Le bouquet de fleurs sur ma table qui a encore des décorations de Nouvel An… Mais, le temps est relatif et, de plus, aujourd’hui c’est le Nouvel An chinois.

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Articles avec la notion de kai zen. Ils sont tous liés à mon studio la Cave perdue (CP) ; CP et fonds de scène CP et interstices sur la scène CP et arrière-salle 1CP et arrière-salle 2CP et ma salle d’eau orientale.

Conversations de rue en patchwork.5

No 1. Le métier dans la vente de détail. Je discute avec une jeune vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter qui va fermer ses portes :

No 2. Les rues en pente. Neuchâtel est Neuchâtel et je ne me pose pas de questions au sujet des rues de la ville. Je les vis. Mais, certains amis m’ont dit que je ne fais que monter et descendre tout le temps. Une fois ou l’autre, je ne sais pourquoi et je m’adresse à ceux qui viennent en sens opposé.

Cette fois-ci, je descends la pente qui mène à mon studio de danse et un monsieur la monte avec lenteur :

No 3. Un autre jour, dans un sous-voie en pente, il a beaucoup neigé, j’ai mon sac plein d’achats et je descends avec précaution alors qu’un jeune monsieur monte :

No 4. Au marché. Je passe au stand des Pellet. Je connais trois générations : grand-mère, fils et petit-fils (il est déjà marié et a des enfants scolarisés que je ne connais pas). Mais, la grand-mère, Hélène, reste très chère à mon coeur. Elle se trouve actuellement dans un home et j’annonce que je vais lui rendre visite. Je regrette les temps où les différentes générations vivaient sous un même toit ; il y avait alors toujours quelqu’un pour s’occuper des malades ou de ceux qui n’arrivaient plus à s’en sortir tout seuls. Le fils (mon Dieu !, je m’aperçois que je ne connais pas son prénom, or cela fait des années et des années qu’on se connaît…) me dit que sa mère s’était occupée de sa grand-mère et de sa mère.

Je le sais aussi parce que j’ai un ami que je voudrais le prendre chez moi, mais je n’arriverais pas à m’occuper de lui comme il le faudrait. Je le regrette tellement… Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive.

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L’histoire de Max le chat

Je ne sais où cette histoire commence, ni comment elle va finir, mais elle va bien !

Max est tout noir avec des yeux verts. Une beauté ! Son caractère ? Comme celui d’un chat, indépendant.

Max a vécu près de huit ans chez des amis qui avaient un âge dit avancé. La dame, Gretel Frésard, sa patronne, est partie cette année dans un home et finalement décidé d’aller au ciel. Max, qui ne s’approchait que d’elle a décidé de voir du côté du mari de Gretel, Charles Frésard, et lui a ainsi manifesté son affection. C’était un grand changement ! Oh, ce n’était pas de grandes manifestations, mais, qui sait ce qui est beaucoup ou peu ? Pour Max cela devait être en tout cas suffisant ou même beaucoup.

Je suis entrée dans leur vie parce que feu mon ami, André Oppel, avait travaillé en tant que graphiste à la Fabrique d’horlogerie Froidevaux S.A. – Neuchâtel. Le comptable avait été monsieur Charles Frésard. Je raconte l’histoire ici. Je fais donc la connaissance du couple Frésard et de Max. La période de confinement est arrivée et j’ai pu rendre divers services à la famille. Parmi ces services, il y a eu l’herbe pour le chat et cela jusqu’à ce que monsieur Frésard aille rejoindre sa femme au ciel.

Lors de l’une de nos dernières discussions, monsieur Frésard m’avait dit qu’après son départ définitif, Max serait euthanasié. Je lui ai demandé pourquoi et il a répondu que le chat serait malheureux. Je lui ai répondu que Max s’était déjà adapté à lui et qu’il y avait des chances pour que… Monsieur Frésard m’a interrompue et dit que c’était une affaire décidée. On ne discute pas les ordres d’un chef, or monsieur Frésard était chef dans l’âme. Mais, entre ce que l’homme veut et ce que le destin a décidé…

Monsieur Frésard vit ses derniers instants sur terre. Pensant à son chat, il demande à un ami de l’amener chez le vétérinaire. L’ami s’exécute et le vétérinaire demande pourquoi le chat est là. L’ami ne sait pas trop, monsieur Frésard lui a seulement demandé de lui amener le chat. Le vétérinaire dit qu’il ne peut le prendre en pension et qu’il faut l’amener à la SPA. Voilà donc que Max est encore transporté à un autre endroit.

J’apprends le décès de monsieur Frésard, téléphone à l’ami qui a transporté le chat et il me dit où il se trouve. Je lui dis qu’une de mes connaissances aimerait l’avoir. Il répond que c’est un chat qui coûte cher parce qu’il mange une nourriture spéciale. La personne qui aimerait prendre Max est une de mes voisines et très bonne connaissance ; elle est plus qu’une amie, elle est mon double lorsque je m’absente et qu’elle prend soin de mes canaris et de mes plantes ; j’ai une confiance absolue en elle. Elle a eu des chiens, des chats et, chose particulière, a aussi travaillé un temps à la fabrique Froidevaux. Sacrée coïncidence, direz-vous. Je n’invente rien. Si on avait écrit une pièce de théâtre avec de tels personnages, on aurait dit que c’est parce que c’est du théâtre, or la réalité dépasse la fiction ! Je l’ai même amenée rendre visite chez monsieur Frésard et cela avait été un beau moment. Bref, Nadine, de son prénom, se dit intéressée par le chat. Elle l’avait entraperçu lors de sa visite.

Max ira chez Nadine ! Je ne raconte pas les péripéties arrivées entre temps. Ce qui est important c’est que Max, qui aurait dû quitter ce monde, se trouve encore parmi nous. Nous voilà face à l’une de ces décisions du destin qui a primé sur la volonté de monsieur Frésard. Max avait vécu dans l’appartement sans sortir, sans voir d’autres animaux que les oiseaux qui arrivaient parfois sur son balcon, et voilà que tout à coup un presque inconnu l’amène chez le vétérinaire qui ne le veut pas, puis à la SPA, où il a été isolé dans une chambre du fait qu’il ne mangeait qu’une sorte de nourriture. L’ami-destin a fait en sorte que Nadine puisse prendre le chat chez elle et je l’ai accompagnée à la SPA pour que Max se sente un peu en confiance pendant le trajet. Tout de même, il est à nouveau trimbalé dans une voiture qu’il ne connaît pas pour aller Dieu sait où. D’ailleurs, pendant le temps passé à la SPA, personne n’a pu le prendre pour le caresser. Je vous l’ai dit, Max a son caractère ; d’ailleurs, caractère ou pas caractère, Max a fait savoir que la mesure était dépassée en ne laissant approcher personne !

Max chez Nadine.1. Max est arrivé dans une cage. Arrivé chez Nadine, celle-ci l’ouvre et Max sort. Nadine me dit qu’elle va laisser la cage ouverte permettant ainsi à Max d’aller s’y réfugier si besoin. Max inspecte le salon et a une préférence pour la partie arrière d’un canapé. Nadine lui met à boire et à manger et on s’installe pour bavarder un moment et ensuite, je m’en vais.

Suite 1. Le soir, je téléphone à Nadine qui me dit que Max a inspecté une partie de l’appartement et qu’il s’est laissé toucher une fois. Je me dis que c’est une victoire et qu’il commence à se retrouver.

Suite 2. Je laisse passer quelques jours et rappelle Nadine. Elle me dit que les deux premiers jours, Max n’a pas mangé, puis les choses sont rentrées dans l’ordre et qu’il n’est pas du tout retourné dans la cage. Elle a fini par la ranger. Max va partout et préfère le balcon. Il avait aussi un balcon chez les Frésard, mais, il n’y voyait pas la rue ni de voitures. Chez Nadine c’est le contraire et de plus, celle-ci a installé une maisonnette pour oiseaux, lesquels viennent manger les graines que Nadine y pose. L’instinct de Max est éveillé ! Finalement, Nadine a enlevé la petite maison pour éviter aux oiseaux de mauvaises aventures.

Suite 3.1 Nadine fait tout ce qu’il faut pour Max : elle est allée voir le vétérinaire qui s’est dit ravi de le savoir chez elle et lui a dit d’ajouter un autre aliment ; elle a acheté un peigne et, me dit-elle, Max adore quand elle le passe sur sa fourrure. C’est un rituel journalier ; Nadine lui dit : « On fait un beau Max ? » et il se laisse faire. Je me dis que Max a gagné à la loterie et que le Destin (avec majuscule) doit être content. Il savait bien…

Suite 3.2 L’herbe pour Max. Je l’achetais à la Migros et les caissières du magasin ont été touchées par ce Max qu’elles ne connaissaient pas mais dont le patron ne pouvait plus descendre en ville. Tous les mercredis, elles mettaient une barquette de côté. Si une fois, je n’avais pas eu le temps et arrivais le jeudi, tout de suite elles disaient . « Vous n’avez pas pris l’herbe pour Max ! » D’ailleurs, mon nom pour elles était « Mme Max » ! Je disais volontiers que Max avait non seulement une bonne amie, la responsable de la caisse, mais plusieurs puisqu’elles étaient attentives à son herbe. Maintenant, tenez-vous bien, Nadine ayant observé que Max ne mange pas tant d’herbe que cela, elle la fait pousser dans des pots. Ah, Max… quelle belle vie tu as !

Suite 3.3 Du fromage pour Max. Je dis à Nadine que je voyais une soucoupe avec du fromage râpé pour Max. Du fromage ? dit-elle. Oui, mais je ne sais de quelle sorte. Le temps passe et Nadine me dit qu’elle n’avait jamais entendu dire que les chats mangeaient du fromage, mais que Max aime le parmesan et le gruyère râpés, pas les autres. Je vous le dis, Max, tout comme nous, a ses goûts !

Suite 3.4 Cycle du sommeil de Max. Comme tous les chats, Max a plusieurs cycles de sommeil où il passe, de même que les humains, par un sommeil léger, profond et paradoxal. En tant que prédateur nocturne, il partage ses cycles pendant les 24 heures de la journée. Je ne pense pas que Max réveillait le couple Frésard la nuit, mais Nadine… oui. Je lui ai donné un conseil à appliquer lors du sommeil paradoxal ; Nadine l’a suivi à sa façon, mais la chose fonctionne. C’est vraiment l’entente parfaite !

Suite 4. Max se promène partout, saute à droite et à gauche. Une amie de Nadine lui a apporté des souris en tissu, Nadine les lui lance et Max court après elles ; il sort sur le pas de la porte, explore les escaliers. Bref, il a un territoire plus grand que jamais et il est traité avec amour. C’est d’ailleurs une histoire d’amour réciproque et je suis ravie. Nadine, tout comme moi, pense que monsieur Frésard, là où il est, doit être content et se dire que Zully avait raison ! Tout dernièrement, Nadine dormait et Max est monté sur le lit, chose qu’il n’avait jamais faite, et lui a touché le nez avec le museau pour la réveiller ; il avait envie de sortir ! Je ne crois pas qu’il aurait fait cela à M. Frésard-chef !

Suite.5. Cela fait bien cinq mois que Max est chez Nadine ; il ne touche plus la nourriture pour « chat malade », se porte comme un charme et on a convenu que j’irai lui rendre visite. Suite au prochain numéro.

Suite 6. Je suis allée rendre visite à Max. Il est vraiment chez lui. Il a ses coins et aime dormir, la journée, dans l’armoire de Nadine. Une fois, elle a laissé la porte ouverte, il y a vu une couverture sur le fond et il s’est dit que c’était pour lui. Depuis, Nadine garde l’armoire ouverte la journée, toute la journée. Alors, qui s’adapte à qui ? Vous avez trouvé, c’est Nadine qui s’adapte à Max. En échange, Max se laisse caresser de plus en plus longuement et Nadine le brosse deux fois par jour. Le cadeau pour les deux, c’est que Max n’est plus malade du tout. Je suis ravie d’avoir participé à leur rencontre et monsieur Frésard doit être bien content là où il est.

L’eau bouge en permanence et elle reste vivante, c’est comme l’eau des ruisseaux.

Suite 7. C’est l’été et Nadine remarque que Max ne boit pas suffisamment d’eau. Une amie lui dit qu’elle a acheté une fontaine pour son chat qui, depuis lors, boit plus. Nadine fait de même.

C’est en rendant visite à Max que j’ai vu la fontaine. Nous, les humains, quand nous sommes très heureux, nous disons que nous sommes comme au paradis. Et Max ? Je me demande si lorsqu’il arrivera au paradis des chats , il dira : « Je veux retrouver Nadine ! »

Encore le paradis. Cela fait un peu plus d’une année que Max est chez Nadine ; cette dernière me raconte qu’elle avait eu quelques problèmes de santé assez régulièrement, mais depuis que Max est chez elle… ils ont disparu. L’amour fait des merveilles : Max n’est plus malade et Nadine non plus ; ils baignent dans le bonheur !

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Conversations de rue en patchwork.4

J’aime raconter des choses nourrissantes, celles qui m’arrivent et celles qui arrivent aux autres. Celui qui les lit ou les entend en tire profit, j’en suis convaincue.

Voici l’histoire qui est arrivée à l’un de mes amis. J’étais chez Cighélio l’imprimeur et un monsieur me demande si je le reconnais. Je cherche dans ma tête et tout à coup il dit : « On a fait du bateau ensemble ! ». Mon Dieu ! Cela fait des années que je n’avais vu François. Je lui dis que je me suis demandé plusieurs fois ce qu’il était devenu. Comme je dois partir et qu’il a des choses à faire, on convient d’un rendez-vous pour le lendemain. C’est là qu’il me raconte une histoire qui finit bien et cele m’a fait tellement de bien que je me dois de la transcrire :

– Je suis devenu professeur d’école, j’ai fondé une famille, ma femme a divorcé…

– C’est toi ou c’est elle ?

– C’est elle.

– Elle travaillait à mi-temps et je faisais la cuisine, les courses, et elle était quand même débordée. Comme elle était amie avec la responsable du département de l’enseignement, cette dernière m’a mis à la porte de l’école. À cette époque il y avait pléthore de professeurs et je n’ai trouvé de place que dans le canton de Vaud, puis cela a été à Fribourg, en Gruyère. Dans le premier cas, les élèves étaient en retard d’une année par rapport à ceux de Neuchâtel et dans le second, ils avaient une année d’avance parce que c’était des fils de paysans, des bosseurs. Je me rappelle le cas d’une fille qui trouvait que paysan était le pire métier du monde et que son village était le dernier des endroits où l’on pouvait habiter. Son père m’a demandé d’aller discuter avec elle.

– Quand je suis arrivé, la maison est comme celles d’avant où l’on entrait par la cuisine. C’est la grand-maman qui m’a reçu et m’a dit que le fils était à l’étable et qu’il fallait l’attendre. Je lui ai demandé où c’était et elle a répondu que bien habillé comme je l’étais, je ferais mieux d’attendre. Je lui ai répondu que dans un étable il y avait des vaches et qu’il le savait. La dame n’arrivait pas à le croire, mais finalement m’a montré comment m’y rendre.

– Arrivé sur place, le papa de mon élève trayait les vaches. Je lui ai demandé si je pouvais l’aider. Là aussi, il a été surpris. Je l’ai rassuré en lui disant que les vaches c’était comme le vélo : « On n’oublie pas ». Il m’a montré une vache qui ne voulait pas être traite par une machine, on s’est bien entendus et j’ai fait ma part. Quand on a fini et qu’on est rentrés dans la cuisine, tout le monde était au courant. J’ai vu mon élève et lui ai dit : « Ton père fait un métier formidable, il nourrit le monde ! » J’ai vu que dans l’esprit de la fillette la chose prenait forme et depuis, j’ai été le meilleur professeur que la terre ait porté !

Il se passe encore des choses, mais ce qui est important est qu’arrivé à la retraite, mon ami reçoit plus d’argent que lorsqu’il travaillait. C’est un cas assez rare et je lui dis que finalement, il pourrait remercier sa femme d’avoir été ainsi parce que c’est grâce à elle qu’il se trouve dans cette situation si confortable !

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Histoire dans un quai de gare. Je vais rendre visite à une ancienne maraîchère qui se trouve à l’hôpital et je dois changer de train dans une gare que je ne connais pas. Je descends du train, vois un couple qui fait de même et demande s’ils changent aussi de voie. Le monsieur répond :

  • Nous chantons toujours de la même voix !

Ce jeu de mots si ingénieux m’a fait rire et j’ai dit que j’allais mentionner l’affaire sur ma plateforme. C’est vraiment joli !

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Une autre histoire dans un home. Mme X, une de mes bonnes connaissances, avait une amie dans un home ou Éhpad. Cette personne avait une certaine culture et depuis quelques années donnait des cours d’anglais à l’étranger, à raison de deux jours tous les quinze jours. Tout à coup, elle a eu une attaque cérébrale et n’a plus pu se déplacer. Elle est restée un temps chez elle et finalement, son mari a dû se résoudre à l’installer dans un établissement spécialisé. Mais, elle pouvait parler et a demandé à Mme X de lui apporter du champagne. En principe, elle n’a pas le droit d’en boire, mais une coupe de champagne, en plein milieu de l’après-midi, n’a jamais fait de tort à personne. Je le sais aussi parce que j’ai eu une aventure semblable avec un ami. Bref, Mme X se dit que le champagne tout seul ce n’est pas élégant et achète à la Migros, notre supermarché, une boîte de flûtes de chaque sorte afin de savoir laquelle fond dans la bouche. La dame en question avait des difficultés à avaler.

Mme X arrive au home vers 14 h 30. Elle demande à voir son amie et on lui dit qu’elle ne peut sortir parce qu’elle n’est pas encore lavée. Mon amie se fâche, dit que ce n’est pas permis, l’endroit coûte Fr. 7’000.- par mois et à l’heure qu’il est la dame n’est pas encore baignée ! Elle se fâche tout rouge et fait en sorte qu’on s’occupe de la dame. Finalement, elles s’installent dans un coin, boivent leur champagne, et tout se passe à merveille.

Une autre fois, la même dame avait envie de boire un thé de je ne sais quelle sorte. Mme X s’exécute et va au home avec une autre amie qui rendait visite à une autre personne installée au même endroit. Comme elle connaissait aussi la dame qui voulait boire du thé, elle se joint pour le goûter et apporte des flûtes. La dame de l’histoire en prend et s’étouffe. Malheureusement, la dame qui a acheté les flûtes n’a plus pensé à prendre la sorte qui fondait dans la bouche. L’infirmière arrive, se fâche et dit que la prochaine fois, elles seront fouillées avant d’entrer. Mon amie se fâche à son tour parce que ce n’est pas sa faute.

– Et ensuite ? demandé-je.

– Elle est décédée quelques jours après.

– De quoi ?

– Étouffée.

– À la suite de quoi ?

– C’est assez étrange. Il semble qu’elle ait…

L’histoire est triste. Les établissements pour personnes dépendantes ne sont pas toujours idoines. La personne qui y arrive, y va souvent en dépit de sa volonté, elle est immergée dans un environnement qui n’est pas le sien, tout ce qui lui appartenait est absent. Sa vie doit s’intégrer à un horaire et à des personnes étrangers. Une de mes amies arrivée à un âge certain avait des problèmes de santé. Elle avait décidé de partir dans un pays africain, pour ses derniers jours, où les gens sont plus aimables et joyeux avec les résidents. Mais, je félicite mon amie d’avoir apporté du plaisir au palais et à l’âme de son amie dans les derniers jours de sa vie. Je trouve cela important et beau.

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La retraite : je rencontre une connaissance sur mon chemin. On marche un moment sans rien dire. Puis, je demande :

  • Comment va la vie ?
  • Elle prend son temps et répond : J’ai une nouvelle vie. Je suis à la retraite, mais n’aime pas ce mot.
  • Vous avez tout à fait raison. Auparavant, les personnes arrivaient à la retraite et ils étaient épuisés pour la plupart ; ils portaient leur âge et de plus, l’espérance de vie était moindre. Aujourd’hui, les gens peuvent couper les ponts avec leur ancienne activité, se lancer dans une autre, changer de vie, continuer autrement leur manière de vivre et tout cela dans une joie et un bon état physique.
  • C’est vrai. Mais les gens, quand ils savent que vous êtes à la retraite…
  • Il n’y a pas besoin de le dire. Il y a des gens qui, lorsqu’ils l’apprennent, vous mettent dans une catégorie pleine de sens très lourds. Cela vous charge et les charge eux-mêmes. Cela ne vaut pas la peine. De toutes façons, les gens n’écoutent pas réellement ce que vous dites, ils ramènent souvent les choses à eux. Alors, dites simplement que vous vous investissez un peu plus dans… que vous avez repris telle activité, etc.
  • Qu’est-ce que cela me fait du bien. C’est comme si vous m’offriez une fleur.
  • Oh, mais la fleur était chez vous. Je vous l’ai simplement montrée.
  • Quel cadeau ! Je me sens toute légère ; j’ai comme des ailes qui poussent !
  • Moi aussi !

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Les histoires de Roger Peeters.1

Ces histoires, Roger me les raconte quand on est dans mon studio de danse la Cave perdue. Ce studio a déjà une histoire et continue à s’enrichir d’histoires. Parfois, quand je regarde ma Cave perdue, j’ai l’impression qu’elle vit.

Roger a tout le temps quelque chose à raconter. Cette fois-ci on parle d’argent, de valeurs humaines, d’or, de diamants, de rubis et d’aluminium.

Je dis à Roger que notre civilisation n’a peut-être pas pris la bonne direction :

– Tout est ramené à une valeur marchande, à l’argent. Or l’espèce sonnante et trébuchante a été inventée par l’être humain. Elle n’est pas disponible dans la nature. La terre produit des fruits, des légumes, pas de monnaie.

– Tout est une question de rareté et d’utilité. L’un des métaux les plus chers est l’or.

– C’est ce que j’ai entendu en économie politique. Mais, l’exemple de l’or est intéressant. Je me dis que sa brillance doit rappeler celle du soleil et là le symbolisme astral joue un rôle déterminant…

– S’il y avait de l’or partout, il n’aurait plus la même valeur.

– Si, par exemple, il y avait eu très peu de charbon, il aurait pu prendre la première place.

–: Oui. Est-ce que je vous ai raconté l’histoire du diamant ?

– Non…

– Le diamant a été considéré comme une pierre rare malgré les grandes réserves minées et mises en stock par l’entreprise monopolistique de Beers d’Afrique du Sud. Puis, on est arrivé à faire le diamant synthétique et là…

– Pas de différence entre le diamant naturel et le fabriqué ?

– Un diamant pur valait très cher, mais souvent il a quelques imperfections, alors que le diamant synthétique n’en a jamais, il est toujours pur. Cela a fait que le prix du diamant a commencé à descendre.

– Mon Dieu ! Alors, ceux qui avaient investi dans les diamants…

– Oui, et les réserves de l’entreprise sont énormes. Leur politique de gestion, rareté artificielle, maintenait les prix hauts. Mais, voilà, tout est relatif. Il s’est passé la même chose avec le rubis.

– Oui, je sais, on utilise le rubis synthétique dans l’horlogerie. Vous m’aviez raconté. Le premier à avoir pensé au rubis a été un astronome bâlois, Nicolas Fatio de Duillier, qui de Paris s’était réfugié en Angleterre. La vertu du rubis a été de prolonger la durée de vie et d’améliorer la précision de la montre. Il a fait breveter son invention de perçage du rubis à Londres en 1704. Tout de même, le prix était élevé et c’est le chimiste français Auguste Verneuil qui en 1902 dévoile comment produire du rubis par fusion. Je crois bien que sa méthode est toujours d’actualité.

– Vous connaissez l’obélisque de Washington ?

– Non…

– C’est un monument en l’honneur de George Washington, le premier président des États-Unis. À l’époque, l’aluminium était un matériau très rare et très cher, plus cher que l’or, et donc le pyramidion a été fait en aluminium pour donner encore une valeur symbolique à l’obélisque. Or, aujourd’hui, l’aluminium est très bon marché…

Et on retrouve le début de notre conversation, à savoir la valeur qu’on prête aux choses… Je me demande ce qu’en pense George W.

Sur fond de champagne et de caviar. La rencontre d’aujourd’hui a été improvisée. C’est Roger qui a régalé et on s’est dit sans se le dire que l’on buvait à un futur prospère. D’une certaine façon, on a lancé une bouteille à la mer du destin.

J’ai envoyé l’article à Chambaron, mon expert en français. Il répond à toutes mes questions, vraiment à toutes. Il a l’avantage aussi d’avoir un esprit très riche et a qualifié le dialogue écrit de socratique. Oui, il y a quelque chose de cela, on a mis en évidence des contradictions sociales et mis à nu la réalité. Il me dit aussi que lorsque l’homme Sapiens s’est sédentarisé grâce à la stabilité climatique, il a commencé à faire des échanges avec ses voisins et des prévisions dépassant l’année ; ensuite ce sont les métaux que l’on a utilisé pour faire les échanges, puis est venu le papier monnaie afin de faciliter les opérations. Mais déjà à l’époque romaine, on avait créé de la monnaie fiat ou fiduciaire, c’est-à-dire, une monnaie dont la valeur était dictée par le gouvernement et à laquelle le peuple accordait la confiance ce qui impliquait qu’il croyait qu’elle représentait une valeur. Cela a duré des millénaires, jusqu’à l’invention du crédit s’appuyant sur une autre croyance, celle dans le progrès et l’augmentation de richesses qu’on anticipe. Tout cela est l’invention de l’homme. C’est quand même curieux que l’on oublie les croyances spirituelles et qu’on accorde sa croyance à des papiers, des écritures… Tout ce que je sais, c’est que si tout le monde voulait retirer son argent de la banque, il n’y aurait pas assez de monnaie ni de biens de garantie.

Autre chose dans ce dialogue : les remerciements à ceux qui ont introduit quelque chose d’intéressant pour le bien de tous dans ce monde. C’est un exercice que je pratique souvent. Nous utilisons tant de choses sans remercier ceux qui ont été à leur début. C’est ainsi que j’ai raconté à Roger que dans un cours que je donne, j’ai parlé du début des chaussettes ; les premières chaussettes tricotées on les a trouvées en Égypte, du temps des pharaons, en 1400 av. J.-C. et la première machine à tricoter des chaussettes est due à un révérend écossais, William Lee, puis du kaléidoscope, trouvé par le physicien écossais David Brewster en 1816 qui, grâce à W. Lee et aux Français, portait des chaussettes ! (Je raconte cela ici).

Encore autre chose dans type d’article ; il a aussi la vertu de ramener à la surface de ma conscience un tas de sujets, de personnages, de lectures, de commentaires et c’est comme si je les avais à fleur dans mon esprit. Je trouve jolie l’image d’avoir des fleurs partout.

Les fleurs de l’esprit de Zully. J’ai montré l’article à Roger avant la publication et là… c’est reparti pour un tour de nouvelles choses. C’est ainsi que j’ai pu compléter l’historique de la valeur monétaire et Roger a trouvé moyen d’insérer l’influence du travail à la chaîne qui n’aurait jamais pu prendre place sans la fabrication en ligne d’abord, puis sans le recours aux pièces interchangeables. Il a évoqué les implications des premiers métiers à tisser, l’extraordinaire abondance énergétique due au charbon au xviiie siècle, les industrialisations qui s’ensuivirent et a mentionné la production de chronomètres et montres en masse par l’entreprise Waltham aux États-Unis avec ses effets sur l’industrie horlogère suisse. Comme on le voit, tous ces éléments sont liés et forment un tissu vivant au travers de l’homme ; une fois de plus, on en arrive au début de notre conversation : la valeur qu’on attribue aux choses.

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Les animaux pensent-ils ?

Je rencontre un ami qui me raconte l’histoire d’un grèbe et je lui raconte certaines de celles de ms oiseaux.

Disons d’emblée que les animaux communiquent entre eux. Ils avertissent leurs congénères lorsqu’il y a danger, lorsqu’ils trouvent à manger et encore un tas de choses que j’ignore. Tout dernièrement, j’ai hérité de deux canaris qui avaient habité dans un garage. Les miens habitent dans une volière avec une sortie permanente sur le balcon. Quand les deux canaris sont arrivés et ont commencé à chanter, j’ai entendu des sons que mes canaris n’émettaient pas. Peu de temps après, ils les ont aussi chantés. Quelle était l’information ? Je n’en sais rien, mais les « nouveaux » canaris ont rapidement fait partie de la grande famille et je n’ai jamais vu de querelle.

Je reprends l’histoire du grèbe. Voici ce que l’ami en question m’a raconté : il se trouvait sur son canoë lorsqu’il a vu un grèbe qui régulièrement plongeait et émergeait sans rien dans le bec et qui ensuite le regardait. À un moment donné, l’ami, compatissant, hausse les épaules et soupire. Vous avez deviné la suite : le grèbe a aussi haussé les épaules et soupiré !

Scooby, le chien de mes voisins. Les voisins de mon studio de danse ont hérité d’un chien qui a une histoire particulière et qui émet un son spécifiquement pour moi. Quand il sent que je suis dans les parages, sans me voir puisqu’il est à l’intérieur de la maison, il l’émet. Les propriétaires m’ont dit que ce n’est que pour moi et pour personne d’autre. Ce n’est pas un aboiement, c’est un son de gorge.Je suis flatée. Il a un autre son, une sorte de « bof  » qu’il utilise lorsque je frappe à la porte pour que mes voisins l’ouvrent et je puisse le caresser mais que lesdits voisins sont absents. Il me signifie : « Ce n’est pas la peine ! » et il se tait. C’est magnifique !

Un papillon. Je me trouve dans mon lac et perçois dans l’eau un papillon qui se débat avec les pattes dans l’eau. Je regarde autour de moi, vois une branche, la mets sous les pattes du papillon et il s’y agrippe. Instinct de conservation diront certains. Oui, mais à un moment donné il doit s’être dit : « Ah, une branche pour me sauver ! ». Le lendemain, je retourne à la même place, je m’assieds pour ne garder que ma tenue de bain et voilà un papillon, de la même couleur, qui vient se poser sur ma chaussure. Vous direz ce que vous voudrez, pour moi, il me faisait signe ! Cela ne m’était jamais arrivé.

Une abeille. Là aussi, je la vois en train de se préparer pour rejoindre l’autre monde parce qu’elle repose sur l’eau du lac, sur le dos, les pattes en l’air. Je fais de même et elle s’agrippe. Je la pose sur une pierre ; elle met un temps assez long à s’en remettre et tout à coup prend son envol.

Une algue et une sorte de cafard. Je me trouve une autre fois dans l’eau et vois des algues qui me font signe. Ne me demandez pas comment je le sais, je le vois et le sens. Je les prends dans la main, me demande ce que je peux en faire… rien… mes canaris ne vont pas manger cette sorte et les remets dans l’eau. Tout de suite après, je vois une sorte de cafard qui s’agite dans l’eau. J’hésite parce que ces bestioles ne sont pas recommandables, puis, je me dis que la nature ne fait rien gratuitement et qu’elle doit servir à des choses que j’ignore. Je regarde pour voir s’il n’y a pas une branche… rien… mais les algues sont toujours là. Je les prends et la petite bête s’y agrippe. Je la dépose sur une pierre et elle s’en sort aussi. Je me sens soulagée et ne peux que remercier les algues.

Quant à mes canaris, les histoires sont nombreuses. Ces derniers jours, ils m’ont fait comprendre qu’il ne fallait pas trop remplir les piscines dans lesquelles ils se baignent. Normalement, je m’y prends à deux fois pour les remplir. J’avais fini le premier tour, si je puis dire, et voilà que des oiseaux viennent et montrent signe de vouloir se baigner ; ils trouvent qu’il y a assez d’eau et qu’il ne faut pas remplir à ras bord. C’est bien la première fois. Tout arrive ! Parfois, lorsque j’arrive dans la volière pour apporter quelque chose, j’en vois qui sont en train de boire ou de manger quelque chose, ils me regardent comme s’ils me disaient : « Est-ce que j’ai le temps de boire, de prendre une graine, de prencre une morce (bouchée) ? » Je leur dis, en général, qu’il sont le temps.

Autre exemple avec mes canaris. Lorsque je mets une salade qui a des grains de maïs, ils se précipitent sur ces derniers et j’ai l’impression qu’ils disent : « Ah, ça c’est bon ! ». Un animal ou une personne qui a très faim se précipite sur ce qu’on lui donne, mais ici le cas est différent ; les oiseaux lâchent ce qu’ils ont dans le bec pour aller prendre du maïs. Il arrive la même chose lorsque je mets des fleurs, des graminées ou certaines plantes. Le fait de lâcher une chose pour une autre implique un instant de réflexion même si elle n’a pas de mots. C’est comme l’intuition chez nous.

Encore un exemple , la confection des nids. Je propose la base, un panier vide et ils le remplissent à leur guise. Ils font montre de personnalité, parfaitement. Il y en a qui décorent, d’autres qui font juste le nécessaire, d’autres qui font tout du début à la fin et où ils veulent.

Les nids. Celui à gauche, tout en haut est fait par une oiselle spartiate ; elle a mis juste ce qui est nécessaire ; l’oiselle de droite aime le style baroque, fleuri, abondant, harmonieux, agréable ; le nid d’en bas a été construit sur les hauteurs et l’oiselle a mis du temps jusqu’é ce qu’il soit solide. Il est aussi joli et avec une décoration.

Alors, les animaux pensent-ils ? Les gens confondent souvent le fait de parler avec la pensée. Ce n’est pas parce que les animaux ne parlent pas avec nos vocables qu’ils ne pensent pas. Dans Sciences humaines, je trouve : « La pensée animale est proche de la pensée humaine pour certaines capacités liées à la représentation, à l’abstraction et même au raisonnement. Il n’en est pas de même pour des processus cognitifs plus élaborés comme le langage ». D’autre part, on le voit, au cours de notre histoire, des peuples ont eu des civilisations différentes, des langages différents, des moyens de communication différents. Les expériences avec mes oiseaux et ce que racontent les personnes qui vivent avec des animaux vous diront que les animaux pensent. Nous mêmes, nous sommes incapables de dire comment une pensée nous vient. Je le dis souvent, ce n’est pas parce que nous avons mangé quelque chose de sucré que notre pensée est sucrée… Une chose est certaine, lorsqu’une pensée nous visite, notre cerveau s’agite. Une fois la vie partie… il n’y a plus de pensée, tout comme chez nos amis les animaux.

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Cave perdue, notion de kai zen et arrière-salle.2

Je ne me dis pas : qu’est-ce que je vais ou peux faire mieux ? Les choses se passent toutes seules. Je vois les choses et elles doivent communiquer avec moi au moment où je peux intervenir. Cette fois-ci , c’est le sol de l’arrière-salle qui m’a fait signe.

Le sol n’avait pas l’air heureux. J’avais demandé à un spécialiste de la pierre ce que je pourrais faire pour lui donner meilleure allure et cela a eu l’air très compliqué. Du temps a passé et en regardant le rideau qui sépare la salle de l’arrière-salle, je me suis dit que si je peignais le sol en noir avec des soleils dorés, on ne verrait plus les défauts du sol. Je me suis adressée aux magasins qui me vendent de la peinture, mais personne n’avait cette couleur. J’ai été un peu ennuyée, mais en y réfléchissant, je me suis dit que l’arrière-salle était assez obscure et qu’avec un fond noir, on ne saurait plus où on en est. Cela aurait peut-être été poétique mais pas pratique.

Le sol de l’arrière-salle. Il est évident que l’on n’a pas la même exigence s’il s’agit du sol de votre salle à manger que s’il s’agit d’une cave ; ce qui est le cas de mon studio. Quand même, je me disais qu’on pouvait lui donner une autre allure parce que tout est utile et que je me devais de remercier ce sol qui me porte. Voici une mosaïque :

Dans la photo 3, j’ai mis de l’eau pour voir s’il y avait vraiment une grande différence. En fait, c’est du ciment, posé un peu en gros, peint par dessus.

Que faire ? Il y a des peintures pour toute sorte de cas mais pas dans toutes les couleurs. J’ai dû me rabattre sur un bleu. Tout d’abord, il a fallu laver le sol, heureusement que j’avais acheté un aspirateur qui pouvait aussi absorber de l’eau. Je ne l’avais jamais fait, mais j’ai trouvé comment faire. Cela a été une victoire pour moi. Sa photo viendra après.

Début des travaux. J’ai commencé par la salle d’eau dont j’avais repeint les murs et que j’avais redécorée.

Photos 1 et 2 = salle d’eau – photo 3 = début de la partie arrière – photo 4 = niche à vin (j’en ai cinq) et les utilise pour ranger les chaussons, les tapis et autres affaires.

Les niches. Au fur et à mesure de l’avancée des travaux, je regardais le niveau de la peinture et me suis dit que les niches, même si le sol est recouvert d’une planche, méritaient aussi un coup de peinture. Le comble est venu après, parce qu’au moment de réinstaller la planche, je me suis dit qu’elle allait rayer la peinture et ai mis une couche de protection avant ladite planche ! Je suppose que la niche doit être contente. Moi, je le serais, et comme les choses = moi, c’est le cas !

Les caissons hérités du premier plancher du feu Centre culturel neuchâtelois devenu le Pommier, je les avais déjà peints. Cette fois, je les ai disposés différemment et le premier s’est vu décoré de jolis papiers de chocolat (le caisson avait une fente pour glisser la main afin de le déplacer), je l’ai comblée avec un papier doré du plus bel effet et finalement en ai mis trois pour le plaisir des yeux. Celui d’à côté faisait un peu confetti avec toutes les choses qui étaient dedans et alors, j’ai confectionné des rideaux que j’ai suspendus grâce aux anneaux hérités du magasin Au Pêcheur.

A droite, le caisson avec la fente – au milieu il est décoré et à gauche version aec les rideaux.

Le plaisir ! Ah, le plaisir de voir quelque chose de beau ! On le sait, la beauté est une notion relative. Mais, disons alors que ce que l’on trouve beau procure un sentiment de joie. C’est ce qui m’arrive chaque fois que j’ai la vision de tout ce qui a été repeint, décoré, changé.

Photos 1 et 2 = ce qui est à droite et à gauche quand on entre dans l’arrière-salle et photos 3 et 4 = ce qui est à droite et à gauche quand on en sort. Si vous croyez que j’ai aussi mis des feuilles dorées par-ci, par-là… vous aurez raison.

Et voici la porte qui donnne accès à tous ces rêves !

Elle aussi se voit avec deux décorations qu’on pourrait facilement prendre pour des feuilles d’or.

À propos de la notion de kai zen : je rappelle qu’elle vient du Japon et qu’elle veut dire « amélioration constante » ; c’est-à-dire que l’on fabrique quelque chose et qu’on sait qu’on pourra toujours l’améliorer. Chez moi, je constate qu’elle fait partie de moi, mais pas de façon consciente ou au premier plan. Je vis la chose et tout à coup, le changement ou l’amélioration s’annonce.

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